9. Les Réformes religieuses - Cours Integral PDF

Title 9. Les Réformes religieuses - Cours Integral
Author Theo Niot
Course Histoire Moderne
Institution Université Rennes-II
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cours sur les réformes religieuse de Chatenet Calyste...


Description

1 Cours G. Provost, 2020. Ce cours est la version écrite intégrale de celui qui aurait été commenté par oral lors de la seconde partie du CM des lundi 9 ou 16 novembre. Il est complété par un diaporama disponible sur Cursus.

Les Réformes religieuses Ce second chapitre a pour objectif non de décrire les éléments de stabilité dans la situation religieuse de la France mais de retracer les changements. C’est ce que l’on désigne lorsque l’on parle des 16e18e siècles comme le temps des « Réformes religieuses », au pluriel car il y a deux mouvements : 1.- à partir du début du 16e siècle, une part significative des Français adhère à une autre forme de christianisme, le protestantisme. Les protestants parlent volontiers de Réformation, les historiens de Réforme protestante ; 2.- l’immense majorité des Français demeure catholique mais vit peu à peu un profond changement de l’intérieur, qui ne tient pas à la « quantité » des gestes religieux (le baptême, la messe du dimanche… concernaient déjà toute la population et ce n’est pas à ce niveau que les choses changent) mais plutôt à la « qualité » : le catholicisme, qui allait largement de soi jusqu’alors, se veut plus « éduqué », plus « encadré ». C’est là ce que les historiens appellent la Réforme catholique. Pour bien comprendre ce double mouvement, il nous faut partir des attentes sur lesquelles s’achevait le c hapitre précédent : l’aspiration à une religion plus personnelle, plus authentique, plus orthodoxe… à laquelle les deux Réformes devaient fournir des réponses différentes. Le cours qui suit se veut le plus complet possible mais vous gagnerez bien sûr à le travailler en lisant en parallèle les p. 75-81 du manuel de V. Milliot et Ph. Minard.

1. La Réforme protestante a) Les origines du protestantisme La base (commune aux deux Réformes) tient au sentiment d’insatisfaction ressenti à la fin du Moyen Âge par de nombreux croyants d’Europe de l’Ouest, sentiment avivé par un contexte difficile : * Vers 1500, un contexte de profondes remises en cause spirituelles : trois éléments 1.- un sentiment profond d’angoisse collective devant les calamités qui s’accumulent depuis le 14e siècle : 1348, Peste noire ; 1337-1453 : Guerre de Cent Ans (franco-anglaise) ; difficultés économiques ; 1378-1415, Grand Schisme (avec la rivalité entre plusieurs papes)… L’accumulation de tels malheurs donne le sentiment que Dieu s’est éloigné de l’homme, que l’on a perdu en quelque sorte la bonne route pour aller au Paradis… et qu’il est urgent de la retrouver. 2.- un sentiment profond d’angoisse personnelle, existentielle : tout un chacun craint de ne pas être sauvé, de connaître non pas le bonheur éternel après la mort mais une éternité de souffrances. Si ce n’est pas l’angoisse d’aller en Enfer, c’est en tout cas celle de vivre un Purgatoire interminable et douloureux. Le Purgatoire est un temps, après la mort, où l’âme de chacun est purifiée pour devenir digne d’aller au Paradis. La chrétienté latine a donné toujours plus d’importance à cette croyance à partir du 12e siècle : le Purgatoire devient un troisième lieu dans l’au-delà, entre le Paradis et l’Enfer. Ce troisième lieu a été au départ source d’apaisement (il permettait d’échapper à la simple alternative Enfer/Paradis) mais dans le sombre climat de la fin du Moyen Âge, le Purgatoire est vu de plus en plus comme un temps de souffrances comparables à l’Enfer (les peintures le figurent d’ailleurs aussi comme un brasier). Certes, la différence par rapport à l’Enfer est que l’on peut en sortir… mais au bout de combien de temps ? lorsque les fautes de la vie terrestre ont été « payées »

