Commentaire linéaire La princesse de Montpensier PDF

Title Commentaire linéaire La princesse de Montpensier
Course Lettres modernes - option métiers de l'enseignement
Institution Université de Lille
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UE6 - Méthodologie des exercices...


Description

Commentaire linéaire de l’extrait de La Princesse de Montpensier de Mme de la Fayette

Introduction : Le texte présentement donné à notre étude est un extrait du roman La princesse de Montpensier, publié anonymement à l’origine sous la forme d’une nouvelle par Mme de la Fayette en 1662. Il s’agit là d’un roman classique mais dont l’histoire se déroule pendant les guerres de religions opposant catholiques et protestants pendant le règne de Charles IX, au XVIe siècle. Le roman est centré autour du destin amoureux tragique de l’héroïne Marie de Mézières, devenue Mme de Montpensier de par son mariage avec le prince. Avant ses noces, la princesse était tombée éperdument amoureuse d’Henri de Guise, puis son mariage et la guerre les ont séparés l’un de l’autre pendant trois ans. La scène concernée par l’extrait que nous allons étudier porte ici sur les retrouvailles entre la princesse de Montpensier et Henri de Guise, accompagné du Duc d’Anjou.

LECTURE DU TEXTE

Problématique : Suite à la lecture de cet extrait nous pouvons nous demander dans quelles mesures sa construction permet la mise en évidence progressive mais non moins univoque d’un renouveau du coup de foudre entre la princesse de Montpensier et Henri de Guise ?

Annonce du plan (4 mouvements) : I - Une mise en scène progressive de la surprise, qui repose déjà sur un contexte de dualité masculine II - L’apparition divine de la princesse du point de vue des hommes III - La focalisation sur le ressenti de la princesse, et sa confrontation intérieure face à ses sentiments IV - L’opération immédiate et simultanée de l’amour chez Henri de Guise

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I - Une mise en scène progressive de la surprise, qui repose déjà sur un contexte de dualité masculine —> Ligne 1 à ligne 7 « large ».

- Le texte commence par une mise en contexte, avec une phrase exprimant l’habitude : l’adverbe « souvent » et l’emploi de l’imparfait (« allait ») nous inscrivent dans un cadre quotidien et anodin qui va donc aisément s’employer comme socle de la mise en contraste avec un événement qui sort de l’ordinaire.

- Nous pouvons dès lors remarquer que le narrateur est omniscient : il s’agit en effet d’un discours à la 3e personne du singulier qui va nous fournir tout au long du texte les informations à la fois factuelles de la scène mais également les ressentis intérieurs des personnages ainsi que leur manière d’appréhender les évènements.

- Dans cette première phrase, le duc d’Anjou apparaît comme un homme bon, soucieux des autres (vérification du travail bien fait, sens des responsabilités). Nous avons de surcroit à faire à une phrase simple, dont la construction sujet / verbe / complément assure sa compréhension et la plongée efficace du lecteur dans le récit.

- A la seconde phrase du texte, le groupe nominal « un jour » marque dès lors une rupture dans ce quotidien précédemment annoncé. Avant il était question de l’habitude, désormais il est question de « chemin peu connu »(ligne 2) qui peuvent s’interpréter aussi bien dans le sens propre que dans le sens figuré, et font office d’annonce implicite d’un événement extraordinaire.

- Face à ce changement, le duc de Guise se place lui-même comme la solution. Il est dit qu’il se « vantait de le savoir »(ligne 2 et 3). En deux phrases nous avons donc une mise en opposition entre deux hommes, à savoir entre l’éloge de la bonté du duc d’Anjou et le caractère suffisant du duc de Guise. Cela peut dès lors sembler surprenant connaissant le contexte salon lequel c’est pourtant Henri de Guise qui était autrefois l’objet de l’amour de Mme de Montpensier, mais permet grâce à la suite du récit de prouver à quel point les sentiments amoureux dépassent finalement tout prérequis.

