Chapitre 6 r - Charlotte Bellon PDF

Title Chapitre 6 r - Charlotte Bellon
Course Économie
Institution Institut d'Études Politiques de Paris
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Charlotte Bellon...


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Chapitre 6 – Innovation et croissance : quelle est notre part d’ignorance ? Introduction – Les faits stylisées : dynamique chaotique de la croissance Par l’observation historique, il apparait certaines régularités empiriques. 3ème révolution industrielle (infirmation) Trois révolutions qui prennent appuis sur les trois aspects • Fait stylisé numéro 1 : la rupture de l'ère industrielle, qui permet de s'approprier les inventions et innovations pour mettre en œuvre une révolution industrielle  augmentation sans précédent de la création de richesse au niveau mondial. Les pays de l'Asie du Sud-est ont connu récemment cette rupture de l'ère industrielle. Tout produit industriel a 3 dimensions : énergétique, matériaux et information. Les économistes vont dire que la première révolution industrielle est basée sur l’énergie. La deuxième sur l’appropriation du matériau (l’acier et sa maitrise), et la troisième sur l’information (ceux capable de la maitriser seront au cœur du système mondial). • Fait stylisé numéro 2 : les taux de croissances ne sont pas constants dans le temps L’Europe de l’après-guerre va connaitre un processus de rattrapage économique vers les USA 12 pays de l’Europe occidentale connaissent un taux de croissance annuels moyens du PIB de 4.7% sur 50-73 et de 2.2% sur 1973-1990, contre pour les USA 3.9% sur 50-73 et 3% sur 73-90. Essentiel pour expliquer la croissance des pays en voie de développement. • Fait stylisé numéro 3 : la croissance est un processus inégal dans l’espace (forte croissance ici, stagnation là) Va se traduire par une répartition inégale des richesses qui va s’accentuer dans le temps. • Fait stylisé numéro 4 : la position d'un pays dans le classement mondial des revenus/tête n'est pas immuable. Exemple de l'Argentine et de la Corée du Sud :

◊ PIB/habitant 1900 en $ constants de 1990 = 2756$ pour Argentine et 850$ en Corée. ◊ PIB/habitant 1992 = 7616 pour Argentine, 10 000 pour la Corée du sud

Section 6.1 L'interprétation traditionnelle de la croissance : PT exogène 1.1 Comment américaine ?

comprendre

la

trajectoire

latino-

Les pays latino-américains étaient des pays en avance d'un point de vue économique dans les 50's. Le taux de croissance du PIB/habitant était beaucoup plus fort que ceux de l'Asie du Sud-Est. Ce modèle de croissance permettait d'envisager l'avenir de manière optimiste. En 1950, l'Argentine est une puissance émergente, c'est l'un des rares pays à exporter autant de bien manufacturiers (10% des exportations totales en 1953). Le PIB/tête argentin, dans la première partie du siècle, est proche de celui des USA. Mais après 2GM, l'Argentine a tendance à diverger. Quels sont alors les facteurs éco qui permettent d'expliquer ces trajectoires qui convergent ou qui divergent ? En 1950, l'Argentine est comparable à l'Allemagne et à la France sur le PIB/tête, elle peut prétendre au « club de convergence », c'est à dire les pays les plus industrialisés. Pourquoi n'a-t-elle pas réussi à s'insérer dans ce club de convergence, alors que la Corée du sud ou Taïwan, qui partaient de beaucoup plus loin, on réussit à s'y insérer ?

1.2. Modèle de Robert Solow (1956) : Progrès technique exogène A. Fondement • Fondements de la théorie de la croissance : on a un stock de capital fixe, qui, combiné à une main d'œuvre, va permettre d'augmenter la masse des biens fabriqués. La croissance nécessite la croissance du capital et croissance main

d'œuvre  la croissance peut être expliquée par la croissance des facteurs de production traditionnels. Les pays vont se différencier par le fait que leur combinaison factorielle n'est pas la même. • Le problème de cette théorie, c'est que quand on l'applique aux pays industriels (Angus Madison), on constate qu'en prenant le modèle de Solow et en mettant en avant le capital et le travail, on ne peut expliquer que 50% de la croissance. 50% de la croissance reste inexpliquée = « la part de notre ignorance ». C’est le résidu de Solow, non prise en compte du progrès technique. • Ce progrès technique exogène va être appréhendé par la notion de « productivité globale des facteurs ». Dans les 80's, les nouvelles technologies (Robert Lucas) vont endogénéiser le progrès technique, ce que ne faisait pas Solow. Les économistes évolutionnistes (Schumpeter) vont tenter de comprendre comment fonctionne le progrès technique et quelle est sa contribution pour la croissance. « La productivité totale des facteurs rend compte de la part de la croissance de la production réelle qui ne peut être attribuée à une plus grande utilisation du travail et des équipements productifs (et tout autre facteur directement mesurable entrant dans le processus de production) » Solow, 1995 • Taux de croissance NPI asiatiques, en %, 1965 – 1995 : ◊ Corée du Sud : 10% (capital = 4,6%, travail = 4,5%, augmentation productivité globale = 1,7%) ◊ Taïwan : 9,4% (capital= productivité = 2,6%)