2 Cours G. Provost, 2020. Ce cours est la version écrite intégrale de celui qui aurait été commenté par oral lors de la seconde partie du CM des lundi 9 ou 16 novembre. Il est complété par un diaporama disponible sur Cursus. ou que les prières des vivants pour les « âmes du Purgatoire » ont été écoutées par Dieu. La crainte est donc grande que cette purification douloureuse ne s’éternise… Cette sensibilité à la question du Purgatoire est particulièrement marquée dans le christianisme « latin », « occidental », une civilisation qui plus que toutes les autres accorde de l’importance à la personne, à l’individu. Au plan religieux, cela explique que le salut y soit envisagé comme une question individuelle (pas seulement le salut collectif) et que l’on s’interroge sur la responsabilité de l’individu pour y parvenir, sa capacité à en être acteur. La conception de très loin dominante dans l’Eglise catholique à la fin du Moyen Âge est que l’homme peut agir au moins partiellement pour son salut. Certes, l’être humain est fondamentalement pécheur depuis le « péché originel » (la faute d’Adam et Eve qui ont péché par désobéissance à Dieu) mais il garde néanmoins quelque chose de sa perfection primitive (il a d’abord été créé à l’image de Dieu, dit la Genèse). Il demeure donc capable de bonnes œuvres qui lui attirent la bienveillance divine (en vocabulaire chrétien, on dit « la grâce »). C’est pourquoi les catholiques de la fin du Moyen Âge multiplient comme jamais les bonnes œuvres méritoires : ils font dire des messes à leur intention particulière, récitent des prières, invoquent les saints, adhèrent à des confréries*, vont en pèlerinage, cherchent à gagner des indulgences* accordées par les papes (cela consiste à accomplir une bonne œuvre – donner une aumône pour un hôpital, une reconstruction d’église, par exemple – et obtenir en retour un raccourcissement de son futur temps de Purgatoire)... Beaucoup de chrétiens trouvent dans ces « œuvres » une « assurance pour l’au-delà » mais il en est d’autres qui ont le sentiment d’une certaine impasse : ils ont beau multiplier les bonnes actions, ils éprouvent le sentiment que cela ne suffira jamais, que Dieu s’éloigne inexorablement de l’humanité. Ils en viennent à douter que l’homme pécheur puisse vraiment agir pour son salut. N'estce pas d’abord Dieu qui sauve ? Retrouver la bonne route, peut-être cela impose-t-il de reposer la question… 3.- la volonté, très courante chez les intellectuels vers 1500 (rappelez-vous le premier cours, quand j’ai évoqué la Renaissance), de « revenir aux sources », aux textes d’origine : aux textes de l’Antiquité, donc aussi aux Ecritures* bibliques – avec cette idée que la vérité réside dans ce texte authentique et que tout ce qui a été ajouté après n’a pas la même valeur. Or, quantité de dogmes et de pratiques du catholicisme relèvent plus de la Tradition (la compréhension de la foi par les théologiens, les papes, les croyants au long des siècles) que des Ecritures au sens strict. Retrouver la bonne route, n’est-ce pas aussi cela : décaper les ajouts d’une tradition qui a peut-être obscurci la vérité originelle ? Repenser la question du salut, retrouver les sources bibliques, telles sont en tout cas les deux intuitions de départ des réformateurs protestants.

* Martin Luther et Jean Calvin Le malaise finit par déboucher, pour une partie des catholiques, sur un choix de rupture avec la Papauté, à la suite de Martin Luther puis – surtout en France – Jean Calvin. Martin Luther 1483-1546. Ce religieux allemand, universitaire et théologien, correspond bien aux trois caractéristiques énoncées ci-dessus : insatisfait par les œuvres, angoissé de son salut, cherchant des réponses dans les Ecritures. Dans le Nouveau Testament, il trouve, vers 1513, la certitude que c’est Dieu qui sauve en accordant sa grâce à l’homme pécheur1. A partir de 1517, Luther entre en révolte contre la Papauté d’abord sur la question des indulgences qui donnent lieu à des abus mercantiles (vente d’indulgences) et posent à ses yeux de graves problèmes théologiques. A partir de 1

« Le juste vivra par la foi »… « Ce n’est pas par les œuvres que nous sommes sauvés » (la source de ces extraits du Nouveau Testament figure dans le diaporama associé à ce cours).

