15 AOÜT 1947 - L’INDÉ Pendance DE L\'INDE ET LA Creation DU Pakistan ET Leurs Consequences - 2021 PDF

Title 15 AOÜT 1947 - L’INDÉ Pendance DE L\'INDE ET LA Creation DU Pakistan ET Leurs Consequences - 2021
Course Geopolitics
Institution EDHEC Business School
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BBA2...


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15 AOUT 1947 L’INDÉPENDANCE DE L'INDE – LA CRÉTION DU PAKISTAN ET LEURS CONSÉQUENCES PRÉAMBULE : PETITE BIBLIOGRAPHIE - Sur l’histoire de l’Inde en général : Éric Paul Meyer, Une histoire de l’Inde, Les Indiens face à leur passé, Albin Michel, 2019. - Sur l’histoire de l’Inde au XXe siècle : Dominique Lapierre et Larry Collins : Cette nuit la liberté, Le Livre de poche, 1975 et Pocket, 2004. C'est assurément le meilleur récit de cette tranche d'Histoire. - Sur Lord Mountbatten, le dernier vice-roi des Indes : François Kersaudy : Lord Mountbatten, L’étoffe des héros, Perrin, 2004. - Sur son épouse, Lady Edwina : Bertrand Meyer-Stabley, Edwina Mountbatten, scandaleuse, libre, vice-reine des Indes, Bartillat, 2005. Et surtout, Catherine Clément, Pour l’amour de l’Inde, Flammarion, 1993. - De Gandhi et sur Gandhi : Mahatma Gandhi, Mon chemin de paix, J’ai lu, 2018. Mahatma Gandhi, Mes expériences avec la vérité, L’autobiographie, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2016 Christine Jordis, Gandhi, Folio Biographies, 2006 Gilles van Grasdorff, Les vies cachées de Gandhi, Le Cerf, 2018 Luc Rozsavolgyi, Tuer Gandhi, 2021 - Sur l’Inde contemporaine : Gilles Boquérat, L’Inde d’aujourd’hui en 100 questions, Tallandier, 2021 Shashi Tharoor, L’Inde selon Modi, Buchet Chastel, 2020 Christophe Jaffrelot, L’Inde de Modi, National-populisme et démocratie ethnique, Fayard, 2019. Petite filmographie : - Gandhi, film indo-britannique de Richard Attenborough sorti en 1982 - Le Dernier Vice-Roi des Indes (Viceroy's House), film britannico-indien réalisé par Gurinder Chadha, ivre de Lapierre et Collins, sorti en 2017. L'Inde indépendante naît officiellement dans la nuit du 14 au 15 août 1947, à minuit. Sa naissance est annoncée à Delhi par le chef du gouvernement, Jawaharlal Nehru. Quelques heures plus tôt, à Karachi, le rival de ce dernier, Ali Jinnah, a proclamé la création du Pakistan. Cette double naissance est l'aboutissement de longues et douloureuses tractations entre le colonisateur britannique et les Indiens mais plus encore entre les Indiens eux-mêmes (les Anglais s'étaient pour la plupart résignés à quitter les Indes dès 1930)... Les explosions de haine entre majorité hindoue et minorité musulmane ont conduit à la division du sous-continent indien que les Anglais avaient réussi à unifier pour la première fois de son Histoire en trois siècles de domination, dont 90 ans sous le British Raj.

2 MULTIPLES IDENTITÉS 1947 : La partition des Indes britanniques Le 15 août 1947, après de longues et douloureuses tractations avec hindous et musulmans, les Britanniques quittent les Indes et consacrent l'indépendance de l'Inde et du Pakistan. Les deux pays sont aujourd'hui des Républiques : la première est une fédération laïque, le second une République islamique, mais tous deux restent fidèles au Commonwealth britannique. La Birmanie (aujourd’hui Myanmar), qui avait été détachée du Raj (l'empire britannique des Indes) en 1923, devient indépendante le 4 janvier 1948 et, le 4 février 1948, c'est le tour de Ceylan (aujourd'hui Sri Lanka). Le royaume himalayen du Népal n'avait jamais, quant à lui, été colonisé. Les Britanniques avaient reconnu sa pleine indépendance dès 1923.