- La suite de la phrase est ironique au travers des expressions « il s’égara » et « qu’il ne reconnut pas lui même »(ligne 4). Nous avons cette fois une phrase longue et complexe, composé de plusieurs propositions, et nous pouvons interpréter cela dans le sens d’une imitation formelle de 2  sur 8 

l’égarement par le texte, qui se déploie dans tous les sens, ainsi que d’une différenciation marquée des deux personnages, dans leur caractère et leur manière d’agir.

- C’est à la troisième phrase du texte que la rivalité entre les deux hommes apparaît concrètement. Leur égarement, qui rejoint d’ailleurs le topos de la perte en forêt, devient rapidement entre eux un sujet de discorde. Nous le retrouvons à la ligne 5 avec l’expression « il lui fit la guerre ».

- La forme du texte illustre à nouveau l’action qui se déroule : « et, étant arretés »(ligne 5) marque un double arrêt dans le texte avec la conjonction de coordination « et » et la virgule (non nécessaire donc bien présente pour marquer une insistance), associé à la structure verbale « étant arrêté ».

- C’est aussi un texte que nous pourrions qualifier de précieux, caractéristique du classicisme. L’hyperbole encadré par « aussi » et « que » qui s’étend des lignes 5 à 6 met en place un comparatif ultra élogieux, figure d’amplification. De plus, leur désignation par le groupe nominal « jeunes princes »(ligne 6) insiste sur leur jeunesse, leur beauté et leur richesse, et les fait donc apparaître comme des prétendants attirants, dignes de convoitise.

II - L’apparition divine de la princesse du point de vue des hommes —> Ligne 7 « ils distinguèrent » à ligne 16 « prendre ».

- Le deuxième mouvement du texte commence à mon sens à la fin de la ligne 7 avec « ils distinguèrent », car l’objet de leur observation est la princesse de Montpensier. Celle-ci se distingue des autres femmes qui l’entourent car elle est désignée de manière isolée « une entre autres »(ligne 8). Dans la première partie du texte nous avions à faire à un passage introductif, qui permettait une mise en contexte et servait avant tout à préparer cette rencontre.

- L’adverbe « aisément »(ligne 8) participe à guider le lecteur dans sa représentation de la scène énoncée, pour voir lui aussi les choses de manière claire et limpide.

- L’apparition de la princesse dans le texte, de même qu’à la vue des deux jeunes hommes, est comparable à une apparition divine : il s’agit là d’une incarnation de la beauté féminine. Une véritable insistance sur sa beauté physique est crée par l’auteur, comme nous pouvons le remarquer de par la succession d’adjectifs qualificatifs élogieux « fort belle » ou encore « magnifiquement »(ligne 9). 3  sur 8 

- La beauté intérieure de la jeune femme est aussi mise en avant mais de manière plus implicite. Nous pouvons considérer le fait qu’elle « regardait attentivement deux jeunes hommes qui péchaient auprès d’elles »(lignes 9 et 10) comme une marque de sa curiosité, de son ouverture sur le monde qui l’entoure et éventuellement même de son empathie.

- A la ligne 10 l’auteur se prête cette fois à un mouvement interne à cette partie sur l’apparition de la princesse, consistant en un retour sur le point de vue des hommes. La simple vue de la princesse est ici désignée comme une « aventure » qui entraîne immédiatement la « joie ». Ce changement de point de vue (d’abord sur les deux hommes, puis sur la princesse, et à nouveau sur les hommes) participe à donner un regard complet sur la scène, et permet de renforcer l’éloge générale que l’auteur nous fait de la princesse de Montpensier. Rappelons que tout ceci se fait pourtant par le biais d’un narrateur au demeurant omniscient, exploité ici dans toutes ses facultés.

- La métaphore « Elle leur parut une chose de roman »(ligne 11) est sans doute la phrase la plus intéressante de notre texte, dans la mesure où elle se rapproche de notre objet d’étude général et survient en quelque sorte comme une redéfinition du qualificatif romanesque, à savoir ici de ce qui s’appuie sur l’ordinaire mais semble pourtant extraordinaire.

