Dossier sur les fresques de la Villa des Mystères de Pompei PDF

Title Dossier sur les fresques de la Villa des Mystères de Pompei
Author Léa Rommelaëre
Course Histoire de l'art antique
Institution Université Toulouse-Jean-Jaurès
Pages 18
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Summary

Travail personnel de rédaction de dossier sur les fresques de la Villa des Mystères de Pompéi : description, iconographie, analyse, comparaisons, contexte stylistique. ...


Description

UE HAH0501V - Antique : peinture et mosaïque Mme Laura SAGEAUX

Dossier Partiel de mi-semestre Le 5 Novembre 2019

Les peintures de la Villa des Mystères à Pompéi

ROMMELAËRE Léa N° ETUDIANT : 21 70 65 60

SOMMAIRE

Introduction : Pompéi et la Villa des Mystères………………………..page 2

1 : Une fresque du Second Style Pompéien ….…………………………page 3 2 : Des interprétations différentes ……………………………………......page 9 3 : Une iconographie encrée dans le quotidien ……………..………..page 12

Conclusion………………………………………………………………………..….page 14

Corpus d’images …………………………………………………………………..page 15

Bibliographie………….…………………………………………………………….page 16

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INTRODUCTION POMPEI ET LA VILLA DES MYSTERES

Pompéi était dans l’Antiquité romaine, une ville située sur des hauteurs, en Campanie, dans la baie de Naples, à proximité de Capri, en Italie. C’était une région fertile et bien située puisqu’elle se trouvait proche de la mer et que son climat était agréable et favorable à l’agriculture. Cependant, la ville est construite à proximité du Vésuve, à sept kilomètres exactement. Ce volcan pourtant inactif jusque-là se réveilla le 24 Août 79 de notre ère et engloutit Pompéi, Stabies, Oplontis et Herculanum. C’est ce drame qui fait la renommée du site, ainsi que de ses villas richement décorées. Parmi elles, la Villa des Mystères. Cette immense bâtisse du II°siècle avant notre ère se trouve en périphérie de la ville, à bonne distance de l’une de ses portes, sur la Via Superior qui menait alors vers Oplontis. Elle a été fouillée vers 1909 – 1910 puis vers 1929 – 1930 par Aurelio ITEM et Amedeo MAIURI. L’entrée donne sur un vaste vestibule qui dessert lui-même une salle de réception de grande taille donnant sur l’une des nombreuses autres salles de cette maison, le triclinium, qui abrite des fresques remarquables, peintes sur tous les murs. Longues de vingt mètres et hautes de deux, ces dernières sont au cœur d’un conflit autour de leur iconographie et de leur analyse. Cette mégalographie présente vingt-neuf figures à taille humaine, nues ou vêtues, humaines ou divines, parmi autres Silènes, Satyres, bacchantes et enfants. L’artiste est anonyme. Comment comprendre les fresques de la Villa des Mystères ? Pour répondre à cette interrogation, nous allons dans un premier temps décrire précisément les peintures et étudier leur place dans l’habitation pour en déduire leur appartenance à un style pictural pompéien. Ensuite, dans un second lieu, nous orienterons nos recherches sur l’iconographie de ces fresques et sur le débat qu’elles causent en s’intéressant à deux des hypothèses les plus probables afin de les comprendre et de les analyser. Enfin, nous terminerons ce questionnement en comparant les peintures de la villa des Mystères avec celles de la Bibliothèque Apostolique du Vatican à Rome.

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UNE FRESQUE DU SECOND STYLE POMPEIEN

Nous allons débuter notre réflexion par la description précise de la fresque en question. L’on peut y voir vingt-neuf personnages grandeur nature répartis en scénettes séparées par des pilastres et autres éléments architecturaux en trompe l’œil. La fresque est une technique qui consiste à diluer les couleurs dans l’eau puis à les appliquer sur de l’enduis encore frais. Se passe ensuite une réaction chimique entre la chaux et le gaz carbonique qui créé une pellicule englobant les pigments et les rendant brillants1.

Une partie de la fresque de la Villa des Mystères. (Wikipédia)

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Antonella FUGA, Technique et matériaux des arts, Guides Hazan, Paris, 2005.

