Exposé sur la Tribune de Madagascar et dépendances PDF

Title Exposé sur la Tribune de Madagascar et dépendances
Course Les sociétés de l’Afriqsubsaharienne aux 19ème-21ème siècles : approches par les sources
Institution Université de Paris-Cité
Pages 4
File Size 109.2 KB
File Type PDF
Total Downloads 75
Total Views 135

Summary

Exposé totalement rédigé sur la Tribune de Madagascar et dépendances
O. Georg
14/20...


Description

La Tribune de Madagascar et Dépendances Ce document est un extrait du journal intitulé La Tribune de Madagascar et Dépendances, daté du mardi 12 octobre 1937 qui informe des nouvelles à l’échelle internationale, régionale et locale. Un journal est une publication périodique recensant un certain nombre d'événements présentés sous la forme d'articles relatifs à une période donnée, généralement une journée. La première parution de ce journal remonte à l’année 1907, c’est le numéro 3 385 et il est selon les années publié une à trois fois par semaine comme ce fut le cas en 1937. Le siège du journal se tient à Tananarive, capitale de l’île. Il a été tenu par M. Chabbert, R. Maculgia puis A. Moutien, M. Pléau ainsi que G. Dussol et L. Dussol, des européens avec un point de vue européen. Ce document est destiné à un public avant tout lettré et faisant parti de l’élite, qu’il soit européen ou malgache. Il présente des chroniques diverses de la culture, de l’économie, de la politique et du sport. Il y a également des publicités ainsi que des petites annonces, il présente les activités locales de Tananarive et annonce également quelques décès. Il est rédigé en français La première page nous informe des actualités internationales, la seconde se centre plus sur les évènements locaux de Tananarive, la troisième page à l’échelle régionale tandis que la dernière page présente des publicités et autres petites annonces. Les articles ne sont pas tous signés. Dans un contexte où Madagascar est encore sous occupation coloniale française et de l’entre-deux-guerres qui voit la montée des mouvements politiques radicaux en Europe, renforçant l’idée de domination des européens sur les populations locales des colonies. Il s’agit ainsi de nous demander en quoi ce document est révélateur du renforcement de l’occidentalisation de l’île, notamment de Tananarive et des dissociations entre européens et malgaches ? Pour ce faire, nous allons voir que ce journal malgache tourné vers l’occident montre la modernisation et le renforcement de l’occidentalisation de Madagascar ainsi que des tensions fortement présentes. I.

Un périodique malgache tourné vers l’occident a) Un journal malgache ressemblant à un journal occidental

Tout d’abord, nous pouvons voir que ce journal est rédigé en français et non en langue locale, ce qui est révélateur de l’enracinement de la culture française sur Tananarive, siège du journal. Madagascar est sous protectorat français depuis 1895 avec la mission de « pacification » du général Gallieni qui a duré jusqu’en 1905, qui s’est réalisé dans la violence et se traduit par une francisation de la société malgache avec la mise en place d’administration et aussi de l’indigénat. Le français est enseigné dans les écoles, cette langue est associée à la modernité d’une part et d’une part, c’est une langue à la fois orale et écrite, de ce fait une culture de l’écriture débute et d’autre part, cela permet aux européens de faire disparaître la langue locale qui n’était pas écrite En général, jusqu’en 1939, 40% des journaux étaient publiés en français, 40% en malgache et seulement 20% étaient bilingues. Ici le journal est exclusivement rédigé en français. De plus, nous pouvons voir que le prix du journal est de 30 centimes, fraction de monnaie des pays francophones, il existait des types de monnaie pour les colonies : le franc comorien ou le franc pacifique, gérés par la banque de Madagascar créé en 1925, révélateur de la francisation de l’île. Nous pouvons voir que le journal se présente comme un journal occidental grâce aux techniques d’impression françaises avec un format de type quotidien (le nom écrit en gros en haut, la date, le numéro paru l’affichage du prix, la fréquence de parution, la possibilité de s’abandonner) et les articles sont présentés sous six colonnes par page. En plus des articles, des publicités sont présentes entre les articles. Elles font connaître ou font la promotion d’un centre-commercial de la capitale ainsi que d’un fournisseur à la page deux, d’un nouvel objet pour le développement des photos et un réfrigérateur à la page trois tandis qu’à la dernière page nous retrouvons des produits, les adresses d’une imprimerie, d’une banque, d’un médecin etc.

