DS Philo morale PDF

Title DS Philo morale
Author Thomas GILLET
Course Philosophie
Institution EM Lyon Business School
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Summary

LA MORALE EST-ELLE UTILE À LA VIE SOCIALE ?...


Description

GILLET Thomas, ECS1

21/03/2020 LA MORALE EST-ELLE UTILE À LA VIE SOCIALE ?

La morale est la théorie de l’action humaine soumise au devoir et ayant pour but le bien. Pour Charles Darwin, la morale est différente de l’éthique car elle représente ce que l’homme fait par devoir, en suivant sa volonté contrairement à l’éthique, qui représente ce que l’on fait par amour, en se laissant guider par ses sentiments. Ainsi, la morale à laquelle l’homme est soumis tient plus du devoir que des sentiments. Ce devoir peut être imposé par la société et transmis par les dirigeants politiques au pouvoir ou bien par soi-même à travers son éducation, son vécu ou ses principes personnels. Lorsqu’elle est commune, elle a pour but d’imposer des règles à une partie ou à l’entièreté de la population pour ordonner au mieux la société. En revanche, lorsqu’elle est personnelle, elle n’est établie que par soi-même et a pour objectif de respecter ses valeurs ou de s’intégrer plus aisément au sein d’un groupe de personne, d’une communauté. Cette morale personnelle est souvent traduite par de la mesure, c’est-à-dire par une certaine modération dans les actions car la démesure est régulièrement factrice de non-intégration sociale. La vie sociale, au contraire de la vie privée, est l’action de vivre en partageant des intérêts communs ou une culture commune avec un groupe de personnes. Le fait d’être utile signifie le fait d’avoir un rôle efficace ou nécessaire. Ainsi, doit-on nécessairement faire preuve de moralité, c’est-à-dire se conformer à la morale pour vivre en communauté ? Certes, la morale permet tout d’abord un ordre nécessaire à la vie sociale mais si elle n’est pas acceptée universellement, elle tend au communautarisme. Un acte est donc extrêmement complexe à juger moralement.

La morale implique un ordre qui semble nécessaire à la vie en communauté. Par définition, elle a pour fin le bien. Ainsi, la morale commune, transmise par des lois faites par les gouvernements, a pour objectif premier de faire triompher le bien au sein du pays voyant sa population soumise à ces lois et ces règles. En démocratie, les lois, acceptées la plupart du temps par un groupe de personnes représentant la population car étant constitué de personnes élues par celle-ci, sont acceptées par la majorité de la population car elles entrent dans une morale commune, que la majorité des citoyens de ce peuple partagent et qui sont admises par cette même majorité car une loi morale a pour but de faire triompher le bien, ce que recherche chaque citoyen. Elles sont souvent raisonnées, ce qui leur permet d’être acceptées par la plupart des citoyens. Le bien recherché par chacun permet également à la société concernée une organisation claire et un ordre permettant à chaque citoyen d’exprimer au mieux les droits dont il dispose. La morale commune ne se résume cependant pas qu’aux décisions gouvernementales prises dans l’instant présent. Elle s’est construite au fil du temps et au fur et à mesure de la construction très lente des différentes sociétés humaines. Cette morale plus ancienne est acceptée par presque tous les citoyens et leur permet de respecter des principes permettant une bonne entente commune, tels que la politesse, la courtoisie, ou encore le civisme. Ces principes moraux nous sont en quelque sorte imposés par la société car ils nous sont appris dès notre plus jeune âge par nos parents notamment. Une personne ne respectant pas ces principes sera souvent mal-aimée, pointée du doigt et mise à l’écart de la société. Indirectement, la société impose donc ce type de principes moraux à toutes les personnes la constituant, en ayant toujours pour fin de mener au bien. Ce bien auquel semble amener la morale est l’une de ses caractéristiques. Elle a pour