3 Cours G. Provost, 2020. Ce cours est la version écrite intégrale de celui qui aurait été commenté par oral lors de la seconde partie du CM des lundi 9 ou 16 novembre. Il est complété par un diaporama disponible sur Cursus. cette question qui engage quantité de questions brûlantes sur la valeur des œuvres, l’autorité du pape, etc., la rupture intervient en 1520 : Luther est excommunié par Rome mais il brûle publiquement la bulle (= le texte du pape) d’excommunication. Protégé par le soutien d’un certain nombre de princes allemands, « médiatisé » par le formidable relais de l’imprimerie, il élabore alors une ré-forme2 du christianisme : ce que l’on va appeler un peu plus tard la Réformation/le « protestantisme » (le terme n’apparaît qu’en 1529). Avec son sens de la communication, Luther résume en trois formules ses principes distinctifs : - SOLA SCRIPTURA (par les Ecritures seules) : le primat des Ecritures. C’est l’idée qu’il faut ramener le christianisme à ses « fondamentaux » bibliques et patristiques (les premiers théologiens), en décapant la « Tradition », c’est-à-dire tout ce que les générations de chrétiens ont rajouté ensuite, et que Luther juge illégitime : par exemple le Purgatoire, le culte de la Vierge et des saints. Et Luther veut mettre les Ecritures à la portée du fidèle : il les traduit en allemand à partir de la version grecque ou hébraïque d’origine. - SOLA FIDE (par la foi seule) : c’est sur la foi que l’homme sera jugé par Dieu, non sur ses actes ou ses œuvres, bonnes ou mauvaises. Non que l’homme ne doive pas en faire, bien sûr, mais ce n’est pas pour cela qu’il sera sauvé : le salut ne se mérite pas. - SOLA GRATIA (par la grâce seule) : puisque l’homme n’est pas sauvé par ses mérites personnels (qui sont bien trop misérables…), il ne peut l’être que parce que Dieu l’a voulu en lui accordant sa grâce : le salut est l’œuvre de la grâce seule. La juste position de l’homme face à Dieu est de lui faire confiance (c’est la foi) et d’espérer sa grâce. Ces conceptions sont mises par écrit par Luther dans un grand nombre d’ouvrages (notamment le Catéchisme par questions et réponses, une forme pédagogique révolutionnaire, que les catholiques reprendront ensuite). Le christianisme redéfini par Luther gagne en quelques années une bonne moitié de l’Europe (cf. carte sur le diaporama), en bonne partie parce qu’il apaise les inquiétudes de beaucoup (inutile de se tourmenter pour son salut puisqu’il n’est pas entre les mains de l’homme). En France, Luther ne rencontre cependant qu’un succès modeste3. Le protestantisme français est surtout l’œuvre du second grand réformateur, un Français réfugié à Genève qui approfondit et infléchit les conceptions de Luther : Jean Calvin (1509-1564) dont les disciples fondent la plupart des communautés protestantes en France dans les années 1540-1560. En 1560, on compte 2 M de huguenots* (le terme ne désigne pas tous les protestants mais seulement les calvinistes français). Il s’agit là d’un apogée historique (un Français sur 10), avant que la courbe ne retombe. * Etre protestant, c’est… Je vais évidemment insister ici sur les différences avec les catholiques mais il ne faut pas perdre de vue les points communs : la foi en Jésus-Christ Fils de Dieu, qui par sa mort sur la croix et sa résurrection a ouvert à l’homme pécheur la possibilité du salut ; la croyance en la Trinité des personnes divines (le Père, le Fils, le Saint-Esprit). Mais les hommes des 16e-18e siècles étaient surtout sensibles aux différences : - les protestants ne se rendent pas à l’église catholique mais ont leur propre église (les calvinistes parlent de « temple ») ; ils se placent donc en dehors des paroisses et de leur vie collective, en dehors de l’autorité des curés, des évêques, etc. Les huguenots ont leur propre Eglise (ici au sens de communauté locale), organisée autour du consistoire* (le pasteur et les notables) ; à l’échelle supérieure (provinciale et nationale), ils délèguent des représentants aux assemblées (synodes*). 2

Dans le sens que lui donne Luther, « réforme » ne signifie pas « changement pour faire du nouve au » mais « retour à la forme », c’est-à-dire à la juste compréhension originelle défigurée au fil des siècles. 3 Sauf en Alsace mais elle n’appartient pas au royaume avant 1648 : au 16e siècle, elle est terre d’Empire.

