Cours 11 PDF

Title Cours 11
Course Littérature québécoise : des origines à 1940
Institution Université de Sherbrooke
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Notes de cours dans le cadre du cours de Sophie Dubois...


Description

Cours 11 : 29 novembre 2017

Un homme et son péché Un homme et son péché : un roman du terroir ? Discussion Il faut le lire comme un contre-exemple. C’est un roman qui présente la culpabilité et le péché sera puni. Le personnage de Donalda, par con personnage un peu masochiste, incarne la femme idéale qui ne vit que pour la vie après la mort. Elle accepte les soumissions, elle accepte les épreuves que Dieu lui envoie pour la religion. Le roman est un roman du terroir, par « l’anti-terroir » de son contenu. On présente la vie sur la terre de façon non idéalisée. Elle est difficile, oblige à faire des sacrifices. On se trouve peut-être dans un roman psychologique, voir réaliste. On peut voir Maria Chapdelaine comme le début des romans du terroir, alors qu’Un homme et son péché serait la fin qui mènera à l’anti-terroir. Contexte sociohistorique Le roman parait en 1933. Dans sa préface, Grignon disait « En 1933, je vivais dans l’atmosphère de 1883 » 1. La crise économique (1929) Dans les années 1930, la crise économique est très présente. Le taux de chaumage est d’ailleurs très présent en 1933. Le thème de l’argent, de l’épargne et du capitalisme est alors un thème très présent dans la société. À travers du personnage de Séraphin qui incarne ce qui est de mauvais avec le capitalisme, on revoit le crash boursier de 1929. L’idée que l’argent peut disparaitre (exploiteur de mine dans le roman), va faire en sorte que Séraphin va conserver son argent chez lui. L’absence de confiance dans les institutions économiques est donc bien représentative de l’époque. Plus socialement, au Québec lors de la crise, on assiste à un retour des gens en campagne qui peut donner de la nourriture. L’Église et le gouvernement insiste les gens à aller vers la campagne en donnant de l’argent à ceux qui déménagent. 2. Colonisation (des Laurentides en 1833) Le parallèle est présent avec 1883, lors du mouvement de colonisation. Au moment où les terres près du fleuve sont toutes occupées, et où les familles s’agrandissent, les canadiens doivent aller défricher plus loin dans les terres. L’État encourage les colons à aller coloniser les « pays d’en haut » (Laurentides). Le rôle de « l’agent des terres » c’est celui qui distribue les lots aux colons. Il devait aussi s’assurer que la colonisation respecte les temps. L’Église, moins dans une idéologie de conservation que dans une idéologie de colonisation, amène les gens à aller dans les terres plutôt que d’aller aux États-Unis. 1855 : Fondation de Ste-Adèle 1867 : Curé Labelle est nommé curé de St-Jérôme et souhaite influencer l’État. Il se sert de cette influence pour, ultimement parvenir à la construction d’un chemin de fer. 1891 : Le Petit train du Nord (chemin de fer) Le curé Labelle est loin d’être ultra-mondain. Il est un homme de progrès, un homme d’avenir.

Le lien que l’on peut faire en 1883 et 1933 est le mouvement de population que l’on trouve aux deux époques. Maria Chapdelaine représente bien cet esprit de colonisation. Dans les années ’30, le livre servira aussi de propagande pour la colonisation. Il y a, dans les deux livres, un lien important entre littérature et colonisation.

Contexte littéraire 1. Le mouvement régionaliste. C’est un mouvement qui s’oppose aux exotiques qui allaient puisés leur inspiration dans des thèmes universels. Le régionalisme va traiter des conditions canadiennes-françaises, plus précisément dans les régions. Dans les années 1920, 1930, on voit apparaitre une série d’auteur qui écrit à partir des régions. On a plus besoin de se trouver à Montréal et de participer aux rencontres littéraires. Les régionalistes correspondent entre eux, ils ont des intérêts similaires. Il y aura donc de grandes correspondances entre eux, car ils sont déployés dans tout le Québec. On peut trouver deux branches : a. Le régionalisme n’est pas nécessairement canadien-français. Pour plusieurs, le régionalisme n’est pas un courant spécifique au Québec. C’est un état de société spécifiquement québécois. On peut le retrouver en France. b. Le canadianisme intégral (Albert Pelletier) : Fait du régionalisme un mouvement canadien-français avec des sujets et un langue typiquement canadienne-française. L’usage de québécisme créer d’ailleurs beaucoup de débat. Refuse aussi l’idéalisation de la vie paysanne. C’est une vision beaucoup plus réaliste de la vie qui est mis en scène dans les textes de ce mouvement. Claude-Henri Grignon : sa vie, son œuvre 1894-1976 -

Il est journaliste, romancier, critique et pamphlétaire. Sa formation est majoritairement autodidacte. Il quitte l’école très rapidement, se faisant plutôt éduquer à la maison par son père et par des professeurs, et s’intéresse aux livres de la bibliothèque de sa maison. Son père, autre qu’être médecin et vétérinaire, sera maire de Sainte-Adèle.

Claude-Henri Grignon est fortement influencé par son père. Il va collaborer à différents journaux et revues et va aussi être directeur de revues spécialisées. Il va écrire sous plusieurs pseudonymes (Valdombre, Le Masque de velours, Trois Ixes, etc.). -

Il devient membre de l’école littéraire de Montréal qui est beaucoup plus régionaliste à l’époque. Il y est admis après avoir écrit un essai sur Léon Bloy était un auteur catholique de droite qui avait aussi des idées très progressistes.