À la veille de sa dissolution, l'empire britannique des Indes comptait 410 millions d'habitants dont 281 millions d'hindous, 115 millions de musulmans, 7 millions de chrétiens et 6 millions de Sikhs, cela sur 4 millions de km2. La scission va laisser 33 millions de musulmans en Inde (10% de la population), les autres se retrouvant au Pakistan. L'État principal issu du British Raj s'appelle officiellement Union indienne ou République de l'Inde. C'est aujourd'hui une république fédérale de 28 États et 7 territoires, associée au Commonwealth, dernier vestige de l'empire britannique. Les Indiens eux-mêmes appellent volontiers leur pays Bharat en référence à un roi mythique qui a inspiré l'épopée en vers Mahâbhârata. D'un point de vue religieux, le pays est aussi appelé Hindoustan parce qu'il est le berceau de l'hindouisme (-stan est un suffixe d'origine persane qui signifie pays). Le Pakistan est une invention du XXe siècle. Son nom, un néologisme en forme d’acronyme), conçu par un jeune universitaire Choudhary Rahmat Ali en 1933, signifie le « pays des purs » (de l’ourdou : pâk signifiant « pur » et stân signifiant « pays »), et comporte les initiales de trois provinces revendiquées par ses promoteurs : P pour Pendjab, A pour Afghanistan, K pour Cachemire. Devenu une République islamique, il est comme l'Inde resté fidèle au Commonwealth britannique. I - L'indépendance de tous les dangers Le Parti du Congrès, qui regroupe les élites hindoues, réclame dès le début du XXe siècle l'autonomie, voire l'indépendance. La Ligue musulmane, toute aussi désireuse de voir partir les Anglais, exige la création d'un État proprement musulman, le Pakistan.

3 Son chef, Muhammad Ali Jinnah, récuse tout idée de confédération entre cet État et la future Union indienne. Il entretient ses coreligionnaires dans la conviction qu'ils ne pourront jamais vivre en paix s'ils sont en minorité face aux hindous. Après la conférence de Simla1, le 25 juin 1945, conclue sur un échec le 14 juillet 1946, il les appelle à une journée d'action directe, le 16 août 1946. Il s'ensuit plusieurs milliers de morts rien qu'à Calcutta. C'est la première explosion de haine entre les deux communautés. Les Britanniques n'en confient pas moins la direction du British Raj à un gouvernement intérimaire dirigé par le pandit Jawaharlal Nehru, compagnon de route de Gandhi. Ils convoquent par ailleurs une assemblée constituante en décembre 1946 mais celle-ci est boycottée par la Ligue musulmane. Les affrontements sanglants entre les deux communautés commencent à se multiplier. En février 1947, Londres dépêche lord Louis Mountbatten (46 ans) en qualité de vice-roi en remplacement de Lord Wavell. Il a mission de mener à bien l'indépendance des Indes britanniques. Arrière-petit-fils de la reine Victoria, cousin de la future reine Elizabeth II, oncle et tuteur de son époux Philippe d'Édimbourg, c'est un homme remarquable et brillantissime, doté de tous les dons et en premier lieu de celui de la persuasion. Il a combattu dans la Royal Navy et notamment organisé des raids contre les ports de Saint-Nazaire et Dieppe, avant d'assumer le commandement suprême des forces interalliées en Asie du Sud-Est et de chasser les Japonais de Birmanie. Ce dernier exploit lui a valu la reconnaissance des Indiens. Mais quand le Premier ministre Clement Attlee lui demande de relayer Lord Archibald Wavell à Delhi en vue d'organiser au mieux l'indépendance, Lord Louis Mountbatten manifeste les plus vives réticences. Il faudra un ordre express de son ami le roi George VI pour qu'il accepte la mission.

Lord Mountbatten (au fond de l’image, au centre) en négociations entre Nehru (à gauche) et Ali Jinnah (à droite) 1

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement anglais se résout à émanciper les Indes, occupées depuis environ deux siècles. Mais le plus difficile est de concilier les leaders indiens sur l'avenir du British Raj. Pour tenter d'apaiser les dissensions communautaires, Lord Wavell, vice-roi des Indes britanniques, présente en mai 1945 un plan de compromis qui vise à la création d'un Conseil exécutif dans lequel hindous et musulmans seraient équitablement représentés. Il convoque une conférence à Simla, au nord de l'Inde, le 25 juin 1945, pour en débattre. Muhammad Ali Jinnah, qui représente la Ligue musulmane , revendique pour celle-ci le droit de représenter exclusivement les musulmans du pays. Le parti du Congrès National Indien, qui se veut laïc, unitaire et multiconfessionnel, conteste sa prétention. La conférence se conclut sur un échec le 14 juillet 1946 et le mois suivant, la Ligue musulmane appelle à une journée d'action, le 24 août 1946. Elle se traduit par les premiers affrontements sanglants entre hindous et musulmans à Calcutta. C'est la première explosion de haine confessionnelle. En désespoir de cause, le Premier ministre anglais Clement Attlee demande à Lord Louis Mountbatten de conduire les négociations d'indépendance avec le titre de vice-roi...

