L\'expression perdre sa liberté a-t-elle un sens ? PDF

Title L\'expression perdre sa liberté a-t-elle un sens ?
Author Anonymous User
Course Philosophie 1
Institution Université Bordeaux-Montaigne
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Summary

Dissertation sur la perte de la liberté. ...


Description

L’EXPRESSION PERDRE SA LIBERTÉ À T-ELLE UN SENS ?

La liberté est un droit pour lequel se battent les humains depuis des millénaires, à partir du moment où les humains se battent et gagnent leur liberté, il est logique qu’ils puissent la perdre aussi, par exemple les Hommes allant en prison perdent toute forme de liberté et d’humanité ou alors des populations sous un régime dictatorial perdent aussi souvent leur droit de pratiquer les activités qu’ils souhaitent, cela est aussi une perte de liberté. On peut alors se demander si les contraintes et les lois imposées à une société leur retire alors leur liberté. Est-ce que la liberté se base sur ce que l’on nous permet de faire ou sur ce que nous nous permettons à nous même. Si nos pensées ne sont pas limitées, est-ce que nous perdons notre liberté ? Pouvons-nous perdre notre liberté sans nous perdre nous même ? Pouvons-nous rester nous même tout en restant sujet ? Nous pouvons avoir été libres puis ne plus l’avoir été, l’idée de perdre notre liberté n’a rien d’absurde, pourtant si cette idée à un sens, il faut trouver lequel, si le cœur de la liberté est dans l'intériorité du vouloir et de la pensée, il paraît relever de notre être, de ce que nous sommes et non de ce que nous avons. Et pourtant, il est tout aussi nécessaire de se demander ce qu'il reste du sens de la liberté, si celle-ci ne comporte pas la possibilité de se démettre d'elle-même ; ne faut-il pas que la perte de la liberté ait un sens, pour que la liberté elle-même en ait un ? L  a première forme de liberté c'est le pouvoir d'accomplir ce que l'on veut, dans le domaine de l'action et dans le domaine de la pensée. Ce que l'on veut désigne toute forme de volonté, y compris le désir, l'envie, l'impulsion arbitraire : peu importe ce que l'on veut et comment on le veut, l'essentiel, pour être libre, est de pouvoir le réaliser. De son côté la perte est envisagée comme simple fait de ne plus avoir ce que l'on possédait et cela d'une manière indépendante de la volonté elle-même. La liberté d'agir pourrait être perdue, alors que la liberté de penser ne le pourrait pas. De fait ces « pouvoirs » de faire donnent prise à des forces extérieures, qui peuvent nous en priver. Nous pouvons voir comme exemple le prisonnier, l'esclave ou encore la vieillesse et la maladie. Dans le cas de la pensée en revanche, la perte de la liberté semble impossible, puisque cette faculté nous appartient, elle est intérieure et personne n’a la capacité d’accéder à la pensée de quelqu’un d’autre. Bien des choses peuvent empêcher notre pensée de se faire entendre, de s’extérioriser comme la censure politique mais la capacité de penser est subjectif et ne peut pas être enlevé, ce qui est en nous reste en nous. Un prisonnier ou un esclave même en ayant perdu la liberté de faire garde toujours une liberté de pensée. La liberté complète, elle, a le pouvoir réaliser ce que l'on veut et d’exprimer ce que l’on pense mais seule une partie de cette liberté peut être enlevé et c’est celle vu par ceux qui nous entoure, la liberté de faire. Si la capacité de vouloir n'est plus là, je ne suis pas libre, même si j'ai tous les moyens d'action et d'expression et à l’inverse sans ces moyens je conserve le point de départ, le principe de ma liberté, ma volonté. Il ne suffit pas de penser n'importe quoi, n'importe comment, pour penser librement. Même si la pensée elle-même demeure inaccessible à toute atteinte extérieure, elle n'est pas libre quand elle en reste à la forme de la simple opinion. On le voit bien à l'aide de Descartes et sa pratique du doute méthodique dans Discours de la Méthode : il réalise que sa pensée n’est pas exactement libre car cette pensée est influencée par les pensées qui l’entoure, sa famille, ses amis, ses professeurs, sa pensée est influencée par l’opinion des autres, pour lui une pensée libre est une pensée qui n’appartient qu’à

