Lecture analytique 16 Acte III, scène 8 Onbpaa Musset PDF

Title Lecture analytique 16 Acte III, scène 8 Onbpaa Musset
Course Lecture analytique 1
Institution Université de Cergy-Pontoise
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Oeuvre intégrale : On ne badine pas avec l'amour, Musset, 1834 Lecture analytique 16 : Acte III, scène 8, le dénouement Situation de l'extrait (résumé acte III) : Perdican intercepte une lettre que Camille adresse à son ami religieuse, Louise, et il constate que la jeune fille se flatte de l'avoir désespéré (scène 2). Piqué au vif, il s'efforce de la rendre jalouse et Camille entend les paroles d'amour qu'il adresse à Rosette et sa proposition de mariage (scène 3). Elle fait venir son cousin et cache la petite paysanne derrière un rideau ; Perdican finit par avouer à sa cousine qu'il l'aime et Rosette s'évanouit. Mais Camille affirme ne pas l'aimer, et Perdican s'entête a épouser Rosette (scène 6). Camille souffre, prise à son propre piège et fait un malaise (scène 7). À la scène 8, Camille et Perdican se retrouvent par hasard dans l' oratoire du château... Mais ils ne sont pas seuls (procédé du témoin caché déjà employé dans la pièce: acte III scène 3 et acte III scène 6 par exemple). –> Rappel des fonctions du dénouement : - Résoudre le nœud de l'intrigue (= les problèmes posés) ici : question du mariage - Régler le sort des protagonistes - Donner le genre de la pièce ( fin heureuse + but d'instruire plaisamment = comédie / fin malheureuse + volonté d'émouvoir avec pitié et terreur = tragédie ou drame). Pourquoi peut-on dire que ce dénouement et complexe ? En quoi ce dénouement est-il tragique ? En quoi ce dénouement est-il surprenant ? En quoi ce dénouement enfreint-il les conventions théâtrales ? Comment le titre du proverbe prend-il tout son sens ici ? I. un dénouement attendu : les personnages se rendent compte qu’ils s’aiment II. un dénouement tragique : une scène très tendue / agitée III. un dénouement tragique : le sens du proverbe I) Un dénouement de comédie Il concerne la relation entre Camille et Perdican : ils vont s'avouer enfin qu'ils s'aiment. Le mariage redevient possible au début de la scène. A) Un coup de théâtre Il s'agit d'un dénouement surprenant : - Camille se rend seule à l'oratoire pour s'entretenir avec Dieu de l'amour pour Perdican dont elle vient de prendre conscience et qui est suggéré de manière implicite (« quand j'ai refusé de devenir l'épouse d'un autre que vous, j'ai cru parler sincèrement » lignes 4-5). Il s'agit d'un monologue (cf. la didascalie « entre Perdican » ligne 9. - De même, Perdican recherche la solitude dans l'oratoire et tient un monologue où il évoque sa relation avec Camille (lignes 10-15 « cette fille »). Il exprime ses regrets de ne pas pouvoir s'unir avec elle, comme le montre l'emploi du conditionnel « Elle aurait pu m'aimer, et nous étions nés l'un pour l'autre » lignes 13-14. - Or, le hasard va les faire se rencontrer et s'avouer leur amour : « Insensés que nous sommes. Nous nous aimons » lignes 18-19. Cet aveu s'accompagne de gestes significatifs, comme le montrent les didascalies « Il la prend dans ses bras » ligne 36, « Il l'embrasse » ligne 41. –> Dès lors, la pièce semble s'orienter vers une fin heureuse, comme c'est traditionnellement le cas dans une comédie, et comme le souligne le lyrisme des répliques.

