Crisez - Notes de cours 1-3 PDF

Title Crisez - Notes de cours 1-3
Course Environnement International
Institution Université Rennes-II
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Summary

L3 Economie et gestion parcours Banque...


Description

COURS ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL 1/ Introduction -

A/ Objectifs o o o

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Rendre simples des concepts quelquefois complexes Retenir l'essentiel, la logique globale, et raisonner à partir de ces bases Comprendre le système économique et financier dans lequel nous vivons et la période « historique » que nous traversons (intérêt à titre professionnel et personnel)

B/ Moyens o o

Histoire économique et financière Une actualité particulièrement riche

2/ L'évolution du monde économique et financier de l'après-guerre à nos jours -

A/ L'ancien système (années 50 à 70) : l'économie d'endettement o

Une régulation nationale (les grandes économies avaient assez peu de relations économiques et financières avec le reste du monde)

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Un capitalisme à contenu social car "concurrencé" par le communisme et un contrôle des mouvements de capitaux qui laisse le fonctionnement du système aux mains des acteurs nationaux

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Un financement de l'économie "intermédié" (banques,…)

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Un partage des pouvoirs   

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Avantages    

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Croissance Plein-emploi Protection sociale Réduction des inégalités (au niveau des pays développés)

Inconvénients  

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Patrons et managers (recherchent croissance économique)  régime des "prix administrés" Syndicats (recherchent croissance et augmentation pouvoir d'achat) Etats (gouvernement recherche croissance et plein-emploi)

Inflation des prix des produits et des revenus salariaux Profits limités

B/ La rupture o

Les causes    

Chocs pétroliers Déséquilibres structurels  Déficits budgétaires croissants  Insuffisance d'épargne longue Apparition de nouveaux concurrents Marché national devenu trop petit pour les très grandes entreprises

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Les conséquences  

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Exigence de compétitivité Changement de logique économique

C/ Le basculement des années 80 et 90 : l'économie mondiale des marchés de capitaux Introduction : Le monde actuel est différent de celui de l’après-guerre o

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Changements économiques et politiques variés : effondrement de l’URSS, développement de l’Europe, pays ou continents sortis du sous-développement et devenus ou en phase de devenir des puissances économiques de premier plan tels que Inde, Chine, Corée du Sud, Asie du Sud-Est, Amérique Latine Entrée dans une nouvelle étape du capitalisme, l’étape financière. Moins discutée et moins connue que la mondialisation des échanges commerciaux et de la production, c’est pourtant elle qui mène le jeu. Comment ce nouveau système s'est-il mis en place ?

A l'initiative des gouvernements les plus libéraux (Reagan, Thatcher), une vague de libéralisation et de dérèglementation déferle tandis qu'une triple révolution transfère les pouvoirs du politique à l'économie et plus précisément aux marchés. 

Révolution "juridique"   



Désengagement de l'Etat de l'économie  privatisation de tout ce qui est rentable Dérèglementation des activités encadrées (transport aérien, télécommunications,…)  plus de place à l'initiative privée Plus aucun contrôle sur les E/S de capitaux  Les capitaux circulent à la recherche de la rentabilité nette (après impôts) la plus élevée et "votent" pour un pays, une politique, un gouvernement qui obtient leur confiance, en venant se placer sur les marchés et valeurs (actions, obligations, bons du Trésor) de ce pays. o Entrées de capitaux = financement pour l'économie, la monnaie s'apprécie o Sorties de capitaux = perte de confiance = revente des titres et de la monnaie locale = effondrement bourse, système bancaire, monnaie si opérations massives (Mexique en 94, Asie du Sud-Est en 97, Argentine en 2003)

Révolution technologique (jusqu'au trading à haute fréquence)  Etude de divers documents   



Dans les télécoms et le traitement de l'information (capacités explosent pour un coût de traitement quasi-nul) Un grand marché mondial où tout côte en continu (marchés de capitaux, de matières premières, …) Des mouvements de capitaux plus de 100 fois supérieurs au commerce mondial

Révolution financière

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Apparition de nouveaux instruments financiers (Titres de Créance Négociables et Obligations Assimilables du Trésor en France, produits dérivés, ...) et de nouveaux marchés (notamment pour financer les déficits publics par émission de titres; dérivés : swaps, options, marchés à terme)  Le développement des marchés dérivés. Estimé en valeur notionnelle à près de 600.000 milliards de dollars environ actuellement, leur montant est totalement déconnecté de l'activité économique réelle (PIB mondial : environ 77.300 milliards de dollars en 2016) o Instruments de couverture (d’assurance) o Instruments de spéculation on peut déplacer des montants quasi-illimités de capitaux en très peu de temps et attaquer une devise, la dette d’un pays ou d’une entreprise, … o Effets de levier colossaux (cf. ci-dessus) o Risques de faillite si le système a un accident. Or, il est très peu règlementé.  Sur ces marchés, on peut s'engager à vendre ou acheter titres, devises, pétrole, marchandises, moyennant une mise initiale très faible  Ces engagements (= paris sur les fluctuations de prix) peuvent représenter plusieurs fois le bilan de grands établissements. 

