La vérité dissertation philo PDF

Title La vérité dissertation philo
Course Philosophie
Institution Lycée Général
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Cours de philosophie terminale sur la vérité...


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La vérité Introduction au thème « Nous souhaitons la vérité, disait Pascal, et ne trouvons en nous qu’in- certitude... Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bon- heur, et sommes incapables ni de certitude, ni de bonheur... » (fr. 437 1). D’emblée, Pascal lie le bonheur à la recherche de la vérité comme l’avaient fait avant lui Platon, Aristote et toux ceux qui les ont suivis. Bien loin de devoir les imaginer « avec de grandes robes de pédants », il faut, dit-il, comprendre que leur démarche avait pour but de venir en aide à la folie des hommes. Ils ont eu le génie de comprendre que la recherche de l’un (la vérité) conditionnait l’avènement de l’autre (le bonheur). Mais comment trouver ce qu’on ne connaît pas ? Où le trouver et comment le recon- naître ? C’est en voyant les hommes errer, en proie aux fureurs de ce que la tragédie appelait le Destin que la philosophie est partie à la recherche de ce qui pourrait rendre l’homme heureux « en tant qu’il a une âme » pré- cisait Platon. Si les hommes sont la proie du Destin, n’est-ce pas parce qu’ils sont aveugles à la Vérité ? S’ils s’égarent, n’est-ce pas parce qu’ils en ignorent la Voie ? Partant de l’ignorance originelle, les philosophes sont donc partis à la recherche de ce qui viendrait y remédier en traçant de multiples sentiers, en esquissant des pistes diverses, à partir de points de vue parfois totalement opposés. On s’est ainsi demandé, écrit Roger-Pol Droit, si la vérité « réside au ciel ou sur terre. Est-elle révélée par un message divin transmis aux hommes ? Ou bien n’est-elle au contraire qu’une réalité humaine, construite pas à pas par notre esprit ? Est-elle objective, indépen- dante de nous ou relative à nos outils intellectuels et à nos capacités men- tales ? 1. Les références aux Pensées de Pascal renvoient à l’édition Brunschwicg (Hachette). 5 La vérité Où se tient la vérité ? Hors de nous ? En nous ? En Dieu ? Dans les choses du monde ? Dans les évidences les plus simples ou dans les théories les plus compliquées ? Dans la raison ou dans le cœur ? Dans l’éternité ou dans l’his- toire ? Dans l’individu ou dans la collectivité ? Autour de ces questions et de quelques autres encore se sont construites et ramifiées des réflexions multi- ples. Sans oublier celles qui mettent en cause l’idée même de vérité. N’est-elle qu’une illusion ? Une histoire que les humains se racontent, une sorte de fantasmagorie ? Une toile que nous avons tendue sur le monde pour nous convaincre que nous le maîtrisons ? La vérité ne devrait-elle pas être suspectée, mise en cause, soupçonnée de cacher des volontés de domination, sous couvert de vouloir seulement et objectivement connaître. » (Une brève histoire de la philosophie, Flammarion, 2008) Ce qui est sûr, c’est que la philosophie a voulu être un discours de vérité capable de dissoudre les préjugés de l’opinion, les superstitions, les illu- sions. Avant même que Platon n’affirme contre les sophistes le caractère essentiel du lien qui unit le discours philosophique à la recherche de la vérité, Parménide le proclame dans son poème didactique sous une forme qui emprunte encore beaucoup à la représentation religieuse. Les scep- tiques grecs eux-mêmes déclarent la chercher, mais en vain. De là le nom de « zététique » qui fut donné à leur école : l’école « chercheuse ». Seul Protagoras, le grand sophiste auquel Platon donne généreusement la parole dans le Théétète, prétend abolir tout rapport du discours au vrai, affirmant la relativité absolue des points de vue sur le monde. Platon le récuse et, avec lui, tous les sophistes, traçant ainsi avec une netteté particulière la ligne de partage entre la philosophie et ce qu’il juge être sa contrefaçon. Toute l’histoire de la philosophie, des présocratiques à Heidegger, peut se résumer à cette recherche de la vérité, titre que Male- branche au XVIIe siècle donna à son œuvre majeure. Les Modernes ont certes eu tendance à ne voir dans le vrai et le faux que des attributs du discours ou du langage et non pas des choses, insistant sur la nécessité absolue de déjouer les pièges du langage qui peut travestir la pensée. Ainsi, 6 Hobbes peut-il dire que « Vrai et faux sont des attributs de la parole, et non des choses. Là où il n’est point de parole, il n’y a ni vérité ni fausseté [...] La vérité consiste à ordonner correctement les

