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SOCIOLOGIE L1 STAPS UPEC 2020 CM4 Ce cours est destiné aux étudiants de L1 STAPS de l’UPEC. Il est privé et ne doit pas être diffusé !

PLAN I . Rappel du CM3 ............................................................................................................................................ 2 A.

Les grands auteurs de la sociologie .................................................................................................... 2 A.1 Marcel Mauss .................................................................................................................................... 2 A.2 Norbert Elias...................................................................................................................................... 3

B.Définir le sport :........................................................................................................................................ 4 B1. Pourquoi définir ................................................................................................................................ 4 B2. Sportivisation - sportification ............................................................................................................ 5

II.La praxéologie motrice ................................................................................................................................. 6

III Sport et politique......................................................................................................................................... 8 Sport et totalitarisme .................................................................................................................................. 8 Sport et libéralisme ................................................................................................................................... 10 Financement et régulation du monde sportif ........................................................................................... 13 Le haut niveau ........................................................................................................................................... 14

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I . Rappel du CM3

A. Les grands auteurs de la sociologie

A.1 Marcel Mauss

Marcel Mauss est un incontournable de la sociologie pour deux raisons : il a travaillé sur le fait social total agrandissant le concept définit par E Durkheim et en ajoutant une dimension systémique dans l’analyse des faits sociaux. Il a notamment réalisé un travail sur le don, et la circularité de l’échange. Il démontre notamment le fait structurant des échanges. A ce titre il est repris en management, en économie, en politique et dans les sciences sociales. Le don a un sens social. Marcel Mauss affirme dans Essai sur le don (1924) que la banalité de l’opération, qui se limiterait en apparence à une initiative individuelle bienveillante, dissimule en réalité sa très forte dimension rituelle collective. En analysant les cérémonies décrites par des études ethnologiques, il met en lumière le fait que l’échange n’y est pas forcément économique, puisqu’il sert surtout à régler quantité d’interactions sociales nécessaires à la vie et à la cohésion de la communauté M. Mauss a aussi travaillé sur les techniques du corps. (1934) Les techniques du corps sont « les façons dont les hommes, société par société, d'une façon traditionnelle, savent se servir de leur corps ». Les techniques du corps sont apprises et non naturelles. Les techniques du corps sont « des montages symboliques qui varient selon • • • •

le sexe, l’âge, la position sociale la culture d’appartenance

L’analyse des techniques du corps ne s’arrête pas à une classification des comportements dans une large encyclopédie gestuelle. Elle implique néanmoins une catégorisation méthodique de chaque technique, envisagée comme des «actes traditionnels et efficaces» (ibid. p.371). M. Mauss « appelle technique un acte traditionnel. Il n'y a pas de technique et pas de transmission, s'il n'y a pas de tradition ». Ainsi, chaque technique du corps se constitue à partir d’autres techniques du corps. En effet, la danse inclut les techniques manuelles et les techniques de marche, saut, etc. Chaque technique du corps appartient à un système plus large de techniques: la danse fait partie des techniques de mouvement. En bref, les techniques du corps appartiennent à un ensemble qui compose un discours cohérent. Elles constituent un langage. Mauss nous invite à considérer cette notion à partir d’un «triple point de vue [ celui de "l’homme total"[...]».

biologique, psychologique et sociologique], Mauss place au centre de sa réflexion une triple conception du corps. 2

Il insistera plutôt sur la détermination culturelle et sociale des techniques du corps. Il existe des adaptations psychologiques individuelles[...], généralement commandées par l’éducation, et au moins par les circonstances de la vie en commun, du contact» . Les faits psychologiques constituent des processus d’adaptation individuels ou des variations de la norme, quant à elle, déterminée par un patrimoine socioculturel. Le groupe social se trouve à l’origine de la création des techniques du corps. Il impose des modèles que les individus peuvent s’approprier, rejeter ou dévier dans la forme, comme dans le contenu. Les adaptations individuelles dépendent donc de déterminations sociales. Si Mauss reconnaît la part du psychique et de l’adhésion personnelle aux valeurs du groupe de référence dans son langage corporel, il affirme la surdétermination sociale.

