Chapitre 4 - Alain Touraine et la sociologie dynamique PDF

Title Chapitre 4 - Alain Touraine et la sociologie dynamique
Author Valentin CARLOT
Course Sociologie
Institution Université de Lorraine
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Summary

Chapitre 4...


Description

Chapitre 4: Alain Touraine et la sociologie dynamique Touraine est né en 1925. IL a notamment au cours de son parcours universitaire été directeur du département de sociologie de l'Université de Nanterre pendant les évènements de mai 68. A partir de la fin des années 60, Touraine va avec d'autres sociologues et notamment Dubet essayer de construire et d'appliquer une nouvelle méthode de recherche pour étudier les mouvements sociaux: l'intervention sociologique. La sociologie d'Alain Touraine est fondée sur 2 piliers. 1er pilier: une théorie globale que l'on va appeler l'actionnalisme, qu'il ne faut pas confondre avec l'actionnisme de Boudon, et dont le but est de montrer que la société n'est pas simplement reproduction et adaptation mais qu'elle est également création et production. La société serait selon Touraine ne capacité de se transformer, de se créer et donc de se produire elle-même. 2ème pilier: une méthode de travail particulière, dont le but est d'essayer d'aider les acteurs à se révéler à eux-même en mettant au jour les rapports et les processus sociaux. Touraine a donc produit une oeuvre tout à fait considérable autour de sa sociologie dynamique. IL faut noter que la sociologie de Touraine apparait bien moins unitaire que ne pouvait l'être la sociologie d'un Boudon. Cela se mesure parce que sa pensée a évolué entre l'un de ces premiers travaux consacrés à l'évolution du travail dans les usines Renault (publié en 1955 sous la direction de Friedmann) à un autre ouvrage de référence intitulé "La production de la société" (publiée en 1973) et "Critique de la modernité" (1992).

I)

Penser la dynamique des sociétés

La sociologie dynamique comme l'individualisme méthodoligique ou l'analyse stratégique s'oppose radicalement au structuralisme. La raison principale de cette oppposition repose sur le fait que le structuralisme ne permettrait pas de saisir la dynamique des évolutions des sociétés et donc occulterait de certaine manière la chronologie des faits sociaux. La sociologie dynamique se sistingue du structuralisme génétique de Bourdieu parce qu'il est question pour Touraine non pas de reproduction sociale mais bien de production de la société par elle-même. Ce ne sont pas les faits de structure qui interessent Touraine mais les changements, les mutations, les mouvements sociaux et plus globalement le devenir des sociétés. Touraine ne sera pas le premier à essayer d'analyser le devenir et le développement des sociétés. Toqueville s'etait fixé un objectif similaire lorsqu'il a produit ses travaux sur la démocratie en Amérique. Marx aussi lorsqu'il interrogeait la nature et les dynamiques du capitalisme. Georges Balandier va s'interesser aux sociétés en voie de développement, pour essayer de comprendre ce développement il va construire une sociologie fondée sur une double dynamique. Il va essayer de saisir les dynamiques du développement, du dedans, propre à la société en ellemême et celles du dehors. Il va proposer une sociologie s'efforçant de prendre en considération les facteurs endogènes et exogènes qui permettent de conduire au changement et au développement des sociétés. Ex: La Grèce, avec ces facteurs qui conduisent au changement. Facteurs endogènes: l'affrontement de mouvements sociaux.. Facteurs exogènes: série d'obligations imposé par le système européen sur les politiques publiques. Touraine partage la vision de Balandier, et donc partage l'idée que la sociologie doit être une science des dynamiques sociales. L'ensemble de l'oeuvre de Touraine sera dominer par la recherche d'une théorie générale de l'action historique. Il va définir la sociologie d'une manière un peu particulière. Il faut concevoir la sociologie, non plus comme la seule étude de l'acteur dont les orientations se définiraient par rapport à l'objet de l'action mais comme l'étude de l'action sociale, action d'un sujet historique dont les orientations se définissent par rapport à l'ensemble des conditions sociales. Il y a donc chez Touraine une volonté de comprendre comment les Hommes peuvent faire l'Histoire mais dans des conditions données

