Cours sur la poesie : esthetique des genres PDF

Title Cours sur la poesie : esthetique des genres
Author Papa Diegane Sarr
Course Programmation en java
Institution Université Cheikh Anta Diop
Pages 8
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Summary

l'art de la poesie: demontrer que la poesie est un art de surcroit une expression de la beauté à travers ses differents outils tels que le langage le rythme........


Description

IA Thiès Lycée Serigne Amadou Cisse de Pire M.SARR

Année 2020/2021 Classe Tle L

Cours sur la poésie Définition Qu’est ce que la poésie ? Peut-on tenter de la définir ? Peut-on en cerner les contours ? Répondre à ces questions n’est pas une chose aisée du fait de la complexité du genre et de son ambivalence. En effet personnelle et collective, sacrée et profane, pure et impure, populaire et hermétique, la poésie prend à travers les siècles les continents et les langues toutes les définitions possibles et contradictoires. Comme aucune définition ne semble pouvoir satisfaire et renfermer toute la quintessence du genre on se refugie dans un bavardage et un délire verbal. C’est pourquoi Paul Valery ironise sur ceux « qui se font de la poésie une idée si vague qu’ils prennent ce vague pour l’idée même de la poésie » cependant ce mot apparu dans la langue française vers 1350 trouve son origine dans le verbe grec poiein qui signifie « faire » « créer ». Ainsi la poésie serait création fabrication. De ce fait une chose est sure la poésie est fondée sur le langage ; elle en constitue à la fois une expérience extrême et un art particuliers. I les origines de la poésie Parler de la création poétique revient à aborder la question fondamentale de l’essence même de la poésie. On est tenté d’apporter à la mystérieuse création poétique deux réponses contradictoires. Elle serait née d’une part de l’inspiration et d’autre part du travail. 1 La poésie comme inspiration La réponse la plus connue à propos de la création poétique est celle de l’inspiration. Cette idée est très ancienne et est liée à la mythologie grecque qui avait imaginé les Muses. Ces dernières devaient inspirer les poètes. Ce qui fait dire à Platon « ce n’est pas par un effet de l’art mais bien parce qu’un dieu est en eux » que les poètes créent. C’est ce qu’il appelle enthousiasme qui étymologiquement signifie « la possession par un dieu » cette conception de l’inspiration sera reprise à la renaissance par les poètes de la pléiade chez qui l’enthousiasme devient « fureur sacrée ». Mais l’inspiration n’est pas nécessairement un don des dieux. Pour Diderot, elle trouve son origine dans une expérience sensible paroxystique proche de la jouissance sexuelle. Selon lui l’enthousiasme s’annonce dans le poète « par un frémissement qui part de sa poitrine et qui passe d’une manière délicieuse et rapide jusqu’aux extrémités de son corps. Bientôt ce n’est plus un frémissement, c’est une chaleur forte et permanente qui l’embrase, qui le fait haleter, qui le consume, qui le tue ; mais qui donne l’âme, la vie à tout ce qu’il touche » Dorval et moi Second entretien sur le fils naturel Au XIX é siècle, chez les romantiques comme Hugo et Musset de même que chez Baudelaire la poésie devient une expérience fatale : le poème est fait de la vie et de la chair même du poète, une chair dont repait le lecteur vampire. Enfin lorsqu’on refuse à croire que l’inspiration vient des muses ou d’un cœur sensible, on cherchera à la saisir « dans le vert paradis des amours enfantines » selon Baudelaire où la sensibilité naïve s’émerveille du pouvoir des mots encore neufs avec lesquels il joue innocemment et irrespectueusement. Ou bien l’inspiration au XXe siècle proviendra comme chez les surréalistes du rêve et des profondeurs de l’inconscient 2 La poésie comme création Qu’elle vienne des dieux, du cœur, de l’enfance retrouvée, du rêve ou de l’inconscient, l’inspiration à elle seule ne suffit. Elle exige un travail. Car comme le dit Paul Eluard « on ne prend pas le récit d’un rêve pour un poème. Tous deux réalités vivantes, mais le premier est

