Séance 7 - Le sous-investissement en capital humain : un problème de coordination ? PDF

Title Séance 7 - Le sous-investissement en capital humain : un problème de coordination ?
Course Économie du développement
Institution Université Laval
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Notes de cours tirées des powerpoint, Yémélé Kana Legrand...


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Économie du développement Le sous-investissement en capital humain : un problème de coordination ?

Contribution de Lucas : -

La convergence des économies n’est pas un processus inévitable, donc il est évitable.  Tout chemin ne mène pas au développement.  Le gouvernement a un rôle actif à jouer dans le processus.  Élargir l’accès de la population à l’éduction, ce qui est nécessaire pour l’accumulation de capital humain.

Limites du modèle de Lucas : -

Pourquoi y a-t-il des pays qui sous-investissent encore en éduction ? Y a-t-il des barrières à l’investissement publique en éducation, et quel est la nature de ces barrières ?

Modèle de Saint-Paul et Verdier (1993) -

Les institutions politiques sont au centre du développement économique.

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Autocratie : barrière institutionnelle à l’investissement publique en éducation. Exclusion sociale des classes pauvres = Répartition inégale des revenus + Accès privé à l’éducation  Il y a une transmission intergénérationnelle de la pauvreté.  Exclusion sociale = cause de sous-investissement en capital humain = autocratie.

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Démocratie : élimination de l’exclusion sociale.  Permet à la politique publique de refléter les intérêts des couches sociales pauvres.  Financement public de l’éducation. Carence démocratique = cause de sous-investissement en capital humain.

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Limites du modèle :  Les rendements de l’éducation sont certains et suffisamment élevés.  Les parents ont une parfaite connaissance du niveau de ces rendements.  L’éducation des enfants n’a aucun coût d’opportunité pour les familles pauvres.

Modèle de Dessy et Pallage (2001) 1. L’éducation a un coût d’opportunité.  Enfance = période d’activité économique  Enfants = force de travail pour les familles pauvres  Éducation des enfants = renonciation à une source de revenu vitale pour la famille

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Les gains liés à la participation des enfants aux activités économiques sont immédiats :  Allègement de la pauvreté  Survie du ménage  Dans certaines mesures, transmission des compétences professionnelles

2. Le rendement de l’investissement en capital humain est incertain. -

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L’éducation confère le capital humain. La demande de capital humain provient des firmes.  Investir en capital humain n’a de valeur que s’il y a des firmes qui en font l’utilisation. Dans les pays pauvres, plus de 70% des emplois sont créés dans le secteur informel.  Ce secteur n’utilise pas intensément le capital humain.  Dans ce contexte, quel intérêt a une famille d’investir dans l’éducation de ses enfants ? Investir dans le capital humain des enfants prend du temps.  Renoncer à 10-15 ans de revenus pour l’éducation des enfants représente un risque énorme pour les familles pauvres.

3. Pour les firmes, la prime en termes de productivité qu’apporte l’innovation est incertaine. -

Le capital humain est complémentaire aux technologies modernes à rendement d’échelle croissants.  Pour acquérir ces technologies, les firmes des pays pauvres doivent sortir du secteur informel et formaliser leurs opérations de productions.  La formalisation de la production engendre des coûts souvent irréversibles.  Sans assurance d’abondance de capital humain, formaliser est un gros risque.

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Fondements empiriques du modèle :  L’emploi dans les pays en développement n’exige pas le capital humain.  L’enfance est une période de participation à l’activité économique.  Le travail des enfants nuit à leur éducation.

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La prépondérance du secteur informel :  L’emploi dans le secteur informel n’exige pas le capital humain.  Une caractéristique structurelle des pays en développement est la prépondérance du secteur informel.  Utilisation de technologies rudimentaires et peu efficaces.

