Méthode Commentaire composé PDF

Title Méthode Commentaire composé
Course Littérature comparée
Institution Université de Tours
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Summary

Il s'agit ici de mes notes sur une méthode détaillée de rédiger un commentaire composée en littérature comparée. Il date de mon année L3 Lettres Modernes mais peut servir dès la L1. ...


Description

Méthode du commentaire composé

N. B. : Cette fiche de méthode s’appuie largement sur l’ouvrage d’Anne Isabelle François et Yen-Maï Tran-Gervat, Guide pratique des exercices comparatistes, Presses Sorbonne Nouvelle, 2010.

I Définition et contextualisation de l’exercice à l’université A Définition Le commentaire composé est un des exercices les plus courants dans les études littéraires françaises, avec la dissertation et l’explication de texte linéaire. Son support est un texte dont la longueur peut être variable (entre 25 lignes et 10 pages, environ). Sur ce point, il se distingue de la dissertation qui porte sur une œuvre entière, ou un corpus d’œuvres, ou encore sur la littérature en général. Sur le plan de la structure, il est différent de l’explication linéaire dans la mesure où il doit être composé, càd qu’il ne suit pas l’ordre du texte. Comme tous les autres exercices universitaires, en revanche, le commentaire composé est un travail d’argumentation. Il livre le résultat organisé d’une interprétation de l’extrait qui ne va pas de soi et qu’il faut démontrer.

B Le commentaire composé en littérature comparée Le commentaire composé est l’exercice privilégié de la littérature comparée. A l’agrégation, par exemple, c’est cet exercice que vous avez à l’oral. C’est ce modèle que nous appliquerons dans ce T. D. L’exercice se pratique aussi en littérature française, mais même si les principes restent à peu près les mêmes dans les deux disciplines, il existe des différences assez importantes :  Tout d’abord la taille : pas texte de 20 lignes, mais autour de 5 pages.  De plus, puisque c’est un exercice de littérature comparée, on va la plupart du temps travailler sur des traductions, donc ne pas trop faire de remarques sur le style de l’auteur, sur les sonorités des mots… (sauf éventuellement lorsqu’il s’agit d’une œuvre francophone). Ce qu’on vous demande, ce n’est pas commentaire stylistique, mais plutôt un commentaire d’idées, un commentaire esthétique et poétique : montrer comment le texte fonctionne.  Il ne s’agit pas d’un extrait tiré d’une œuvre que vous ne connaissez pas mais d’un extrait d’une œuvre que vous avez étudiée. Vous devez donc montrer comment ce texte s’inscrit dans l’œuvre entière. Vous êtes supposés avoir une bonne connaissance de l’œuvre en question, c'est-à-dire que vous êtes capables de bien situer le passage, d’identifier tous les personnages, de reconnaître les grands thèmes de l’œuvre.

II Structure et mise en page du commentaire composé A Structure Plusieurs étapes : Introduction, développement, conclusion. 1) L’introduction a) Plusieurs étapes Situer le texte dans l’œuvre où il figure Caractériser le texte, établir sa « fiche d’identité » (voir plus bas : préparation au brouillon) : genre de l’œuvre ; infos théoriques majeures sur le texte (pour un récit, par ex. : statut du narrateur ; point de vue et voix ; vitesse narrative ; situation d’énonciation ; type de texte ; registre), et dégager ses enjeux, afin de proposer une hypothèse de lecture (= problématique) b) La problématique La problématique est un questionnement que l’on pose à propos du texte. Elle fédère un ensemble d’approches et de questions qui permettent de rendre compte des aspects importants de l’extrait. Elle formule en fait une manière d’aborder le texte, de l’interpréter. Comme cette interprétation ne va pas de soi, il faut la démontrer dans le développement. En ce qui concerne la formulation de la problématique, il existe deux écoles : - l’une attend une phrase unique, et de type interrogatif - l’autre envisage la problématique comme un réseau de questions, donc plusieurs phrases, qui peuvent être de type affirmatif ou interrogatif. En fait, dans l’introduction, la problématique est énoncée à la suite de la caractérisation, dont elle constitue l’aboutissement. Quelle que soit la manière dont elle est formulée, elle est donc toujours enrichie par cette caractérisation, et ne se distingue pas radicalement de cette dernière. Par commodité, vous pouvez donc rédiger une phrase interrogative, en veillant à ce qu’elle synthétise les caractéristiques et les problèmes que vous aurez soulevés dans la caractérisation. c) Annonce du plan Quelques repères concernant le plan : - cohérence : interne et externe, càd au sein des parties, et dans les relations entre les parties et la problématique. - Les parties et sous-parties ne correspondent pas tant à différents aspects du sujet ou du texte qu’à différentes étapes de l’argumentation. - progression : du plus évident au moins évident (plutôt que : du plus simple au plus complexe). Pour un commentaire, les 3 parties peuvent aussi être régies par une relation de complémentarité entre des angles de lecture différents.

