Être grosse (S. Carof) - CONSEQUENCES DANS L\'ENTREPRISE PDF

Title Être grosse (S. Carof) - CONSEQUENCES DANS L\'ENTREPRISE
Course grands enjeux managériaux
Institution SKEMA Business School
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Summary

This course was made by a teacher of Skema Business School in the 2020/2021 academic year. It contains the full course and tips given by the teacher during the face to face course in SKEMA BUSINESS SCHOOL. You will find some examples in order to help you memorize the course and understand it in an e...


Description

Lecture obligatoire Solenne Carof Etre grosse Le surpoids et l’obésité sont l’objet de représentations et d’interactions différentes. Depuis les années 1960, de nombreux articles décrivent les situations et stigmatisations. Article de Gareth R. Dutton, 2014 : Les plus touchés par les stigmatisations sont les femmes caucasiennes très obèses. Les femmes de milieu populaire ont un taux de prévalence d’obésité plus élevé que les femmes de milieu aisé (de Saint Pol, 2008). Chez les hommes, les différences de corpulence se reflètent beaucoup par leur niveau de diplômes (Pigeyre et al., 2012). Ouvrage de Jean-Pierre Poulain, 2009 : Sujet : Description du processus de stigmatisation et des controverses liées au poids. Objectif : chercher les effets de la corpulence sur la mobilité sociale. 3 aspects : L’approche qualitative : Comment les enquêtées vivent-elles les situations de stigmatisation, les définissent et s’y opposent. Comment ces situations impactent-elles toutes les sphères de leur vie. Différencier les processus de stigmatisation et de discrimination : Permet d’analyser plus finement les différences de vécu entre personnes en surpoids et obèses. Se demander si les personnes en surpoids subissent les mêmes difficultés et les mêmes réactions que les personnes obèses. Certaines études ont montré une adéquation entre discriminations objectives et ressentis subjectifs (Beauchemin, 2016) bien que le milieu social, le genre, l’âge ou le lieu de résidence puissent influencer le fait de se dire stigmatisés ou discriminés indépendamment de la réalité objective des faits (Dubet, 2013). Les expériences de discrimination peuvent avoir un effet direct sur la position sociale des individus, alors que les situations de stigmatisation ne peuvent avoir qu’un effet indirect, par autocensure notamment, sur la mobilité sociale. Plusieurs ESD et des études ont montré que : Les expériences de stigmatisation manifestent et reproduisent les inégalités de l’ordre social. Les actes de discrimination (qui ont un effet sur l’ordre des interactions et sur l’ordre social) se reflètent par la relégation professionnelle de cette population stigmatisée. Analyse des stratégies possibles face à ces situations : retourner le stigmate (+) ou bien stratégies d’autocensure ou d’évitement (-). Les situations de stigmatisation : Insulter, humilier et conseiller C’est le sociologue Werner J. Cahnman (1968) qui a étudié le stigmate du poids (élevé). Il y a souvent une méconnaissance de la situation de l’autre (valide ne saura pas toujours comment agir face à un handicapé par ex). Ce sont les personnes qui ont un niveau d’étude moins élevé, qui sont plus âgées ou qui jugent les gens en surpoids responsables de leur situation, qui stigmatisent le plus les individus corpulents. La stigmatisation est généralement croissante en fonction du niveau de surpoids. Cela se ressent également dans le cadre intime, et ces discriminations violent régulièrement la sphère privée (souvent sous couvert de bienveillance),

à exemple : inconnu dans la rue qui dit à qqn en surpoids qu’elle ne trouvera pas de mari et que son poids nuit à sa santé. Les remarques fréquentes sur les régimes ou les opérations à faire témoignent des stéréotypes péjoratifs associant la grosseur à une suralimentation qui pourrait se « corriger » par la volonté ou la technique.

