Lecture analytique 14 scène d\'exposition Onbpaa Musset PDF

Title Lecture analytique 14 scène d\'exposition Onbpaa Musset
Course Lecture analytique 1
Institution Université de Cergy-Pontoise
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Œuvre intégrale : On ne badine pas avec l’amour de Musset, 1834 Lecture analytique 14 : scène d’exposition Forme : scène d’exposition d’une pièce de théâtre, en prose. Originalité : présence d’un « personnage », le Chœur, qui représente les villageois, mais aussi sert à commenter, annoncer les événements. Utilisation d’une convention du théâtre antique. Contexte : Musset, poète et dramaturge romantique du XIXe siècle. Sens : Scène d’exposition originale et fantaisiste, construite à la fois sur des effets de symétrie et d’opposition. Scène d’exposition dans laquelle le Chœur annonce et décrit 2 personnages antithétiques. Chacun de ces personnages décrit à son tour, de façon élogieuse, le jeune homme (Perdican) ou la jeune fille (Camille) dont il est le précepteur ou la gouvernante. Les 2 personnages absents semblent bien être les véritables protagonistes de la pièce. Scène d’exposition comique mais des ombres planent (le mariage aura-t-il lieu ? les protagonistes : personnages trop parfaits…) Introduction Situer Musset dans le courant romantique. Commenter les indices donnés par le titre (allure d'apologue; titre sous la forme moralisatrice du proverbe). Poser le problème de la scène d'exposition et de ses conventions. Comment cette scène d’exposition joue-t-elle avec les conventions théâtrales ? Cette scène d’exposition remplit-elle ses fonctions ? Pour comprendre l’originalité de cette scène d’exposition, on se demandera en quoi elle répond aux attentes du spectateur . Puis, le mode de présentation des personnages permettra de s’interroger sur le genre de cette pièce, comme l’ont fait les spectateurs du XIXe siècle : s’agit-il d’une comédie ? D’une tragédie ? I)

Une scène faite de symétrie et de fantaisie

On peut rappeler que Musset avait d'abord écrit cette scène en vers (convention supplémentaire) et qu'il en reste quelques traces. A) Symétrie et opposition dans la construction de la scène

 Symétrie et parallélisme, phénomènes d'échos : • dans l'ordre de présentation des personnages: - le chœur présente Blazius, puis Dame Pluche, tous deux s'approchant de loin - chacun des deux personnages présente un des jeunes gens (Perdican/Camille) de son sexe, dont il est le précepteur ou la gouvernante. • dans les formules utilisées et la syntaxe: «doucement bercé.../durement cahotée... » (restes d'alexandrins de la version d'origine); comparaisons grammaticales : adverbe + CC de manière • dans les thèmes abordés: le thème de la boisson. Ainsi, Blazius demande un verre de vin au chœur, qui s’exécute; de même Dame Pluche demande un verre d‘eau et du vinaigre, qu’elle reçoit.  Construction en opposition, notamment dans les types de personnages, physiquement : homme/femme; Blazius bon vivant un peu gras («ventre rebondi », «triple menton »/ Comparaison à une « amphore antique»)/ Pluche sèche et maigre («jambes maigres», «mains osseuses») + effet de contraste encore accentué sur scène (arrivée de Blazius sur une mule par opposition à celle de Pluche sur un âne).

B) La double présentation de Blazius et de Dame Pluche Rompt l’illusion théâtrale (didascalie interne)  Présentation indirecte : le chœur présente Blazius et Pluche, physiquement et psychologiquement. Blazius apparaît comme un personnage plein de bonhommie, nonchalant et associé au savoir (« l’écritoire au côté »). Dame Pluche est associée à la méchanceté (âne battu) et à la colère, et son apparence physique est peu séduisante (sèche, décoiffée, sale et un peu dévêtue).  Présentation directe par les personnages eux-mêmes : Leur discours et leur comportement confirment ce que le chœur en avait dit. • Blazius: discours gentil et bon enfant (cf. « mes enfants », « mes bons amis »), motif du vin. • Pluche: discours austère émaillé d'insultes (« manants », « canaille »), et de références religieuses (« Dieu merci, glorieuse, dévotion, ange, agneau, colombe »…), motif de l'eau. C) La mise en abyme de la présentation de Perdican et Camille

 Le Chœur présente Blazius et Pluche, qui eux-mêmes présentent Perdican et Camille : une mise en abîme. • Perdican : fils du baron, majeur (21 ans), docteur qui a fait ses études à Paris, beau (« gracieuse personne »), plein d’éloquence (« la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries »…) • Camille : jeune héritière sortie du couvent, bien éduquée selon Pluche, c’est-à-dire instruite en matière de religion (« une glorieuse fleur de sagesse et de dévotion»).  Ces portraits sont de véritables éloges : • Discours de Blazius : répétition de l’adverbe intensif « si », métaphores hyperboliques (« toute sa gracieuse personne est un livre d’or »), « c’est un diamant fin des pieds à la tête » soulignent la richesse de sa culture); vocabulaire mélioratif (« gracieuse »). • Discours de Dame Pluche : accumulation hyperbolique (« jamais il n’a a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe » : images de perfection morale et de pureté) ; métaphores mélioratives (« glorieuse fleur de sagesse et de dévotion »). D) Le personnage du Chœur comme «chef d'orchestre» de ce début

