2. De Jules Ferry au collège unique (CM sociologie de l\'éducation L1) PDF

Title 2. De Jules Ferry au collège unique (CM sociologie de l\'éducation L1)
Course Sociologie De L'Éducation
Institution Université Le Havre Normandie
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Summary

cours du CM sociologie de l'éducation du S1 de L1 avec Mme. Steinmetz...


Description

De Jules Ferry au collège unique : un système scolaire moins inégalitaire ? A partir des lois Ferry, l’ensemble d’une génération, filles et garçons, fréquente l’école, au moins pendant quelques années (de 7 à 13 ans en théorie). Tout le monde va à l’école, mais cette école est-elle vraiment la même pour tous? 1. L’école pour tous : une volonté de « socialisation méthodique » des jeunes générations Un projet de « socialisation méthodique » des jeunes générations Une école pour unifier la nation? Les programmes scolaires contribuent à l’unification nationale : → Diffusion du français dans certains territoires où prédomine le patois ; l’apprentissage de poids et mesures communs. → L’enseignement de l’histoire de France contribue à la diffusion de références communes (Vercingétorix, etc). → Découverte de la géographie française (apprentissage des départements, ex : « Tour de France par deux enfants »). → Un « examen national » : le certificat d’études. Attention : cette socialisation n’est pas totalement uniforme sur le territoire français! Le Tour de la France par deux enfants (1877) Lecture fait par énormément d’enfant, beaucoup utilisé après 1881 Une morale laïque pour remplacer la morale chrétienne ? L’école publique diffuse un enseignement « laïc » : → La loi de1882 instaure la « neutralité religieuse de l’école », mais tolère des aménagements (jeudi, crucifix). → Elle remplace les cours de morale chrétienne par une « instruction civique et morale » laïque : • Source de conflits : certains manuels « républicains » sont mis à l’Index (interdits) par l’Église • Un consensus : l’exaltation du patriotisme • Une morale du quotidien (dénonciation de la paresse, de l’alcoolisme) qui reprend aussi des préceptes religieux (ex : le thème de la charité). 2. Mais l’école de Jules Ferry n’est pas la même école pour tous : un système ségrégatif L’objectif annoncé par Jules Ferry en 1870 : « faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l'inégalité d'éducation ». Mais les lois Ferry n’aboutissent pas à une école identique pour tous : à l’école du peuple (l’école primaire) s’oppose l’école des notables (le lycée). Le système est dual et ségrégatif : il sépare dès le plus jeune âge les enfants de classes moyennes et populaires des enfants issus de la bourgeoisie.

Ce système n’est réformé que très lentement. Un système dual et ségrégatif Un système dual : le « primaire » est fréquenté par la majorité de la population, tandis que les enfants des élites fréquentent l’enseignement « secondaire » dès le plus jeune âge (petites classes de lycée). Attention! L’enseignement secondaire ne vient pas après le primaire : il démarre dès la 10ème (équivalent du CP actuel) par des « petites classes de lycée » payantes. Qu’est-ce qui rend les deux systèmes étanches? Des barrières institutionnelles et économiques bloquent l’accès des enfants des classes populaires et moyennes au secondaire (donc aux études supérieures). → Les lycées sont peu nombreux! → Jusqu’en 1902, le latin, qui n’est pas enseigné à l’école « du peuple », est obligatoire pour entrer au lycée. → Le lycée est payant jusqu’en 1930 (dès les petites classes) : des concours pour obtenir des bourses existent, mais celles-ci sont rares. → Une fois le lycée devenu gratuit, un concours d’entrée en 6ème est instauré en 1933 pour les enfants venant du primaire qui limite l’afflux des nouveaux candidats dans le secondaire. Un système scolaire discriminatoire  Les barrières à l’entrée du secondaire ne disparaissent que très lentement.  Pendant des décennies, les enfants de classes moyennes et populaires ont des chances minimes d’accéder au lycée.  Il leur est quasiment impossible d’accéder à l’université et aux professions nécessitant un diplôme supérieur (avocat, médecin, professeur du secondaire, etc).  Il s’agit d’une inégalité de traitement en fonction de l’origine sociale (ce qu’on appelle aujourd’hui une discrimination).  Durant toute la 3ème République, il existe un droit inégal d’accès à l’enseignement secondaire en fonction de l’origine sociale. Le lycée sous la IIIème République : un univers bourgeois qui s’ouvre lentement  Les lycées publics : une création de Napoléon (1802)  Seul le passage par le lycée permet d’accéder au baccalauréat puis à l’université ou aux grandes écoles  Très peu de lycéens sont passés par l’école primaire au début du siècle : 2,6% en 1906. Ce sont des « miraculés scolaires ».  Les « boursiers » sont peu nombreux mais leur nombre progresse : 8% en 1906, 29% en 1939.  En 1936, les 1ères statistiques ministérielles sur l’origine sociale des élèves de 6 ème montrent que les enfants d’ouvriers et de cultivateurs y sont très peu nombreux (2,7% et 1,7%).  L’obtention d’un baccalauréat est rare : en 1900, 1% d’une classe d’âge accède au bac ; en 1939, à peine 3%. Concours pour être boursiers miraculé scolaire → enfant qui font mentir les statistiques

L’école des filles : une école à part?  L’école est non-mixte : écoles de filles et de garçons sont séparées par un mur, sauf dans les plus petits villages.  Du côté du primaire, les programmes différent en éducation physique et manuelle : il s’agit de « faire acquérir aux jeunes filles les qualités sérieuses de femme de ménage » (J. Ferry, 1882).  Du côté de la filière « secondaire », les filles qui fréquentent les lycées reçoivent un enseignement centré sur le français et les langues vivantes, sans latin, sans grec, et avec peu de sciences.  Les taux de scolarisation post-primaire des filles restent bien inférieurs à ceux des garçons dans l’entre-deux-guerres ; mais le taux de bachelières progresse rapidement! 3. Une lente unification des scolarités au 20ème siècle Malgré les obstacles, les scolarités s’allongent dans l’entre-deux-guerres  Les scolarités des enfants de milieux populaires se prolongent d’abord par l’essor de l’enseignement « primaire supérieur », rendant possible de petites ascensions sociales : → Environ 4 % des adolescents en 1930 (formations techniques, mais aussi accès à la fonction publique – instituteur, postier, chef de gare, etc.)  Les deux filières deviennent moins étanches : après l’instauration de la gratuité du lycée en 1930, les effectifs lycéens augmentent.  En 1936, la scolarité obligatoire est portée à 14 ans par le Front Populaire. Les années d’après-guerre : une première « explosion » scolaire  Les effectifs des élèves scolarisés augmentent très rapidement dans l’après-guerre : c’est la première explosion scolaire. → Très fort essor des enseignements post-primaires : les effectifs sont multipliés par cinq entre 1945 et 1964. Les aspirations scolaires des Français augmentent!  Mais le système dual persiste et l’accès au lycée et à l’université reste réservé à une minorité : 11% de bacheliers dans une génération en 1960. 1963-1975 : La même scolarité pour tous… du moins jusqu’en 5ème  En 1963 : les « petites classes » de lycée disparaissent définitivement.  Tout le monde va désormais dans un seul et même type de collège avec toutefois des filières différenciées en 6 ème (menant vers une scolarité courte ou longue)  En 1975 (loi Haby), le collège devient « unique » ou presque => suppression des filières jusqu’en 5 ème ....


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