3,2%,

travail =

3,6

et

augmentation

« La croissance des NPI asiatiques provient de la transpiration (accroissement des hommes et des machines) et non de leur inspiration (progrès technique) » Krugman  il ne veut pas parler de miracle asiatique. La recette reste : épargne, investissement, éducation. Il ne pense pas que c’est l’innovation. • Les bonnes pol sont celles qui mettent la population au travail  les latino-américains n'ont pas assez travaillé, ce qui explique leur faible développement depuis les années 50. L’Amérique latine a connu beaucoup d'années de crise et d'années de

croissance négative du PIB. Les asiatiques ont la capacité de ne pas subir crise régulière qui perturberait leur rattrapage. B. Limites • À partir du moment où le progrès technique est exogène, on va avoir une croissance économique qui dépend de facteurs totalement aléatoires. À long terme, la croissance économique est totalement exogène. Croissance économique = f° (évolution technique + tendances démographiques)

autonome

du

changement

Dans cette approche, on peut considérer que la croissance est due au hasard, ou qu'elle est fonction d'une boite noire que l'on ne maitrise pas (progrès technique ou démographie). • Si on considère les connaissances technologiques et scientifiques comme un bien public pur (il ne se détériore pas à l'usage, un grand nombre d'agents peuvent en profiter conjointement et les mesures sont très couteuses pour en interdire l'accès)  Appropriation de bénéfices sans efforts donc tout le monde peut l'intégrer dans processus de production  convergence vers le même sentier de croissance. Un pays en retard technologiquement va donc intégrer rapidement ces biens publics purs et donc connaitra un processus de rattrapage très important Pourquoi pays asiatiques ont eu sentier de croissance plus dynamique que pays latino-américains ? Car ils étaient en retard, donc ils ont profité des connaissances déjà fabriquées, ils ont pu rattraper beaucoup + vite. Les pays latino-américains se sont par contre laisser distancer. Approche là en partie critiquée car l’accès à la connaissance scientifique n’est pas aussi facile (temps, argent).

Section 6.2 La dynamique de la croissance : « un ouragan de destruction créatrice » 2.1 L'approche de Schumpeter (1942) A. Principes généraux

• Schumpeter considère que l'innovation technologique est le moteur de la croissance économique, et de la dynamique capitaliste. Schumpeter est un socio-économiste, il se penche sur la dynamique de la croissance, mais également sur l'entrepreneur. Il ne situe pas dans une logique de l'équilibre général walrasien, il va plutôt essayer d'expliquer les ruptures dans la croissance. Il introduit l'histoire dans son analyse Approche pluridisciplinaire. • Il met au cœur de son analyse les entrepreneurs schumpetériens = les innovateurs capitalistes. Pour lui, l'innovation est un processus conflictuel qui oppose l'ancien et le nouveau, et les intérêts acquis et ceux à naître. La société est donc impactée par ces conflits. L'intérêt de l'étude de Schumpeter est de voir l'impact de la destruction créatrice sur les différents pays, et de voir comment ces pays font pour évoluer en parallèle de cette destruction. • L'innovation est au cœur des cycles, à travers technologiques qui vont venir bousculer le système.

des

grappes

Les ruptures technologiques fondamentales expliquent la discontinuité de la croissance du capitalisme, car la technologie est au cœur du capitalisme. Les pays asiatiques se sont comportés comme des innovateurs, alors que les latino-américains se sont plutôt comportés comme des rentiers. Différence avec Krugman. Avancées scientifiques → innovations technologiques → performances économiques Recherche → invention → innovations → production. Ça montre impact important de la recherche fondamentale. Ceux qui vont succéder à Schumpeter (théoriciens évolutionnistes), à travers leur analyse de différents pays et dans une perspective historique, vont en déduire les principaux traits de la dynamique technologique. B. Principaux traits de la dynamique technologique • L'innovation est un processus. Par conséquent, le temps doit être introduit dans l'analyse (chez les NC, l'innovation est donnée, le temps n'apparait pas). Innovation a son point fixe, dans une organisation = la firme. La connaissance technologique et l'innovation sont spécifiques à la firme, c'est localisé. Ça va à l'encontre du bien public pur, car comme c'est

spécifique et localisé, le transfert de connaissances est compliqué. • L’innovation est un processus interactif complexe (interne et externe) = processus social (sociétal). Ce processus dépend dans les trajectoires retards (ex : France renouvelable). Les économiques.

