Commentaire discours de Jules Ferry de 1885 PDF

Title Commentaire discours de Jules Ferry de 1885
Course Histoire contemporaine
Institution Université Paul-Valéry-Montpellier
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Commentaire sur le discours politique tenu par Jules Ferry en 1885...


Description

Discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 devant la Chambre des députés - La République et la question coloniale

Le texte présenté est une retranscription du discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 devant la Chambre des députés. Jules Ferry est un républicain opportuniste ayant été membre du gouvernement de défense nationale en 1870, puis il est devenu maire de Paris jusqu’à 1871. Au moment du discours, il est député après avoir perdu son poste de président du Conseil quelques mois plus tôt lors de l’affaire du Tonkin. En effet, Jules Ferry se présente comme un fervent défenseur de la politique coloniale française, de ce fait, il va prendre part à la conquête de la région du Tonkin dans le nord Vietnam. Durant cette colonisation, une guerre va se déclencher entre la France et la Chine de 1883 à 1885 qui s’achèvera en mars avec l’affaire Lang-Son entrainant une grave crise politique et renversant le ministère Ferry. C’est dans ce contexte que s’inscrit ce discours du 27 juillet 1885, à travers celui-ci, Jules Ferry souhaite d’une part regagner la confiance des classes politiques et publiques françaises concernant la politique coloniale française qui est de plus en plus discréditée. D’une autre part et de manière plus explicite, Jules Ferry souhaite aussi pouvoir obtenir le vote de nouveaux crédits pour la conquête de Madagascar. Ce discours est à destination du peuple français et des députés plus particulièrement de l’opposition. En effet, au moment du discours, le gouvernement est du bord politique du républicanisme opportuniste avec à la tête Clemenceau qui est contrairement à Jules Ferry opposé à la colonisation. Jules Ferry tente donc de convaincre aussi la partie opposée sur la question de la conquête de Madagascar. Dans un contexte plus général, la colonisation est un processus qui se développe largement dans toute l’Europe qui se témoigne par la Conférence de Berlin de 1884 à 1885 qui réunit différentes puissances européennes au cours de laquelle les puissances vont se partager le continent africain. Dans son discours, Jules Ferry justifie la colonisation sur trois domaines : économique, humanitaire et politique. À travers ces arguments, il tente de donner une image positive de la colonisation et de ses bienfaits pour la France. Cela nous amène donc à nous demander : en quoi, Jules Ferry à travers ce discours, défend-il la politique coloniale française et son expansion en prônant une image positive de celle-ci ? Nous orienterons la réflexion autour de trois parties : tout d’abord sur les bienfaits économiques de la colonisation puis sur la mission civilisatrice de la France et pour finir avec l’aspect politique et militaire qui rétablit la puissance française.

I.

Les bienfaits économiques de la colonisation

Pour commencer, un des arguments principaux de Jules Ferry est l’aspect économique et particulièrement sur les bienfaits économiques qu’apportent les colonies à la France. Le développement du capitalisme industriel va pousser à l’impérialisme colonial en tentant de conquérir de nouveaux territoires afin de disposer des richesses des colonies, notamment les matières premières. De plus, la France est touchée par « la Grande dépression » qui correspond à une période de ralentissement économique mondial. Par conséquent, le pays est en crise. Ainsi, par le biais des colonies, la France va pouvoir acquérir de nouvelles richesses. Au début de son discours, il évoque la « forme première de la colonisation », mais il existe aussi une deuxième forme de colonie qui est la colonie d’exploitation. Le but de ces colonies est de pouvoir exploiter les richesses naturelles profitant à la métropole. La