dénominations employées dans nos affirmations » mais jamais il ne conteste la légitimité de la raison. Nietzsche à la fin du XIXe siècle franchira ce pas et jettera le doute sur la légitimité de l’idée même de vérité. Il n’empêche que le problème de la vérité demeure authentiquement philosophique, ne serait-ce que par la question de savoir si la « vérité » est à chercher dans la position de problèmes scientifiques et la réflexion épistémologique ou plutôt dans le choix d’engagements sociaux et politiques, éthiques et religieux, esthé- tiques et existentiels, etc. Peutêtre faut-il la chercher dans la conversion ontologique, qu’elle prenne l’allure des religions, ces grandes fresques symboliques qui s’offrent à notre interprétation grâce à l’herméneutique savante, ou leur version démythologisée par laquelle Heidegger tente de nous faire retrouver les voies d’un accès prétendument perdu au mystère même de l’existence dans la manifestation omniprésente de la « vérité de l’Être » ? Peut-être faut-il, plus que jamais, la chercher au milieu des décombres d’une civilisation qui, ayant séparé la science et la sagesse, souffre de l’hypertrophie de l’une en s’étant rendue orpheline de l’autre ? Ce qu’on peut dire d’emblée, c’est que les termes dans lesquels s’est posée la question de la vérité en Occident sont tout à fait particuliers. La problématique originelle de la vérité dans la métaphysique occidentale ne se fonde pas, en effet, sur une évidence naturelle qui serait commune à toutes les cultures : la distinction de l’« Être » et du « paraître ». C’est dans cette distinction que prend son origine le projet de la philosophie et de la science. Dès lors que la métaphysique a conçu l’« Être » comme « Physis » ou « Nature », la vérité ne pouvait plus être pensée que dans le champ de la Physique ou de la « Méta-physique ». Qu’entendaient exacte- ment les Anciens quand ils parlaient de la Physis ? Non pas quelque chose qui tombait immédiatement sous les sens, mais quelque chose d’intelli- gible qui permettait de rendre raison du sensible car « La Physis, disait déjà Héraclite, aime à se dérober à nos yeux ». Elle aime à se cacher, d’où l’idée que l’on retrouve encore chez Galilée des « secrets de la nature ». La Physis Introduction au thème 7 La vérité est ce qui « est » au-delà du visible qui « paraît ». La vérité a donc, dès l’ori- gine, été liée au refus de s’en tenir au visible et au sensible pour accéder à l’intelligible accessible au seul discours rationnel, le « logos ». La vérité, dès lors, est discours sur l’« Être » au-delà des apparences : elle est d’abord ontologique avant même d’être logique. Double, relevant du discours et de l’Être, elle est à la fois soumise à des critères intérieurs à l’élément même du discours (évidence, clarté, correction logique, non contradiction) et à des critères extérieurs à cet élément (exactitude, conformité à l’Être, adéquation à la « réalité véritable »). Condition nécessaire (mais non suffisante) de la vérité ainsi comprise, la cohérence logique suppose que corrélativement l’Être ne se contredise pas lui-même. Ce qui détermine en dernière instance la vérité du discours cohérent, c’est sa conformité à la cohérence ordonnée de l’Être conçu comme « Nature » et « Cosmos », c’est-à-dire comme « ordre ». Cette conception se retrouve au XVIIe siècle chez Descartes et Spinoza notamment. Toute la philosophie classique se réfère à cette double conception de la vérité comme adaequatio rei et intellectus, adéquation de la chose et de l’esprit, et comme évidence dans laquelle le « vrai » se donne comme « indice de lui-même » : verum index sui dit Spinoza, le philosophe qui, pourtant, s’exprime à la façon des géomètres et de leurs démonstrations. Ainsi, Spinoza appelle-t-il vraie « l’idée adéquate », évi- dente de par sa non-contradiction intrinsèque et correspondant à l’ob- jet extérieur dont elle est l’idée. La représentation est dite vraie parce qu’elle est garantie par une réalité conçue elle-même comme vraie. De même pour Descartes qui fonde la légitimité de l’adhésion à nos représen- tations claires et distinctes sur la garantie de l’existence divine. La vérité n’est pas seulement être, elle est évidence. Et il n’y a de vérité que pour un esprit. C’est cette façon de poser le problème qui change avec Kant. Alors que la pensée classique posait que le sujet trouvait la vérité immanente aux choses mêmes, Kant affirme que la « chose en soi » est par définition incon- naissable car connaître c’est, pour un sujet, être en relation avec un objet.