lui-même, une pensée qui n’est pas touché par l’opinion de quelqu’un d’autre. Si la pensée est douée d'une liberté impossible à perdre, ce n'est plus parce qu'elle est libre quel que soit son contenu, mais au contraire parce que c'est seulement en ayant certains contenus qu'elle est libre, et que ce pouvoir d'action sur elle-même, de purification d'elle-même, ne peut lui être enlevé. C'est pourquoi la volonté ne peut plus désigner ici l'envie, le désir, l'impulsion ; elle doit être redéfinie, et la liberté doit l'être du même coup : dans la formule « faire ou penser ce que l'on veut », il faut désormais entendre le terme « vouloir » comme : détermination par soi-même d'un “Je” sans opinion, sans impulsion, la pensée est libérée de l'opinion. Alors en effet notre pouvoir est absolu et « nous rend en quelque manière semblable à Dieu ». Aucune force au monde ne peut nous faire perdre notre pouvoir d'auto-détermination. Aucune force au monde, certes, c'est-à-dire aucune force extérieure... Mais cela signifie-t-il que la liberté est incapable de se perdre ? Si elle appartient à l'être même de l'homme, à son essence, qu'en est-il donc de la capacité de l'homme à s'éloigner de sa propre essence ? La pensée semble ne pouvoir concerner que l'Homme, et elle suggère précisément que cet être peut devenir autre que soi, ne plus être ce qu'il est, il devient aliéné. Être aliéné, c'est ne plus être libre et ne plus être soi sans pourtant avoir complètement cessé de l'être. D'un côté la liberté n'est plus là : car effectivement dans un contexte d'aliénation, ce que je pense et ce que je fais n'est plus décidé par moi, je ne suis plus un sujet mais plutôt un objet. D'un autre côté elle n'est pas absolument absente : il dépend entièrement du sujet de reprendre sa liberté, ce qui signifie qu'à chaque instant c'est bien la liberté qui est la cause de sa propre absence, et en ce sens elle reste donc bien présente, à l'arrière-plan, à la fois potentielle et effective. Si donc elle est perdue, c'est en un sens énigmatique ; cette perte n'est pas définitive (du moins, elle ne l'est pas nécessairement), et elle suppose paradoxalement la conservation de ce qui est perdu. Elle ne relève pleinement ni de l'avoir (puisqu'elle ne peut être complètement et définitivement détachée du sujet) ni de l'être. Ou bien peut-être faut-il dire que la liberté relève de l'être, mais en donnant un sens bien particulier à ce dernier terme : l'être dont il s'agit ne peut être conçu sous les auspices de la pure nécessité, c'est-à-dire comme ce qui ne peut pas faire autrement que d'être ce qu'il est. Ce paradoxe est celui-là même que semble comporter l'essence de l'homme : précisément parce que cette essence a la consistance de la liberté, elle paraît pouvoir être plus ou moins elle-même ; l'homme peut être plus ou moins humain, c'est-à-dire plus ou moins conforme à sa propre essence. Comme s'il dépendait de lui-même que son rapport avec son essence, et donc avec sa liberté, soit de l'ordre de l'être ou de l'ordre de l'avoir.

 Si la liberté est bien elle-même et non pas simple caprice ou simple arbitraire, l'expression « perdre sa liberté » semble finalement avoir un sens et un seul : celui du renoncement à ce que l'on est, plutôt qu'à ce que l'on a. Mais il faut admettre dans le même temps que la frontière entre être et avoir semble justement perdre sa fermeté et sa clarté, lorsque c'est de la liberté de l'homme qu'il s'agit, et que la notion même de perte s'en trouve frappée d'une remarquable ambiguïté.  ...


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