et héritées du passé. Il faut retrouver une forme de sociologie durckhéniemme car l'action est formalisé par des structures heritées du passé. La place de l'acteur n'est pas complètement effacée, les individus par l'intermédiaire de mouvements sont en mesure de participer et de produire le développement et le changement des sociétés. Comment change les sociétés modernes ? Comment se produisent-elles ? Dès ses premiers travaux, Touraine va s'inscrire dans cette sociollogie dynamique dans cette démarche socio-historique. Cela est visible dès son premier travail, qu'il a réalisé autour de l'évolution du travail dans les usines Renault. Dans cette recherche, Touraine va s'interesser à la société industrielle. Il va distinguer 3 phases dans ce qu'il appelle l'évolution professionnelle de l'industrie moderne. 1) La phase des manoeuvres (sens professionnelle) ou des compagnons: il estime que dans cette première phase les manoeuvres comme les compagnons disposent d'une relative autonomie dans le cgoix des méthodes de travail mais aussi dans l'organisation du travail en elle-même. Cette phase se caractérise par l'experience des ouvriers profesi-sionnelles par leur habilité, les traditions liées au métier et par leur emprise sur la machine. 2) L'organisation taylorienne du travail, également appellée phase du temps de la fabrication en série: la main d'oeuvre est essentiellement composé d'ouvriers spécialisés qui appliquent des règles déterminés qui alimentent le fonctionnement de machines simples et qui doivent s'adapter au rythme de la chaine. Le travail est fortement parcellisé, c'est l'époque de ce que Touraine appelle l'ouvrier masse et du mouvement ouvrier. 3) La requalification du travail dans laquelle on retrouve des ouvriers qualifiés, techniquement trrès compétents et qui n'interviennent plus directement dans la fabrication mais sont de plus en plus chargés de tâches de contrôle d'entretien et de surveillance. Cette évolution requiert des tâches de responsabilité. L(étude est un détour pour voir comment change les sociétés modernes. Pour voir comment se constitue l'historicité de la société, comment la société se construit par elle-même et comment elle se produit à partir de ces activités et de ces pratiques sociales et culturelles. L'objet de la sociologie de Touraine est donc de penser la dynamique des sociétés, de comprendre l'émergence de nouveaux mouvements et la constitution de nouveaux acteurs. En cohérence avec ces idées et dans un ouvrage "La voix et le regard", Touraine va considerer qu'a chaque type de société correspond un mouvement social constitué en fonction d'un contexte historique particulier. L'évolution de la société doit être entendu comme le passage d'une société industrialisée à ce qu'il appelle une société programmée. La société industrielle était caractérisé par les luttes du mouvement ouvrier. Touraine va assimiler cette société à un moment historique donc une société historique définissant les rapports sociaux dans le cadre des rapports industriels. La société programmée est caractérisé par de nouveaux mouvements sociaux, mais également par la maitrise des connaissances. Cette société post-industrielle programmée définit de nouveaux domaines de conflit sociaux vers une lutte plus implicite et indirecte. Le passage d'un type de société à un autre s'oriente vers une auto-gestion, vers un projet de société se rapprochant de l'individu. Les ordres de transformation d'une société industrielle vers une société programmée s'instaurent autour des modes d'organisation de la vie sociale. Ces modes renvoient à la fourniture et au traitement de l'information et plus généralement à l'étude des outils de gestion qui encadrent la vie sociale. Ce qui interesse Touraine sont les mouvements sociaux et l'historicité

