L’IDÉE D’UNE Liberté Totale A-T-ELLE UN SENS PDF

Title L’IDÉE D’UNE Liberté Totale A-T-ELLE UN SENS
Author Ikram Bouaicha
Course Philo
Institution Lycée Jean Rostand
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L’IDÉE D’UNE LIBERTÉ TOTALE A-T-ELLE UN SENS ? Dissertation de philosophie

Les manuels d’histoire, les romans, les livres pour enfants regorgent de fictions et d'histoires réelles de personnes qui ont négocié leur vie au détriment de la liberté. Lutter pour la liberté et aider les masses étouffées à diffuser leur voix est un slogan éternel des guerres et des révolutions, de sorte que même les monarques et les dictateurs l'utilisent. Les candidats aux élections présidentielles et parlementaires orchestrent constamment le slogan de la liberté pour gagner cœurs et âmes. Les puissances internationales utilisent à tout va le prétexte de «libérer les peuples» pour justifier leurs expéditions militaires à travers le monde. Pour chaque créature de cette planète, de la fourmi à la baleine, du singe à l'homme, la liberté est un besoin fondamental. Nous voulons tous faire l'expérience d'une liberté totale, sans limite. La liberté a toujours été perçue comme garantie du Bonheur suprême permettant à chaque individu de vivre sa vie comme lui aimerait. Elle est celle qui donne un sens à la vie. L’idée de liberté totale peut-elle néanmoins avoir un sens ? Existerait-il une limite à celle-ci ? La liberté étant relative à tout un chacun ne donnerait-elle pas une définition différente et par conséquent constituerait un danger pour la vie en société? Nous verrons dans un premier temps les risques d’une liberté totale pour ensuite établir le sens d’une idée de liberté totale dans le monde actuelle pour enfin amortir sur une liberté intérieur mais également la liberté comme étant une recherche, une quête essentielle de l'homme Hobbes écrit dans le Léviathan : « D’après le sens propre (et généralement admis) du mot, un HOMME LIBRE est celui qui, s’agissant des choses que sa force et son intelligence lui permettent de faire, n’est pas empêché de faire celles qu’il a la volonté de faire ». La liberté est donc par définition la libre disposition de sa personne, par le fait de s'appartenir et, par la jouissance de certains droits. Ainsi, on pourrait penser que l’édification et la structure de toute société reviendrait pour l’homme à renoncer à sa liberté. Dans le Livre 2 de La République de Platon, le personnage Glaucon raconte l’histoire de Gygès, un berger qui trouve un anneau magique le rendant invisible. Il en fera usage afin d’enfreindre la loi, agir immoralement et même tuer le roi de Lydie pour prendre le pouvoir. Ainsi, l’on peut en déduire que l’on obéit aux lois par peur de la sanction et non parce qu'on les trouve juste. Le terme de «loi» peut désigner plusieurs choses: d’abord les lois naturelles, qui s'appliquent à tous les vivants. Ensuite, les lois sociales et politiques qui structurent la vie en société et appartiennent au domaine de la légalité, c'est-à-dire de ce qui est conforme aux lois d’un Etat. Et enfin les lois morales: c’est le domaine de la légitimité, de ce qui est conforme à notre conscience morale. Toutefois, pour être libre, il faut souvent obéir à certaines lois. On pourrait donc penser qu’obéir aux lois, c’est renoncer à sa liberté. Ainsi, pour être libre, il faudrait désobéir aux lois voire même les supprimer. C’est ce que soutiennent les défenseurs de l’anarchie. Le

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slogan “Ni Dieu, ni maître» sous-entend que la liberté est totale et que pour être libre, il ne faut être dominé par rien ni personne: seule la liberté individuelle compte. Or, l’homme est un être social, vivant en communauté qui ne peut se permettre d'être totalement libre faute de quoi, nous reviendrons à la loi du plus fort, et à la guerre de tous contre tous, chaos auquel mit fin la constitution d’un état puissant, selon Hobbes.De plus, nous avons pu remarquer par l’histoire que lorsqu’un homme ou un État disposaient de beaucoup de libertés voir d’une liberté totale, dans un régime totalitaire ou autoritaire, nombreux étaient les dégâts commis. Kant écrit à ce sujet dans Dans Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique: «Il (l’homme) abuse à coup sûr de sa liberté à l’égard de ses semblables; et, quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal à l’égoïsme l’incite toutefois à se réserver, dans toute la mesure du possible, un régime d’exception pour lui même.» Les lois, quelles qu'elles soient, nous montrent que l'idée de liberté totale serait risquée et impensable. En ce sens , l’idée d’une liberté totale ne saurait être compatible avec notre vie en société et les règles qui la structurent. Elle peut toutefois être pensée comme une utopie ou au mieux un idéal à atteindre. Une liberté totale serait une liberté qui ne connaît pas de contraintes, pas de limites. Relative à tout un chacun, elle pourrait également être définie en tant qu’un englobement de tous les aspects de la liberté à savoir politique, physique, spirituelles, etc. Elle pourrait également être pensée comme un but, une finalité, voire un objectif de vie. Cette idée de liberté est possible et imaginable dans le sens où l’on peut considérer que lorsque l’on est seul, dans notre chambre, dans une région reculée, on n’envahit ni n'atteignons personne. L’on peut donc jouir d’une liberté totale. L’on peut également considérer l’homme comme ayant une liberté intérieure totale sur lui-même dans la mesure où il peut penser ce qu’il veut sans limite. Dans une démocratie, la loi est censée être l’expression de la volonté générale du peuple. L’on pourrait penser que la loi nous restreint notre liberté puisque certaines de nos actions nous sont interdites. Toutefois, n’assure-elle pas la protection de notre liberté en lui permettant de s’exercer ? En effet, si personne n’obéissait aux lois, ce serait le chaos. Notre liberté ne saurait être protégée, là où la loi du plus fort règne et la liberté des plus faibles est supprimée. De ce fait, en garantissant notre sécurité, la loi garantit aussi notre liberté : il est plus utile pour moi de lui obéir. Spinoza explique par ailleurs que l’on peut obéir tout en en étant libre : «dans un État et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit pas être dit un esclave, inutile en tout à lui-même, mais un sujet.» On peut donc en déduire que dans une société où le pouvoir s’exerce au nom du peuple et non au nom de ceux qui gouvernent, l’obéissance aux lois permet la liberté. On associe couramment la liberté au fait de pouvoir faire tout ce qu'on désire. Cette conception correspondant à la "licence" est notamment soutenue par le personnage de Calliclès dans le Gorgias de Platon. Être libre, c’est être maître de soi, utiliser sa raison, être capable de sacrifier un plaisir immédiat pour ce qui nous est utile. Aussi, lorsque l’on agit pour notre plaisir, l’on est esclave de celui-ci. De plus, il 2