d'un processus antérieur : il y a le poids du passé futures, caractère cumulatif des avancées et des en avance dans le nucléaire, en retard dans le avances pèsent sur les choix politiques et

• L’innovation est un processus d'apprentissage : caractère tacite apparaît dans l'innovation. L’innovation met en jeu des connaissances et des savoirs (tacites ou non), et elle consomme des ressources (temps, finances). La Corée du sud et Taïwan ont « transpiré », mais ils ont aussi innové. • L'hétérogénéité caractérise les firmes innovantes et donc les pays : possibilité de polarisation des économies  on peut ainsi expliquer qu'il existe des processus de divergence. L'hypothèse de connaissances formant un bien public pur est fausse, tout du moins très éloignée de la réalité.

2.2 Les nouvelles théories de la croissance : endogéneisation du progrès technique A. fondements Quels fondements pour cette nouvelle théorie de la croissance : ◊ Prise en compte des facteurs exogènes ou ignorés ◊ Prise en compte des évidences empiriques (divergence) ◊ Considération que la croissance = phénomène auto-entretenu par accumulation de 4 acteurs principaux : ◊ Capital physique (Paul Romer) ◊ Technologie (Paul Romer) ◊ Capital humain (Robert Lucas) ◊ Capital public (robert Barro)

La croissance dérive des externalités crées par l’interaction de processus d’innovation décentralisés :

 Prise en compte de nouveaux éléments pour bien comprendre les divergences entre les Etats.

• Conséquences de cette nouvelle théorie : On constate des rendements croissants = rendement social> rendement privé (la diffusion le permet, elle est accompagné par l’action des pouvoirs publics) Donc l’existence d’externalité positives : dans le domaine de la recherche cela justifie, au-delà du seul financement de la recherche publique, de soutenir la R&D privée, dont le rendement direct pour les entreprises est inférieur à son rendement pour l’ensemble de l’économie.  Cette appréhension stimule l’action étatique. • Rythme d’accumulation de ces variables = f (choix économique des acteurs) donc fonction du comportement endogène au système = dépend de choix politiques et choix économiques des acteurs Cela signifie donc une variété de trajectoires nationales. Et logiquement également des trappes de sous-développement Et des clubs de convergence (Baumol) : un groupe de pays caractérisés par un même état d’équilibre, dans un modèle d’équilibres multiples.

B. Limites Les nouvelles théories de la croissance NTC tentent d’intégrer les intuitions schumpétériennes du développement. Mais en fait les NTC réduisent à son squelette le tableau vivant qu’offrent les travaux des historiens de la technologie (B. Gille) ou ceux des économistes « évolutionnistes » (C. Freeman, G. Dosi…) car : ◊ Ils considèrent que l’innovation est taux fixe (se fait linéairement, sans variation, et sans différences entre Etats), contrairement à ce que disait Schumpeter ◊ On reste dans un modèle d’équilibre général (alors que Schumpeter parle de déséquilibre constant et discontinuité qui font la dynamique du capitalisme) ◊ On n’arrive pas à expliquer les phénomènes de : ◊ Dépassement entre leader (pourquoi les USA prennent le devant, pourquoi se font ils devancer par le Japon sur certains secteurs industriels) ◊ Déclin de certains pays (de l’Argentine, du Royaume Uni par rapport à l’Europe continentale) ◊ Instabilité temporelle des performances (les difficultés françaises depuis deux décennies malgré sa position avancée dans l’innovation etc.)