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Le sol de la pièce qui abrite la fresque est un dallage de carreaux de taille moyenne, noirs et blancs. Les personnages sont surélevés par rapport au sol sur lequel les habitants de la villa marchaient. En effet, la fresque débute par un soubassement de bandeaux avant de laisser se déployer les vingt-neuf protagonistes de la scène. Le premier bandeau, le plus proche du sol, est assez fin et de couleur rouge bordeaux. Il est suivi, en allant vers le haut, d’un bandeau vert bouteille décoré de fines lignes blanches disposées de part et d’autre ainsi qu’au milieu. Un bandeau noir monochrome est positionné au-dessus puis un bandeau à effet marbré en trompe l’œil de couleur jaunâtre, avec une autre bande noire monochrome par-dessus. Enfin, des bandes plus fines que toutes les autres sont peintes les plus proches des personnages. Elles sont tantôt violet profond, tantôt vert bouteille, et décorées de motifs en perspective. Les quatorze scènes encore visibles et extrêmement bien conservées de la fresque se lisent en rotation, en débutant de la gauche de la plus petite des deux portes de la salle et se dirigeant vers une autre porte dans le sens des aiguilles d’une montre, de sorte que nous faisons le tour de la pièce en les observant. Elles sont interrompues par une large fenêtre qui perce l’un des murs. La première scène montre une femme ronde, richement vêtue qui observe une autre femme et un enfant qui lit. Elle porte un lourd peplos dans les tons gris, décoré sur le côté de bandes bleu foncé. Sa tête est couverte ; il s’agit donc là de la maîtresse de maison2. Elle porte une bague à la main gauche. Elle est dans une attitude totalement passive : déhanchée, la main droite nonchalamment posée sur la hanche, elle tire sa robe de la main gauche, comme si elle se « gonflait d’orgueil3 ».

L’enfant nu mais chaussé

qu’elle regarde est concentré sur une tablette qu’il tente visiblement de déchiffrer. Il a les épaules relevées et les yeux écarquillés. Une autre femme, assise dans un fauteuil lui pose une main sur l’épaule comme pour l’encourager. Elle est vêtue de tissus jaune et violet. Son regard est dans le vague, elle est pensive. Elle porte une bague. Elle tient un rouleau dans la main gauche. C’est très certainement sa préceptrice qui lui enseigne les poèmes Homériques comme il était coutume4.

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Paul VEYNE, La Villa des Mystères à Pompé i, Gallimard, Paris, 2016. Paul VEYNE, La Villa des Mystères à Pompéi , Gallimard, Paris, 2016. Interprétation faite par l’auteur. 4 Paul ZANKER.

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A côté de la scène de lecture, une esclave s’éloigne en direction des autres personnages. Elle est vêtue d’une robe qui lui arrive au-dessus du genou et son chignon bas est surmonté d’une couronne végétale. Elle porte un plateau de pain tranché et une branche d’arbre. Elle regarde vers le spectateur et ne porte aucun intérêt au monde qui l’entoure mais se déplace d’un pas décidé. A droite de la servante, trois femmes sont occupées autour d’un bassin. L’une d’elles, à gauche, se penche pour présenter un plateau contenant des branchages 5 à la hauteur d’une femme assise de dos qui soulève le tissu qui en protège le contenu, tout en regardant celle de droite qui, debout, verse de l’eau sur la branche d’arbre que cette dernière tient au-dessus du grand bassin. On ne voit rien de plus de cette étrange préparation. Deux des trois personnages portent des couronnes végétales. Devant elles, un homme nu, assez rond, adopte une pose très détendue. Il est fortement déhanché, la jambe droite complètement en arrière et le pied gauche surélevé, posé sur la base d’une colonne en marbre sur laquelle il soutient sa lyre. Barbu et chevelu, il est plus âgé que les autres personnages. Il porte lui aussi une couronne de myrte ou d’olivier6.Une pièce de tissus violet profond qui devait être accroché à sa taille vient vraisemblablement de se détacher dans un ample mouvement, laissant ainsi voir ses attributs masculins. La scène qui vient ensuite est assez particulière. On peut y voir deux jeunes gens dotés de poils et dont les cheveux coupés très courts laissent voir des oreilles pointues. Ils ont chacun sur les épaules une peau de bête nouée. Assis sur un rocher, le jeune homme joue ou s’apprête à jouer de la flute de Pan. La jeune fille allaite un capriné. Devant, une petite chèvre regarde fixement le spectateur. De part et d’autre d’un angle de la pièce se déroule une scène étrange. D’un côté, une femme fait un violent geste de recul et tend sa main gauche devant elle comme pour se protéger. La bouche ouverte, elle semble crier ou tout au moins avoir peur. Son voile foncé vole autour de sa tête et prouve son geste brutal. Elle s’écarte d’un masque de théâtre effrayant que tend vers elle un jeune homme pour lui faire une farce, à en juger par sa moue amusée. Un vieil homme assis sur une pierre la regarde avec étonnement. Il