1933 : Un homme et son péché (Prix David, 1935) 1935 : Directeur adjoint de la publicité au Ministère de la Colonisation. Il est un propagandiste de la colonisation. 1936 : Fondation des Pamphlets de Valdombre. Il devient le « Lion du Nord ». Il devient un pamphlétaire très important et ayant une grande influence. Les pamphlets de Valdombre sont entièrement écrits par Grignon, ce qui correspond à 50 pages par mois. Il aura un lectorat assez vaste un peu partout dans la province et il connait un succès et un poids critique importante. 1941-1951 : Maire de Sainte-Adèle. Ses œuvres contiennent principalement des essais, des biographies romancées et des nouvelles. Il sort aussi, en 1936, Précisions sur « Un homme et son péché ». Il écrit un livre sur son propre roman (qu’il citera ensuite dans la préface). On ressent un besoin pour Grignon d’expliquer et de justifier son œuvre. Il souhaite créer une discussion autour de son œuvre.

Un homme et son péché : les éditions du vivant de l’auteur L’auteur a un impact important sur sa propre réception. 1933 : Première édition (3000 exemplaires). Paraît aux Éditions du Totem qui ne publie que de la littérature et des beaux livres. Grignon va participer au financement de son livre, pour, avec le succès de son livre, se libérer de certaines dettes. 1935 : Il reprend ses droits pour publier son roman dans une édition de « luxe ». Il va tenir compte des commentaires reçus par la critique pour refaire son roman. On retrouve donc une volonté de répondre au public, de plaire aux lecteurs. 1935 : Il sort également une édition expurgée pour un public scolaire. Il cherche un public large et captif. Il joue du côté de la littérature restreinte (Prix David, reconnaissance des pairs) et la littérature scolaire (Public de masse). 1938-39 : Le roman est à peu près tombé dans l’oublis. La diffusion ne se fait plut. Par contre, en 1939 débute la diffusion du « radio-roman ». Son livre y est lu et beaucoup apprécié. 1941 : Il se réédite à 16 000 exemplaires dans sa propre maison d’édition avec préface de l’auteur. (Cette édition sera réimprimée en 1942 et 1945) 1950 : Il réédite encore le roman à 19 000 exemplaires avec deux préfaces de l’auteur. 1960 : Centre éducatif et culturel avec 3 préfaces de l’auteur. 1965 : Il ajoute les illustrations de S. Aubry. La trajectoire des éditions montrent que l’auteur influence grandement la place que son livre aura dans la société. Il influencera aussi le discours, en tentant d’expliquer de long en large son roman. Il y aura aussi beaucoup de réédition posthume La réception En 1933, Grignon influe sur la réception. Les gens n’osent pas en dise du mal, car ils ont peur de lui. Il y a une crainte du personnage qui règle ses comptes dans Les pamphlets de Valdombre. Grignon va même réagir à une thèse de Louvigny sur Maria Chapdelaine, qui mentionne vaguement Un homme et son péché. Grignon va lui répondre dans un texte très cru. C’est une pratique fréquente chez lui de revenir sur les critiques négatives de ses textes pour les mettre en pièce auprès de ses lecteurs. Il va aussi écrire, par exemple, un article sous un pseudonyme dans une revue dont il est le directeur littéraire, un texte sur son succès dans les radios-romans. Par ses préfaces, les réponses qu’il fait aux mauvaises critiques et par son auto-critique, il contrôle ce qui est dit sur lui. Il va également faire les adaptations de son roman lui-même. Les adaptations d’Un homme et son péché par Claude Henri Grignon ou de son vivant -

Feuilletons radiophonique (1939-1965), Les Belles Histoires des pays d’en haut. C’est Grignon luimême qui va l’écrire. Adaptation théâtrale des sketchs du feuilletons : Les Paysanneries (Encore une fois écrites par Grignon) Téléroman Les Belles Histoires des pays d’en haut (1956-1970) qui est aussi mis en scène par Grignon.

On considère les trois œuvres comme étant partie intégrante de la carrière littéraire de l’auteur. Les trois formes sont interelliés et interdépendante les unes des autres.

Les autres adaptations -

Deux films (qui renvoient un peu plus au roman), soient Un homme et son péché (1948) et Séraphin (1950). Il était supposé avoir Donalda, mais la fin de la trilogie n’a jamais vu le jour. Bande dessinée d’Albert Chartier dans Le Bulletin des agriculteurs (1951-1970) Village de Séraphin. (1968-1999) On reconstitue, dans des maisons et avec des personnages de plâtre, où on pouvait voir, par exemple, Donalda récurer le plancher, Séraphin compter son argent, etc.

On se trouve aussi dans les produits dérivés. Le radio-feuilleton : -

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Épisodes de 15 minutes Modification et développement de l’intrigue (Donalda et Séraphin ne peuvent pas mourir et on ajoute une série de personnages. Alexis est aussi assez riche dans le feuilleton. Le curé Labelle sera aussi présent.) Multiplication des personnages (caractères et rôles sociaux bien définis) Importance de la parole : narration, dialogues, commérages, diatribes. Au départ, on retrouve beaucoup de description narrée. Le narrateur assure aussi le lien entre les épisodes. L’intrigue se développe plutôt dans les dialogues et dans les commérages (voyage de l’information et norme sociale.). Discours idéologique tenu par les personnages puissants d’un village (maire, curé, docteur, notaire). → Idéologie de conservation → Forme de valorisation de la pauvreté (sacrifice pour « gagner son ciel » et crainte du matérialisme) → Exaltation de la colonisation (volonté de coloniser les Laurentides)...


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