2) Le développement 3 parties (exceptionnellement 2 ou 4), structurées et comportant des sous-parties.

Le développement répond à règle fondamentale d’une rhétorique argumentative : aller du plus évident, de la surface, au sens profond, aux enjeux littéraires. Le commentaire suivra donc un plan progressif, chaque partie se terminant par une conclusion partielle formant une transition avec partie suivante.

3) La conclusion La conclusion générale reprend les conclusions partielles en montrant la cohérence de la démarche d’ensemble du commentaire. Elle répond ainsi à la problématique, en affirmant la validité de son hypothèse interprétative.

B Mise en page La structure du commentaire doit être visible dans la mise en page : Entre intro et dvpt, et entre dvpt et conl : 2 ou 3 lignes Entre les parties du dvpt : 1 ligne, pas plus. Entre les sous-parties, pas de saut de ligne, ms penser aux alinéas au début de chaque § : 1§ = 1 sous-partie, pas autre chose. Pour l’intro et la concl, 1§ suffit. Attention, plusieurs écoles : certains enseignants ne tolèrent pas plus d’1§.

III La préparation au brouillon Cette phase peut durer une bonne heure, pour une épreuve de 4h. En général, 1/3 du tps imparti. But : élaborer un plan problématisé et détaillé, à partir duquel la rédaction doit être assez aisée.

A L’analyse du texte 1) 1ère approche du texte Cette étape représente au moins la moitié du travail préparatoire (càd ½ h, pour une épreuve de 4h). Elle consiste à lire le texte en entier une fois sans se poser de question. Ensuite, relire le texte attentivement selon une grille de lecture élémentaire (qui fournira les éléments de la situation et de la caractérisation, dans l’intro) : - auteur, genre du texte ? - situation du passage ? - contenu du texte (données 1ères) - nature du texte (dialogue, récit objectif, introspection…) - pour un récit : narration, point de vue et voix ; temps de la diégèse, etc. - structure : si la structure est compliquée et porteuse de signification pour compréhension du passage, alors on peut lui consacrer une premier partie en ayant soin de montrer la

dynamique de cette première partie, en évitant par conséquent de simplement décrire ou résumer le texte. - le cas échéant, effets de rétrosignification ou d’intertextualité

2) Ebauche de l’hypothèse de lecture / problématique : Les réponses à ces questions, étoffées par des pistes d’interprétation, doivent permettre de dégager une 1ère problématique et les grands axes d’interprétation qui seront mis en œuvre dans le commentaire.

3) Approfondissement et élaboration du plan détaillé a) Inventaire linéaire du texte Il permet d’appuyer l’interprétation sur des ex. précis et de rendre compte des nuances du texte. b) Élaboration du plan détaillé Le plan détaillé est la synthèse de toutes les réponses aux questions de la 1 ère étape. Il regroupe celles-ci en fonction d’un plan d’analyse, d’un enjeu ou d’un effet de sens communs. À l’issue de cette phase préparatoire, la rédaction ne consistera pratiquement plus qu’à lier les différentes parties entre elles de manière explicite et cohérente, en soulignant les articulations logiques entre constats et interprétations, d’une part (donc à l’intérieur des parties), et entre les différents angles d’interprétation, d’autre part (d’une partie à l’autre).

B Les écueils à éviter 1) Dans la structure générale - Suivre le fil du texte ; faute la plus grave, car cela est contraire à la perspective « composée » du commentaire (ce n’est pas une explication linéaire) - Consacrer une partie entière à « découper » le passage à commenter sous prétexte d’en donner le plan ; il peut être utile d’insister sur la mouvement ou la structure du texte à condition d’en montrer le dynamisme et la perspective d’études - Bâtir le commentaire sur une opposition fond/forme - Bâtir le commentaire sur un schéma descriptif fondé sur grandes rubriques passe-partout du genre : les personnages, le lieu, le temps.