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La logique financière du nouveau système 





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Le marché roi impose sa logique, celle des prêteurs et des (gros) actionnaires  logique d'abord financière avant d'être économique et sociale. Un exemple parmi d’autres, la norme actuelle d’un taux de ROE (Return On Equity = rendement des capitaux propres qui a remplacé la rentabilité rapportée au chiffre d’affaires) proche de 15%. Les autorités qui subsistent doivent lui assurer un environnement favorable afin d'entretenir la confiance des marchés de capitaux (baisse de l’impôt sur les sociétés, de la taxation du capital et des hauts revenus, flexibilisation du marché du travail et objectifs budgétaires à respecter). Le pouvoir a changé de mains. Le marché des capitaux et les banques centrales indépendantes (qui alimentent les marchés en liquidités) en sont maintenant les réels détenteurs.

Avantages     

Nouvelle logique rationnelle Discipline stricte en matière d'inflation et de salaires Evite aux gouvernements de faire des erreurs A permis à des milliards d'êtres humains de sortir de l'extrême pauvreté Tend à créer une classe moyenne dans les pays émergents

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Inconvénients

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La logique de fonctionnement des marchés de capitaux n'est pas uniquement une logique de croissance mais surtout une logique de rentabilité.  La rentabilité ne passe pas toujours par la croissance surtout si elle est recherchée à court terme (c'est le problème majeur)  Augmentation des inégalités : L'essentiel de la création de richesse est capté par une partie très étroite de la population (les fameux 1% et de plus en plus les 0.1% voire les 0.01%). Ce phénomène tend à faire progressivement disparaître la classe moyenne et l'ascenseur social dans les pays développés occidentaux. La rentabilité et ses sources 

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Rentabilité d'un actif (immobilier, action, obligation) = revenu du capital (loyers, dividendes, coupons) + plus-value Les sources de la rentabilité  Croissance  Licenciements  Baisse (relative ou absolue) des revenus du travail (= hausse des bénéfices et des revenus des actionnaires)  Spéculation (hausse spéculative des cours).

3/ Des crises plus fréquentes dans le nouveau système -

A/ Les crises ont toujours existé (quelques exemples) o

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1634 : spéculation irrationnelle sur la tulipe dont le cours finit par s'écrouler de 99% en quelques séances (le bulbe a coté pendant quelques temps l'équivalent d'un carrosse avec son attelage et son équipage) 1720 : la martingale de Law. France et Angleterre se retrouvent endettées en raison de la guerre qu'elles se sont faîte pour la succession d'Espagne et sont prêtes à écouter quiconque leur procure une recette pour rembourser rapidement leurs dettes. En France, J. Law crée la Compagnie du Mississipi et la Banque Royale : pour rembourser la dette de l'Etat, sa banque émet des billets qu'elle échange ensuite contre des actions de sa compagnie, avec pour garantie l'or que cette société doit ramener d'Amérique. Le système s'écroule lorsque les détenteurs de billets prennent conscience que le métal jaune dont dispose la Banque Royale est sans commune mesure avec le montant des billets émis. L'Angleterre connaitra avec quelques mois d'écart une crise semblable (qui ruinera notamment Isaac Newton) 1819 : les mirages de la ruée vers l'Ouest. Les prix du foncier et de l'immobilier explosent avant de s'effondrer en raison d’une évidence, l'abondance de l'offre 1873 : Vienne invente le krach. La victoire des Prussiens sur la France permet l'unification Allemande (1871). Cet espace commercial élargi fait entrevoir des perspectives économiques florissantes, de nombreuses sociétés font appel public à l'épargne, absence de rentabilité + déception sur les retombées de l'Exposition Universelle = effondrement de la valeur des actions, retraits massifs des épargnants, faillites en cascades des banques, extension progressive de la crise au reste du monde, marasme généralisé de l'économie mondiale 1917 : plus d'un million et demi de français, encouragés à souscrire (mais non garantis) par l'Etat Français, sont floués par les Emprunts Russes (lorsque les bolcheviques renversent le tsar Nicolas) 1923 : l'argent remplit les brouettes en Allemagne (hyperinflation). A la suite du premier conflit mondial, la France exige des réparations qu'elle garantit en occupant la Ruhr. Le cœur industriel de l'Europe ralentit, le chômage s'installe, le communisme et le national-socialisme se répandent, l'inflation s'accélère jusqu'en 1923 où les prix des denrées de première nécessité se fixent en milliards de marks. Royaume-Uni et USA pressent la France afin qu'elle baisse son tribut de guerre et quitte la Ruhr mais le mal est fait  la voie du pouvoir s'ouvre à Hitler qui ancre son discours dans le mécontentement populaire 1929: great depression. De 1920 à 1929, les Etats-Unis connaissent une croissance économique inouïe. La production industrielle progresse de 50% et les marchés actions de 300%, l'immobilier s'envole. La frénésie boursière est entretenue par la possibilité depuis 1926 d'acheter à crédit des actions moyennant une couverture limitée à 10%. Le boom devient bulle  toutes les liquidités sont captées par la sphère financière privant l'économie réelle de capitaux. L'industrie donne des signes d'asphyxie, la production ralentit faisant apparaître des craintes quant à la rentabilité des grandes valeurs américaines. Durant l'automne 1929, Wall Street connaît plusieurs alertes sans grandes conséquences jusqu'au "jeudi noir" (24 octobre). Les cours s'effondrent de 25% en une matinée. En fin de séance, les banquiers parviennent à réduire la perte à des proportions normales. Le vendredi et le