souvenir tout de suite usé transformé, une aventure et du deuxième rien ne se perd ni ne change ». Donc la poésie proviendrait d’un travail minutieux sur le langage. C’est dans ce sens que s’inscrivent ces propos de Baudelaire « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Dès lors le poète serait un artiste un démiurge, qui par la magie du langage poétique transformerait et transfigurerait la réalité. N.B Mais il ne s’agit pas de choisir entre l’inspiration et le travail. En effet un poème n’est pas le produit d’un pur élan spontané ni celui d’une seule méthode ingénieuse ou d’un seul labeur consciencieux. Les deux sont indissociables. Ainsi DU Bellay pensait comme Ronsard que l’inspiration était un don divin mais il était également convaincu que le poète devait souffrir « longuement demeurer dans sa chambre » endurer la faim, la soif et les longues insomnies. Au XIX é siècle Baudelaire dira tout simplement que « l’inspiration est décidément la sœur du travail journalière ». De ce fait la poésie est le fruit d’un effort et d’un don. Pour devenir poème, les images nées dans la douceur du rêve doivent être vigoureusement reprises par une volonté créatrice qui fait d’un élément donné par le hasard une nécessité. II La poésie à travers les siècles La poésie médiévale naît avec les troubadours qui en définissent les premiers codes. Elle est d’abord chantée à la cour puis écrite et transmise grâce à l’invention de l’imprimerie au XVe siècle. La poésie au Moyen Âge est lyrique et courtoise. Elle traite du désir et de la souffrance amoureuse, et met en scène l’homme au service de sa dame et de son roi. Les formes poétiques médiévales sont la ballade, le rondeau et le lai. On peut retenir comme grands poètes médiévaux Maurice Scève et Charles d’Orléans, qui travaillent la question du sentiment amoureux dans leurs œuvres respectives La Renaissance, qui débute au XVe siècle, est une période faste de renouveau poétique. Toutes les formes poétiques désuètes du Moyen Âge sont rejetées petit à petit pour retrouver les genres perdus de l’Antiquité et s’inspirer des modèles italiens du XIIIe siècle. C’est à cette époque qu’apparaît le sonnet, hérité de l’italien Pétrarque. Habituellement écrit en alexandrins ou en décasyllabes, il est composé de deux quatrains et de deux tercets. Ronsard et Du Bellay lui donneront ses lettres de noblesse à travers leurs œuvres respectives L e s A m o u r s (1552) et L e s R e g r e t s (1558). Ces deux auteurs font par ailleurs partie d’un groupe de sept poètes célèbres nommé La Pléiade, qui entend enrichir la langue française par des emprunts à l’Antiquité mais aussi par des néologismes. Du Bellay fera de ces nouvelles règles un manifeste intitulé D é f e n s e e t i l l u s t r a t i o n d e l a l a n g u e f r a n ç a i s e , écrit en 1549 À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, le modèle poétique de la Renaissance est perdu de vue après les massacres perpétrés lors des guerres de religion. C’est l’apparition du mouvement baroque. Il est appelé ainsi en référence au mot b a r r o c o qui signifie en portugais « perle irrégulière ». La poésie devient un questionnement sur l’existence et sur son caractère éphémère. La mort fascine, et devient le thème privilégié de poètes comme Théophile de Viau, François Villon ou encore Jean de Sponde comme on peut le voir dans cet extrait de l’un de ses poèmes : «EtquelbiendelaMort ? Où la v e r m i n e r o n g e To u s c e s n e r f s, t o u s c es o s ; Où l’Am e s e d é p a r t » L’accent est mis sur tout ce qui échappe à l’homme. Les thèmes de l’eau, de l’éphémère, de l’amour sont autant de sujets traités alors pour manifester la fuite du temps.