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Situation du secteur informel dans les pays en développement : 

Inde :  Hommes : 83,3 %  Femmes : 84,7 %  Total : 83,6 %



Mali :

 Hommes : 74,2 %  Femmes : 89,2 %  Total : 81,8 % 

Tanzanie :  Hommes : 70,9 %  Femmes : 82,2 %  Total : 76,6 %



Zambie :  Hommes : 62,9 %  Femmes : 80,1 %  Total : 69,5 %

Enfance et participation à l’activité économique : -

Environ 150 millions d’enfants (5-14 ans) travaillent dans le monde pour subvenir à leurs besoins ou ceux de leur famille.  75 millions sont dans des occupations dangereuses. Le travail détourne les enfants du chemin de l’école. Il peut y avoir des effets négatifs sur le développement physique et émotionnel de l’enfant. Il peut compromettre l’accumulation du capital humain nécessaire à l’amélioration de la vie individuelle.

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Le travail des enfants nuit à l’éducation si les deux ne sont pas des activités complémentaires, car il y a conflit entre les deux activités.  Dans les pays ayant une forte prévalence, comme le Niger, le taux de scolarisation est faible.  Dans les pays où la prévalence est faible, comme le Swaziland, le taux de scolarisation moyen est très élevé.

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Une série d’enquêtes menées par la Banque Mondiale et l’Organisation internationale du travail (OIT) révèle que le travail des enfants est un phénomène planétaire.  Sa prévalence est en recul partout dans le monde.  2000 : 250 millions d’enfants  2016 : 150 millions d’enfants Où se trouve les 150 millions d’enfants impliqués dans des activités économiques aujourd’hui ?  Asie de l’Est (excluant Chine)  Amérique latine et les Caraïbes  Moyen Orient et le nord de l’Afrique  Asie du Sud  Sud-Est de l’Afrique (+++)  Afrique sub-Saharienne (+++)  Afrique centrale et Afrique de l’Ouest (+++)

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 La majorité travaille dans le secteur agricole, indépendamment de l’âge et du sexe. Regard sur l’Afrique :

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L’Afrique sub-Saharienne est la région du monde ayant le taux de prévalence du travail des enfants le plus élevé.  38% de tous les enfants âgés entre 7 et 14 ans sont engagés dans des activités économiques dangereuses.  20% d’entre eux combinent le travail et l’école.  60 % des enfants âgés entre 7 et 14 ans sont inscrits à l’école, et 21% ne sont ni au travail, ni à l’école.

Retour sur le modèle de Dessy et Pallage -

On considère deux générations successives de travailleurs qui s’étalent sur deux périodes, 1 et 2.  Chaque génération ne comprend qu’un travailleur.  Dans chacune des périodes il y a une firme qui emploi un travailleur.

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La firme génère un surplus A > 1 si le travailleur employé est non-qualifié, ou si la firme opère une technologie rudimentaire. L’activité productive génère un surplus B > A, si le travailleur est qualifié et la firme opère une technologie moderne.

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Le travailleur récupère  du surplus généré, et la firme conserve la part restante 1-  Si le surplus est A Pour le travailleur Pour la firme

w = A  = (1-)A

 Si le surplus est B, le partage est le même, mais on remplace A par B -

Dans la période 1, la firme opère une technologie rudimentaire et le travailleur n’a aucune qualification. Elle veut utiliser une partie de son profit de cette période pour financer l’adoption d’une technologie moderne qui pourrait générer un surplus B  A dans la période 2.  Le coût d’adoption de cette technologie est 

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La firme fait face à un risque de perte si elle investit dans l’innovation technologique qui coûte  :  Si le travailleur employé dans le période 2 est qualifié, le surplus sera B.  Si le travailleur employé dans la période 2 n’est pas qualifié, la nouvelle technologie ne pourra pas être opérée, le surplus demeurera A, et la firme aura perdu .

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Le travailleur de la période 1 a un choix risqué à faire :  Soit faire travailler informellement son enfant en période 1 pour ajouter des ressources à son ménage.  Gain de  A au revenu de la famille  Soit, par altruisme intergénérationnel, investir dans l’éducation de son enfant afin qu’il devienne travailleur qualifié à l’âge adulte en période 2.  Le revenu de l’enfant devenu adulte est de w =  A si la firme n’a pas innové  Si la firme a innové en période 1, l’enfant devenu adulte qualifié aura un salaire de w =  B Problématique :  Qu’est ce qui empêche le travailleur de la génération courante (parent) d’investir dans l’éducation de son enfant ?