II) Mouvements sociaux et historicité La société se construit à travers les mouvments sociaux, la société n'est pas pour lui une simple mise en forme institutionnelle d'une culture. UNe société est produite par elle-même à travaers ses luttes et conflits. On retrouve une proximité entre Touraine et Marx. Cette proximité se retrouve

dans le fait que l'Histoire de la société s'apparente à l'Histoire des luttes et conflits opposant les classes sociales. Cependant, Touraine se détourne de l'analyse de Marx lorsqu'il considère que l'objet de ses luttes et conflits ne reposent pas uniquement sur une opposition d'intérêt matériel mais repose également sur le contrôle de l'orientation culturelle de la société. Si pour Touraine, les rapports de classe sont toujours des rapports de domination dans laquelle la classe supérieure cherche à s'imposer à l'ensemble de la société. Touraine va tirer de ces rapports de classe une définition originale de l'aliénation qui suppose l'adoption par la classe dominée d'orientation et de pratique sociale et culturelle déterminée par les intérêts de la classe supérieure. Même si Touraine considère que cette domination culturelle et sociale finit par masquer la réalité des rapports de classe il constate que cette domination va malgré tout générer un certain nombre de conflits destinés à remettre en cause le pouvoir existant et donc destiner à remettre en cause la direction de l'ordre institutionnelle et organisationnelle qui président aux destinées de la société. Pour Touraine la société doit donc être entendu comme un espace où agissent et interviennent des mouvements sociaux et c'est cet élément qui le conduit à considérer qu'il n'y a pas seulement une reproduction de la société par la domination mais qu'il y a également une production de la société par elle-même à partir de ces orientations culturelles et ses conflits, ses mouvements sociaux et ses décisions politiques. C'est ce processus de production qui constitue la notion d'historicité chez Touraine On peut faire référence à "Production de la société". Touraine va bien évidemment s'intéresser au mouvement social, il va considérer que ce mouvement tient une place centrale dans l'évolution de la société industrielle. Touraine va s'intéresser au mouvement ouvrier afin de pouvoir comprendre le déclin de la société industrielle et donc l'avènement d'une autre société caractérisé par de nouveaux mouvements sociaux. Dans la suite de ses travaux, il va s'attacher à étudier les mouvements sociaux qui selon lui sont caractéristiques de la société pré-programmée (mouvement féministe, étudiant, écologiste, régionaliste). Touraine va définir le mouvement sociale comme la conduite collective ...... On retrouve dans cette définition du mouvement sociale la définition d'une autre notion qui est celle de conscience de classe et qui repose sur 3 principes. Un mouvement social ne peut tout d'abord exister que si il a conscience de sa propre identité. Un mouvement social ne peut exister que si il connait son adversaire Il ne peut exister que si il combat pour le contrôle de l'historicité. Pour Touraine, le mouvement social qui mettent en opposition les classes sociales ne peut se définir que par la lutte organisée autour d'un enjeu suprême. Cet enjeu est la maitrise de l'historicité. L'historicité doit donc être pour Touraine le thème central de la sociologie parce qu'il considère que seules les sociétés humaines ont une capacité d'autotransformation. ces sociétés possèdent une capacité à agir sur leur organisation sociale. Dans cette sociologie, les mouvements sociaux constituent des objets de choix pour le sociologue et il constitue en réalité le point de départ de l'analyse sociologique. Cette primauté accordée au mouvement sociaux se justifie car il considère que les mouvements sociaux sont les seuls à permettre cette historicité.

III) Une méthode particulière, l'intervention sociologique Cette méthode a pour objet propre la nature de l'action menée donc les rapports de classe dans des conjonctures historiques données. Cette méthode est fondée sur le travail de groupes d'intervention. Pour analyser un quelconque mouvement social, des groupes comportants une quinzaine d'individus vont être constitués. Individus directement liés à l'action sociale étudiée. Ces individus ne sont pas "réels", ils ne regroupent pas complètement la réalité du mouvement sociale étudiée, ils sont constitués uniquement pour les besoins de la recherche. Une fois ces groupes formés, ils vont rencontrer différents interlocuteurs participant directement du champ de l'action considérée. Ces rencontres vont permettre d'expérimenter des relations sociales. Le sociologue va essayer de dépasser le simple témoignage, et de dépasser la simple observation pour in fine essayer de comprendre comment se construisent des relations et en quoi ces relations permettent d'éclairer et de saisir la réalité.