4 Cours G. Provost, 2020. Ce cours est la version écrite intégrale de celui qui aurait été commenté par oral lors de la seconde partie du CM des lundi 9 ou 16 novembre. Il est complété par un diaporama disponible sur Cursus. - les protestants ne rendent pas de culte aux saints ou à la Vierge : donc ils travaillent le jour de leurs fêtes, alors que les autres chôment… et cela fait scandale ! - en vertu du principe (formulé par Luther) du « sacerdoce universel *», les protestants ne conçoivent pas d’intermédiaire entre Dieu et l’homme : il n’y a donc pas de « prêtres » ou de clergé au sens catholique du terme, il y a des « ministres » ou des « pasteurs* » qui président le culte4 mais sont simplement des fidèles plus instruits que les autres et reconnus comme tels. - les protestants ne croient pas au Purgatoire : n’existe pour eux que le Paradis ou l’Enfer, dont Dieu décide souverainement. Il ne sert donc à rien de prier pour les morts puisque de pauvres œuvres humaines ne sauraient avoir de poids dans le jugement de Dieu. - les protestants ne reconnaissent que deux sacrements*, et non pas sept : le baptême et la communion5 au corps et au sang du Christ (Eucharistie) ; à ceci près que cette communion est définie différemment des catholiques. Pour faire (très) simple, les catholiques croient qu’au cours de la messe, le pain et le vin deviennent réellement corps et sang du Christ : ce ne sont plus du pain et du vin : leur substance s’est transformée, même s’il n’y a pas de changement visible, en corps et en sang du Christ (le terme théologique est « transsubstantiation » - on parle aussi de « présence réelle » du Christ dans le pain et le vin). Dans ce pain et ce vin devenus son corps et son sang, le Christ s’offre de nouveau en sacrifice pour les hommes (comme il l’a fait sur la croix). Par l’hostie (le disque de pain – le fidèle catholique ne communie pas au sang avant le 20e siècle), le croyant reçoit donc réellement le Christ. De leur côté, les protestants rejettent l’idée que l’Eucharistie soit un sacrifice renouvelé, ils la conçoivent comme la mémoire du dernier repas du Christ avec ses disciples, la veille de sa mort. Par ailleurs, chez les calvinistes6, lorsque le pasteur prononce devant les fidèles du culte le récit du dernier repas du Christ, le pain et le vin ne deviennent pas corps et sang du Christ : ils restent du pain et du vin. Mais quand les fidèles les consomment (pain et vin ici, dès le 16e siècle), ils reçoivent en eux la présence spirituelle du Christ, dont le pain et le vin sont des signes mais pas la matière. J’entre (un peu) dans ces questions théologiques car elles ont été (et demeurent) parmi les plus clivantes entre les Eglises chrétiennes. Au 16e s., elles ont débouché sur des formes de violence où les uns cherchaient à imposer leurs conceptions aux autres 7 : quand les protestants détruisent les statues de la Vierge qu’ils qualifient d’idoles, quand ils piétinent une hostie consacrée par un prêtre catholique en disant que c’est un blasphème que de croire que Dieu y est contenu réellement ; ou bien, à l’inverse, quand les tribunaux du roi mettent en œuvre, à partir de 1534, une répression judiciaire des protestants, comme hérétiques et donc passibles du bûcher.

b) L’évolution du protestantisme français 16e-18e s. * Guerres de Religions et compromis (1562-1598) Si le roi est catholique, la monarchie poursuit un objectif de paix civile qui lui fait souvent adopter une position de compromis, sans avoir cependant les moyens de l’imposer aux sujets. Les tensions 4

On ne dit pas « la messe » chez les calvinistes mais « le culte » (ou « la Cène » quand celui-ci comporte l’Eucharistie : voyez plus loin). 5 Pourquoi ces deux sacrements ? Parce que ce sont les plus explicitement attestés dans les Evangiles. 6 La position des luthériens est intermédiaire avec celle des catholiques : ils parlent de « consubstantiation » et non de « transsubstantiation ». Vous pouvez chercher à savoir la différence, bien sûr… mais cela ne vous sera pas nécessaire pour cette année. 7 La « tolérance » telle que nous l’entendons est une conception à peu près totalement étrangère au 16 e siècle. « Croire justement » est un impératif absolu, chez les catholiques comme chez les protestants : tolérer l’erreur est vu comme une faiblesse coupable, mettant en péril le salut individuel et collectif.