8 La connaissance se limitant aux phénomènes, ne peut être que relative au sujet ; ce n’est donc que dans la sphère de la représentation que se déploie la recherche de la vérité. À la fin du XIXe siècle, dans un tout autre contexte, Nietzsche fera peser le soupçon sur la validité même du concept de vérité, y compris dans les sciences. Ce qui prédomine dans cette conception double, c’est en fait l’aspect de l’adéquation que nous retrouverons lorsque nous examinerons le statut de la vérité scientifique. Ce qui est sûr, c’est que les conceptions de la vérité ont varié au cours de l’histoire et c’est cette trajectoire de la notion de vrai que nous allons explorer. Nous verrons que la vérité revêt un aspect nor- matif extrêmement puissant : chez Platon la vérité est conçue comme norme, référent ontologique du langage, sous forme de modèles, de types idéaux, « Idées » qui s’offrent à la contemplation de l’esprit attentif. Pour- tant, si la science de l’Être doit être le pilier de la sagesse sans laquelle il n’est pas de bonheur, le langage auquel la pensée a spontanément affaire n’est pas nécessairement de lui-même révélateur de la raison des choses ; car l’homme utilise quotidiennement un langage soumis au règne de l’opinion et de l’apparence. Le langage du vulgaire se borne à refléter l’expérience immédiate, subjective et désordonnée des phénomènes ou des opinions les plus courantes. L’expression de la vérité ayant partie liée au langage, Aristote, dans sa Logique, a donc prolongé la réflexion de son maître et mis en évidence les règles permettant de construire un discours vrai2. La vérité a été conçue également comme une valeur, voire une exi- gence éthique, ainsi que le montre l’analyse du langage quotidien : il faut « dire toute la vérité », comme s’il existait un devoir de vérité. L’exigence de vérité concerne alors la morale. Il nous faudra donc aussi explorer la question du mensonge, distincte de celle de l’erreur. 2. « Faux est plus large que vrai, en ce qu’il s’emploie dans un certain nombre d’ex- pressions toutes faites, telles que fausse-note, faux-jour, faux-pas, porte-à-faux, etc. L’idée dominante y est toujours celle d’une déviation par rapport à la norme » (Dictionnaire philosophique Lalande, PUF). Introduction au thème 9 La vérité LES PRINCIPALES DISTINCTIONS À FAIRE Dans le sens commun, l’idée de vérité est mal dégagée de celle de réalité ; « c’est un vrai arbre » : il est bien présent à ma perception et il n’est pas en carton peint. A l’opposé des illusions, des fantasmes et du mensonge, la vérité se donne comme une saisie de l’être qui est . La notion de vérité n’a de sens que dans la mesure où l’homme met sa représentation d’un objet en rapport avec l’objet lui- même. Quelque chose est affirmé ou nié de l’objet : le jugement est le lieu de la vérité ou de l’erreur, celles-ci n’existent que portées par un langage. Dès lors se pose la question du critère de la vérité : par quoi la conformité à l’objet de ce qui est affirmé de l’objet dans le jugement est-elle garantie ? La réponse est simple en ce qui concerne la vie courante : c’est la constatation ou l’expérience ; elle est moins aisée en ce qui concerne la vérité métaphysique et même la vérité scientifique. La vérité ontologique : dévoilement. Les scolastiques définissaient la vérité comme l’adéquation de l’esprit (connaissant) et de la chose (connue). Mais cette formulation, qui reste très près du réalisme vulgaire, soulève des difficultés : une chose ne peut vraiment être adéquate qu’à elle-même. Si la vérité doit porter sur l’Être, il faut donc qu’il y ait non pas conformité, mais identité de nature entre la pensée et l’Être. Cette identité était postulée par l’ontologie de Parménide, de Platon, de Spinoza , affirmée exemplairement par la philosophie de Hegel. La vérité n’est pas autre chose que l’Être se dévoilant à travers un discours, un logos. Cette position est encore celle de Heidegger, qui se présente comme un retour aux sources de la philosophie grecque. La vérité logique : non-contradiction. Mais quand le discours est-il sûr de par- ler de l’Être ? Ne devrait-il pas chercher dans sa propre texture les garanties de la validité ? C’est le but que se propose la logique, qui montre qu’une proposition est vraie formellement, c’est-à-dire indépendamment de