colonie se met au service de la métropole, ce qui permet aux Français de s’emparer des richesses afin de les exploiter pour leur propre profit. Cela permet l’importation de produits qui ne sont pas présents en France et d’exporter le surplus dans d’autres pays. Ce fonctionnement permet de favoriser une politique protectionniste qui cherche à limiter l’importation de produits étrangers face à la concurrence économique présente entre les pays européens notamment. L’exploitation de ces richesses par la France va permettre « la création de débouchés » (l.8) économiques, il souhaite tourner l’économie française vers de nouveaux marchés avec un objectif de vente de produits dynamisant les relations commerciales. À la ligne 6-7 lorsque Jules Ferry dit « La question coloniale, c'est, pour des pays voués par la nature de leur industrie à une grande exportation », pour lui les richesses des colonies vont permettre de relancer l’industrie avec la transformation des matières premières afin de pouvoir intensifier l’activité d’exportation qui est vue comme une aubaine pour la France pour permettre son rétablissement économique. Un argument qui va en faveur des industriels qui peuvent voir une opportunité de faire fonctionner leurs industries. La citation à la ligne 3-4 qui stipule que « Les colonies sont, pour les pays riches, un placement en capitaux des plus avantageux » signifie qu’investir dans les colonies serait bénéfique, car les apports des capitaux sont supérieurs à l’investissement de départ. Il entend rallier à sa cause aussi les classes les plus aisées qui pourraient implanter leurs industries dans les colonies afin de pallier la crise qui touche la France. Jules Ferry ajoute « La forme première de la colonisation c'est celle qui offre un asile et du travail », il évoque la colonie de peuplement qui vise à envoyer des personnes venantes de métropoles vers les colonies pour bâtir une société. Ces colonies sont aussi le moyen de créer de l’emploi et un refuge notamment pour les Français provenant de la classe ouvrière. Ainsi, cela profite à l’économie de la France. Pour Jules Ferry, la colonisation est vue comme une opportunité à la France de se relancer économiquement à la suite de la crise qui l’a touchée profondément grâce aux richesses présente dans les colonies qui permettent une ouverture des débouchés économiques.

II.

La mission civilisatrice de la France

Pour continuer, la défense de Jules Ferry sur la politique coloniale se traduit aussi par l’argument de mission civilisatrice et humanitaire qui peut s’opérer, car dans la pensée collective les peuples colonisés sont inférieurs. Le « second point » (l.9) de Jules Ferry appuie sur « le côté humanitaire et civilisateur » (l.10) de la colonisation. La mission civilisatrice est une théorie entretenue par les Européens qui repose sur une supposée obligation morale au service du progrès et de la raison, ce qui justifierait la colonisation. En effet, dans ce processus de mission, la France doit libérer ces populations et s’approprier leurs terres afin de les faire progresser, car il n’aurait pas la capacité de le faire seuls. Lorsque Jules Ferry dit « elles ont le devoir de civiliser les races inférieures » (l.1112), il vise à une politique d’assimilation où la langue, les institutions, les lois françaises sont transposées dans ces colonies ce qui permet à la France d’une part d’agrandir son empire, mais d’une part accroître son influence à travers l’assimilation.

La domination des peuples colonisés s’explique par ce devoir de civilisation qui va justifier la supériorité des Français vis-à-vis des indigènes. Jules Ferry à la ligne 11 dit de manière explicite que « les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures » (l.11) ce qui signifie que les peuples colonisés sont inférieurs aux français. Cette idée s’appuie sur une des justifications avancées par les républicains qui est que les indigènes, nom donné aux populations implantées dans un territoire avant sa colonisation, sont des êtres sans raison qui ne peuvent pas disposer de droit, ils seraient donc inférieurs aux Français. C’est dans ce sens que va être mis en place le code de l’indigénat qui est une liste de décrets qui maintient les populations inférieures en les privant de droit et appliquant une juridiction spéciale. Cette pensée raciste est ancrée au sein des élites qui entretiennent la conviction de l’infériorité des indigènes qui doivent se mettre au service de la métropole. Jules Ferry avance que la mission civilisatrice est censée apporter des progrès au sein des colonies. Ce devoir est en réalité un moyen pour la France de s’imposer et de dominer dans les colonies en prônant une pensée raciste où les populations colonisées sont considérées comme des êtres inférieurs dépourvus de droits.

