Relation entre Oedipe et Jocaste dans Oedipe ROI PDF

Title Relation entre Oedipe et Jocaste dans Oedipe ROI
Author Loreleï dutardre
Course Littérature d'oeuvre
Institution Université de Tours
Pages 2
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Summary

La relation entre Œdipe et Jocaste est à la fois l’une des plus complexes et célèbres de la mythologie grecque au sens où Jocaste incarne deux rôles importants dans la vie d’Oedipe : celui de sa mère, mais également celui de sa femme. Œdipe roi de Sophocle est l’une des inspirations principales de l...


Description

Littérature La relation entre Œdipe est Jocaste

La relation entre Œdipe et Jocaste est à la fois l’une des plus complexes et célèbres de la mythologie grecque au sens où Jocaste incarne deux rôles importants dans la vie d’Oedipe : celui de sa mère, mais également celui de sa femme. Œdipe roi de Sophocle est l’une des inspirations principales de la théorie de Freud vis-à-vis du « complexe d’Œdipe », et est devenue cruciale pour comprendre le mécanisme des relations et rapports entre un parent et son enfant, ce qui a également inspiré le côté autobiographique présent dans le film Œdipe roi de Pasolini. Ainsi, nous déterminerons si les œuvres traitent la relation d’Œdipe et Jocaste de la même façon et de quelle manière elles apparaissent complémentaires au sein de cette relation. Pour cela, nous traiterons les similarités dans une première partie puis les différences et complémentarités dans une seconde. D’emblée, nous remarquons que la relation interprétée à la fois par Sophocle et par Pasolini est celle décrite par le mythe. En effet, les deux auteurs ont fait le choix de conserver cette aspect fondateur du mythe, ainsi, un public averti connaissait d’or et déjà les différents rôles interprétés par Jocaste dès le début de la tragédie ou du film. Par ailleurs, Pasolini renforce cet aspect en mettant en scène la même actrice pour jouer le rôle de la mère dès le début du film, dans le prologue et celui de la femme d’Œdipe dans la suite de celui-ci. De plus, on comprend rapidement que l’enfant du prologue est Œdipe par la signification de son nom, littéralement pieds enflés, mais également par la réaction du père face à celui-ci lors de la scène du berceau où l’homme sert les chevilles du petit garçon. Ainsi, même sans avoir pris connaissance du mythe, l’identité de Jocaste et d’Œdipe est prédéfinie dès la première scène comme une mise à niveau afin d’accentuer le pathétique. Jocaste prend au cours des œuvres de nombreux aspects maternelles vis-à-vis de son fils, Œdipe : si elle fait partie de celle qui le pousse à découvrir la vérité, elle cherche à le protéger dès lors qu’elle comprend sa culpabilité « cela est vain ne t’en soucis pas ». De nombreux passages restent également ambigus, notamment (au vers 928) lorsqu’on la désigne par « mère de ses enfants » ou encore lorsqu’on parle d’elle comme « tout à fait complète » ce qui sous-entend à l’époque qu’elle est une bonne épouse, mais qu’elle est également capable de donner naissance et donc d’incarner son rôle de mère. Nous retrouvons plus tardivement dans la tragédie une référence au ventre maternel (aux vers 1808 à 1810) ainsi qu’une métaphore maritime du port qui abrite à la fois le père et le fils ( aux vers 422 à 423). Chez Sophocle plus que chez Pasolini, Jocaste prend partie lors des altercations de son fils notamment avec son propre frère Créon. Elle le protège, le rassure, et l’apaise mais le réprimande aussi en l’obligeant à rentrer dans le palais par exemple. Si la notion mère et fils est présente plus discrètement, c’est parce que la relation mari et femme est valorisée. Effectivement, dans la tragédie comme dans le film, leur attirance semble réciproque et il en résulte un respect et une complicité évidente « je te respecte toi plus que tous ceux-là » ou encore lorsqu’il lui dit « Ô très chère femme, Jocaste que j’aime ». Si Œdipe gagne Jocaste comme une sorte de trophée, cela ne semble déplaire à aucun d’eux : en effet, dans le film Œdipe semble subjugué par son apparence lorsqu’elle fait son entrée en brouette, et Jocaste ne le quitte que très rarement des yeux dans tout le reste du film, prouvent le lien qui les unit. Enfin, l’inceste est un élément récurent dans les deux œuvres, et est présenté de la même façon malgré l’importance différente qu’il prend vis-à-vis des auteurs. Si la différence d’âge marque le côté dramatique, c’est l’aveuglement des concernés qui l’accentue et ajoute du