2) Dans la démarche a) La paraphrase Définition : Il s’agit d’un « état inabouti » de la réflexion. Il y a paraphrase quand on raconte ce que l’auteur dit dans le texte sans proposer une « valeur ajoutée interprétative ». d’après le Guide pratique des exercices comparatistes : « La paraphrase qui existe sous différentes formes,

plus ou moins élaborées, revient toujours à tenir sur un texte un discours qui n’est pas une véritable explication ou analyse, qui n’apporte donc rien à ce qui est déjà contenu dans le texte, mais en constitue une forme de redoublement ». Quand l’exposé s’enferme dans un compte rendu factuel de ce qui se passe, il ne s’agit que d’un constat sur ce qui est déjà dit dans le texte. Il faut évidemment savoir et comprendre ce qui se passe dans l’extrait étudié. Ex. : Si on veut étudier la signification de la peur de l’un des personnages il faut bien exposer le fait que ce sentiment est mis en valeur dans le texte. Mais il ne faut pas présenter les différents états d’âme du personnage en suivant le déroulement du texte et sans apporter une interprétation. Si le personnage a peur il faut se demander dans quel contexte, à quel moment dans l’intrigue, et quel est l’impact sur le lecteur. Les différents types de paraphrase : Paraphrase simple : raconter le texte. Paraphrase élaborée « techniciste » : s’appuie sur des faits de style, les champs lexicaux par exemple. Ex : « Le personnage a peur. En effet, on trouve dans le texte le champ lexical de la peur : expression verbale “j’ai peur”, adjectif “inquiet”. » Paraphrase élaborée « historicisante » : plaque des généralités sur les éléments repérés dans le texte. Dans les 2 derniers cas, il s’agit de commentaires qui s’appuient sur des éléments précis du texte ou sur des connaissances, mais qui ne va pas plus loin que redire ce qui est déjà inscrit dans le texte sans en donner une interprétation. Or affiner une citation par sa traduction technique ou par le placage d’une généralité ne permet pas de sortir de la description du texte. Pour cela, il faut s’interroger sur le sens de ce choix technique, esthétique, dramatique, etc. à ce moment de la pièce ou du récit, étant donné les enjeux spécifiques qui s’y posent, et que la problématique est chargée de résumer et de formuler. Signaux :  Les formules qui introduisent une citation : « L’auteur dit que », « Le texte affirme que », « L’auteur ajoute que »...  Répétition du texte. Ex : « Sethe sait que Paul change sa vie : p. 137 “Elle savait que Paul D ajoutait quelque chose à sa vie”. »  Compte rendu d’événements avec notamment le passé simple. Il ne faut pas raconter mais analyser. b) La lecture psychologisante Il s’agit d’une lecture qui tend à confondre la fiction et la réalité, et qui s’enferme dans la fiction, en oubliant le fait que tous les éléments du texte ont été élaborés de manière concertée par l’auteur, en vue d’un certain effet. Pour se prémunir contre cet écueil, il faut mobiliser les outils d’analyse littéraire énumérés plus haut (à propos de la caractérisation du texte et de l’étape d’analyse au brouillon).

c) Le jugement de valeur sur des éléments de la diégèse (et sur la poétique de l’œuvre, dans une moindre mesure) On ne vous demande pas de donner votre opinion sur l’action ou les personnages, pas plus que sur l’écriture de l’auteur. Il s’agit d’analyser le texte, c’est-à-dire de montrer la manière dont le sens est construit, selon quels procédés et stratégies, en vue de quel effet. Cela implique souvent de s’interroger sur la réaction morale que l’auteur veut produire chez le lecteur. Mais il s’agit d’une figure abstraite du lecteur, et non de votre propre expérience de lecture.

IV Consignes de langue La correction de la langue est un prérequis dans tous les travaux universitaires. La note attribuée en tient compte. Vous devez impérativement vous relire pour corriger au moins les fautes les plus visibles : accords, conjugaison, mais aussi ponctuation (attention à la place des virgules), syntaxe (privilégiez les phrases courtes). Une erreur fréquente à supprimer : la construction des interrogatives indirectes, en particulier pour la problématique. Ex : Interrogative directe : « En quoi cet incipit est-il novateur ? » Interrogative indirecte : « Nous nous demanderons en quoi cet incipit est novateur. »...


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