2 - L’énonciation selon Benveniste PDF

Title 2 - L’énonciation selon Benveniste
Course Analyse du discours
Institution Université de Limoges
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CM ENONCIATION ET ANALYSE DU DISCOURS selon Benveniste I. Les plans Les plans sont deux attitudes possibles du locuteur par rapport son Ces deux attitudes vont fonder deux discursifs : du discours : situation de communication que Benveniste qualifie de hic nunc (ici et maintenant), situation de comm...


Description

CM – ENONCIATION ET ANALYSE DU DISCOURS

L’énonciation selon Benveniste I. Les plans d’énonciation Les plans d’énonciation sont deux attitudes possibles du locuteur par rapport à son énoncé. Ces deux attitudes vont fonder deux systèmes discursifs :

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Énonciation du discours : situation de communication que Benveniste qualifie de « hic & nunc » (ici et maintenant), situation de communication standard qui se réalise ici et maintenant. Le locuteur prend la charge de son énoncé. Cela se traduit en langue par des marques temporelles et des marques personnes dans le discours. Le locuteur prend une distance minimale par rapport à son énoncé. Système observable dans la plupart des discours oraux, mais on peut également le retrouver dans certains discours écrits, par exemple, dans les correspondances, les mémoires, au théâtre, globalement dans tous les gens où il y a une situation d’interaction.

·

Énonciation historique : le locuteur va prendre une distance maximale par rapport à son énoncé. Le locuteur va relater des évènements passés. Il se contente donc de relater ces évènements passés et ne va pas intervenir. On ne va pas donc pas remarquer de marque formelle de son intervention. C’est pour cela que Benveniste dit que le récit apparaît « coupé de l’énonciation ». Le récit va présenter les évènements comme indépendant, et comme si ces évènements étaient dans une autre temporalité que celle du locuteur. Impression que les évènements se racontent eux-mêmes, que personne ne parle. Il s’agit d’un système discursif que l’on ne rencontre quasiment qu’à l’écrit, lorsque l’on raconte des faits passés. Donne l’impression que l’objectivité est maximale.

Ce sont deux systèmes qui vont avoir des traits linguistiques spécifiques. Ils vont concerner : - l’emploi des temps - l’emploi des personnes - l’emploi des adverbes - les CC de temps - les CC de lieu

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II. Spécificités linguistiques de l’énonciation du discours 1. Les déictiques



Les déictiques temporels

Elément linguistique porteur d’une indication temporelle et dont la référence va dépendre de la situation d’énonciation. Ils vont signifier une situation de simultanéité (présent), d’antériorité (passé), de postériorité (futur) par rapport à la situation d’énonciation. Parmi celles-ci on a les conjugaisons verbales. D’autres éléments peuvent constituer des déictiques temporels : -

les adverbes : actuellement, en ce moment, maintenant, hier, avant-hier, récemment, demain, bientôt, prochainement. les syntagmes nominaux : la semaine passée, lundi, l’année prochaine, ce mois-ci les déterminants : cette semaine, la semaine prochaine



Les déictiques spatiaux

Éléments linguistiques porteurs d’une indication spatiale mais dont la référence va dépendre de la situation d’énonciation. Ce qui est dit dans l’énoncé va être situé par rapport à la situation d’énonciation On va avoir : -

des démonstratifs : donnez-moi ce livre là, pouvez-vous fermer cette fenêtre des pronoms : ça, ceci, cela, celui-ci, celui-là, celle-ci, celle-là Ces pronoms sont le plus souvent accompagnés d’un geste de monstration des présentatifs : voici, voilà des adverbes : ici, là, là-bas, près, loin, haut, bas, à droite, à gauche

Ces déictiques spatiaux s’associent le plus souvent en couples d’opposés : un élément qui marque la proximité, l’autre qui marque l’éloignement. Dépend de la situation d’énonciation. Il faut faire attention à ne pas faire un amalgame, car tous ces mots peuvent également être utilisés dans des cas où ils ne sont pas des déictiques. Lorsqu’on les retrouve dans des récits par exemple on dira qu’ils sont « co-textuels » et non déictiques.

2. Les indices de personnes Benveniste fait une opposition entre « personne » et « non-personne ». La grammaire traditionnelle appelle « pronom personnel » non sont pas des personnes pour Benveniste. Il va distinguer la première personne, le « je » et le « nous », et la deuxième personne, « tu » et « vous », de la troisième personne.

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Pour lui la première personne et la deuxième personne sont les véritables indices de personnes car « je, tu, nous, vous » réfèrent à une réalité du discours. On a besoin de la situation d’énonciation pour savoir qui ils désignent. Ce qui n’est pas le cas de la troisième personne, qui va représenter des êtres ou des objets, c’est ce que l’on appelle le « délocuté ». Pour Benveniste, la troisième personne est celui qui est absent. Il justifie sa position en disant que dans la situation d’interlocution « je » et « tu » peuvent s’inverser.