B) L'éloge lyrique de l'amour et du bonheur Le lyrisme est présent à travers de nombreux procédés : - Répétitions mettant en valeur le champ lexical de l'amour : au début et à la fin de sa tirade, Perdican dit « nous nous aimons » lignes 18-19 et 35-36, ce qui est repris par Camille ligne 37. Et le verbe « aimer » apparaît aussi lignes 31 et 39. - Apostrophes (« hélas ! » ligne 22, « Insensés que nous sommes ! » Ligne 18 repris par : « Ô insensés ! » Ligne 35, « oh mon dieu ! » Lignes 23-24) et nombreuses tournures exclamatives (par exemple lignes 24-25) qui montrent l'intensité des sentiments éprouvés par Perdican. - La tirade du personnage lignes 18-36 manifeste ses regrets concernant le passé, comme le montre l'emploi dominant du passé composé : « avons-nous fait », « ont passé », « a voulu », « avons fait », « il a fallu ». Ce passé s'oppose au présent heureux des retrouvailles amoureuses : « nous nous aimons ». - Il exprime aussi une certaine incompréhension : phrases interrogatives anaphoriques (« Quel songe... ? », « Quelle vaines paroles, quelles misérables folies ? », lignes 19-21). Après avoir déplorer leur attitude orgueilleuse qui les a empêchés d'être heureux, Perdican fait alors l'éloge du bonheur, à travers des images poétiques liées au thème de la nature : - Métaphore filée méliorative de la mer : « le bonheur est une perle rare dans cet océan d'ici-bas » (= la vie terrestre), Dieu est « un pêcheur céleste » … Il se compare, avec Camille, à des « enfants gâtés » qui n'ont pas su apprécier la préciosité du bonheur. - Métaphore du champ : « le vert sentier », « une pente si douce », « buissons si fleuris » … C) Une fin morale (parallélisme avec le titre) La tirade de Perdican semble déjà offrir, à ce stade de la scène, une explication au proverbe qui sert de titre à la pièce : On ne badine pas avec l'amour car c'est un bien précieux qui rend supportable la vie terrestre (« cette vie est elle-même un si pénible rêve » lignes 22-23). –> Cela rattache alors la pièce à la fois aux genres du proverbe et à celui de la comédie, qui a pour fonction d'instruire un amusant. Mais ce proverbe, dans la deuxième partie de la scène, acquiert un sens plus sombre... La comédie du début de la scène débouche sur la tragédie. II ) Un dénouement de tragédie Il concerne la relation entre Rosette et Perdican : la tromperie de Perdican va déboucher sur la mort de Rosette. Le mariage entre Camille et Perdican devient alors impossible. A) La présence d'une fatalité D'emblée, le spectateur est saisie par la tonalité ambiguë de la scène, qui n'est pas celle, joyeuse, d'une comédie. Il s'agit d'insister sur l'idée d'une fatalité, d'abord par l'atmosphère religieuse : - Lieu où se déroule la scène : « un oratoire » (= une chapelle). - Monologue de Camille : posture de prière (didascalie ligne 1) ; apostrophes adressées à Dieu (« ô mon Dieu » cf. 2)) et invocations par l'intermédiaire de questions lignes 6-8. Tirade de Perdican : apostrophe à Dieu aussi lignes 23-24 et adresse (tutoiement lignes 25-27). Dieu est omniprésent et il est présenté comme le maître des destinées humaines : Camille demande « m'avez-vous abandonné ? », « ne voulez-vous plus de moi ? », de même, Perdican considère que c'est Dieu qui lui a permis de rencontrer Camille et donc d'être heureux « le bonheur... tu nous l'avais donné, pêcheur céleste ». Puis, Camille prend Dieu comme témoin bienveillant de leur enlacement : « ce Dieu qui nous regarde ne s'en offensera pas » lignes 38-39. Enfin, dans la deuxième tirade de Perdican, ce dernier s'adresse à Dieu pour que Rosette survive lignes 55-62.

Dieu n'est pas le seul à agir sur l'existence humaine, comme le montrent les personnifications des sentiments tels l'orgueil, que Perdican tutoie lignes 10-15, ainsi que « la vanité, le bavardage et la colère » lignes 31-32, accusés d'avoir fait obstacle au bonheur du couple. –> Cette scène met en place l'idée d'une transcendance divine qui décide du sort des hommes, comme dans une tragédie.

B) Une scène émouvante :présence des registres pathétique et tragique - Le registre pathétique : il transparaît dans la souffrance de Camille qui dit avoir perdu la foi « je ne puis plus prier » lignes 9-10 et qui se plaint « pourquoi suis-je si faible ? », « malheureuse ». Il est aussi dans le ton employé par Perdican pour parler de Rosette « la pauvre enfant » ligne 50. - Le registre tragique : cette scène fait naître la pitié et l'effroi à travers le personnage de Rosette, dont la présence était ignorée des personnages mais aussi des spectateurs. C'est le « cri » de Rosette qui fait surgir l'effroi (« un grand cri » intensité). Puis, les répliques de Perdican installent le thème de la mort de manière prémonitoire : « il me semble que mes mains sont couvertes de sang » lignes 48-49, « je sens un froid mortel qui me paralyse » lignes 52-53, « ne faites pas de moi un meurtrier » lignes 55-56, ce qui instaure une tension croissante, jusqu'à la découverte du corps par Camille : « elle est morte ! » Ligne 64. Perdican laisse éclater sa culpabilité « je réparerai ma faute » ligne 60 : Rosette est la victime innocente des jeux amoureux mis en place par Perdican et Camille. C) Des personnages au destin scellé - Rosette est morte. - Le mariage entre Perdican et Camille est rendu impossible : dernière réplique de Camille « adieu, Perdican ». - Renvoi au titre : plaisanter avec l'amour peut avoir des conséquences funestes. En jouant avec leurs sentiments, Camille et Perdican ont enclenché une mécanique tragique qui les a broyés. Il s'agit d'un dénouement typique du drame romantique, du fait du mélange surprenant des genres (comédie, proverbe, tragédie) et de registres (lyrique, pathétique, tragique), et du thème de la passion tragique....


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