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Erika SIMON. BRENDEL.

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porte la barbe et les cheveux longs : de ce fait, il ressemble au personnage à la lyre. Il est occupé à donner à boire à un deuxième jeune homme, à moins que ce dernier ne soit en train de regarder le contenu du vase avec attention7. A la suite de cette farce, un couple semble très proche. Un jeune homme à demi nu, juste caché par un tissu attaché à la taille est affalé sur un tabouret, adossé à une femme très richement vêtue, assise sur un fauteuil et surélevée. Il la regarde en levant la tête vers elle et ses bras sont également dans sa direction, comme s’il la câlinait. Sa tête couronnée de branches est posée sur son sein. Elle tient un pan du tissu de l’homme dans sa main. Malheureusement, la conservation de la fresque fait défaut. En effet, il manque la partie haute de cette scène, de sorte qu’on ne voit pas le buste de la jeune femme, ni son visage et que les mains de l’homme ne sont pas visibles non plus : on ne sait pas à quoi il était occupé. En revanche, un détail est amusant : l’homme a perdu une sandale, qui se retrouve à l’opposé de son pied. Enfin, un objet qui ressemble à un sceptre ou a une lance est positionné devant lui. Il est décoré d’un élément végétal en haut et d’un ruban de couleur jaune noué tout autour. A côté, une femme agenouillée par terre tient un bâton et semble faire voler de ses mains un tissu pourpre. Derrière elle, deux femmes se tiennent debout. On ne voit pas leur visage ni leurs mains à cause d’une partie manquante de la fresque. Enfin, un personnage féminin aux ailes déployées et aux spartiates montant jusqu’au genou se tient proche, debout, dans un mouvement très élancé à en croire le mouvement de ses jupes. Elle semble brasser l’air avec une tige en bois et s’apprête à recommencer. Ses yeux se portent vers une jeune fille presque nue, agenouillée par terre elle aussi. Elle cache sa tête dans ses bras, sur les jambes d’une femme plus mûre, assise. Cette dernière lui passe délicatement la main sur les épaules et dans les cheveux en signe de réconfort et regarde avec insistance la scène étrange qui se déroule sous ses yeux. Un peu plus loin, une femme de dos, nue, sur la pointe des pieds et levant en l’air ses bras pour jouer d’un instrument, danse, comme le prouvent ses cheveux qui volent au rythme de ses pas et son voile gonflé d’air. Au vu de la précision anatomique, ce personnage a pu être peint sur modèle8. Derrière elle, une seconde femme, plus discrète, semble vouloir s’éclipser en silence. Sa robe pourpre, longue et ample retombe 7 8

BRENDEL. Ernest Pignon-Ernest.