La Tribune de Madagascar et Dépendances Finalement nous pouvons voir qu’il y a également des petites annonces de particulier ou de plus gros commerce proposant leur service. Ce format de presse est typiquement occidental, la Tribune de Madagascar et dépendances est basée sur ce modèle, ce qui traduit le renforcement de du développement de la culture occidentale et en particulier de la France sur l’île qui est sous protectorat français. Comme ce document date de 1937 et que ce journal a commencé à paraître en 1907, nous pouvons supposer que ce format s’est imposé progressivement. b) Des chroniques mortuaires au développement des journaux durant l’entredeux-guerres En effet, la presse malgache consacrait une majeure partie des articles aux avis mortuaires, décrivant les cercles familiaux, la nécrologie tourne autour de l’exhibition des vivants. Il y a une certaine rupture avec cette tradition, la Tribune offrant des articles divers de culture, de sport, d’économie et de politique. L’une des seules chroniques mortuaires est copié sur le modèle occidental à nouveau et annonce le décès d’Albert Loniewski directeur des domaines, colon européen dans la rubrique « Choses & autres, chronique locale » de la page deux et relate les grandes lignes de la vie de cet homme. Dans les années 30, nous assistons à la création d’une presse militante et parfois clandestine, diffusée hors de l’île, elle a pu être instrument de lutte. Ce n’est pas le cas de la Tribune au contraire des journaux comme Le réveil de Madagascar paru en 1907, Le Libéré à partir de 1923 paru à Paris puis sur l’île à partir de 1927 sous le nom de L’Opinion. D’autres journaux plus conservateurs voir racistes paraissent également comme La Sous France. La Tribune paraît ainsi à Tananarive, selon les époques, elle paraît d’une à trois par semaines comme indiquer à la une. Nous y retrouvons divers articles, offrant diverses opinions flattant les instances et figures coloniales importantes comme dans le tout premier article, « Au jour le jour » relatant le discours du gouverneur général de Madagascar et dépendances à la une, avec un point de vue européen et donc favorable au discours. Il y a également des avis de journaliste opposés ou plus critiques comme nous pouvons le voir avec l’article « Les décrets économiques » du ministre M. Bonnet ou dans la « Tribune Libre » abordant l’élevage et remettant en question les possessions de bétail de l’île et qui provoque la colère du journaliste qui signe de ces initiales E.B. Nous retrouvons également une certaine confidentialité autour des personnes signant les articles, qui parfois ne laissent pas même leur initiale, le premier article est signé X par ex quand d’autres ne sont même pas signé. c) La une tournée vers l’occident Nous pouvons également voir que la une du journal est consacré presqu’exclusivement aux évènements internationaux ou coloniaux impliquant ainsi la France. La chronique « Nos sans-fil » informe des évènements occidentaux se déroulant en Allemagne, aux Etats-Unis, en Espagne et en France par exemple dans des domaines culturels avec « L’art dégénéré » en Allemagne sous Hitler, sportifs avec un record de course battu en France, politiques avec la Guerre civile en Espagne, les problèmes opposant des pacifistes au président Roosevelt aux Etats-Unis afin d’informer les européens vivant à Madagascar des dernières actualités puisqu’il n’existe pas de radio ou d’autres moyens de le savoir. En cela, nous pouvons voir que le journal s’adresse avant tout aux européens. Les malgaches lettrés, souvent faisant parti de l’élite de l’île pouvaient également s’informer de ce qu’il se passait en Europe par la même occasion.

La Tribune de Madagascar et Dépendances II.

