Analyse - Madame Bovary de Gustave Flaubert PDF

Title Analyse - Madame Bovary de Gustave Flaubert
Course Littérature
Institution Université de Bourgogne
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Analyse du Livre Madame Bovary de Gustave Flaubert...


Description

Analyse – Madame Bovary de Gustave Flaubert

Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1856 dont le titre original est Madame Bovary : Mœurs de province. Il s'agit d'une œuvre majeure de la littérature française et mondiale. Cette œuvre évoque la vie décevante d'une petite bourgeoise frustrée à la recherche du grand amour entrevu dans ses lectures romanesque.

I/ A propos du livre : → Flaubert s'inspire de l'affaire Delamare : un officier de santé veuf et remarié à une jeune femme, Delphine Couturier, paysanne. Attirée par le luxe, éprise d'amants, elle se suicide en laissant derrière elle sa fille dont le père disparaît 1 an plus tard. Flaubert a utilisé ce fait divers sous les conseils de son ami Louis Bouillhet et s'inspire aussi de Louise Pradier qui a enchaîné les déboires sentimentaux et financiers. → Titre du livre ambiguë : il y a 3 madame Bovary dans le livre : la mère de Charles, la première femme de Charles et Emma. Cela prouve avant même la première page qu'Emma est "sans identité" → Flaubert veut écrire « un livre sur rien », c'est là tout l'autotélie de son écriture : les mots se suffisent à eux-mêmes sans avoir besoin de former un sens. Dans ses correspondances avec Louise Colet, il voit d'ailleurs son roman comme « un exercice de style » Flaubert a d'ailleurs déclaré vouloir « faire de la prose l'égal de la poésie » → Autour d’Emma gravitent des hommes qui la déçoivent lorsqu’ils se rapprochent. Son mari la dégoûte, ses amants finissent par l’ennuyer. Seuls demeurent fascinants ceux qui restent lointains (le vicomte). → Les scènes de repas sont symboliques : le repas du mariage montre à quel point la relation Charles/Emma ne sera pas solide, le repas du bal fait prendre conscience à Emma de la vie qu'elle n'aura jamais, ses repas en tête à tête avec Charles lui font remarquer à quel point celui-ci est inintéressant, elle rencontre Léon lors d'un repas, etc → Les trois lieux principaux sont Tostes, Yonville et Rouen. Ils marquent chacun l'évolution psychologique d'Emma. Tostes est le lieu de la désillusion, où tous ses rêves s'écroulent, c'est le début de son ennui et de sa maladie. Yonville est le lieu où elle découvre l'adultère, où elle découvre le véritable amour mais aussi la plus grande

des douleurs lorsque Rodolphe la quitte. Enfin, Rouen est le lieu de sa vie rêvée, une vie mondaine avec Léon mais qui causera sa perte. → « Pas de monstres, pas de héros ! » déclare Flaubert à propos de ses personnages. Ils sont ceux de la vie quotidienne d’une petite ville de province au milieu du 19e siècle (comme l'indique le sous-titre du roman, « Mœurs de province »).

II/ Résumé synthétisé des 3 parties : • Première partie Emma Rouault, fille d'un fermier de Toste, petit village normand, épouse Charles Bovary, un médecin veuf dont l'éducation a été négligée. Emma croit par le mariage accéder à une vie brillante, mais elle s'ennuie très vite et trouve insupportables de médiocrité son mari, son milieu, la vie qu'elle mène. Rien ne correspond aux images de bonheur que ses rêveries d’adolescente et ses lectures romanesques lui avaient fait espérer ; elle fait alors l’expérience de la réalité. Invitée à un bal dans un château voisin, la Vaubyessard, elle prend encore plus conscience de sa situation. Elle tombe malade. Charles décide alors de s'installer à Yonville-l'abbaye, ils partent ; elle est enceinte. • Deuxième partie Le couple, entouré du pharmacien Homais et du percepteur Binet, mène une existence insignifiante aux yeux d'Emma qui s’ennuie à nouveau. Un jeune clerc de notaire romantique, Léon Dupuis, la courtise mais il ne se déclare pas et quitte la ville. Emma se laisse alors séduire par Rodolphe Boulanger de la Huchette qui, effrayé par la violence de cette passion, la quitte brusquement. Remise de la maladie consécutive à cette rupture brutale, elle retrouve Léon à Rouen. • Troisième partie Elle entreprend alors une liaison passionnée avec Léon, qu'elle retrouve chaque semaine, mais elle est rapidement déçue. Emma s'endette, encouragée par Lheureux. Pour échapper à cette situation, la jeune femme finit par s'empoisonner à l’arsenic. La douleur de Charles est alors immense, d'autant plus que les créanciers s’acharnent sur lui. Il est finalement retrouvé mort par leur fille Berthe sur le banc du jardin.