 Réminiscence antique, aspect conventionnel du Chœur (personnage collectif) : il sert à informer le lecteur plus rapidement; à mi-chemin entre le spectateur et les personnages. Ici, il s’agit d’un groupe de villageois, comme l’indique l’apostrophe que leur adresse Dame Pluche (« manants »), et le fait qu’ils obéissent aux ordres de Pluche et de Blazius quand ceux-ci veulent boire. Ce groupe de villageois donne une dynamique à la scène : il rend possible le dialogue.  Mais ici Musset le renouvelle : le Chœur adapte son style (ses images et le rythme de ses phrases) au physique et à la personnalité des personnages présentés (Blazius et Dame Pluche).

II) La scène d'exposition: une scène de drame romantique A) La présentation du cadre spatio-temporel  Lieux : - Didascalie initiale qui précise « une place devant le château » : la scène se passe donc à l’extérieur du château du Baron. Ce lieu est symbolique parce qu’il suggère le rôle joué par le père de Perdican dans l’action à venir (question du mariage). - Propos du Chœur (didascalies internes) : Blazius arrive sur une mule parmi un champ de bleuets ; Dame Pluche monte une colline sur le dos d’un âne. Difficultés de mise en scène propres au mouvement romantique : refus de l’unité de lieu ; choix d’un lieu extérieur… Epoque indéterminée : ambiance médiévale ? cf le vocabulaire employé : « écuelle », « parchemins », « monseigneur », « écuyer », « manants »… et les moyens de transport évoqués (mule, âne). Cet attrait pour le Moyen-Age est propre au mouvement romantique (cf Hugo, le roman Notre-Dame de Paris).

 Moment de la journée : non précisé, sans doute le matin (« bonjour ») + périphrase « temps de la vendange » B) Les personnages : caricatures et types  Une présentation originale, car inversée, des personnages : Curieusement, l'accent est mis sur les personnages secondaires : Blazius et Dame Pluche. Mais on pressent que ce sont les deux personnages absents qui seront les protagonistes: l'auteur les fait attendre.  Les rôles sont définis: - d'un côté, le précepteur («gouverneur») et la gouvernante, personnages qui sont à mi-chemin entre le confident de tragédie et le valet de comédie dévoués au jeune homme ou à la jeune femme; - de l'autre, les jeunes (à mi-chemin entre les maîtres de la comédie et les héros de tragédie).  Les protagonistes, doubles romantiques de leurs «présentateurs» : • Blazius et Pluche sont les caricatures de Perdican et Camille: une sorte de «parodie». • Des héros jeunes et parfaits, types du drame romantique: beaux («gracieuse personne»/« belle Camille »), intelligents et éduqués. C) Le registre de la pièce: une scène entre comédie et tragédie?  Le registre comique donne à la scène des airs de comédie ou de farce : • Le contexte est heureux : le Chœur évoque d'une «joyeuse bombance» l.77. • Le comique de gestes : Blazius (« vêtu de neuf », « triple menton » et comparé à un « poupon sur l’oreiller » t à une « amphore antique » ; Pluche («faux cheveux, toupet de gâté»). • Le comique de caractère : la piété de Pluche en contraste avec ses injures. • Le comique de répétition : le parallélisme de l’arrivée des deux personnages • Comique de situation : les deux animaux à l'image de leur maître: « mule fringante» : Blazius paradant, «âne essoufflé»/Dame Pluche.  Mais le registre tragique est aussi présent de manière plus implicite : • L'ombre portée du titre («On ne badine pas avec l'amour»: implicite de conséquences fâcheuses si on ne suit pas ce précepte) - avertissement moral. • Les deux protagonistes présentés séparément, mais en parallèle: on imagine une rencontre (il y a l'idée d'une fatalité dans la coïncidence de la double arrivée de Blazius et de Pluche) - suspense. • La présence du Chœur que l’on retrouve généralement dans la tragédie. • Des phrases lourdes de sous-entendus: l'implicite de « puissions-nous retrouver le cœur de l'enfant dans le cœur de l'homme »: on pressent un changement. • Mélange de registres qui est une caractéristique du drame romantique. Une scène d'exposition originale qui a choqué (présence du Chœur), mais qui est une réussite. Ouverture : corpus, Antigone, Anouilh avec le prologue qui présente les personnages....


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