5 Cours G. Provost, 2020. Ce cours est la version écrite intégrale de celui qui aurait été commenté par oral lors de la seconde partie du CM des lundi 9 ou 16 novembre. Il est complété par un diaporama disponible sur Cursus. entre catholiques et protestants s’accumulent au point de déclencher une série de guerres civiles, dites « guerres de Religions » : huit, entre 1562 et 1598, séparées par des trêves fragiles. Ces guerres sont un paroxysme de violence : on songe aux massacres de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), la monarchie étant débordée par la fureur antiprotestante de la population parisienne ; il y a aussi des violences protestantes contre les catholiques comme la Michelade de Nîmes (29 septembre 1567). Dans ces guerres, la religion n’est pas seule en cause : l’affrontement est aussi politique car en adoptant telle ou telle position religieuse, les villes, la noblesse… cherchent à s’imposer face à leurs rivaux, face au roi, etc. Après 1589, l’affrontement se déplace autour de la légitimité d’Henri IV comme roi de France : le fait qu’il soit alors huguenot divise les catholiques eux-mêmes entre « royalistes » (favorables au roi, en espérant qu’il se convertisse) et « ligueurs » (hostiles). En 1598, les guerres de Religions s’achèvent (malgré des sursauts au 17e siècle) par un compromis imposé par Henri IV rallié au catholicisme : l’édit de Nantes. Il s’agit d’un « édit de tolérance » ou plutôt de coexistence des deux religions, qui n’instaure nullement, comme nous aurions tendance à l’imaginer aujourd’hui, un statut d’égalité entre les croyants : il affirme clairement que la vraie foi est le catholicisme mais il reconnaît la possibilité juridique temporaire de sujets protestants en leur octroyant un statut particulier (donc des privilèges*, conformément à la logique d’ensemble de l’Ancien Régime) : - des garanties religieuses : liberté de conscience et liberté de culte limitée aux lieux où le culte protestant était célébré en 1596. Il n’y aura plus de poursuites tant que l’on restera dans ces bornes (qui gèlent donc la progression du protestantisme). - des garanties politico-militaires pour assurer la sécurité de cette minorité : notamment des places de sûreté (avec des garnisons) dont la plus connue est La Rochelle. Au départ, ces concessions sont temporaires (8 ans) et l’édit laisse clairement entendre qu’elles ne vaudront que tant que les sujets du roi ne seront pas revenus « en une seule forme de religion ». Mais les huguenots sont encore 1,2 M en 1598, ce qui explique que l’édit s’ancre dans la durée. * Le régime de l’édit de Nantes (1598-1685) Si Henri IV applique loyalement les clauses de l’édit de Nantes (il est lui-même ancien protestant), son fils Louis XIII est plus soucieux des intérêts du catholicisme qui a retrouvé un grand dynamisme au début du 17e siècle. Louis XIII ne remet sans doute pas en cause les garanties religieuses de l’édit (le droit de culte) mais lui et son ministre, le cardinal de Richelieu, mettent tout en œuvre pour supprimer les garanties politiques et militaires : ces garnisons et des troupes qu’ils voient comme un « Etat dans l’Etat ». Après avoir assiégé et affamé La Rochelle (1627-1628), Louis XIII et Richelieu suppriment les places de sûreté par l’édit de grâce d’Alès (1629). Dans ce nouveau contexte, les protestants sont fragilisés : ils forment toujours une minorité vivante dans le « croissant huguenot » (cf. carte sur le diaporama) mais ils reculent partout ailleurs. Au fil des ans, bien des huguenots abjurent (= deviennent catholiques), notamment à l’occasion d’un mariage. Sauf dans les régions où il est en position de résister, il est toujours plus facile d’être catholique que d’être huguenot, que vous soyez noble, commerçant, artisan...


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