principale utilité de distinguer la notion de bien de la notion de mal, au contraire d’institutions telles que la justice ou l’économie, qui distinguent respectivement le légal de l’illégal et l’utile de l’inutile. La morale est d’ailleurs primordiale dans notre société car en plus de permettre de faire triompher le bien, nous pouvons constater que n’étant présente que chez l’homme, elle a conduit au fait que seul l’homme vive en société, contrairement aux autres espèces, dépourvues de morale. La morale commune n’est pas la seule morale nécessaire à la bonne tenue d’une société. Chaque individu constituant cette société se doit de respecter une morale personnelle, établie par soi-même en fonction des valeurs de chacun, transmises le plus souvent par l’éducation familiale ou par son vécu personnel, dans le but de s’intégrer en tant qu’individu dans un groupe, une communauté. Cette morale permet à chacun d’apprendre de ses erreurs. C'est le cas, par exemple, des morales présentes dans les histoires qui permettent aux hommes qui la lisent de ne pas réaliser des erreurs racontées. Ici, la morale permet d'éviter à certaines personnes de faire des fautes qui pourraient les empêcher de s'intégrer correctement au sein d'une communauté. Ce genre de morale personnelle, que chacun acquiert seul, sans l'aide de lois ou de principes imposés par la société ou par l'autorité parentale, permet indirectement l'intégration de chacun dans des groupes sociaux, et plus généralement, dans la société. Ce genre de morale, introduite dans l’esprit de chacun par son vécu, existe perpétuellement tout au long de la vie de l’individu. Une morale de ce genre existe par exemple dans le mythe d'Aristophane et de Platon, où il est raconté que chaque homme était à l'origine rond, avec quatre bras, quatre jambes, et très fort. Cependant, leur force n'était pas à la hauteur de celle des dieux mais ces derniers se sont fait attaquer par des hommes dotés d’un surplus de confiance. Zeus les a alors découpés en deux pour les punir, ce qui est, d'après ce mythe, l'origine du désir envers une autre personne, que l'on peut appeler « sa moitié ». Ce mythe apporte donc une morale : celle de ne pas s'attaquer à plus fort que soi et de ne pas avoir trop confiance en soi. Cette morale vaut pour tous et est très utile dans la société, encore aujourd'hui car elle permet à des personnes ayant trop de confiance en eux d’en perdre quelque peu en ayant peur de possibles conséquences dramatiques de leurs actes. Enfin, la morale peut être associée à une certaine mesure, qui, selon Socrate, est indispensable dans la quête du bonheur personnel. Ce bonheur, recherché à travers l'ataraxie, n'existera donc que si la personne fait preuve de moralité personnelle. La morale personnelle et donc extrêmement importante pour soi-même mais elle l’est également pour le reste de la société. Représentant une certaine mesure, la morale permet aux hommes qui en font preuve de ne pas partir dans l'excès, ou plus précisément dans des comportements excessifs. Cette morale peut également être représentée par le surmoi, théorisé par Sigmund Freud. D'après le neurologue autrichien, ce surmoi est une sorte de gendarme, d'autorité imposée par les parents et par la société, qui permet de ne pas céder aux pulsions du ça. Ces pulsions du ça représentent une démesure, un excès, contré par le surmoi moralisateur. Ce surmoi est essentiel en société car il permet à la personne qui le subit de rester mesuré, ce qui est essentiel dans nos relations sociales. En effet, un homme démesuré, que cela soit volontairement ou involontairement, est régulièrement exclu des groupes de personnes. La morale est également utile dans la vie en société car elle permet de ne pas toujours accepter des décisions immorales et démesurées prises par des gouvernants. C’est le principe même de la désobéissance civile de Henry David Thoreau, qui explique qu’il faut faire preuve de moralité en refusant consciemment d’obéir à la loi quand celle-ci est illégitime. Ici, la morale permet de dénoncer certaines décisions démesurées et de servir le bien public. Ce fut le cas des résistants français lors de la seconde guerre mondiale qui ont désobéi aux décisions de la France de Vichy pour se libérer de l’occupation nazie. Ici, leur moralité a servi un pays entier et a permis la libération de la France grâce à des actions héroïques. La morale personnelle permet donc un épanouissement pour soi-même mais sert également parfois toute la société. Ainsi, la morale, qu’elle soit commune ou personnelle, semble être nécessaire à la vie sociale.