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Qu’est ce qui empêche la firme d’investir une part de son profit de la période 1 pour financer l’adoption d’une technologie moderne en période 2 ?

Stratégies possibles : (On suppose que l’éducation est gratuite) -

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Pour le parent : 

Stratégie x = 0 : parent fait travailler enfant toute la période 1 pour le bien courant du ménage



Stratégie x = 1 : parent inscrit enfant à l’école durant la période 1

Pour la firme : 

Stratégie y = 0 : n’investit pas dans l’adoption d’une technologie moderne



Stratégie y = 1 : investit dans une nouvelle technologie, subit un coût d’investissement 

Pour déterminer quel choix stratégique opérer, le parent utilise une fonction de gains : P (x, y) = (1 – x) (1 + ) A + x  (1 – y) A + xyB  x étant la stratégie du parent  y étant la stratégie de la firme

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Si le parent choisit x = 0 P (0, y) = (1 + )  A



Si le parent choisit x = 1, son gain dépend de l’action y que choisit la firme : P (1, 0) =  A P (1, 1) =  B

La fonction de gain de la firme reflète l’interdépendance entre ses actions et celles du parent : F (x, y) = 2 (1 – y) (1 - ) A + y [(2 – x) (1 - ) A + x (1 - ) B - ] 

Si la firme choisit y = 0 F (x, 0) = 2 (1 -  ) A



Si la firme choisit y = 1, son gain dépende de l’action x que choisit le parent : F (0, 1) = 2 (1 -  ) A -  F (1, 1) = (1 - ) A + (1 -  ) B - 

FIRME y=0 PARENT

x=0

P (0, 0) ; F (0, 0)

P (0, 1) ; F (0, 1)

x=1

P (1, 0) ; F (1, 0)

P (1, 1) ; F (1, 1)

FIRME y=0 PARENT

y=1

y=1

x=0

(1 + )  A ; 2 (1 - ) A

(1 + ) A ; 2 (1 - ) A - 

x=1

A ; 2 (1 -  ) A

B ; (1 -  ) A + (1 - ) B - 

Hypothèses : -

0 1

L’enfant travailleur gagne moins que l’adulte travailleur

-

 B  (1 + ) A

Prime de qualification pour travailleur éduqué conditionnellement à l’existence d’une technologie moderne

-

 0

Innovation coûteuse pour la firme

-

(1 -  ) B -   (1 - ) A

Prime d’innovation pour la firme conditionnellement à l’emploie d’un travailleur qualifié

Risque et choix stratégiques de la firme : -

Innovation technologique = risque  y = 1, soit

2 (1 -  ) A -  si le parent n’a pas investi 2 (1 -  ) A si elle n’avait pas innové

 La décision d’innover n’est pas optimale puisqu’elle conduit à une perte nette .  Il n’est donc pas optimal pour la firme d’innover si elle n’est pas certaine que le parent ait investi dans l’éducation de son enfant dans la période 1. Politique publique en présence d’équilibres multiples : -

Lorsqu’il y a deux équilibres au jeu d’investissement, le gouvernement peut intervenir pour sélectionner le meilleur des deux équilibres.  La politique sociale devient un instrument de coordination des actions des agents privés.

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-

Puisque l’équilibre (1, 1) améliore le bien-être social, le gouvernement peut le sélectionner au moyen d’une politique qui consiste à rendre la scolarisation obligatoire.  Imposer la stratégie x = 1 aux parents.  Envoie un signal ferme aux firmes qu’il y aura des travailleurs qualifiés dans la période 2. La loi sur la scolarisation obligatoire n’est pas une condition suffisante, car le meilleur équilibre dépend de la part du salaire des enfants....


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