4 II - Le combat des chefs D'emblée, le nouveau vice-roi, accompagné de son épouse Edwina et de sa fille Pamela, s'applique à séduire ses interlocuteurs. Il rencontre successivement tous les leaders indiens dans son somptueux palais des Mille et Une Nuits. La préférence de Nehru va à un État centralisé afin de prévenir aussi bien la création du Pakistan que la sécession de tel ou tel État princier. Il doit aussi contenir les extrémistes de son propre camp qui réclament la création d'un État purement hindou, l'Hindoustan, pour faire pendant au futur Pakistan.

Lord Mountbatten et le Premier ministre Nehru, en compagnie de lady Edwina Mountbatten 2 (Photo d’Henri CartierBresson).

Mountbatten cultive d'excellentes relations avec Nehru mais il désespère de préserver l'unité du British Raj et, en désespoir de cause, choisit d'accélérer le processus d'indépendance, quoiqu'il en coûte. Le 3 juin 1947, le vice-roi officialise la future partition de l'empire des Indes et, sur le vif, annonce que la transmission des pouvoirs aura lieu le vendredi 15 août 1947, sans doute parce que deux ans plus tôt, c'est aussi un 15 août qu'il a reçu la reddition de l'armée japonaise de Birmanie... Les astrologues hindous s'indignent de n'avoir pas été consultés et affirment que le 15 août est le plus mauvais choix possible... En revanche, le 14 août serait très acceptable. Conciliants, Mountbatten et Nehru conviennent que l'indépendance sera officialisée le 14 août à minuit !

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Petite histoire dans la grande Histoire : 1947. Le dernier vice-roi des Indes britanniques, Lord Mountbatten, est intronisé à New Delhi. Lady Edwina, sa femme , est l'une des grandes dames de l'aristocratie anglaise, l'une des plus libertines, et sans doute la plus émancipée. Leur interlocuteur privilégié, le pandit Nehru, vient d'être libéré de prison. Bientôt, il deviendra le premier Premier ministre de l'Inde libre. Tout semble opposer Edwina et Nehru et, pourtant, entre l'Indien rebelle à l'Angleterre et la lady anglaise naît une passion impossible que Lord Mountbatten, le mari, accepte avec noblesse. L'un et l'autre vont se débattre dans les sanglants événements qui suivent le partage des Indes en deux pays, le Pakistan et l'Inde. Quelques mois plus tard, les Mountbatten retournent en Angleterre. Mais l'amour continue entre Edwina et Nehru. Pendant douze ans, ils s'écrivent chaque nuit et vivent ensemble un mois par an. Jusqu'à la mort d'Edwina. Cette incroyable histoire, légendaire dans l'Inde d'aujourd'hui, fait entrer Nehru et Edwina dans le ciel magnifique des amants séparés, couple mythique au cœur d'une épopée et cependant nos contemporains. Lire sur cette histoire le beau roman de Catherine Clément : Pour l’amour de l’Inde, 1993, Ed. Flammarion, 503 p.