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samedi matin sont calmes mais les investisseurs ont perdu confiance, la spirale infernale est enclenchée. Le Dow Jones perd 13% le lundi, 12% le mardi suivant. Il prolonge ce mouvement de repli jusqu'en1932, avec une baisse de 90% par rapport au plus haut atteint. Dès 1930, la crise boursière contamine l'économie réelle. Les spéculateurs qui avaient achetés leurs titres à crédit ne peuvent rembourser les banques qui diminuent leurs concours aux entreprises, lesquelles cessent tout investissement. Le chômage explose, les faillites de banques et d'entreprises se multiplient. Le marché des changes est également touché, la dévaluation compétitive est à l'œuvre partout dans le monde. En 1931, le Royaume-Uni dévalue la livre de 40%, entraînant la chute d'une trentaine de monnaies. Les Etats-Unis deviennent protectionnistes. La loi Hawley-Smoot augmente les droits de douane sur 20.000 produits, ce qui réduit de 70% les importations en provenance de l'Europe qui riposte par des mesures comparables, amputant de 70% les exportations américaines vers l'Europe. Le commerce mondial est progressivement paralysé. La politique de Roosevelt à partir de 1933 (le New Deal) avec ses vigoureux plans de relance laisse penser que la croissance est de retour. En 1937, l'administration Roosevelt décide d'assainir les finances publiques (sévère tour de vis budgétaire) et de doubler les réserves obligatoires des banques. Le PIB qui avait progressé de 9% en 1937 s'effondre de 4.5% l'année suivante et le taux de chômage bondit à 19%. La croissance ne reviendra réellement qu'en 1942, avec la seconde guerre mondiale, et il faudra encore un quart de siècle pour que le Dow Jones retrouve son niveau d'avant le krach. o

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B/ Le nouveau système est plus risqué et moins stable : le rythme des crises s'est accéléré o o o o o o o o

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Krach boursier mondial de 1987 Krach immobilier dans tous les grands pays à partir de 1990 (jusqu'en 1997) Krach obligataire mondial en 1994 Krach Mexicain en 1994 Krach Asie du Sud-est en 1997 puis Europe centrale et Amérique latine en 1998 Krach Argentin en 2002-2003 Krach des valeurs technologiques puis de l'ensemble des bourses de 2000 à 2003 Krach immobilier et boursier à caractère systémique démarrant en 2007.

C/ Conséquences o o o

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1971 : Dominant le monde capitaliste depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis décident unilatéralement la fin de la libre convertibilité du dollar en or (15/08). Les marchés de devises sont brutalement déstabilisés jusqu'aux accords de Washington en 1973 qui instaurent la notion de changes flottants. Les marchés de la dette et des devises deviennent indispensables au financement du budget américain. Les techniques se sophistiquent en permanence et la sphère financière devient prépondérante. Cette complexité et cette disproportion entre sphère financière et réelle sont les sources de nombre des crises modernes…

Les krachs boursiers ou immobiliers, régionaux ou mondiaux, dépriment l'activité économique et créent des périodes de récession et de chômage Le chômage et les salaires sont les principales variables d'ajustement dans le nouveau système Les tendances à la déflation (type années 30 dans le monde, années 90 au Japon) coexistent avec une "nouvelle inflation", celle du prix des actifs immobiliers et boursiers.