Le second temps es consacré à l'élaboration d'hypothèses temporaires. Au fur et à mesure des rencontres, le groupe va finir par devenir un vrai groupe. Le sociologue tente d'expliquer et de rendre compte de la structure des positions qui va peu à peu se mettre en place. Les hypothèses formulées vont être soumises au groupe et être débattu. Par cette méthode originiale, le sociologue entend comprendre les relations sociales considerées comme essentielles car c'est au coeur de ces relations que se construisent les enjeux nouveaux qui participent d'un processus de recréation de la société. La sociologie pour Touraine et l'intervention sociologique en particulier doit être au service des mouvements sociaux qui sont pour lui les garants de la démocratie.

IV) L'Histoire du mouvement ouvrier correspond à l'Histoire de la société industrielle, cela a été le mouvement. Le déclin du mouvement ouvrier coïncide avec le déclin de la société industrielle. Lorsqu'il travaille sur le mouvement ouvrier, il va partir sur une critique de l'historiographie du mouvement ouvrier qui décrit de manière épique ou romancer ce mouvement social au lieu d'en proposer une véritable explication. Touraine va rejeter les interprétations qui considèrent le mouvement ouvrier comme une simple réponse à une situation entièrement subie. Pour lui, seule une sociologie de l'action permet d'analyser le mouvement ouvrier en respectant ce qu'il considère être le principe fondamentale de toute analyse sociologique, à savoir expliquer le social que par le social. C'est la raison pour laquelle sa sociologie se veut une science de l'action sociale. Pour fonder sa théorie, il s'appuie sur ses travaux portant sur la conscience ouvrière. Il considère d'ailleurs que le mouvement ouvrier doit être conçu comme la manifestation de la conscience ouvrière. Il considère que cette conscience ouvrière n'est pas définie par l'ensemble des attitudes des travailleurs mais qu'elle correspond à l'ensemble des conduites adoptées par la classe ouvrière en fonction de tous les aspects de sa situation dans le processus social de production. La conscience ouvrière ne devient réellement une conscience de classe qu'avec l'avènement de la société industrielle. au début de l'industrialisation, il n'y a pas véritablement de conscience de classe. La conscience ouvrière n'était alors qu'une expression d'une identité commune et de l'isolement du groupe ouvrier par rapport au reste de la société. La nécessité de la lutte n'est pas affirmée. Puis avec l'avènement de la grande industrie, avec les processus de rationnalisation de la production, les classes vont peu à peu se séparer. Le capital va de plus en plus assujetir le travail, les classes sociales vont donc se constituer en véritables groupes entrant en lutte. Cette lutte entre dominants et dominés est caractéristique de la société industrielle. Touraine va plus loin dans la descrption du mouvement ouvrier, il va le définir par son orientation vers le développement économique et la déocratie sociale vers la création et vers le contrôle par les travailleurs de leur travail. Il va attribuer au mouvement ouvrier un rôle politique puisqu'il considère que le mouvement intervient dans la distribution et l'usage économique. Ce rôle politique n'exclut pas une action plus pragmatique puisque le mouvement ouvrier entre en négociation avec les employeurs pour tenter d'améliorer la situation des travailleurs. Le mouvement ouvrier s'appuie et se nourit des revendications ouvrières et plus généralement encore du mécontentement des ouvriers generés par les processus de soummision, d'aliénation, d'exploitation des ouvriers. Ce mouvement va conduire au développement de la société post-industrielle et donc à l'émergence de nouveaux mouvements sociaux même si ces nouveaux mouvements sont à priori et jusqu'alors dans l'incapacité d'occuper la place centrale que tenait le mouvement ouvrier dans la société industrielle....


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