Cependant, il n’existe pas uniquement une morale universelle acceptée par tout le monde. Il existe plusieurs morales qui évoluent en fonction des peuples et des époques. En effet, un peuple, par son vécu et sa notion de valeurs, peut trouver le cannibalisme moral tandis que de nombreuses populations trouveront cet acte cruel et totalement immoral. Il en est de même pour la polygamie, acceptée et encore pratiquée dans de nombreux pays mais immorale dans nos sociétés occidentales et développées. La morale est donc très souvent subjective et non universelle. Montaigne disait que « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage » donc cette disparité dans les différentes morales implique un jugement des populations et des peuples envers les autres en fonctions de leur conception de la morale. Cela conduit à de l’ethnocentrisme en privilégiant sa culture et sa conception de la morale par rapport aux autres peuples. C’est également le cas pour le degré de civilisation des peuples qui poussait Jules Ferry à déclarer : « Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Il y a un droit car il y a un devoir : celui de civiliser les races inférieures. » Ici, Ferry explique que d’après son jugement qui est par ailleurs, totalement subjectif, les populations européennes et américaines ont le droit d’exploiter et de conquérir les terres des populations moins développées, selon leur conception du développement. Dans ce cas qui nous semble immoral aujourd’hui, la grande majorité des Européens trouvaient cela moral à l’époque. On voit donc avec cet exemple que la notion de morale est différente selon les endroits mais également selon les époques. Et ces complications amènent nécessairement à des tensions entre communauté. De plus, la morale n’implique pas toujours forcément une bonne vie sociale. D’après Tocqueville par exemple, la morale d’une population ayant pour régime une démocratie serait une égalité pour tous. Or, ce principe mènerait selon lui, à une égalisation des conditions sociales qui serait très dangereuse et pourrait mener à une dictature. Cette égalisation ferait perdre pour beaucoup le goût de l’implication dans la politique et donc rendrait au fil du temps l’État tout puissant face à une population déresponsabilisée. Enfin, nous avons vu qu’il existait plusieurs morales, toutes subjectives les unes par rapport aux autres. Les morales politique ou personnelle sont loin d’être les seules morales existantes et certaines autres sont des freins à la vie sociale. C’est par exemple le cas de la morale religieuse, qui oblige les personnes qui ressentent la foi et qui donnent leur vie à l’Église à vivre à l’écart du reste de la société et à ne pas avoir de relations amoureuse ou sexuelle durant la totalité de leur vie. Ainsi, cette morale, différente des morales évoquées auparavant, n’est pas utile, n’est pas nécessaire à la vie sociale. Dans le cas de la religion, elle en constitue même un obstacle pour les personnes qui la respectent à la lettre. Nous ne pouvons alors pas déclarer que la morale est forcément utile à la vie sociale si le concept de morale rassemble toutes les morales existantes car certaines, comme la morale religieuse par exemple, ne l’est pas.

Le côté moral d’un acte est d’ailleurs extrêmement complexe à juger au vu des différentes morales existantes, d’abord. Ayant évoqué la morale personnelle, il existe alors des milliards de morales différentes, en fonction de l’éducation, du vécu et de la société dans laquelle vit chaque personne. De plus, certaines morales sont différentes en fonction des époques ou des lieux dans lesquelles elles existent, ou en fonction des domaines qu’elles recouvrent (morale religieuse et morale politique par exemple). Ainsi, le fait de distinguer les morales universelles, personnelles, politiques ou religieuses implique qu’il est très difficile de juger d’un évènement qu’il est moral ou non. Cette appréciation divergera en fonction de la personne qui juge et de son éducation, son vécu, la(les) société(s) au sein de laquelle (desquelles) elle a grandi, etc. Il est donc impossible de dire de manière objective d’un acte qu’il est moral ou pas car personne ne partage exactement les mêmes valeurs et la même notion de ce qui est moral et de ce qui est immoral. Si quelqu’un sauve un enfant de la noyade avec pour objectif d’impressionner les spectateurs de la scène et de se faire récompenser plus tard, certains trouveront l’acte de la personne brave, courageux et moral car ils ne

