Cours - Le Drame Romantique PDF

Title Cours - Le Drame Romantique
Author Thomas Dumats
Course Littérature
Institution Université de Reims Champagne-Ardenne
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Le Drame Romantique Au 19ème siècle naît au théâtre français le goût du spectaculaire. Le début de ce dernier est fortement marqué par la Révolution française et la jeune génération, souvent appelée la génération de 1830, rêve de s’écarter du Théâtre Classique (les dramaturges Racine, Molière, et Corneille au 17 èmé siècle, Beaumarchais et Marivaux au siècle des Lumières), des pièces difficiles voire parfois ennuyeuses. Cette jeune génération, née dans le mouvement littéraire du romantisme, veut jouir d’une liberté totale au théâtre. C’est ainsi que vole en éclats la règle des trois unités rendue obligatoire par Nicolas Boileau dans son Art Poétique au 17ème siècle : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli », livre II Le théâtre Romantique se construit ainsi par opposition au Théâtre Classique : Le Théâtre Classique est basé sur cinq règles :     

La loi de bienséance (ne pas choquer) La loi de vraisemblance L’unité de lieu L’unité de temps L’unité d’action

Les dramaturges classiques sont influencés pas les Anciens et l’Antiquité :  Molière s’inspire du dramaturge romain Plaute pour créer des personnages (médecins charlatans et de faux savants : Le malade imaginaire, comme des hypocrites : Tartuffe…) R i d d thè d l Gè

A contrario, le Drame Romantique refuse la règle des trois unités et il n’y a plus de séparation des genres car le drame doit être total (représenter toute une vie) :  On mêle le Sublime (noblesse des sentiments, la beauté et la grandeur) au Grotesque (le rire et la laideur), le Tragique et le Comique, le vers et la prose.  Dans Hernani, de Victor Hugo, on alterne entre des passages comiques (ACTE I) et tragiques (ACTE V) Le siècle d’or et l’œuvre de Shakespeare constituent les plus grandes sources d’inspiration des dramaturges romantiques :

Si l’on considère l’Art poétique de Boileau comme un texte fondateur des conventions du Théâtre Classique Français, on peut également considérer La Préface De Cromwell que Victor Hugo publia quand il avait 26 ans comme un texte cardinal du mouvement romantique. L’esthétique romantique du drame telle que Hugo la conçoit manifeste une ambition totalisante, en réaction contre le monde trop organisé des classiques et l’ostracisme qui pesait sur certains sujets :

 Hugo défend la séparation des genres, pour lui il faut alterner entre le

grotesque et le sublime car : « Le beau n’a qu’un type, le laid en a mille » (préface de Cromwell)

 Une pièce idéale « serait le mélange sur la scène de tout ce qui est mêlé dans

la vie (…) Ce serait le rire ; ce serait les larmes ; (…) Et au-dessus de tout cela on sentirait planer quelque chose de grand ! » (préface de Marie tudor)

Des premiers succès du drame romantique : C’est Alexandre Dumas, l’auteur que nous connaissons essentiellement pour ses romans les trois mousquetaires et le comte de Montecristo qui connut le succès en précurseur avec Henri III et sa cour en 1829. Viendra ensuite le tour de Victor Hugo de connaître le succès en remportant la « bataille d’Hernani » le 25 février 1830 lors de la première d’Hernani à la comédie française. Cette querelle entre « Anciens » et « Modernes », à l’ordre du jour déjà

depuis La Fontaine, atteint son paroxysme dans la salle de la comédie française ne représentant habituellement que des pièces classiques. Victor Hugo avait réuni 500 de ses amis, les ‘cheveux longs’ pour faire la claque (applaudir et encourager les acteurs sur scène) et du scandale. Gautier qui était parmi ces ‘cheveux longs’ raconte cette bataille dans L’histoire du romantisme (1874). Gautier décrit les « anciens » : « Nous les regardâmes (…) Toutes ces larves du passé et de la routine, tous ces ennemis de l’art, de la liberté et de la poésie » Pour en venir à Lorenzaccio Le drame de Musset a remporté peu de succès au XIXème mais a connu un essor fantastique au XXème siècle. Celui-ci s’impose aujourd’hui comme un des plus grands drames romantiques, et selon Anne Ubersfeld (professeur à Paris III), il est même « au carrefour du drame romantique » (préface de Lorenzaccio). Après l’échec de la nuit vénitienne (1830), Musset ne renonce pas au genre dramatique, mais il se tourne vers le théâtre lu. En outre, les pièces qu’il publiera dans Un spectacle dans un fauteuil (entre 1833 et 1834) et les comédies et proverbes (1840 et 1854), sont, tout comme Lorenzaccio, destinées à la lecture et non à la scène. S’étant libéré de toute règle scénique, Musset donne libre cours à son imagination : il multiplie les tableaux : un salon, une forêt, un boulevard, devant l’église, « Où l’on voudra ! » . L’intrigue est libre de se ‘promener’, notre auteur mélange les tons et arrive en 1834 au drame qui nous intéresse, le seul qui soit ‘comparable’ (comme Cromwell par Hugo) à ceux de Shakespeare. C’est-à-dire celui qui correspond le plus à la définition du drame romantique donnée par Hugo et aussi par Stendhal : « Le romantisme appliqué au genre tragique, c’est une tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe en divers lieux ». Lorenzaccio, c’est: Un drame historique : le sujet, emprunté aux Chroniques florentines de Varchi a éveillé l’attention de George Sand (compagne de Musset de 1833 à 1835 avec laquelle il écrira les fameuses lettres…) et a été repris plus tard par Musset. C’est le drame de Lorenzo, assassin du tyran Alexandre. Mais cette pièce est aussi une représentation pure et parfaite de la florence du XVIème siècle. Chaque tableau, chaque personnage a son importance (ils sont environ soixante). Ce drame est pour ainsi dire si l’on reprend l’expression d’Anne Ubersfeld : « au carrefour de la « scène historique » » car il dépeint, tel un miroir, les vices d’Alexandre, et de ses protégés (les Salviati), l’avidité des marchands, l’indignation du peuple, la conspiration des grandes familles républicaines. Mais ce drame est aussi en relation directe avec l’actualité politique, et elle constitue une critique de la France de 1830 : les années 1830-1833 sont marquées par une sorte d’incertitude sur l’avenir de la monarchie de Louis-Philippe et sur le désabusement après les 3 glorieuses de juillet 1830. Et dans la pièce, on s’aperçoit que le meurtre du duc par Lorenzo ne changea en rien la situation. Enfin ce drame, ce Lorenzo, c’est aussi le reflet de Musset : entre idéal et débauche. En effet, Alfred De Musset a été dans les bas-fonds de la société, tout comme il a vécu le bonheur avec George Sand… Ici, dans l’histoire, Lorenzo en fait une manière d’Hamlet’. Tombé dans la débauche pour accomplir une mission sublime et devenu le prisonnier de son vice : « le vice a été pour moi un vêtement, maintenant il est collé à ma peau » (ACTE III - scène 3), Lorenzo se retrouve confronté à lui-même et il est à la quête de son salut, son ultime raison de vivre, une quête de soi jusqu’à l’autodestruction. Lorenzo est un des héros les plus vivants et les plus complexes de notre théâtre.

Lorenzaccio est beaucoup plus qu’une simple pièce, c’est un mouvement humain, c’est une défense de l’homme, c’est l’accusation du pouvoir patriarche et elle est en ce sens, d’après moi, la pièce la plus profonde que j’ai vue, que j’ai connue, que je relirai et jouerai avec plaisir....


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