D/ Focus sur la crise du Japon : depuis 1990

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Le Japon fonctionnait depuis le milieu du XIXe siècle selon le principe d'une économie dirigiste et relativement fermée, s'appuyant sur de grands groupes industriels Années 80 : l'archipel participe au mouvement de libéralisation des grandes économies occidentales. La dérèglementation des activités financières et de crédit intervient dans un contexte de croissance forte et de politique monétaire accommodante Les acteurs économiques, dont les banques, s'engouffrent dans un cycle spéculatif pur. Le point culminant est atteint le 29 décembre 1989 sur la Bourse Japonaise (plus haut en séance de presque 39.000 points pour le Nikkei) Dès l'année suivante, les investisseurs prennent conscience que la hausse des différents actifs est démesurée Le Japon entre dans un cycle de baisse de l'ensemble des actifs Les banquiers dont la cupidité n'a pas connu de limite sont parmi les institutions les plus en difficultés. Elles tentent d'échapper à la faillite et cessent d'alimenter l'économie L'économie plonge dans une profonde récession, suivie d'une longue déflation dont les effets se prolongent encore (aucun économiste n'ayant réellement de recette pour sortir une économie de la déflation)

Analyse de la nouvelle stratégie des dirigeants de l’archipel avec perte d’indépendance de la Banque du Japon, relances monétaire et budgétaire majeures, réformes structurelles (« les 3 flèches des Abenomics ») au travers de l’étude des documents ci-dessous : o « Les méthodes inédites de la politique économique japonaise au banc d’essai », Investir, juillet 2013. o « Le scénario catastrophe pour le Japon », Natixis, juillet 2017

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E/ La situation à l’amorce de la crise mondiale des subprimes

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Tendance à la hausse du prix des actifs (immobilier, actions,…) mais associée à une forte volatilité et des phénomènes de « bulles » 

La liquidité mondiale augmente (politique monétaire expansionniste des grandes banques centrales, accumulation de réserves de change par les pays émergents dont OPEP)



Arbitrages internationaux massifs des investisseurs institutionnels (fonds de pension, fonds souverains, fonds spéculatifs, banques, sociétés de gestion, …) dans leur allocation d'actifs



Change, immobilier, actions, obligations mais également matières premières (pétrole, métaux, produits alimentaires,…) sont concernés. Lorsque la hausse spéculative des cours touche les produits alimentaires, ceci induit une baisse du pouvoir d’achat des populations les plus précaires et peut être à l’origine d’émeutes de la faim



Utilisation de produits de plus en plus sophistiqués, souvent opaques, de l'effet de levier (crédit abondant), de la titrisation des créances

Risques latents de déflation 

Tendance à la diminution du pouvoir d'achat des salariés (surtout pays riches)  Etude document : « Quatre évolutions différentes qui peuvent affecter très négativement les salariés de l’OCDE » Natixis, octobre 2017



Deux schémas coexistent pour un même résultat, la paupérisation accélérée d’une part croissante de la population des pays développés  



Peu d'inflation traditionnelle (prix des produits de consommation hors énergie, salaires cf. ci-dessus), interdite par :   

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Pays avec forte protection sociale chômage de masse structurel Pays plus libéraux avec flexibilité accrue du marché du travail  polarisation des revenus en haut (technologie, finance, …) et en bas (services à la personne, restauration, …) de l’échelle des salaires avec hausse marquée des inégalités

Contrainte de compétitivité Choix de gouvernance des entreprises Politique monétaire (mandats des banques centrales)

Taux d'endettement historiquement élevé des agents économiques (états, entreprises, particuliers, secteur financier)  Etude documents : « L’endettement mondial explose » étude MC Kinsey, février 2015 & étude IIF, juin 2017 

Crédit abondant et peu cher qui masque partiellement le sentiment d'inégalités croissantes, ce qui a permis :  Aux salariés de maintenir leur niveau de vie (leur consommation)  A certaines entreprises (et aux fonds spéculatifs) de mettre en œuvre des stratégies de croissance externe et/ou de LBO (Leverage Buy Out) à fort effet de levier  Et aux états de financer leur politique sociale (Etat-Providence) et leurs plans de relance

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4/ Une crise "historique" et multiforme (immobilière, financière, économique, dettes souveraines, devises, sociale, politique, systémique) en plusieurs étapes: 2007-20… -

A/ Retour sur la bulle immobilière Américaine des années 2000 o

Etapes        

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Causes      

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Coïncide avec de nombreuses autres bulles (Royaume-Uni, Espagne, Irlande, …) Le pic de l'indice des prix est observé en 2005 Selon le magazine "The Economist", la hausse mondiale des prix immobiliers est la plus grande bulle d...


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