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Les couples « je/tu » « nous/vous »

Parmi ces indices de personnes, on a aussi les pronoms possessifs et les terminaisons verbales de l’impératif. Généralement le « je » réfère au locuteur, le « tu » à l’interlocuteur mais ce n’est pas toujours le cas. -

Le « tu » et le « vous » génériques « Y’a des gens, tu peux pas leur faire confiance » « Dans cette voiture, vous devenez un autre homme » Phénomène présent dans des énoncés à valeur générale / de vérité générale. Dans ce cas, le « tu » ou le « vous » vont remplacer le « on » pour être un sujet universel. Ils ne renvoient pas spécifiquement à l’interlocuteur, mais ils renvoient à tout le monde. On les utilisent afin d’entretenir une relation vivante avec la situation d’énonciation. De cette façon on peut impliquer l’interlocuteur et donc on va l’intégrer comme étant partie prenante du procès.

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Le datif éthique « Avec le passage à l’euro, ils t’ont augmenté les prix » « Il te lui a mis une de ces beignes ! Le « te » ne constitue pas un destinataire. Ici, la deuxième personne va être représentée comme un témoin fictif. On peut également parler de datif éthique pour certains emplois de la première personne. Il y a alors une relation de proximité avec les acteurs du procès. « Range moi ta chambre » « Il m’a fait une varicelle ! »

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Les emplois particuliers de la non-personne ne tant que personne

Chez BENVENISTE, la 3ème personne correspond à la non-personne, le délocuté (celui dont on parle). La référence du délocuté est généralement cotextuelle (anaphorique ou cataphorique), mais elle peut également être relative aux connaissances partagées, à la situation. Il existe des cas particuliers où la 3ème personne peut faire référence à l’interlocuteur, la 3 ème personne ne fonctionne plus comme non-personne mais comme personne, elle va référer à l’interlocuteur.

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Le locuteur souhaite s’exclure de la proximité de l’échange linguistique, c’est également une façon de rompre avec l’interaction.

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Le cas de « on » « on » est une singularité du français, il est toujours compliqué de l’analyser. Il est toujours en position de sujet. Il réfère également toujours à un être humain et il peut recevoir toutes les valeurs, tous les référents. Pour pouvoir identifier son référent il va falloir distinguer trois critères : ·

« on » est-il indéfini ? Désigne-t-il une seule personne ou un ensemble plus large difficile d’identifier ?

·

« on » est-il générique ? Se rapporte-t-i à tout le monde ou un groupe de personnes ?

Quand « on » est générique il est toujours indéfini. Mais quand « on » est indéfini, il peut ne pas être générique.

·

« on » est-il exclusif ou inclusif ? Fait de savoir si « on » inclut ou non le locuteur.

« on »peut intégrer à la fois des indices de personne et de non-personne. Pour que « on » fonctionne comme indice de personne il doit répondre à trois critères (encore). Il doit être : - inclusif (inclure « je » dans la référence, ou inclure l’interlocuteur) - défini - non-générique

III. Les spécificités linguistiques de l’énonciation historique 1. Les personnes Les déictiques sont exclus. La 3ème personne est la seule personne possible car c’est la seule qui ne représente pas un acteur de communication. La référence va être co-textuelle. Les pronoms et les déterminants vont avoir une valeur anaphorique. Ils vont reprendre un élément qui correspond à un segment antécédent. 2. Les temps du verbe Ils vont être orientés vers le passé, ils sont coupés du moment de l’énonciation. Le moment de l’énonciation est à priori masqué. Le temps qui est au cœur du système historique est le passé simple, qui renvoie à un élément passé qui n’a pas de relation avec l’actualité du locuteur. D’autres temps s’appuient sur de mêmes repères temporels que le passé simple : L’imparfait, le plus que parfait, le passé antérieur 4

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Ce sont des formes qui peuvent marquer l’accompli, l’antériorité dans le passé. Autre temps possible dans l’énonciation historique : le conditionnel présent, pour marquer le futur dans le passé. Les trois temps de base du discours, passé composé, le présent et le futur, vont être exclus.

3. Les indications spatiales et temporelles Il n’y a pas d’adverbe ou de CC qui ont une valeur déictique. La temporalité va être marquée par des syntagmes tels que : la veille, ce jour-là, le lendemain etc. C’est le moment passé qui est évoqué et qui ne va pas avoir de rapport avec le moment de l’énonciation.

IV. Les limites de cette distinction Distinction contestée et contestable. -

L’énonciation historique ne garantit pas l’objectivité du locuteur. Les modalités d’énoncé (marques qui renvoient à la présence du locuteur) ne sont pas absentes du récit historique.

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Ces systèmes ne dissocient pas totalement les formes linguistiques.

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La plupart des textes mêlent l’énonciation du discours et l’énonciation historique.

Le 18 juin 1815, je sortis de Grand par la porte de Bruxelles, j’allai seul achever ma promenade sur la grande route. J’avais emporté les commentaires de César et je cheminais lentement, plongé dans ma lecture.  La présence de la 1ère personne est combinée avec l’utilisation du passé simple. Mais nous sommes tout de même dans une énonciation historique. Le « je » va se justifier par la présence du narrateur. C’est un « je » objectivé par le récit.

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