5 Sir Cyril Radcliffe 3 , un juriste anglais de qualité mais sans expérience des Indes, se voit confier la tâche de délimiter la future frontière entre Pakistan et Inde, au Pendjab et au Bengale. Pour éviter de ternir la joie de l'indépendance, Lord Mountbatten gardera son rapport sous le coude et ne le remettra officiellement que le 16 août 1947 à ses successeurs, Nehru et Ali Jinnah. À Westminster, les députés anglais examinent en un temps record le projet Mountbatten et votent le 4 juillet l'Independence Bill. Finalement, la passation des pouvoirs a lieu comme prévu le 15 août 1947, à Delhi, au fort Rouge, l'ancien palais des empereurs moghols. La fête est réussie, malgré l'absence de Gandhi, plongé dans un nouveau jeûne en guise de protestation contre la partition, qu'il qualifie à juste titre de « vivisection ». Nehru devient le premier Premier ministre de l'Union indienne et demande à Lord Louis Mountbatten de devenir le premier gouverneur général de l'Inde indépendante, le temps que se mettent en place la nouvelle administration ! Mountbatten va conserver son titre jusqu'au 21 juin 1948 et ce qu'il pensait être une sinécure4 sans véritable autorité va devenir la charge la plus lourde d'une existence déjà bien remplie : à l'heure des troubles, Nehru et son ministre de l'Intérieur Sardar Patel5 vont faire appel à son expérience et à son énergie pour mobiliser les forces de l'ordre au service des réfugiés de toutes confessions... La veille, à Karachi, Lord Mountbatten a proclamé la création du dominion6 du Pakistan en vertu de l'Indian Independence Bill voté par le Parlement de Westminster. Beaucoup moins accommodant que Nehru, Ali Jinnah s'est d'emblée attribué le titre de gouverneur général avec tous les pouvoirs... Lord Mountbatten doit aussi gérer le sort des 562 États princiers qui, au fil de l'Histoire, ont noué des traités avec Westminster en échange de leur autonomie interne. Ils rassemblent le quart de la population, les autres Indiens étant soumis à l'administration directe des Britanniques.

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Cyril John Radcliffe (1899 - 1977), 1er vicomte Radcliffe, était un avocat britannique, mandaté par le gouvernement de Londres pour définir en cinq semaines (avec l'aide de deux hindous et de deux musulmans), le tracé de la ligne qui porte son nom et qui fait office de frontière lors de la partition des Indes le 17 août 1947, deux jours après l'indépendance du Raj britannique qui donna naissance à l'Inde et au Pakistan. Avant cette mission, Sir Radcliffe ne connaissait pas le sous-continent indien, il n'est jamais venu. Il n'y retournera jamais par la suite. 4 Sinécure : Emploi rétribué qui n'oblige à aucun travail. 5 Vallabhbhai Patel (Nadiad, 31 octobre 1875 - Bombay, 15 décembre 1950), dit Sardar Vallabhbhai Patel, était un leader nationaliste et homme d'État indien, originaire, comme Gandhi, du Gujarat. Après ses études de droits en Angleterre (1910-1913), où il obtient son diplôme en deux années au lieu des trois habituelles, il retourne en Inde aussitôt et ouvre un cabinet à Ahmadābād. Il fait bientôt la rencontre de Gandhi et rejoint le mouvement pour la désobéissance civile. Il devient le président du Parti du Congrès en 1931 et, grâce à ses efforts, le parti recueille 100 % des votes aux élections de 1937. Il est emprisonné de nombreuses fois par les Britanniques du fait de ses activités politiques, en particulier du 9 août 1942 à la fin du conflit mondial, à la suite de la résolution « Quit India » qui enjoignait à la puissance coloniale à se retirer du pays. Candidat naturel du parti à la fonction de Premier ministre, ayant le soutien de la majorité de ses membres, il se laisse persuader par Gandhi de laisser cette place à Jawaharlal Nehru. Comme ministre de l'Intérieur, ministre des États et premier Ministre adjoint (1947-1950), dans le gouvernement de ce dernier, il négociera avec succès l'intégration des États princiers des Indes au sein de la république, n'hésitant pas à envoyer l'armée à Jūnāgadh et Hyderabad pour mater les désirs d'indépendance de leur râja. Sa gestion de la crise après l'assassinat de Gandhi permet à cet « homme de fer », comme on l'appelle alors, d'éviter qu'une guerre civile n'embrase l'Inde. Le titre de Sardar lui a été conféré par le peuple du Gujarat en marque de respect. 6 Un dominion est un État indépendant membre de l'Empire britannique, mais pas totalement souverain, la Couronne britannique gardant la souveraineté sur la diplomatie, la guerre, la citoyenneté, la plus haute instance judiciaire ainsi que la constitution.