est peu commun qu’il soit utile, ou qu’il serve notre intérêt personnel. Comme le dit Spinoza «On pense que l'esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n’est pas absolument vrai , car en réalité etre captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit réellement utile, c’est le pire esclavage, et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seul conduite de la raison.» D’accord avec Spinoza, Rousseau écrit dans le Contrat Social : «L’impulsion du seul appétit est esclavage, l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.» La loi est l’expression de notre propre volonté : obéir à la loi c’est obéir à soi-même. Ainsi, lorsque la loi est vécue comme une obligation et non comme une contrainte, on est libre en lui obéissant. La contrainte supprime la liberté tandis que l’obligation l’implique. Celle-ci pourrait constituer une direction qui orienterait l’exercice de notre/de nos libertés : elle vaudrait ainsi comme un idéal régulateur pour nos choix et nos actions. Impossible et impuissante face à la réalité, cette conception de liberté totale ne risque-t-elle pas de n’exister qu’en tant qu’idée, idée certes alléchante mais inatteignable ? Loin d’être sans limites, la liberté humaine semble bornée de tous côtés. L’homme n’a pas même la liberté de naître et de mourir. Nul n’a choisi de venir au monde et nul ne choisit quand le quitter. A moins de recourir au suicide comme le fit Antigone, Caton d’Utique et beaucoup d’autres, nous, etres humains sommes constemmment sous la coupe de lois (naturelles, sociales, juridiques, etc.), de règles et de normes. Toutefois, l’idée d’une liberté totale pourrait être vue telle une conquête pour l’Homme afin de s’y rapprocher au mieux et de garantir et satisfaire une liberté de tous. Certes, on ne pourrait lui donner un sens dans le monde où l’on vit actuellement, mais il n’en reste pas moins qu’elle est un modèle où l’on peut se baser sur ces principes afin d'accroître et de développer nos libertés. Ainsi, la liberté totale ne peut venir que de la liberté de l'esprit. Lorsque notre esprit est libéré de toutes les limitations de la société, du bien et du mal, ce n'est qu'alors que nous pouvons faire l'expérience de la «liberté totale». Même dans un régime autoritaire/totalitaire, chacun dispose d’une liberté totale intérieure, qui ne peut cependant s’exprimer en actes ou paroles. En effet, si l’être humain a besoin de se sentir libre pour donner un sens à son existence, il est cependant évident qu’il est le produit d’un faisceau de déterminismes. Si nous n’avons aucun contrôle sur le cours des choses et comment ils se produisent, nous avons la liberté de la manière donc nous les apercevons et recevons. Les épicuriens tendait à conseiller que pour atteindre l’ataraxie, qui était le bonheur ultime, l’on devait entreprendre de changer uniquement les choses qui sont de notre ressort. C’est ainsi que l’idée d’une liberté totale ne peut avoir de sens si ce n’est celui de l’esprit. Ainsi, nous avons vu dans un premier temps que l'agencement de la société telle qu'elle est aujourd'hui ne permettrait pas de donner un sens à l'idée d'une liberté totale car elle opposerait l'individuel au collectif. Toutefois, grâce à plusieurs thèses de philosophes, nous avons pu établir le fait que l'Etat au lieu de nous 3

faire renoncer à nos libertés au contraire les protéger. Les lois et les devoirs sont de ce fait primordiales dans une société afin de garantir la liberté individuelle mais également collective. L'individu doit toutefois agir avec moralité et raisonnement afin de ne pas nuire à la liberté et au bonheur des autres comme de lui-même. En outre, d'après Spinoza, ne saurait être totalement libre bien qu'il soit condamné à l'être selon Sartre. L'idée d’une liberté totale existerait ainsi en tant qu'idéal à réaliser, une fin en soi et un exemple qui permettrait de créer un système où l'on pourrait développer et maximiser nos libertés en faisant cohabiter l'intérêt général et personnel.

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