Le style poétique baroque multiplie les images précieuses et les effets de style pour marquer l’imaginaire du lecteur. C’est le cas par exemple dans le poème de Pierre de Marbeuf qui joue avec les ressemblances entre l’amour et la mer : « E t l a m e r e t l’ a m o u r o n t l’ a m e r p o u r p a r t a g e , Et la mer est amère, et l’amour est amer, L’o n s ’ abîme en l’amour aussi bien q u ’en la mer, Car la mer et amour ne sont point s a n s o r a g e . » Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, les arts sont contrôlés par le pouvoir royal, qui en édicte des règles et des codes précis. On se bat alors pour être le poète attitré du roi, poète de la cour, qui se doit à la fois de plaire et instruire. C’est l’ère du classicisme, mouvement qui rejette le baroque et en revient aux héritages littéraires gréco-latins. Il ne s’agit pas de copier mais de s’inspirer des œuvres antiques, comme le dit Jean de La Fontaine dans « L’Épître à Huet » : « M o n i m i t a t i o n n ’e s t p o i n t u n e s c l a v a g e J e n e p r e n d s q u e l’i d é e , e t l e s t o u r s e t l e s l o i s […] Tâ c h a n t d e r e n d r e m i e n c e t a i r d ’ a n t i q u i t é . » La poésie doit obéir à une discipline établie. Elle doit être la plus précise et la plus simple possible, et se fonder non pas sur les passions humaines comme le faisait les auteurs médiévaux et baroques, mais sur la raison et la vérité. La forme poétique classique privilégiée est sans nul doute le sonnet, apprécié alors pour la rigueur qu’il impose au poète. Ce sont ces préceptes que rappelle Boileau dans son A r t p o é t i q u e de 1674, qui pourrait faire office de manifeste de la poésie classique : « A v a n t d o n c q u e d ’é c r i r e , a p p r e n e z à p e n s e r. […] C e q u e l’o n c o n ç o i t b i e n s ’é n o n c e c l a i r e m e n t , Etlesmotspourledirearriventaisément. Si le XVIIIe siècle met de côté la poésie, le XIXe siècle la redécouvre et l’ouvre aux champs des possibles. Au lendemain de la Révolution de 1789 et à l’aube de la révolution industrielle, la société a changé. Elle est secouée de bouleversements d’ordres religieux, moraux et politiques. La poésie se fait le miroir de ces mutations : plus ambitieuse, elle est engagée et peut faire passer un message politique. De célèbres auteurs comme Victor Hugo ou Alphonse de Lamartine sont à la fois poètes et politiciens. La poésie entend guider le peuple. C’est le cas de Victor Hugo qui dans les vers suivants évoque le prestige passé de Napoléon I er pour mieux dénigrer et critiquer l’Empire de Napoléon III. Il nommait par ailleurs ce dernier « Napoléon le Petit ». « Sa grandeur éblouit l’histoire. Quinze ans, il fut Le dieu que traînait la victoire Sur un affût ; L’Europe sous sa loi guerrière Se débattit. –

Toi, son singe, marche derrière, Petit, petit. La poésie du XIXe siècle est également le reflet des désillusions et des désenchantements républicains liés au rétablissement de la monarchie au début du XIXe siècle. Pour mieux exprimer cette nostalgie ambiante, les poètes renouent avec l’écriture lyrique traditionnelle à travers les thèmes de la fuite du temps, de l’exagération et de la mise en avant du moi. C’est l’ère du mouvement romantique, représenté par des poètes comme Alfred de Musset, Victor Hugo ou encore Gérard de Nerval. En réaction au romantisme apparaît le mouvement du Parnasse, représenté notamment par Théophile Gautier qui théorise la doctrine de « l’art pour l’art » C’est un art purement esthétique qui ne revendique aucune utilité sinon sa beauté. La fin du siècle est marquée par la figure du poète maudit. C’est un poète qui se sent incompris et mis au banc de sa propre société. Ces poètes font partie du mouvement dit « symboliste ». Pour se démarquer, ils rompent avec l’esthétique classique et romantique pour appliquer leurs propres codes à l’art poétique. La poésie est selon eux un langage à part entière mais aussi un moyen de déchiffrer le réel et de recréer le monde. C’est le cas de Charles Baudelaire, Paul Verlaine ou encore Arthur Rimbaud qui adoptent le vers libre et les poèmes en prose. À travers ce souffle nouveau, la fin du XIX e siècle constitue une forme de révolution poétique comme y invite Rimbaud dans son poème « Voyage » : « Nous voulons, tant ce feu qui nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! » La poésie n’est plus cadrée, codifiée, elle est avant tout le reflet d’un moi qui prend des formes diverses et variées. Cette révolution poétique se poursuit au XXe siècle avec le mouvement surréaliste. Ce mouvement entend dépasser la réalité du langage et faire parler l’inconscient. Il apparaît parallèlement à la découverte de la psychologie freudienne et de l’exploration de la conscience humaine. La poésie dadaïste puis surréaliste joue de l’écriture automatique, des correspondances et des collages possibles entre les arts. Elle refuse toute forme de convention et de rationalité et considère que chaque poète est libre d’inventer ses propres formes et jeux d’expression poétique. Guillaume Apollinaire crée par exemple ses Calligrammes, des poèmes-dessins qui fusionnent la forme et le sens. Par ailleurs, la poésie s’engage au XXe siècle dans les combats de la Résistance lors de la Seconde Guerre