Des situations qui varient * ≠ stigmatisations des personnes en surpoids/obèses selon leur fréquence, leur virulence et leur genre : →L’apparence physique des femmes = critère important ( Bihr & Pfefferkorn, 2002) ≠ hô soumis à la norme de minceur ( Robineau & de Saint Pol, 2013). Le surpoids ou la faible obésité chez les hô pvt correspondre à des corps sportifs valorisés socialement MAIS la forte obésité masculine reste critiquée (Ex : poitrine jugées féminines). *≠ stigmatisations selon le milieu social : Le corps le plus gros = le plus laid dans tous les milieux sociaux (Vandebroeck, 2015), mais léger surpoids ds milieux favorisés est le plus critiqué (McLarena & Kuh, 2004 ; Carof, 2015) CAR corrélation entre une faible corpulence et des caractéristiques morales positives. Thèse Muriel Darmon (2003) sur jeunes femmes anorexiques : les régimes = moyen de montrer leur force de caractère. À l’inverse, un individu gros est socialement soupçonné « d’être sans volonté» ( Masson, 2003, p. 31). Ex : Au XIXe siècle, les prostituées => rondeurs = vulgarité et animalité (Corbin, 1978). Critiques des enquêtées moins favorisées dans l’espace public, ainsi que par le corps médical ≠ Critiques des enquêtées très favorisées dans l’espace privé et professionnel. Cpdt, leur corpulence leur permettait de s’imposer plus facilement dans certaines positions de pouvoir. L’âge peut également transformer la signification du poids : -Stigmatisations récentes pr les jeunes -Stigmatisations plus conséquentes mais – récentes pour les plus âgés CAR rondeurs jugées « naturelles » avec l’âge. =>Définition du corps par son volume : -jugé trop large, le corps devient objet, à réguler socialement. -Lorsqu’il se rapproche des normes sociales, le corps se fait personne Les enquêtées en surpoids peuvent oublier que leur poids dépasse un peu la norme sociale et médicale ≠ obèses régulièrement rappelées à l’ordre. LES ACTES DE DISCRIMINATION Refuser, interdire et discriminer

François Dubet et ses coauteurs (2013, p. 86) : discrimination = « une action pratique, elle est le fait d’imposer ou de subir, en toute illégalité, un traitement différent et inégalitaire par rapport à d’autres ». Ex assur accident de voiture MAIS peu de refus de droit pr les personnes en surpoids. Obésité = maladie dc les assurances ne souhaitent pas prendre de risques malgré les examens de santé positifs + Ex monde médical : refus de soigner un individu obèse ou matériel inadapté (brancards, scanners ou tensiomètres trop petits) (Carof, 2017). Ces situations concernent assez peu les surpoids CAR la corpulence est plus adaptée aux objets du quotidien. Les enquêtées en surpoids n’évoquent pas non plus de difficultés à trouver un emploi. *Les personnes très corpulentes font en moyenne des études moins longues (Crosnoe & Muller, 2004 ; Karnehed et al., 2006). Or, moins d’études secondaires = mobilité sociale plus limitée (Glass et al., 2010). *les personnes très fortes sont particulièrement discriminées sur le marché de l’emploi. Elles ont plus de difficultés à trouver du travail (Tunceli & Williams, 2006), restent plus longtemps au chômage (Paraponaris et al., 2005) et ont des salaires moins élevés ( Gortmaker et al., 1993 ; Brunello & d’Hombres, 2007). À l’inverse, la mobilité sociale ascendante fait baisser la probabilité d’être obèse (Langenberg et al., 2003). +« discriminations statistiques » (Thurow, 1975) : employeurs n’ayant pas une « information parfaite » sur les compétences individuelles s’appuient sur une logique probabiliste en associant les individus à leurs groupes sociaux. EX les problèmes de santé et l’absentéisme des salariés les plus obèses, ayant un coût élevé pour les employeurs ( Finkelstein et al., 2005), impactent la carrière des employés corpulents même lorsqu’ils sont en bonne santé. + « discrimination méritocratique » (Mason, 2012) : lien entre faible salaire des personnes obèses et moindre productivité L’étude de Mark V. Roehling et ses collègues (2007) révélait que les personnes en surpoids avaient 12 fois plus de risques que les personnes normo-pondérées d’être discriminées professionnellement Les discriminations professionnelles Corpulence ne correspond pas à l’« identité sociale virtuelle » (Goffman, 1975, p. 12) associée aux personnes travaillant dans le domaine de l’esthétique. Jean-François Amadieu (2009), directeur de l’Observatoire des discriminations a montré dans un testing datant de 2005 que la discrimination existait aussi pour un métier hors du contact direct avec la clientèle. Les pers obèses dvt montrer plus de motivation que les autres, pour contrebalancer les représentations sociales péjoratives (Cramer & Steinwert, 1998) Les enquêtées favorisées ne st jamais sûres d’avoir vécu des cas de discrimination. La sociologue Katherine Mason, en 2012 : Si les hommes obèses semblent plus souvent victimes de discriminations statistiques à l’embauche, les femmes obèses continuent de subir des discriminations liées aux préjugés tout au long de leurs carrières.