III/ Portrait des personnages : • Emma : Flaubert n'a pas choisi ce prénom au hasard. Emma = prénom romantique (référence aux romans à l'eau-de-rose dans lesquels elle tente de s'identifier). Par opposition, «Bovary» renvoie étymologiquement à sa racine latine de « bœuf ». Le mal de vivre du personnage éponyme du roman semble donc déjà se lire dans la tension entre le nom et le prénom. "Emma" ressemble à "Aimer" ce dont elle rêve. Mais son nom qu'elle tient de Charles "Bovary" fait penser à Bovin, ce qui la ramène à sa condition réelle, la campagne et ses désillusions • Charles : "La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue." : montre l'ennui dans la vie d'Emma Il incarne la médiocrité : rate ses études, n'est pas véritablement médecin mais seulement officier de santé, incapable de demander Emma en mariage (c'est le père Rouault qui va jusqu'au bout de la démarche), rate l'opération du pied-bot, etc. Assez simplet : sa petite vie à la campagne lui convient et il n'espère rien de plus (pas d'ambition, il est un peu comme un "imbécile heureux") Il est incapable de mener sa vie lui-même, soumis aux femmes (c'est sa mère qui décide de ses études, qui lui choisit sa première femme, etc). Qualité : sa bonté. Il aime vraiment Emma et veut son bonheur même s'il n'arrive pas à la rendre heureuse. Il aime aussi sa fille Berthe et s'occupe d'elle après la mort d'Emma. Il est le seul à conférer une atmosphère pathétique à la scène de la mort d'Emma qui est décrite très froidement, presque sans émotions. L'entrée de Charles au collège (début du roman) nous invite à être spectateurs mais aussi acteurs dans ce roman, par la phrase "Nous étions à l'étude" puisque cela suggère une complicité entre le lecteur et le narrateur de ce passage. Ainsi, nous sommes invités à nous moquer de Charles et de sa bêtise. Charles est spectateur plus qu'acteur de sa propre vie, qui se complaît dans sa béatitude mais aime malgré tout Emma d'un amour vrai et sincère. Il n’existe que par rapport à Emma, bien que le roman commence et se termine sur lui. Il se révèle différent et plus complexe lorsqu’il échappe au point de vue d’Emma : c’est un homme bon, dévoué, capable d’un amour immense. • L'aveugle : L’Aveugle, personnage hautement théâtral, accompagne les derniers instants d’Emma. Il est la représentation symbolique d'Emma qui n'arrive pas à ouvrir les yeux sur la réalité médiocre qui constitue sa vie. Il est l’allégorie du destin, de la fatalité. Son expression hideuse, son irruption presque surnaturelle, son infirmité en

font un personnage de la tragédie antique ; il rappelle Tirésias de La machine infernale, le voyant aveugle. La chanson de l'Aveugle est un rapide résumé de la vie d'Emma : les « rêves d'amour» d’une fillette, les « épis » amassés comme les amants d'Emma, le vent qui souffle sur le jupon qui s'envole évoque une image de légèreté et enfin la « faux » de la mort qui « moissonne ». • Homais : Prétentieux et opportuniste aux discours creux, il est représentatif de ce que Flaubert déteste. Ce n’est pas un véritable personnage, c’est l’incarnation du Dictionnaire des idées reçues! Il ne peut oublier un instant sa propre personne, il ramène tout à lui, se pense indispensable… Le nom "Homais" vient du latin "homo", l'homme. Homais représentant dans le livre la pure bêtise, son nom symbolise donc l'universalité de la stupidité humaine que dénonce Flaubert • Berthe : « Dieu, que cette enfant est laide ». Le personnage de Berthe est un facteur aggravant du bovarysme (fin de la partie 1). Pour Emma, donner vie a quelqu'un est négatif. La naissance de Berthe n'est qu'une désillusion pour Emma, car elle souhaitait un garçon pour qu'il puisse vivre sa vie librement, voyager, apprendre etc... Flaubert par là, critique la condition féminine dans la société française du 19e siècle .Le fait que Berthe soit une fille rappelle là encore un échec et une frustration pour Emma, et on peut rajouter que par son comportement Emma est plus proche du personnage masculin (entreprenante, têtue, trompant son conjoint....) Elle est également "marqueur" de l'absence de sentiments maternels et révélatrice de l'égoïsme d'Emma puisque cette dernière se sert d'elle comme prétexte pour voir Rodolphe. • Lheureux : Madame Lefrançois le définit comme un "enjôleur, un rampant". Lheureux est la figure du tentateur, du manipulateur. Tel le serpent dans le mythe d'Adam et Eve, il va pousser Emma, à sa perte, où du moins il va y contribuer: elle va s'endetter à cause de lui. C'est un personnage mystérieux, presque inquiétant, il semble être une présence extérieure au récit, comme s'il dépassait tout cela: il apparaît de manière totalement soudaine et inattendue par moments, et sa présence n'est jamais bon signe. • Les amants : Ils incarnent pendant un temps l’ailleurs qu’elle espère, mais Emma finit par se lasser d'eux. Léon est un romantique sans nuances, petit bourgeois aux valeurs