- Mme de la Fayette poursuit ensuite son système de parallélisme aux lignes 11 à 14, marqué par le comparatif « les uns » puis « les autres ». La suite du duc d’Anjou est dans le texte un simple collectif neutre dont le rôle est uniquement d’alimenter le pont de vue des deux hommes et de participer à leur confrontation. A nouveau, le fait que la suite considère le duc d’Anjou comme celui qui « devrait être son amant »(ligne 14) vient faire triompher l’amour de toutes les évidences auxquelles il semblait être prédisposé, et imposer ses propres lois en touchant le duc de Guise et la princesse.

- Pour finir, la rivière est un symbole de l’obstacle qui sépare physiquement la princesse est les deux hommes, et nous la retrouvons directement dans le texte par la présence de ce second mouvement que nous venons d’énoncer, situé entre la partie concernant les deux hommes et celle concernant la princesse.

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III - La focalisation sur le ressenti de la princesse, et sa confrontation intérieure face à ses sentiments —> Ligne 17 « cette dame » à ligne 22 « surnaturelle ».

- La révélation de l’identité de la princesse ne survient qu’à la ligne 17. Le passage du dénominatif « dame » à « princesse de Montpensier » survient comme une confirmation de ce que le lecteur avait déjà deviné depuis le début.

- Dans ce troisième mouvement, nous avons, toujours par le biais d’un narrateur omniscient, un changement de focalisation cette fois sur le ressenti de la princesse. Le texte suit son regard, en se posant tour à tour d’abord sur le duc d’Anjou, puis sur le duc de Guise. Une fois encore Mme de la Fayette emploie la figure du parallélisme pour distinguer le regard porté par la princesse sur chacun des deux hommes.

- Le duc d’Anjou est associé à la « quantité de gens »(ligne 18) qui le suivent, sous-entendant ici sa notoriété publique. L’adjectif qualificatif « bonne mine »(ligne 19) prend une tonalité ironique si on le compare au langage élogieux et parfois même pompeux auquel nous a habitués Mme de la Fayette.

- A l’inverse, le duc de Guise n’entraîne pas un simple constat de son identité mais un « trouble qui la fit un peu rougir »(ligne 20) qui se trahit donc physiquement. Le regard que Mme de Montpensier porte sur lui est formellement isolé dans le texte par la succession des deux adverbes « encore » et « plutôt »(ligne 20) qui apparaissent comme figure d’amplification.

- Au sein de ce troisième mouvement du texte, nous pouvons remarquer que les actions des deux ducs continuent mais de manière plus implicite, avec beaucoup moins de détails qu’au début. Nous savons qu’ils avancent aux lignes 18 et 19 : « fit avancer son bateau » mais uniquement en tant qu’information d’un rapprochement qui s’opère en direction de la princesse, qui en demeure le point central.

- En rappel au second mouvement du texte, présenté précédemment, l’auteur poursuit la représentation de la découverte de la princesse comme une apparition divine : ceci est affirmé ligne 22 par le biais de l’adjectif « surnaturelle », qui survient à nouveau au sein d’une hyperbole qui réintègre le processus d’écriture caractéristique du style classique de Mme de la Fayette. Il survient également d’une certaine manière comme un rappel de contraste vis à vis de la simple « bonne mine » du duc d’Anjou. 5  sur 8 

IV - L’opération immédiate et simultanée de l’amour chez Henri de Guise —> Ligne 22 « le Duc de Guise » à la fin du texte.

- Le dernier mouvement de notre extrait repose sur une construction similaire au précédent, avec l’annonce précise de l’identité du personnage dont il va désormais être question dans l’analyse de ses sentiments, à savoir « Le duc de Guise »(ligne 22).

- La proposition est complétée par la structure verbale « la reconnut », suivi de l’adverbe « d’abord ». Ce dernier prend ici une importance capitale, puisqu’il permet au duc de Guise de revendiquer une certaine légitimité vis à vis de la princesse, dans la mesure où il est le premier à la voir et à reconnaître son identité, contrairement au duc d’Anjou.