A.2 Norbert Elias Norbert Elias est une sociologue Norbert Elias est un écrivain et sociologue allemand, né en 1897 , mort en 1990 à Amsterdam. Il est l'auteur d'un ouvrage majeur de sociologie historique, Sur le processus de civilisation paru en 2 ouvrages : La Civilisation des mœurs et La Dynamique de l'Occident. La civilisation des mœurs : Elias y analyse la civilisation occidentale comme le produit d'un processus séculaire de maîtrise des instincts, d'apprivoisement des désirs et de domestication des pulsions humaines les plus profondes. Il considère que l'organisation sociale des cours royales a joué un rôle majeur dans cette lente évolution. Pour lui, la transformation des pratiques (notamment physiques) va de pair avec un processus de civilisation de la société européenne du Moyen Âge à nos jours. Cela révèle d’une nécessité impérative pour l’individu -

de contrôler ses émotions, maîtriser ses pulsions et d’une mise à distance du corps

Dans Sport et civilisation : la violence maîtrisée (co-écrit avec Eric Dunning 1986) Norbert Elias considère qu'il y a une rupture entre des pratiques anciennes très violentes et le sport moderne réglementé. Dans cette perspective, le sport offre un espace particulier, car il n’entre pas dans le cadre des activités routinières mais consiste en une pratique ou un spectacle librement choisi en dehors des contraintes sociales habituelles. Le sport est instrumentalisé en devenant un « espace toléré de débridement des émotions », un moyen de « contrôler - décontrôler » les émotions. « La plupart des sociétés humaines proposent des mesures pour se protéger contre ces tensions qu’elles créent ellesmêmes. Dans les sociétés ayant atteints un niveau relativement avancé de civilisation […] il existe une grande variété d’activités de loisir, dont le sport, qui ont précisément cette fonction….. à lire sur le paddlet ou sur CAIRN à partir de votre espace bibliothèque (paddlet => CM3 => à lire « sport & civilisations : la violence maitrisée ? » 3

B.Définir le sport :

B1. Pourquoi définir

Définir le sport est essentiel car il permet de savoir de quoi on parle et limite les enjeux des débats. Les définitions et les origines des définitions sont variées . Selon le secteur (économiques, politiques, éducatifs, social, historique) les définitions peuvent être différentes . Plusieurs définitions existent. Maxime Travert et nicolas Mascret définissent la culture sportive , Edition revue EPS, 2011

Ils différencient les pratiques institutionnalisés et non institutionnalisés. P. Parlebas détermine une codification pour définir le sport par rapport aux activités physiques ou aux jeux. Le sport c’est « l’ensemble des situations motrices codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées » . Selon Pierre Parlebas les traits distinctifs sont : • • • •

Situation motrice Compétition Règlementation Institutionnalisation

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B2. Sportivisation - sportification P. Parlebas et P Bordes évoquent un double processus de sportivisation et de sportification pour expliquer la dynamique par laquelle passe une activité physique pour devenir un sport.

Sportivisation : Processus qui consiste en ce qu’un individu, une population, une pratique, ou par extension un domaine, présentent certaines caractéristiques fonctionnelles apparentes d’un sport sans pour autant s’inscrire dans le cadre institutionnel d’une organisation sportive » (Bordes, 2008).

Sportification : Les transformations que subissent les jeux et plus généralement les pratiques physiques de divertissement lorsqu’elles deviennent des sports. Vers une reconnaissance par les instances de tutelle, d’une pratique codifiée et centralisée

Ex : le crossfit, à l’origine une pratique physique d’entretien et de renforcement est devenue en quelques années une activité sportive. Mat Fraser , champion . Il s’agit d’un processus de sportivisation (lactivité prend des allure de sport, entrainements, compétitions…) et puis il y a une reconnaissance (Sportification) avec une fédération affinitaire. Ex : le quidditch Ex : le hiphop Ex : la marche aquatique côtière ou longe-côte.

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II.La praxéologie motrice Le fondateur de la praxéologie motrice est Pierre Parlebas. Professeur en STAPS puis à la Sorbonne, il est également Docteur Honoris Causa de façon internationale puisque l’université de Lleida en Espagne en 2002, et l’université de Campinas au Brésil en 2015 lui accordent ce titre. La praxéologie motrice propose une classification qui se base sur les critères de la logique interne des sports. La logique interne est définie comme le « système des traits pertinents d’une situation motrice et des conséquences qu’il entraîne dans l’accomplissement de l’action motrice correspondante » (Parlebas, 1999, p216). Deux éléments permettant la classification sont alors pris en compte : le milieu de pratique et les autres participants à l’activité. •

La présence d’incertitude sera notée I, son absence I (appelé I barre ou bien non I) ;

•

la présence de partenaire sera noté P, son absence P (appelé p. barre ou bien non P) ;

•

la présence d’adversaire sera noté A, son absence A (appelé A barre ou bien non A).