mondiale. Elle véhicule en effet à l’époque des messages de paix, de liberté et d’unicité. Le poème en vers libres de Paul Éluard, « Liberté », invite ses lecteurs à se rebeller contre l’idéologie et l’oppression nazie : « Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui J’écris ton nom Sur l’absence sans désirs Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J’écris ton nom […] Les poètes du XXe siècle veulent montrer d’autre part que la poésie est partout, dans le quotidien le plus simple et le plus intime. Francis Ponge par exemple dans Le parti pris des choses décrit les plus simples éléments du quotidien comme des objets poétiques. Cet extrait du poème en prose « Le Pain » illustre bien cette vision des choses : « La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. » La poésie se vit désormais comme expérience humaine. Démocratisée, elle n’est ni codifiée ni contrainte, sa seule règle est précisément de n’en suivre aucune et de dire ce qu’est l’homme au fond de lui-même. III Les fonctions de la poésie Les poètes ont mauvaise réputation. Depuis toujours ils ont suscité méfiance et moquerie. D’ailleurs Platon les bannit de sa cité idéale. Il dira dans La République « Poète votre art est beau mais allez voir dans la république d’à coté ». Ainsi le débat sur l’utilité ou non de la poésie a traversé les siècles les continents et alimenté des débats chez les hommes de lettres même. De Malherbe ou Gautier en passant par Vigny ou Hugo, ils ont été appelé a témoigner de la frivolité ou de la mission civilisatrice et salvatrice des poètes. Ainsi il serait intéressant de se poser cette question : les poètes sont-ils dangereux et inutiles pour la société ? Ou ontun rôle social à jouer ? 1 Poésie et rêve