retiendront que le fait que l’homme a sauvé l’enfant. D’autres seront incompréhensifs face à la quête de succès du sauveur ou de la sauveuse et critiqueront l’aspect immoral de son acte : ne sauver quelqu’un uniquement pour les louanges a posteriori. Il est donc extrêmement laborieux de juger un acte sur son aspect moral au vu des nombreuses morales existant dans la civilisation humaine. D’autant que chacun ne perçoit pas la morale de la même façon. Certains sont très attachés à ce principe et le respectent à la lettre mais d’autres le perçoivent de manière bien plus superficielle. Chez ces personnes, la moralité n’est que de surface. C’est ce que montre le mythe de l’anneau de Gygès de Platon. Dans cette histoire, le personnage principal trouve un anneau qui le rend invisible. Dès lors, il se met à effectuer des actes immoraux comme tuer le roi, voler des villageois, etc. Platon dénonce via ce mythe le comportement effectué par de nombreuses personnes et ce, encore aujourd’hui : le fait de n’obéir à la morale et aux lois uniquement par peur de représailles et non pas parce que l’on la(les) trouve juste(s). C’est toujours un problème pour les gouvernants, qui utilisent souvent la peur de l’amende pour dissuader les gens de ne pas respecter les règles mises en place. C’est d’ailleurs le cas en France actuellement, où l’État met en place des amendes de plus en plus élevées pour empêcher les gens de sortir de chez eux en raison de l’épidémie du Covid-19. Ainsi, beaucoup de personnes arrêtent de sortir de chez eux uniquement par peur de payer une amende et non pas parce-qu’ils comprennent la raison sanitaire. Ainsi, la morale est pour beaucoup très superficielle. Son caractère artificiel montre sa nécessité car elle n’aurait pas été instaurée pour tous à travers les lois si elle ne servait pas dans la vie sociale. Avec le nombre de personnes qui ne la respecteraient pas dès qu’ils le pourraient et donc, le nombre de personnes qui ne la comprennent pas, elle n’aurait jamais pu être intégrée dans nos sociétés si elle n’était pas utile à la vie sociale. Enfin, au vu des disparités de jugement sur la notion de morale, de nombreux évènements sont encore dans le flou sur ce point. C’est par exemple le cas de l’avortement, qui nourrit des débats depuis des décennies. En effet, certains le trouvent juste et nécessaire dans certains cas. Selon eux, chaque femme dispose de son corps comme elle l’entend et peut décider de ne pas vouloir un enfant si elle le souhaite, d’autant plus qu’un enfant peut être extrêmement handicapant dans la vie d’une femme qui n’en désirait pas à cet instant. De plus, les partisans de cette liberté avancent le fait qu’une femme agressée sexuellement et qui tombe enceinte des suites d’un viol qu’elle a subi peut souffrir toute sa vie en éduquant seule le bébé qui lui rappellera toujours ce moment atroce. Cependant, une autre partie de la population crie au non-respect de la morale en expliquant que l’avortement est un meurtre et qu’un meurtre est ce qu’il y a de plus immoral dans nos sociétés. Il existe également un paradoxe philosophique très intéressant à ce sujet. Si une personne voit un enfant se noyer et sacrifie sa journée et ses vêtements pour plonger et le sauver sans intention de gloire a posteriori, presque tout le monde saluera l’acte de cet homme et dira que c’est un être moral. Cependant, en rentrant chez lui, ce même homme trouve une lettre d’un organisme qui lui demande d’envoyer une petite somme d’argent pour sauver la vie d’un enfant dans le besoin sur un autre continent. Sans cette somme, il est annoncé que l’enfant mourra. Si l’homme ne donne pas, est-il vraiment moral ? On peut penser que la distance et la peur d’envoyer de l’argent par courrier l’en empêche mais si cet enfant sur le point de mourir était le fils de son ami, il enverrait certainement de l’argent immédiatement. Ainsi, ces exemples démontrent la complexité de la morale au vu des différentes appréciations et des différents jugements des gens et au vu des actes très différents que peuvent réaliser la même personne. Ainsi, personne n’est totalement moral et si quelqu’un l’était, il ne le serait pas pour les autres personnes qui auraient chacun leur propre conception de la morale.

La morale, bien que très complexe, voire impossible à évaluer et incitant parfois au communautarisme et aux jugements incongrus d’autres populations, permet un ordre nécessaire et primordial à la vie sociale. Souvent associé à la mesure, elle permet aux gens de ne pas sombrer dans l’excès et la démesure et donc de pouvoir s’intégrer dans des groupes de personnes, des

communautés constituant l’essence même de la vie sociale. Ainsi, la morale est utile à la vie sociale. Cependant, nous pouvons nuancer quelque peu ce propos en s’exprimant sur la moralité superficielle de beaucoup de personnes. Cette superficialité est toujours présente de nos jours, notamment avec la crise du Covid-19 qui touche actuellement le monde. Là où le gouvernement français a ordonné à sa population de rester chez soi au maximum, certains font preuve d’immoralité en mettant la vie d’autres personnes en danger et en sortant pour des fins non-urgentes. Ces personnes, considérées par beaucoup comme immorales, pensent peut-être qu’elles respectent leur propre morale, inculquée par leurs parents ou par leur vécu. Alors, bien que la morale soit utile à la vie sociale, elle reste très difficile à définir, et par conséquent, à faire accepter....


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