Ex : la course de l’america’s cup (défi en voile) https://youtu.be/VQUl_hf6yo8. Est une activité qu’on peut classer comme PAI La natation (100 m Nage livre) est une activité classée . 𝑝 . a . ⅈ. Trouvez une activité psychomotrice : Trouvez une activité sociomotrice P 𝐴 I :

Il crée un simplexe :

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Classe Ø : gymnastique, natation,… Classe I : alpinisme solo,… Classe p. : aviron (sauf skiff),… Classe A : boxe, judo, escrime,… Classe IP : alpinisme en cordée,… Classe IA : motocross,… Classe PA : football, rugby,… Classe IPA : coupe de l’América,…

En remplissant les sommets du simplexe selon trois aspects différenciés mettant en jeu différentes institutions sportives, par les pourcentages concernés, il apparaît une valeur quasiment invariante : que ce soit aux jeux olympiques, sur les subventions ministérielles aux fédérations sportives ou sur le nombre de licenciés fédéraux, trois classes réunissent à chaque fois une valeur très proche de 80 %.

Ce sont les classes Ø, {A} et {PA}, soit celles impliquant seulement les sports totalement individuels, les duels d’individus et les duels d’équipes. Les données récoltées dans l’ouvrage de Pierre Parlebas (1999) portent sur la fin des années 1970, mais il est à peu près certain qu’en s’intéressant à des données plus récentes on trouverait les mêmes valeurs, même si le discours Parlebasien doit commencer à avoir une influence dans un sens positif. Il n’est pas douteux qu’aux jeux olympiques le pourcentage de 80 % des trois classes majoritaires soit resté invariant jusqu’à présent, et il est facile (mais un peu long) de l’étudier, ce qui peut constituer un exercice intéressant à effectuer.

De ce constat, et de celui qui est corollaire, qui est que les sports favorisés par l’institution sont dans la grande majorité des sports sans incertitude de milieu de pratique, il est possible d’en déduire l’affirmation suivante : l’institution sportive n’aime pas l’incertitude.

Exemple de QCM La sportivisation est un processus qui permet à ❑ Une fédération d’obtenir des subventions ❑ Un sport d’être reconnu ❑ Une activité physique de devenir un sport La sportification est un processus qui permet à ❑ À une activité physique de devenir un sport 7

❑ B un sport de devenir officiel ❑ C un sport de se légitimer

III Sport et politique Sport et totalitarisme Les régimes totalitaires ont plus que les autres, compris l’intérêt de mener une politique d’organisation et d’encadrement du sport. Parmi les trois pays suivants, l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et l’URSS, on peut identifier trois processus identiques : le contrôle de toutes les activités par une administration d’état forte, la volonté de former un homme nouveau et une volonté de propagande à travers les résultats aux compétitions internationales.

Italie : Les premières réalisations de l’état italien vont concerner la régulation et le contrôle du sport spectacle. En effet le Calcio connait de nombreux affrontements violents entre supporters ; lors d’une rencontre, les Tiffosi de Bologne tirent au révolver sur ceux du Genoa. L’état fasciste applique dans le monde sportif sa politique de contrôle de l’ordre public. Les associations sportives, souvent bourgeoises, ouvrières ou catholiques sont dissoutes ; on assiste dès lors à une mainmise de l’état sur l’organisation du sport à travers la mise en place d’administrations. Il y a une réorganisation des structures existantes. Le comité olympique national italien est l’organe responsable de la politique sportive de l’état : il finance les équipements sportifs, il nomme les dirigeants des fédérations et contrôle les actions de propagande politique. L’Italie Fasciste : Le sport sous la devise : CROIRE, OBEIR, COMBATTRE

Allemagne L’accession des nazis au pouvoir, les associations sportives ouvrières sont dissoutes en Allemagne, seuls les clubs issus de la bourgeoisie ou des milieux conservateurs nationalistes sont autorisés mais placés sous contrôle. Ils mettent en place une organisation pyramidale avec, au sommet, le Deutscher Reichsbund für Leibesübungen (DRL), organe directeur des sports et de

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l’éducation physique du IIIe Reich qui va contrôler d’une main de fer l’éducation physique, le sport fédéral et le sport ouvrier.