son contenu, si on peut la construire par voie déductive à partir d’autres propositions posées comme prin- cipes ou axiomes. La vérité objective : construction de l’objet par conceptualisation. La certitude logicienne est vide ; il faut que le langage retourne au réel. Et à ce contact la vérité se fragmente : il n’y a plus que des vérités propres à un domaine déterminé du réel, à une région limitée de l’être. Il appartient à chaque science d’explorer ces régions et de formuler ses propres critères pratiques de « sa » vérité, que l’épistémologie vient mettre en question. Celle-ci découvre alors que ce ne sont pas seulement les « faits » qui servent de pierre de touche à la théorie scientifique, mais la théorie qui leur donne sens. L’épreuve des faits vient vérifier ou modifier la théorie. La vérité scientifique apparaît ainsi comme une conceptualisation progressive du réel. 10 À LA MORT DES TRADITIONS, LA RECHERCHE PHILOSOPHIQUE DE LA VÉRITÉ OSCILLE ENTRE DOGMATISME ET SCEPTICISME Si la philosophie a prétendu d’emblée être une recherche de la vérité, c’est qu’elle est née à une époque où la tradition de sagesse s’effondrait, déstabilisée par des hommes qui détournaient la parole de son usage légitime au profit d’une tech- nique de séduction : la rhétorique mensongère des sophistes visant à capter l’ad- hésion du public par la « vrai-semblance ». C’est donc à partir du sentiment de la perte de la vérité que la pensée a tenté d’en organiser la recherche. Les sceptiques grecs eux-mêmes (Pyrrhon 365-275 av. J.-C.) déclaraient la chercher, d’où le nom de « zététique » qui fut donné à leur école : l’école « chercheuse ». Toute l’histoire de la philosophie témoigne de cette inlassable recherche dont l’issue balance entre les certitudes dogmatiques (le dogmatisme est la croyance que la raison peut tout connaître) et le doute sceptique (le scepticisme est la croyance que la raison ne peut rien connaître avec certitude). Pour Pascal, les hommes ne sont ni possesseurs ni dépossédés du vrai. « Nous avons une impuissance à prouver, invincible à tout le dogmatisme, nous avons une idée de la vérité invincible à tout le pyrrhonisme. » Cette pensée de Pascal situe les termes entre lesquels s’opère la recherche (1157). L’er- rance moderne dans ce domaine vient du divorce de la science et de la sagesse qui s’est opéré au XVIIe siècle avec l’invention de modèles mécanistes du réel dont la description fut formalisée par le langage mathématique. La modernité a oublié ce que distinguaient fort bien les Anciens. Les stoïciens distinguaient en effet le vrai, qualité d’une proposition et la vérité, état de l’âme du sage qui a assimilé, qui vit de ce que les propositions vraies énoncent : la vérité est un état ontologique, alors que le vrai n’est qu’une qualité logique. On peut dire le vrai sans le comprendre, on peut savoir par cœur des formules de sagesse sans les avoir existentiellement intériorisées, comprises et par conséquent sans pouvoir en vivre, condamné à errer en aveugle sur les chemins de la vie. Le regain contemporain d’intérêt pour la philosophie témoigne comme ce fut le cas au Ve siècle av. J.-C. en Grèce de la rupture de transmission d’une tradition que l’on ne comprend plus....


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