6 Le vice-roi arrive à convaincre tous les souverains de renoncer à reprendre leur indépendance et de rejoindre la future Union en échange de généreuses compensations. L'exception la plus notable est le nizam (souverain musulman) d'Hyderabad, au cœur du pays. Celui-là ne se ralliera qu'en 1948, sous la contrainte. Plus gravement, le maharadjah (souverain hindou) du Cachemire, province à majorité musulmane, a cru pouvoir reprendre son indépendance. Quand il se rallie enfin à l'Inde, l'armée pakistanaise envahit son territoire. C'est le début d'une guerre sans fin. En ce début du XXIe siècle, une ligne de cessez-le-feu indopakistanaise coupe toujours cette province autrefois belle et prospère. La passation des pouvoirs entre Lord Mountbatten et Nehru

III - Visions d'enfer Immédiatement, dans l'affolement, la plupart des hindous et sikhs7 du nouveau Pakistan plient bagage et rejoignent vaille que vaille l'Union indienne ; ils sont imités en sens inverse par de nombreux musulmans. De 1947 à 1950, dix à quinze millions de personnes se croisent ainsi par-dessus les frontières des deux nouveaux États, occasionnant au passage d'innombrables incidents meurtriers. Un train de réfugiés en 1947 à la frontière indopakistanaise.

Dans les villages où cohabitent les communautés (hindous, musulmans, sikhs) ont lieu des scènes d'épouvante, pires qu'en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale aux dires des témoins britanniques : massacres à l'arme blanche, viols, mutilations... 7

Le sikhisme est une religion qui est apparue au XVe siècle, dans la région du Punjab de l'Inde actuelle. Elle a éclos d'après les enseignements du Guru Nanak et a grandi ensuite en suivant les paroles des dix autres gurus sikhs. C'est la cinquième religion au monde par le nombre de ses croyants. Ce système de philosophie et d'expression religieuse est traditionnellement appelé Gurmat, littéralement : qui vient des gurus. Le sikhisme a été influencé par l'hindouisme et l'islam ; des principes comme le karma, la mukti (délivrance finale, salut) ou la réincarnation y prennent place, et il y a dans le livre saint, des écritures de mystiques soufis. Les croyances principales du sikhisme sont la foi et la justice, en Waheguru — terme que l'on peut traduire par « dieu », « l’Être suprême », « le créateur de tout »). Le sikhisme prône la poursuite du salut par la discipline, la méditation personnelle sur le nom et le message de Dieu, le partage. Les adeptes du sikhisme doivent suivre les enseignements des dix gurus sikhs ou des dirigeants éclairés, ainsi que l'Écriture sainte du Gurū Granth Sahib (c’est le nom du Livre saint des Sikhs) qui, avec les écrits de six des dix gurus sikhs, comprend des œuvres sélectionnées de nombreux fidèles de divers milieux socio-économiques et religieux. Le texte a été décrété par le guru Gobind Singh, le dixième guru, comme le guru final de la religion sikh, ou onzième guru, uniquement spirituel. Les traditions sikhes et les enseignements sont associés à l'histoire, la société et la culture du Pendjab. Les adeptes du sikhisme sont connus comme les sikhs (signifiant élèves ou disciples) et leur nombre avoisine les 25 millions à travers le monde. Cependant, la plupart des sikhs vivent dans l'état du Punjab en Inde ; avant la scission, des millions de sikhs vivaient dans ce qui est aujourd'hui la province du Pendjab du Pakistan.

7 On compte 400 000 à un million de morts rien que dans l'été 1947. C'est au Pendjab, entre Delhi, Amritsar et Lahore, que se produisent la plupart des atrocités. Les hindous mais aussi les Sikhs qui dominaient précédemment cette riche province se voient chassés de sa capitale Lahore, attribuée au Pakistan. Les Sikhs, pour leur part, chassent les musulmans de leur ville sainte, Amritsar. À Calcutta, capitale du Bengale, Gandhi arrive par sa présence à apaiser les tensions. S'étant établi au cœur de la métropole, il menace de jeûner à mort s'il advenait du mal à l'une ou l'autre des communautés. Ce « miracle de Calcutta » va épargner au Bengale les horreurs du Pendjab, à quelques exceptions près. La mansuétude du Mahatma8 à l'égard de toutes les confessions, y compris des musulmans, lui vaudra d'être assassiné le 30 janvier 1948, six mois seulement après l'indépendance, par un jeune extrémiste hindou. Heureusement, le reste de l'Inde va se tenir calme de sorte qu'à la fin des troubles, l'Inde va conserver en son sein trente millions de musulmans, soit un dixième de sa population d’alors. Sans vouloir refaire l'Histoire, on peut se demander ce qu'il serait advenu si les négociations de l'indépendance avaient traîné et laissé aux haines religieuses le temps de se diffuser à l'ensemble du sous-continent, au-delà du Pendjab ...


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