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lourdement sur ses pieds. Elle a les traits tirés tout comme son chignon bas qui la rend sévère et sérieuse. Elle tient un bâton orné, elle aussi. Vient, après ces femmes, un groupe de trois personnages. Une jeune fille est assise sur un tabouret luxueux et bien décoré. Un coussin lui apporte davantage de confort. Elle est habillée d’une longue robe dorée ceinturée de violet profond. Elle porte des bijoux : des boucles d’oreilles et des bracelets. Les mains sur la tête, elle est en train de se coiffer avec précision, le regard et la tête tournés vers le spectateur. Elle est accompagnée d’une seconde femme elle aussi habillée en violet foncé et dont le chignon tire les traits. Elle participe à la coiffure de la jeune femme. Devant, un petit personnage ailé à demi nu, les jambes croisées, leur tend un miroir9 dans lequel le reflet de la jeune femme se reflète. Son accompagnatrice scrute attentivement ce qu’elle est en train de faire, comme pour vérifier que toutes les mèches de cheveux sont disposées convenablement. Un second petit personnage ailé se trouve dans l’angle de l’autre mur. Il est appuyé sur une colonne et contemple en rêvant la jeune femme qui se prépare. Enfin, la dernière scène présente une femme imposante trônant dans un immense fauteuil. Vêtue de jaune et de pourpre, un voile recouvre sa tête et elle est richement parée de bijoux. Elle est accoudée, son menton est posé sur sa main droite et elle a la main gauche posée sur l’accoudoir. Elle regarde fixement la scène devant elle : la jeune fille qui se prépare, entourée de personnages ailés et aidée par une femme plus âgée. Cette femme semble dominer la scène et examiner ce qu’il se déroule proche d’elle. On peut s’interroger sur un détail : une plaque de marbre est en équilibre sur l’autre accoudoir du fauteuil, posée sur un tissu vert foncé. Nous avons à présent fait le tour de la salle et vu toutes les scènes une par une. Elles sont toutes réalisées sur un fond de rouge pompéien décoré de lignes dorées au bord et elles sont séparées par des pilastres en trompe l’œil faits en perspective. Ces éléments architecturaux sont parfois visibles en entier, et parfois ils sont dissimulés derrière des personnages mais leur rôle est bien de différencier les scènes de la fresque. Ils sont de couleur pourpre au centre. Une bande couleur or et décorée de stries obliques est ensuite réalisée puis une dernière bande couleur vert bouteille encadre le tout. La partie haute de la fresque est ornementale. Le peintre a réalisé un bandeau en trompe l’œil qui présente

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DAREMBERG, SAGLIO, POTTIER, Dictionnaire des antiquités.

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des motifs de méandre et de swastika grecs. Au-dessus, une assise de carreaux en effet marbré multicolore et de boutisses vertes est précédé d’une frise aux motifs floraux sur fond noir.

Nous avons décrit la peinture de la Villa des Mystères. Nous allons à présent voir en quoi elle se rattache au Second Style Pompéien. La ville de Pompéi est connue en grande partie pour ses décors. Elle abrite des fresques et des mosaïques remarquables. La fresque de la Villa des Mystères est une mégalographie. Il s’agit en effet d’une représentation de personnages à taille réelle ou presque dont l’iconographie est généralement mythologique ou ésotérique10. Très grande donc très chère, elle est surtout réservée aux plus aisés. C’est l’une des caractéristiques principales du Second Style Pompéien. On réalise nombre de ces mégalographies à la même époque que notre fresque. Cette œuvre présente également des éléments architecturaux typiques de ce courant artistique comme le soubassement marqué, l’assise de carreaux et de boutisses, les bandeaux et frises décoratifs et bien-sûr les pilastres. Il y a donc une introduction discrète mais bien faite de la perspective. L’illusion théâtrale qu’il était coutume de peindre à l’époque est également présente : l’impression que les personnages sont sur une scène est donnée par le soubassement très haut, les personnages sont parfois eux-mêmes surélevés par des estrades, les gestes sont amples et exagérés, et un masque de tragédie est dessiné. Les couleurs caractéristiques de cette période sont utilisées, à savoir le rouge pompéien qui sert de fond et le vert celadon des bandeaux du soubassement ou des frises. Tout porte donc à croire que nous étudions là une fresque du Second Style Pompéien.

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Association Archéologique Universitaire de Bourgogne.