mesquines qui épousera la fille du notaire pour s’assurer une situation. Rodolphe quant à lui est une sorte de Don Juan qui incarne l’amour physique.

IV/ Les thèmes principaux :

• La recherche d'un bonheur idéalisé : Charles devient rapidement tout ce qu’Emma déteste et veut fuir : il est à ses yeux médiocre, sans ambition, maladroit, sans séduction. Le vicomte rencontré fugitivement le temps d’une danse au bal de la Vaubyessard représente l’idéal amoureux. il ressemble aux personnages de ses lectures et rien n’altère cette image puisqu'elle ne le connaît pas vraiment. Grâce à l’imagination d’Emma, le vicomte revêt le caractère du héros romanesque. À Yonville, Emma éprouve pour Léon un amour platonique. Son discours romantique est propre à faire naître des sentiments chez la jeune femme. Concernant Rodolphe, il mène le jeu du début à la fin. Pour lui, Emma n’est qu’un plaisir parmi d’autres. Ce séducteur expérimenté et stratège la charme en jouant sur la corde romantique. Il fait trois fois de longs discours : lors des comices, six semaines après les comices et juste avant leur première relation sexuelle.

• Le bal de la Vaubyessard : La description se fait au travers des yeux d’Emma, il s’agit d’une focalisation interne. Le lecteur découvre au fur et à mesure ses moindres pensées et les moindres détails observés (hypotypose). Ce choix d’une focalisation interne met en évidence la naïveté de l’héroïne, qui se retrouve dans un monde mystérieux et magique dont elle ne connaît personne : « un cavalier » ; « une jeune femme » ; « un tout jeune homme». Ses sens sont en éveil : vue, ouïe, goût (« écoutait » ; « conversation » ; « aperçut » ; « mangeait »). Tout est encore mieux que ce qu’elle aurait pu imaginer : Les hommes et leurs habits sont « mieux faits », « plus souples », « plus fines », les superlatifs s’enchaînent. Les invités ne sont pas dissociés les uns des autres, de nombreux pronoms «on» sont utilisés : « on entourait » ; « on refluait »... Ils sont riches, même leur teint le prouve ; ils ont « le teint de la richesse », « la pâleur des porcelaines ». Ils sont sereins dans leur vie quotidienne, à l’abri du besoin, et leurs désirs sont comblés « passions journellement assouvies ». Emma est fascinée par le monde qu'elle découvre lors du bal ; elle vit au milieu d’un rêve jusqu’à l’épisode de la vitre brisée, qui la

ramène vers le monde réel -celui des paysans- le monde dont elle est issue (« Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ») : Flaubert réintroduit ainsi la réalité du peuple, il la renvoie à tout ce qu’elle cherche à fuir. On peut dire que les 2 côtés de la société sont séparés par des vitres qui se brisent mais ne s’ouvrent pas. Emma cherche à réinventer son passé : « sa vie passée s’évanouissait tout entière ». • La passion : Les figures de style témoignent du lyrisme d'Emma : – Le champ lexical du bonheur extrême : « étourdissement », « extase », « bouillonnement joyeux »… Ce bonheur extrême a un effet direct sur son physique, elle est transfigurée. – Les accumulations : « si grands », « si noirs », « ni d’une telle profondeur »… – Les correspondances avec la nature : la sensualité de la nature (« le feuillage frémissait »)