Conclusion : Pour expliquer les différences : • Ces économistes se focalisent sur les systèmes nationaux d’innovation SNI : considérés comme facteur explicatifs de divergence entre pays. Un ensemble d’interaction plus qu’une partie d’un modèle qui est en cause, donc difficilement copiable. SNI = tout ce qui affecte la capacité innovatrice, l’attitude innovatrice et les possibilités d’innover au sein d’un système socio-économique national Un SNI englobe tous les types d’acteurs, tous les espaces (institutionnalisés et/ou informels comme la Silicon Valley), leurs actions et interactions qui contribuent à l’accumulation de capacités sociétales d’innovation. 4 SNI, par Robert Boyer :

Configurat ion

Marchande

Mésocorpor atiste

Impulsion Etatique

Socialedémocrate

Pays

EU-RU

France

1. Principe générale

Le marché est vecteur d’innovation

Japon, Corée du Sud De grande entreprises internalise l’innovation et les compétences

Implication pour la sciences

Système de recherche fondé sur la concurrence

Implication pour la technologie

Importance forte des brevets et des droits d’auteur pour l’incitation

Déconnexion relative du système académique et des applications technologiques Une partie de l’innovation reste tacite, non codifiable

Recherche fondamentale publique assez peu liée au développement de produits Impulsée par la commande publique et/ou l’apprentissage sur les biens d’équipements

Suède, Finlande, Danemark Négociations des ressorts et des conséquences de l’innovation (sans que le marché soit l’acteur principal) La science est orientée vers les disponibilités naturelles et les besoins sociaux

Implication pour les ressources humaines

Polarisation entre travailler à haute qualification/innovati on et faible qualification/producti on

Éducation générale, homogène et étendue, ainsi que des compétences dans l’entreprise

Implication pour la finance

Instruments financiers sophistiqués

Stabilité des participations financières. Economie de crédit et longtermisme (contre le court-terme des anglo-saxons)

Rôle de l’éducation dans la polarisation des qualifications : administration et innovation versus production (système déconnecte les deux) Rôle des banques. Relatives difficultés de financement des innovateurs

Conséquences pour l’innovation

Vagues schumpétériennes à partir d’innovation radicales (repousser la frontière)

Aptitude à copier et adapter les produits et procédés avec innovation incrémentales

Le public est au cœur de l’innovation et des modes de régulations

Des innovations radicales qui exigent de grands investissements et un horizon temporel long

Remontée progressive des filières technologiques : ressources naturelles vers NTIC (Rompent avec avantage comparatifs pour en faire des avantages compétitifs) Idéal égalitaire en matière d’éducation et de rémunération. Requalification s’il y a « dégâts du progrès » (notamment la perte d’emploi) Marchés financiers rudimentaires  Donc les rôles cf. jouent encore un rôle important. (Moins d’exigence de rentabilité que l’actionnaire et donc long terme plus facile) Innovation liée à la résolution des problèmes économiques et sociaux

La spécialisation

Informatique, espace, pharmacie, finance et industrie des loisirs

et cumulatives Automobile, électronique, robotique (bien d’équipement pour le Japon)

(TGV, nucléaire) Secteurs liés aux grandes infrastructures : transports, aéronautique, télécommunicatio ns, armement

Secteurs répondant à la demande sociale (santé, environnement, sécurité) remontée de filière à partir de ressources naturelles

• Intensité de R&D : en permettant à des innovations de voir le jour, l’investissement en R&D est un des principaux moteurs de la croissance des économies proches de la frontière technologique. Son indicateur est notamment la dépense intérieure de R&D (DIRD)/ PIB L’effort pour l’intensité de la R&D stagne en France depuis 2002, alors qu’elle progresse fortement dans d’autres pays : 7ème en 95, la France est 15ème en 2011 Après le tournant de la rigueur, le public a laissé la place au privée dans le financement de la R&D. Mais le privé a suivi la tendance du public et n’a pas pris le relai. • Retard quantitatif et qualitatif de la recherche : ◊ Qui débouche rarement sur des innovations de rupture ◊ Dépôts de brevet triadiques (par million d’habitants) = 115 au Japon, 73 en Allemagne et 40 en France (elle a du mal à maintenir l’effort entrant, et logiquement le produit sortant est limité).

• Néanmoins tout n’est pas brevetable, n’est pas un indicateur tout à fait fiable de l’innovation. En outre, ce qui compte dans un brevet déposé c’est l’indice d’actualité scientifique (calculé sur les brevets précédents sur lesquels se basent le brevet) = en France il est plus fort qu’en Corée du Sud (plus proche de la frontière). • Répercussion sur l’offre industrielle française : La part des industries de « basse technologie » = un tiers de la VA industrielle (contre 19% en Allemagne). Or c’est cette technologie qui est accessible par les pays émergent, 30% de l’industrie est exposée à cette concurrence donc. Et part des industries « de basse et moyenne technologie » = 61%

42% en Allemagne Impact de la concurrence des pays à bas salaires et délocalisation.

Une autre définition de la croissance (Simon Kuznets) = « la croissance correspond à une augmentation à long terme de la capacité d’offrir une diversité croissance de biens et services, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et des ajustements institutionnels et idéologiques qu’elle demande »....


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