URSS En URSS, l’absence d’une structuration forte du mouvement sportif va permettre au régime soviétique de mettre rapidement en oeuvre son organisation propre. En revanche, le sport est considéré comme une activité bourgeoise, incompatible avec la révolution ouvrière ; l’état développe alors un système sportif alternatif grâce au conseil supérieur de la culture physique. Parallèlement, on retrouve une organisation militaire et paramilitaire du sport. Seul pays communiste, l’URSS se sent menacée et voit dans le sport un moyen efficace de former des soldats. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’armée a une emprise totale sur le sport.

La formation d’un homme nouveau par le sport et l’éducation physique : Les régimes totalitaires saisissent rapidement l’intérêt du rôle du sport de haut niveau comme outil de propagande et de rayonnement international. D’abord suspicieux envers le sport de haut niveau et surtout le football, accusé de déchaîner trop fortement les passions, le régime de Mussolini se lance dans la construction de grands stades afin d’accueillir les compétitions sportives. Le point d’orgue de cette politique sera l’accueil en 1934 de la deuxième coupe du monde de football. Le succès est double pour le régime fasciste, d’une part l’équipe italienne remporte la compétition, d’autre part la presse étrangère salue de manière unanime la qualité de l’organisation et la modernité des stades. Mussolini va s’appuyer sur cette réussite sportive en se mettant en scène régulièrement en tenue de sportif et en s’affichant à côté des champions de l’époque comme le boxeur Primo Carnera, colosse de 2,05 m et 120 kg, champion du monde poids lourd en 1933. Cette réussite italienne est supplantée par les Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Les nazis font de cette compétition sportive le plus grand événement médiatique des années 1930. Ce ne sont pas seulement des installations sportives ultra modernes qui sont inaugurées mais tout Berlin est remodelé pour accueillir les spectateurs du monde entier. Ces Jeux Olympiques sont marqués par l’orchestration d’une véritable mise en scène comme en témoignent le salut nazi omniprésent et pour la première fois l’embrasement de la vasque olympique. Le film documentaire réalisé par Leni Riefenstahl exalte la virilité et l’esthétique nazie et parachève la propagande du régime hitlérien. 9

« Le jeune Allemand doit être mince et élancé, agile comme un lévrier, résistant comme le cuir et dur comme l’acier de Krupp. » Adolf Hitler, Mein Kampf, 1924.

En France L’éducation physique de la jeunesse est une obsession pour le régime de l’octogénaire maréchal Pétain. C'est le « mousquetaire du tennis » Jean Borotra qui est chargé de renforcer les corps et d'embrigader les esprits. Par la Charte des sports du 20 décembre 1940, imitée de la Carta dello sport de 1926, le commissaire général à l’éducation générale et au sport prend le contrôle des fédérations sportives. à compter de 1941, lors des principales manifestations sportives, le salut olympique est effectué et le Serment de l’athlète déclamé : « Je promets, sur l’honneur, de pratiquer le sport avec désintéressement, discipline et loyauté pour devenir meilleur et mieux servir ma patrie. »

En Allemagne et en Italie, la pratique sportive qui est en plein essor dans toute l’Europe dans l’entre-deux-guerres sert de moyen pour uniformiser les pensées et contrôler le corps social. La recherche de la pureté de la race et l’exaltation de la force se fait à travers le redressement physique et moral du peuple. => EUGéNISME

En URSS, le sport est dans un premier temps délaissé au profit d’une culture physique motivant le changement social et le perfectionnement des individus. Tous les régimes totalitaires ont utilisé le sport comme un outil de propagande pour manifester la supériorité d’une race ou d’un régime politique. (pour en savoir plus : lire l’ouvrage « le sport à l’épreuve du nazisme »)

Sport et libéralisme Définition : le libéralisme est une doctrine selon laquelle la liberté économique, le libre jeu de l'entreprise ne doivent pas être entravés. Le libéralisme considère que la société est le résultat des volontés, désirs et intérêts de chaque personne sans qu'aucune autorité extérieure (monopoles, Etat), ne puisse imposer par la force un ordre social et des règles de conduites contraires à ce que désirent les hommes.

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Depuis ses débuts, le sport apparaît comme une ressource particulièrement efficace en politique, ce qui a conduit les gouvernements à s’intéresser à la question et à s’engager dans un processus d’institutionnalisation et d’organisation du monde sportif. Même si on assiste à un désengagement de l’état au profit d’autres acteurs comme les collectivités territoriales ou le secteur associatif et privé, celui-ci essaye tant bien que mal de conserver son rôle de régulateur.