• La bêtise humaine : Le narrateur n'a pas besoin d'intervenir pour ridiculiser ses personnages, ils le font très bien eux-même. Pour ce faire, il utilise la caricature, c’est-à-dire l’exagération d’une situation ou d’un trait de personnalité jusqu’à le rendre ridicule, mais aussi et surtout l’ironie. Elle est tout d'abord représentée à travers le personnage de Charles Bovary. Il a d’assez importantes difficultés au niveau scolaire (dues en partie à son entrée très tardive à l’école), et ensuite lors de ses études, (il rate son examen de médecine). Il pousse, sans le vouloir, sa femme dans les bras de ses amants, avec, par exemple, Léon, quand il fournit à Emma les occasion se rendre à Rouen. C’est l’incarnation du mari trompé. Homais : C'est l’exemple même de celui qui croit et qui dit tout savoir. Il est imbu de lui-même. C’est un pédant. Lors de la mort d'Emma il ne doutera pas une seconde qu'il est en partie responsable. Par ailleurs, sa réussite sociale à la fin du roman est une façon pour Flaubert de critiquer une société qui ne reconnaît que les incompétents. Rodolphe : quand il fait sa déclaration à Emma, il ne se soucie pas de se trouver ou non dans un cadre approprié et lui fait un discours tout droit sorti de romans romantiques, preuve que ses sentiments sont superficiels. Justin : il incarne une bêtise inconsciente tout comme Charles : C'est un personnage sincère qui reconnaît ses tords lorsqu'il apprend comment Emma est morte (il fait tombé une pile d'assiette)

• Le suicide et la mort d'Emma : Au moment où Emma comprend que ses dettes vont être révélées au grand jour (la saisie de ses biens a été annoncée à Yonville), elle tente tout d’abord de trouver l’argent nécessaire en sollicitant les gens qu’elle connaît, tels que Rodolphe par exemple, qui lui refusent un prêt. Ceci l’amène à considérer que la seule voie possible reste le suicide. Elle vole donc dans le capharnaum d’Homais de l’arsenic grâce à l'aide de Justin qui avait un mauvais pressentiment. Le liquide noir que recrache Emma avant de mourrir peut être interprété comme le rejet de cet amour idéalisé entrevu dans ses lectures romanesques qu'elle a pourchassé toute sa vie. La scène de la mort d'Emma s’apparente à un spectacle : le public est présent à travers les yeux des personnages qui ne sont là que pour observer. L’extrait se présente en trois temps, comme les trois coups au théâtre, durant lesquels progresse l’agonie d’Emma ( l’effet théâtral est d'ailleurs accentué par le fait que chacune de ces phases commence par le nom du personnage concerné). → Le temps de l’extrême onction : – Cette partie s’ouvre sur le personnage du prêtre, avec l’utilisation du passé simple « se releva » qui indique le début d’une action. – Paradoxalement, il est marqué par le champ lexical de la volupté : « baiser d’amour », « convoité », « friande », « senteurs amoureuses », « luxure », « délectait », « assouvissement de ses désirs ». → Le temps du dernier éveil : – Ce deuxième temps débute avec le connecteur logique « cependant ». Il évoque les « bénéfices » de l’extrême onction, on peut lire une certaine sérénité sur le visage d’Emma, et se termine par de grosses larmes lorsqu’elle se regarde dans un miroir. → Le temps de la fin : – Ce troisième mouvement qui décrit l’agonie est interrompue par la chanson allégorique de l’Aveugle. – C’est le temps de l’effroi et de l’épouvante : « pâlissait », « effrayante », « souffle furieux ». On a sous les yeux le tableau saisissant, presque fantastique de l’effroi et de l’épouvante, tout est décrit de son agonie : les yeux qui roulent, la langue tirée... – La souffrance de Charles : « tressaillant », « comme aux coups d’une ruine qui tombe ».

– La réaction d’Emma à l’intervention de l’Aveugle : le rire, « atroce, frénétique » face à l’Aveugle « qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement ». Le dernier rire n’est plus celui de l’ironie, mais bien l’expression du tragique terrifiant. La tragédie est complète dans cette scène où se mêlent le pathétique, l’effroi et le Destin.

• « Madame Bovary, c'est moi » Cette exclamation de Flaubert « Madame Bovary, c’est moi ! » montre les traits romantiques communs de l’auteur et de son personnage : → Flaubert a éprouvé un goût démesuré pour la lecture, notamment pour René de Chateaubriand. Le goût de la rêverie, ce qu’il appelait son « infini besoin de sensations intenses. » → Les émois de la passion : Flaubert a éprouvé lui-même, pour Élisa Schlésinger notamment, cette passion romantique qu’il entend condamner. (celle-ci lui inspira d'ailleurs L’Éducation sentimentale) → La révolte : Flaubert partage le dégoût d’Emma comme il l'avait écrit dans ses correspondance, même s’il s’en défend, le pessimisme et la tristesse se retrouvent dans toute son œuvre. → À la différence d’Emma toutefois, il ne fuira pas dans un rêve éveillé mais cherchera à sublimer la réalité par le travail artistique....


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