On accentue souvent l’opposition entre poésie et réalité : les poètes de ce fait méconnaitraient le principe de réalité et vivraient dans le monde des rêves et fabriqueraient des chimères. Loin de se complaire uniquement dans le vague et la rêverie détachée de la terre, la poésie trouve sa nourriture aussi dans les profondeurs de l’esprit. Le rêve ou l’imagination constitue donc l’une des premières matières de la poésie. L’homme du sens commun le traite donc de rêveur qui vit loin des vicissitudes de l’existence. Ainsi après Platon qui a exclu le poète de sa cité, au XVII é siècle, Malherbe le comparera a un simple joueur de quilles. De ce fait la conception de la poésie comme rêve ou imagination traversera les siècles et réapparaitra au XIXe siècle avec les romantiques présentés comme des sentimentaux ou des rêveurs considérant la nature comme l’asile vert recherché par tous les cœurs en détresse. Ce qui fera dire a Lamartine dans Le Vallon « Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance N’ira plus de ses vœux importuner le sort Prêtez- moi seulement, Vallon de mon enfance Un asile d’un jour pour attendre la mort » Quant aux symbolistes qui cherchent l’essence des choses au-delà des apparences, ils tentent d’y arriver par une sorte d’élévation spirituelle. Leur voyance selon l’expression rimbaldienne s’efforce de percer les écrans et de montrer au jour la pureté de l’idée en inventer une nouvelle musique des mots afin de leur redonner un sens. Cet élan vers l’essence des choses, la pureté de l’idée qui tient beaucoup au poète en général est résumé par Baudelaire dans son poème Albatros ou il compare le poète a ce vaste oiseau des mers, roi de l’azur mais qui une fois sur terre est complètement désorienté, dépaysé. Cet élan vers l’ailleurs, l’idéal symbolisé par le poète- oiseau est le fait de l’esprit et non du cœur, ce qui renvoie au domaine du rêve et de l’imagination. D’ailleurs Baudelaire dans son poème « élévation » au titre assez évocatoire et très éloquent, invite son esprit à s’éloigner de ce monde spleenétique : « Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonne gaiment l’immensité profonde Avec une indicible et male volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l’air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur Le feu clair qui remplit les espaces limpides » 2 Poésie et lyrisme Le lyrisme se définit comme l’expression des sentiments intimes et personnels. Il est consubstantiel à l’histoire de la poésie. Dans la Grèce antique le poète désigné du nom d’aède (chanteur) utilisait sa lyre (instrument de musique à cordes pincées, fixées sur une caisse de résonance) pour célébrer l’aventure des dieux. Dans la mythologie grecque, Orphée, poète légendaire parvenait de par sa voix à séduire les hommes les arbres les pierres voire émerveiller les dieux. Une manière de dire que la poésie est avant tout une délectation et une source de plaisir. Au XIXe siècle le lyrisme reviendra dans la poésie. Il est lié aux bouleversements historiques et sociaux qui ont traversé le siècle. L’écoulement des espoirs nés de la révolution crée un malaise profond. Le lyrisme s’exprime alors sous divers aspects, parfois contradictoires : exaltation enthousiaste de l’âme, ou repli douloureux sur soi, alternance de pessimisme ou d’espoir. C’est pourquoi les poètes du XIX e siècle tenteront de répondre a la question : qu’est-ce que la poésie ? Lamartine répond « un soulagement de cœur » Alfred de Musset de renchérir que le cœur étant le siège des sentiments, le poète pour faire une œuvre

de qualité doit le sonder « Frappe –toi le cœur c’est là qu’est le génie » Pour lui, le poète est comme un pélican qui, pour nourrir ses petits leur offre ses entrailles. En d’autres termes, il se livre à une poésie effusion qui peut lui être fatale pour le plaisir cannibale du lecteur. Chez lui l’expression de la souffrance est la voie obligée que devra emprunter le poète car la douleur est source de poésie tandis que la poésie est consolatrice de la douleur. « Nul ne se connait tant qu’il n’a pas souffert » dira- t-il Auparavant au XVI e siècle, Ronsard le poète des amours, le lyrique épicurien a consacré à ses amours trois recueils : le premier est dédié à Cassandre, le second immortalise Marie une simple paysanne d’Anjou dont le poète chantera la mort avec poignante émotion. Quant au troisième il exalte, magnifie sans espoir la jeune beauté d’Helene de Surgères. Tout cela montre à quel point poésie et lyrisme sont liés. 3 Poésie et recherche du beau La poésie se définit comme un art du langage. Ce qui fait d’elle la voie d’accès a la beauté. Beaucoup de poètes vont accorder une importance au style. C’est pourquoi Boileau au XVIIe siècle donnait des leçons d’écriture aux écrivains en insistant sur la perfection de la forme. Fidele a l’idéal classique qui préconisait la simplicité et la clarté dans l’expression, il affirmait : « Avant donc que d’écrire apprenez à penser Selon que notre idée est plus ou moins obscure L’expression la suit ou moins nette ou plus pure Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement Et les mots pour le dire arrivent aisément » Il compare ainsi le bon écrivain à un ruisseau au débit lent mais sûr. Quant au mauvais écrivain il l’assimile à un torrent débordé qui emporte sur son passage. Boileau recommande aux écrivains la prudence et la patience, chemin incontournable pour accéder à un succès durable. C’est pourquoi il renchérit « Hâtez-vous lentement sans perdre courage Vingt fois sur le métier remettez votre courage Polissez-le sans cesse et le repolissez Ajoutez quelque fois et souvent effacez » De même, la quête passionnée de la beauté sera l’apanage des parnassiens pour qui, la poésie n’est pas, comme chez les romantiques, l’expression d’une sensi...


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