A l’échelle locale et régionale : entre inégalités, tensions et revendications a) Développer l’île et s’adapter à la capitale

Ce journal nous apprend également à travers les séries d’article que la ville de Tananarive a continué de se développer et de se moderniser avec la présence des européens. Ceux-ci ont du s’adapter aux architectures déjà existantes, construites sous le règne de la reine Ranavalona Ier et ressemble de plus en plus à une ville européenne. En effet, la rubrique « Choses & autres, chronique locale » de la page deux nous apprend que la ville possède un ciné-théâtre, un théâtre municipale où sont organisés des soirées de bienfaisance réunissant militaires, colons et membres importants de la société à la fois européens et malgaches. Nous apprenons que plusieurs évènements publics sont réalisés comme une tombola, une kermesse, une exposition canine par exemple. Souvent ces évènements sont réalisés au profit d’association cependant européenne comme la Caisse d’A ssistance aux colons, l’Association des Officiers d’Active et de Réserve de Tananarive mais également malgache comme avec L’Amicale des journalistes et écrivains malgaches. La capitale s’est ainsi développée sur le modèle de ville occidentale. Nous pouvons également voir que la région se développe aussi. La ligne de train reliant les villes de Tananarive à Tamatave ouverte en 1913, est devenue un axe essentiel du développement de l'économie malgache et dessert plusieurs gares. La « chronique régionale » page deux nous apprend qu’il existe d’autres lignes comme celle du Lac Alaotra ainsi que la création de route permettant la circulation de véhicule, l’extension d’un service postale aérien dans le Nord de l’île. Plusieurs évènements publics sont également organisés comme des foires, rencontres sportives, fêtes sportives. Des associations de rugby, de football existent. Dans le Sud, nous pouvons voir le développement d’un service de transport commun et de la création d’un tribunal à Anjozorobe. Les publicités nous apprennent que des teintureries, des cinémas sont également ouverts. b) Entre inégalités et revendications Cependant ce journal nous apprend également que des inégalités persistent au sein de l’île entre les populations européennes et malgaches mais aussi entre la capitale et autres régions. Concernant l’élevage, la côte est étant pénalisé par son manque de production contrairement aux autres régions qui élèvent des bœufs, zébus et ont une source de revenu par la vente du bétail. La page trois nous apprend que des attaques ont eu lieu dans le Sud de l’île, l’article parle d’insécurité et ce sont les Fahavalo ("ennemis") qui sont mis en cause destruction des villages. Ce sont des Malgaches opposés à la colonisation de Madagascar par la France, qui ont affrontés les européens à la fin de l'expédition de Madagascar en 1895 et qui a conduit entre autre à la une campagne militaire, une mission de « pacification » de l’île par le nouveau pouvoir colonial. Finalement nous pouvons dire que les dissociations entre les malgaches et les européens persistent, la capitale est peuplée majoritairement d’européens et non de malgaches d’une part. D’autre part, le premier article de la rubrique « mon carnet » montre les revendications des malgaches quant à la volonté de diffuser sa culture notamment à travers le développement du cinéma en langue bantoue avec des acteurs et des lieux de tournages locaux, que les malgaches souhaitent également développés à Madagascar. Révélant le renforcement et la diffusion de la culture occidentale à Madagascar à travers le développement et la modernisation de l’île qui cependant ne permet pas le diffusion de la culture locale malgache.

La Tribune de Madagascar et Dépendances c) Les tensions en Europe au sujet des colonies Egalement le journal pose la question de l’influence étrangère remise en question en Europe. A la une, l’article sur « l’art dégénéré » écrit au mois d’aout revient sur la décision d’Hitler d’éliminer toutes les œuvres d’art moderne qu’il qualifie de dégénéré. Il y a une crise dans le monde de l’art à cause du style cubique qui selon l’auteur reflète la pauvreté de l’inspiration. Egalement dans le domaine de la musique, le journaliste dit que c’est un ensemble de bruit dont la mélodie est étrangère. L’auteur nous apprend également qu’il y a des plaintes des français concernant les colonies, l’homme politique Eugène Lautier dit même que la « France n’est plus française » car il y a une forte diffusion des cultures étrangères des colonies. La France est comparée à l’Allemagne, qui à une volonté de retourner à une saine tradition, glorieuse réputation du pays et qui revendique contradictoirement les anciennes colonies allemandes, refusé par le parlement britannique comme l’indique le premier article de la rubrique « Nos sans-fil » page une. Ce qui est ironique puisque l’occident et notamment la France ont fortement influencé et imposé leur culture au sein de leurs colonies.

En conclusion, nous pouvons dire que la presse est une source qui nous a permis d’en apprendre plus sur le développement de Madagascar, de sa modernisation qui se confond presque avec le renforcement de l’occidentalisation mais freine la diffusion et ne permet pas de mettre à profit les nouvelles technologies à la culture malgache....


Similar Free PDFs