- Un peu plus loin dans la phrase, l’adjectif « avantageux »(ligne 22) associé au changement physique de la jeune femme survient dans la lignée de l’éloge générale de son portrait en lequel consiste le texte. Cela participe à nous faire affirmer que, bien que nous puissions désigner quatre mouvements distincts dans cet extraits, les rappels permanents qu’ils entretiennent les uns avec les autres confèrent au texte une unité notable. Nous assistons finalement dans cet extrait au constat d’une évolution physique o combien positive, qui s’est opérée sur la princesse au fil du temps.

- Le complément circonstanciel de temps « depuis les trois années qu’il ne l’avait pas vue »(ligne 23) permet au lecteur de se situer dans l’espace temporel du récit, et s’adresse donc d’une certaine manière directement à lui.

- C’est grâce au duc de Guise que le duc d’Anjou apparaît à nouveau dans le texte lorsqu’il s’adresse à lui. Là encore, nous pouvons distinguer une différence nette entre les deux hommes. SI nous nous concentrons sur la proposition « honteux d’abord de la liberté qu’il avait prisE »(ligne 24), nous pouvons relever une richesse d’informations. D’une part de par son attitude : la honte trahit son comportement inapproprié, désigné ici par le terme « liberté3. Egalement, l’adverbe « d’abord » annonce la suite en induisant une prise de conscience simplement passagère chez le personnage.

- Les conjonctions de coordination à valeur d’amplification : « si belle », « si fort » (ligne 25) sont justement la justification de ce comportement audacieux, à savoir de s’être permis d’aborder la jeune femme en se revendiquant auprès d’elle le rôle d’amant sans même la connaître. 6  sur 8 

- A nouveau, l’expérience du duc dans sa découverte de la princesse est qualifiée d’ « aventure »(ligne 25), en rappel à la ligne 14. Néanmoins, l’auteur nous délivre ici des indices qui nous permettent d’affirmer que le fait de considérer cette rencontre comme une simple aventure, avec un début et une fin, puisqu’il s’agit ligne 25 de « l’achever », confirme que les sentiments que le duc d’Anjou porter à la princesse ne sont pas aussi puissants que ceux du duc de Guise, qui eux on su déjà résister à trois années de séparation.

- Le texte s’achève sur une critique manifeste du comportement du duc d’Anjou, dénoncé par son recours à la flatterie : « mille excuses et mille compliments », et également par sa pratique du mensonge : « il inventa une affaire »(ligne 26). La démarche du duc d’Anjou a pour but d’obtenir la princesse sur des bases peu honorables, tandis que le comportement du duc de Guise, plus en retenue, est des plus sincères.

- Pour finir, l’annonce de l’arrivée des princes sur le bateau laisse une ouverture sur le champ des possibles dans le récit, et sur l’évolution potentielle de l’histoire d’amour entre le duc de Guise et la princesse de Montpensier, qui déjà a su triompher de notre texte malgré la présence imposante du duc d’Anjou.

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Conclusion :

La construction de cet extrait repose sur 4 mouvements que nous venons de présenter, qui portent dans un premier temps sur deux jeunes hommes rivaux perdus en forêt, que l’apparition de la princesse va permettre dans un second temps de sortir de leur confrontation pour les contraindre malgré elle à une inclination face à ses charmes. Le troisième mouvement du texte nous propose un passage cette fois du côté du point de vue de la princesse, et renverse les évidences préétablies pour pencher en la faveur d’un coup de foudre, dont nous apprenons dans le quatrième mouvement qu’il est réciproque. Ce dernier parachève de confirmer la légitimité du duc de Guise en comparaison au duc d’Anjou dont les motivations reposent sur une rivalité et une prétention à la possession de la princesse en tant qu’un simple bien largement envié par d’autres. Ces quatre étapes successives, alliées aux nombreuses figures d’opposition et de parallélisme employées par l’auteur, permettent donc la mise en évidence progressive mais non moins univoque du coup de foudre entre la princesse de Montpensier et le duc de Guise, le tout au sein d’un texte classique dont la bienséance triomphe.

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