III.

L’aspect politique et militaire qui rétablit la puissance française

Pour finir, le dernier argument utilisé par Jules Ferry est un argument politique et militaire qui a vocation à rétablir la puissance et le prestige de la France. Dans le dernier paragraphe, lorsqu’il dit « en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons européennes » (l.19) cela renvoie à la politique coloniale qui est aussi en marche dans les autres pays européens. Il faut donc intensifier les conquêtes coloniales pour concurrencer les autres puissances coloniales, notamment l’Angleterre qui possède le Premier Empire colonial et l’Allemagne dont la France nourrit un sentiment de revanche. Les pays européens accroissent leur « expansion vers l’Afrique ou vers l’Ouest » (l.20). Dans la citation « vivre de cette sorte pour une grande nation c’est abdiquer » (l.20), on voit un argument nationaliste qui se préoccupe de la grandeur de la nation française qui a été largement perdue avec la défaite de 1870 face à la Prusse entrainant une humiliation nationale avec la perte de l’Alsace-Lorraine. Pour Jules Ferry, il faut coloniser, car c’est un moyen d’affirmer la grandeur de la France. D’autant plus, à une période où la colonisation est à son paroxysme, les conquêtes coloniales sont vues comme une manière de s’imposer en tant que puissance. Dans la citation « une marine comme la nôtre ne peut se passer, sur la surface des mers d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement » (l.14-15), on peut penser que la marine permet d’affirmer la puissance et le prestige de la France à travers les colonies. En effet, la mise en place de la marine dans les colonies permet de contrôler les routes maritimes pour assurer la sécurité du commerce. Les colonies constituent des lieux de refuges et des points d’appui pour la flotte de guerre. Jules Ferry montre que la France dispose d’une marine puissante qui permet de nouvelles conquêtes coloniales et ainsi assurer le prestige de la France. Dans le discours, il est dit « c'est pour cela qu'il nous faut Madagascar » (l.17), Jules Ferry souhaite pouvoir obtenir des crédits pour la conquête de Madagascar afin d’élargir la conquête coloniale de l’Asie à l’Afrique. Cette nouvelle conquête s’explique par le fait

que la France a besoin de nouveaux ports, c’est pour cela qu’il évoque « Saigon et la Cochinchine » (l.16). Jules Ferry, dans ce dernier argument à visée politique et militaire, montre qu’il faut rétablir la grandeur de la France à travers les conquêtes coloniales et la marine. Il souhaite coloniser Madagascar afin d’obtenir des appuis en Afrique et ainsi imposer la puissance de la France. En guise de conclusion, nous avons vu que Jules Ferry oriente sa justification autour de trois arguments : économique, humanitaire et politique. Nous pouvons répondre à la problématique posée dans l’introduction : en quoi, Jules Ferry à travers ce discours, défend-il la politique coloniale française et son expansion en prônant une image positive de celle-ci ? Selon lui, la colonisation permettrait à la France de reconstruire son économie, d’accomplir son devoir de civilisation et de restaurer la puissance d’antan de la France. Une justification partagée par les élites qu’elles soient politiques, intellectuelles sauf quelques opposants comme Clemenceau avec qui il débat lors de la prononciation de ce discours. Il montre une image positive de celle-ci afin de reconquérir une partie de la classe politique, perdue à la suite de l’affaire du Tonkin qui a eu lieu quelques mois plus tôt et devenue réticente vis-à-vis de la politique coloniale. Concernant Madagascar, sa conquête a eu lieu le 23 avril 1895 et proclamera son indépendance seulement le 22 juin 1960. On peut apporter une limite à ce discours qui est le fait que Jules Ferry montre uniquement une image positive de la colonisation sans évoquer les violences. En effet, les conquêtes sont des guerres entre les colonisés et les colonisateurs dans lesquels ont lieu des massacres de populations....


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