Ces différences en termes de genre expliquent sans doute pourquoi aucun enquêté homme rencontré n’a mentionné d’épisodes de discriminations directes : - prise de poids avec l’âge et pas à rechercher du travail une fois obèse. - professions dans lesquelles une forte corpulence n’est pas perçue négativement, comme cariste ou cuisinier. - normes masculines qui limitent la capacité à se reconnaître ou à se dire victime. (Ré) Agir face aux stigmatisations et discriminations vécues Fuir, se cacher et s’autocensurer Erving Goffman (1974, p. 56) : socT= « système d’accords de non-empiétement ». Andrea R. Myers et Jeffrey A. Rosen (1999) : Le soutien d’autrui et les discours intérieurs positifs ont des effets bénéfiques sur l’estime de soi et le taux de dépression. Rebecca Puhl et Kelly D. Brownell (2006) ont noté que les adultes qui étaient en surcharge pondérale enfants se défendaient moins que les autres. Résumé des pages 296 à 300 : 2 Répertoires d’actions principaux : -Défensif : Objectif de protéger la “face” (formes de désengagement de l'interaction, évitement → Goffman 1974) Inconfort physique qui se mêle à la peur du regard d’autrui (la personne en surpoid ou obèse va s’empêcher de faire certaines choses) Alfred Schütz (1998) : “anticipations réciproques” Homologie entre corpulence et hiérarchie sociale (certaines personnes se restreignent de postuler à certains poste car elles sont obèses) → phénomène d’autocensure appelé prophétie autoréalisatrice de Robert K Merton (1953) (phénomène plus présent chez les femmes que chez les hommes) -Offensif : dialogues, insultes, humour, défense de la beauté des rondeurs et des personnes grosses par le biais d’associations (harcèlement moral au travail) Les articles L1132-1 et L1132-2 du Code du travail rappellent l’interdiction des formes de discrimination directe ou indirecte concernant l’apparence physique, le handicap ou l’état de santé Les personnes en surpoids ou obèses ont peu confiance en ces associations Réaction plus courante chez ceux qui ont accepté leur poids Type d’action offensive : faire rire de son poids, autodérision Retournement du stigmate (Goffman) : transformation des signes attachés à ce stigmate (une personne grosse qui danse bien, oui être gros ne signifie pas que l’on n’a pas la capacité de danser) Lutte contre la grossophobie de certaines marques (concerne les personnes en surpoids mais très peu les obèses) Plaintes de certains obèses qui ne trouvent pas de vêtements à leur taille dans des magasins classiques Conclusion : des règles sociétales construites sur une base structurellement inégalitaire (corps en surpoids qui est moralement discréditable + corps obèse moralement discrédité) Stigmatisations qui vont du conseil au harcèlement

Cibles les plus touchées : jeunes et femmes Au travail : limitation de l’ascension sociale Poids de la norme de minceur et rapports médicaux (IMC) → être gros c’est dangereux pour la santé...


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