pathétique. Effectivement, si les spectateurs sont eux au courant de la situation dans laquelle tombent les amants, ce n’est pas le cas de ces derniers. Après maintes et maintes avertissements par les oracles, le dénie d’Œdipe et de Jocaste face à l’évidence du déroulement des événements montrent le contrôle des dieux sur leur vie et leur destin. Les auteurs dramatisent alors la situation en ajoutant une certaine tension emportant le lecteur même si ce dernier sait par avance de qui se déroule sous ses yeux ; c’est également le cas pour le spectateur de Pasolini puisqu’il fait le choix de reprendre presque intégralement les étapes dramatiques inspirées par Sophocle, autrement dit les doutes, le déni, la prise de conscience et la punition que les amants s’infligent lors de la découverte. Les similitudes sont donc nombreuses au sein de la relation d’Œdipe et Jocaste puisqu’elles sont l’essence même de celle-ci, mais des différences apparaissent entre la transition de la tragédie de Sophocle au film de Pasolini pouvant s’expliquer par les intensions différentes de l’auteur ainsi que les années qui les séparent. Cependant, il est important de préciser que ces différences peuvent être symbole d’une complémentarité entre les deux œuvres. Si la relation d’Œdipe et Jocaste se base sur une attirance réciproque, celle-ci est d’autant plus assumée par Pasolini qui l’érotise. Il était impossible pour Sophocle de traiter la passion charnelle dans sa tragédie au sens où celle-ci devait être jouée pour un public du 5ème siècle après jésus christ en l’honneur des dieux, cet aspect est seulement très légèrement abordé dans l’évocation des enfants d’Œdipe et de Jocaste. Pasolini, quant à lui, fait de l’érotisme un élément très présent dans leur relation : de nombreuses scènes explicites présentent le couple dans la chambre nuptiale dont une présentant l’acteur incarnant Œdipe nu, ce qui n’est pas commun à l’époque, mais avant ça nous avons un premier aspect de cela dès le prologue avec l’actrice jouant la mère de Pasolini et le militaire représentant son père. Enfin, Pasolini fait le choix de les présenter uniquement comme un couple et non comme des parents, obligeant ainsi les spectateurs à se focaliser sur l’aspect fusionnel et amoureux d’Œdipe et de Jocaste. Chez Sophocle l’inceste est en quelques sortes commis à leur insu, qu’ils ne se doutent de rien et se punissent eux-mêmes lors de la découverte de celui-ci par la pendaison pour Jocaste et l’aveuglement pour Œdipe, chez Pasolini il semble assumé notamment lors de l’une des scènes finales où dans la chambre nuptiale Œdipe l’appel « mère » dans le lit conjugal alors qu’il l’a déshabille. Œdipe se soumet également au jugement des thébains et accepte les faits et ce dont il est coupable. Enfin, si la dimension autobiographique vis-à-vis de Sophocle n’a jamais été prouvée, elle est bel et bien revendiquée par Pasolini puisqu’il a déclaré « Œdipe roi, c’est mon autobiographie ». Ainsi, il met à nu les fantasmes parricides et incestueux du réalisateur et ce dernier fais en sortes de se débarrasser de ses pulsions par le biais du film : effectivement, il met en œuvre la disparition totale du père militaire du prologue, le meurtre de Laïos ainsi qu’une relation fusionnelle entre la mère et son fils ; autrement tous les aspects qui définissent le « complexe d’Œdipe » au sens de Freud. Ainsi, nous pouvons conclure que la relation d’Œdipe et de Jocaste préserve premièrement l’origine du mythe malgré les ajouts de chacun des auteurs. Par ailleurs, si Pasolini s’est fortement inspiré de Sophocle dans la production de son film, l’analyse de Freud et son propre complexe influence indéniablement la relation présentée dans son film et permet de compléter à sa manière et par ses propres expériances les éléments composants l’œuvre de Sophocle....


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