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DES INTERPRETATIONS DIFFERENTES

La fresque de la Villa des Mystères fait débat depuis toujours. En effet, plusieurs interprétations sont faites. Premièrement, la fresque a été dénommée ainsi car on pensait11 qu’elle représentait une scène de Mystères dionysiaques. Ce sont des rites tenus secrets, donnés en l’honneur d’une divinité dans l’attente d’une faveur de sa part lors de l’arrivée du mort dans le Tartare. On est initié à la divinité en participant à ces rites et on est alors bien vu de tous car il s’agit d’une puissante marque de piété12. Ces rites avaient une telle importance que les empereurs y prenaient part13. Les initiés entendaient et voyaient des choses qu’ils ne pouvaient répéter à personne ; ils devaient garder le mystère. En effet, beaucoup d’éléments indiquent que Dionysos en personne serait représenté. Des Silènes, ces hommes nus, chevelus et barbus, aux oreilles pointues avec leurs lyres, sont là, ainsi que d’autres créatures similaires : les Satyres, plus jeunes. Ce sont ces personnages que l’on identifie dans la fresque. De plus, la danseuse et la femme à l’arrière qui l’accompagne ne seraient autre que des ménades pour Gilles SAURON. De même pour les jeunes gens aux cheveux courts, au corps poilu et aux oreilles pointues. La présence de caprinés, leur ressemblance à de tels animaux et le fait que la jeune fille allaite une chèvre participerait à faire penser qu’il s’agit d’une scène bucolique dionysiaque. Il est vrai que ce dieu est souvent accompagné d’êtres aux pattes, cornes ou oreilles de chèvre ; la scène étrange prendrait alors tout son sens ici. Selon Gilles SAURON encore, le jeune garçon lirait des incantations dionysiaques sans aucun doute et ce serait pour cela qu’il a les yeux exorbités et la bouche entrouverte. Les trois femmes ne prépareraient pas un bain mais seraient bel et bien occupées à l’un des fameux mystères. La femme assise de dos cacherait au spectateur le déroulement du rituel et les brindilles et l’eau en seraient des ingrédients. Le voile qui recouvre le panier pourrait aussi servir à en dissimuler le contenu. Comme l’on sait que les romains avaient l’habitude de se purifier avant d’accomplir un rituel, il est envisageable de penser que la préparation que font les femmes sur la fresque soit celle d’une eau magique purificatrice. Tout comme la femme qui semble 11

Gilles SAURON surtout. Encyclopedia Universalis. 13 Hadrien et Commode se sont fait initier à Eleusis par exemple. En revanche Néron n’y aura pas droit à cause de ses nombreux crimes. 12

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faire voler son tissu et celles au-dessus dont on ne voit pas les mains : il est possible qu’elles s’adonnent à un rite religieux. De ce point de vue, la servante qui porte un plateau de pain apporterait alors un autre ingrédient utile lors de ces cérémonies et la jeune femme qui se coiffe se préparerait à être initiée aux Mystères sous l’œil attentif de sa mère. La femme ailée serait une démone qui défendrait le secret des Mystères et devrait effrayer les habitants de la Villa des Mystères afin de leur rappeler l’interdiction qui tourne autour de l’initiation et éventuellement les inciter à, eux aussi, s’y joindre pour vénérer le dieu. Dionysos est présent en personne au centre de la fresque. Il est adossé contre le sein d’Ariane, sa femme et serait spectateur du rituel qu’ il se trame en son honneur. On retrouverait ses attributs tout au long de la peinture : les bâtons décorés seraient des thyrses, les couronnes végétales se rapporteraient à son amour de la nature et le vieux Silène ferait boire du vin au satyre. Le dieu du vin et de l’ivresse serait alors venu avec sa cour pour être célébré par des mortels. Voilà la première interprétation possible. Cette thèse est défendue par Gilles SAURON mais nous allons à présent voir que Paul VEYNE ne partage pas du tout cet avis et fait sa propre analyse de l’œuvre. Pour Paul VEYNE, il n’est pas question de Mystères mais du déroulement d’un mariage. Il dénote l’omniprésence du myrte, plante du mariage pour les grecs et les romains à l’Antiquité : les couronnes végétales en seraient. Ce spécialiste insiste aussi sur l’importance de la servante qui porte un plateau de pain. Ce serait selon lui une galette de sésame comme celles que l’on distribuait aux invités d’honneur lors des noces. Aucune allusion à un rituel magique, donc. Les trois femmes prépareraient un bain postnuptial car effectivement, la mariée devait se purifier après chaque rapport sexuel ; et cette dernière se coifferait alors pour ...


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