CM2 - LA Monarchie Absolue VUE D\'EN HAUT PDF

Title CM2 - LA Monarchie Absolue VUE D\'EN HAUT
Course Histoire Moderne
Institution Université Rennes-II
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histoire moderne L1 histoire Louis XIV...


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La monarchie absolue vue d’en haut Le 9 mars 1661, le Cardinal Mazarin meurt. Dès le 10 mars 1661, Louis XIV annonce qu’il prend le pouvoir et décide de gouverner lui-même : son règne personnel commence. Le règne de Louis XIV redéfinit le gouvernement ; le pouvoir royal est mieux obéit et intervient davantage auprès du peuple ; on peut parler de « monarchie administrative ». Il y a des changements importants dans la pratique et le ressentit de la définition de ce qu’est l’état, que ce soit pour la Très Haute Noblesse ou les plus pauvres. La pratique du pouvoir évolue et bouleverse l’Histoire de la France de manière durable. L’« absolutisme » désigne un régime politique dont on ne veut plus à partir de l’été 1789 ; le terme est anachronique par rapport au règne de Louis XIV. Il est apparu pour la première fois de la plume de Châteaubriand en 1797 dans son Essai sur les Révolutions : l’écrivain y désigne un pouvoir sans limite qui apparaît comme tyrannique. Le mot est à éviter car il est anachronique et polémique puisqu’il dénonce le régime. De plus, en l’utilisant, on risque la caricature avec le totalitarisme du 20ème siècle. Le roi « absolu » signifie « délié des lois », c'est-à-dire qu’il se place au dessus d’elles et du peuple. La monarchie est dite « absolue » en Espagne et en France, mais pas en Angleterre. I – LE COUP DE THEATRE DE 1661 A – Le 10 mars 1661, le Conseil du Roi, à Vincennes Avant, le Conseil incluait les Grands, ceux de la Très Haute Noblesse, qui avaient le devoir d’aider le roi et un certain « droit » sur le royaume. Dorénavant, Louis XIV écarte du pouvoir sa mère, Anne d’Autriche et, à vrai dire, toute la Très Haute Noblesse. Lors de ce Conseil tenu à Vincennes le 10 mars 1661, le roi fait comprendre que Mazarin n’aura pas de successeur et débute alors le règne personnel de Louis XIV, c'est-à-dire que l’accord du roi est désormais indispensable pour toutes les décisions du gouvernement. Ce jour là, le roi ne réunit que très peu d’individus : il les choisi car ils sont compétents et fidèles. Pierre Séguier est chancelier de 1635 à 1672, c’est à dire l’équivalent du ministre de la Justice actuel. Il est aussi garde des seaux et porte-parole du roi. Première personne en titre après le roi, sa fonction est inamovible. Le chancelier est la seule personne qui ne porte pas le deuil à la mort du roi car il doit symboliser la continuité de la Justice au sein du royaume. Nicolas Fouquet est surintendant des finances de 1653 à 1661. Il est l’administrateur en chef (le gérant) des finances et de l’impôt. Fouquet est mécène et protecteur des dévots : il est, pendant ce conseil, considérablement riche. Mazarin ayant conseillé ses services à Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert est nommé intendant des finances. Hugues de Lionne est le ministre d’État de 1659 à 1663, mais il intervient aussi dans les affaires étrangères. Michel Le Tellier est secrétaire d’État à la guerre de 1643 à 1677. À sa mort, son fils Louvois prend la relève après l’avoir assisté depuis 1662. Henri-Auguste de Loménie est secrétaire d’État aux affaires étrangères. Il est assisté par son fils de Brienne, puis relevé en 1663 par Hugues de Lionne qui gérera alors Nous étions donc huit en tout, savoir : M. le chancelier, M. le surintendant, mon père, M. de Lionne, M. de La Vrillère, M. Duplessis Guénégaud, M. Le Tellier et moi. Le Roi se seul les affaires étrangères jusqu’en 1671. Henri du Plessis-Guénégaud est succédé découvrit et puis remit son chapeau, et se tenant debout devant sa chaise, adressa la en 1662 par Hugues de Lionne pour la fonction parole à M. le chancelier : « Monsieur, je vous ai fait assembler avec mes ministres et de secrétaire d’État de la marine et en 1669 mes secrétaires d'État, pour vous dire que jusqu'à présent j'ai bien voulu laisser par Colbert pour la fonction de secrétaire gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moimême. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai. Hors le courant d’État à la maison du roi. du sceau, auquel je ne prétends rien changer, je vous prie et vous ordonne, M. le Louis Phélypeaux de La Vrillère est chancelier, de ne rien sceller en commandement que par mes ordres, et sans m'en avoir secrétaire d’État chargé de la religion parlé, à moins qu'un secrétaire d'État ne vous les porte de ma part. Or, je vous demande prétendue reformée (RPR). Cette fonction votre avis sur les lettres que Brienne le fils a expédiées par mon ordre et que M le reste dans la famille Phélypeaux de 1610 à Chancelier à scellées à demi. » Ensuite, le Roi se tourna vers nous, et nous dit : « Et vous, mes secrétaires d'État, je 1775. Il s’agit d’une équipe restreinte de gens expérimentés, choisis non plus par « droit » ou même par prestige militaire ou généalogique, mais pour leur compétence et leur fidélité. Les membres sont de la récente noblesse et lui sont donc totalement dépendants : ils appartiennent à un nouveau profil social car ne sont pas issu de la Très Haute Noblesse. En effet, ils sont nobles mais leur famille est récente : souvent, leurs grands-parents étaient mêmes des bourgeois. Ils sont donc nobles grâce à l’ascension de leur famille au sein de l’administration de royaume de France.

vous ordonne de rien signer, pas même une sauvegarde ni un passeport, sans mon ordre ; de me rendre compte chaque jour à moi-même, et de ne favoriser personne dans vos rôles du mois. Et vous, Monsieur le surintendant, je vous expliqué mes volontés ; je vous prie de vous servir de Colbert, que feu M. le Cardinal m’a recommandé. Pour Lionne, il est assuré de mon affection et je suis content de ses services. Je prétends, Brienne -me dit-il-, que vous agissiez de concert avec lui dans les affaires étrangères et que vous envoyiez à mes ambassadeurs tout ce qu’il vous demandera ou dira de ma part sans nouvel ordre de moi » Je ne répondis que de la tête et d’une petite inclination du corps. Puis le Roi ajouta : « La face du théâtre change. Dans le gouvernement de mon État, dans la régie de mes finances et dans les négociations au-dehors, j'aurai d'autres principes que ceux de feu M. le Cardinal. Vous savez mes volontés, c'est à vous maintenant, messieurs, à les exécuter. » Plus n'en dit, et le conseil se sépara. Loménie de Brienne, Mémoires, publiés par Paul Bonnefon pour la Société de l’Histoire de France, 1919

B – La disgrâce de Fouquet : 5 septembre 1661 Nicolas Fouquet est le ministre le plus influent du temps de Mazarin car il a eu en charge l’agent royal après la Fronde (16481652) et pendant la guerre franco-espagnole (1635-1659). Pour financer la guerre contre l’Espagne, il a levé des impôts et fait des emprunts. Il s’est constitué un bon réseau et est rapidement devenu très riche... En 1661, la limite entre son argent et celui du royaume est plutôt floue. L’étalement de sa richesse développe la jalousie de Louis XIV, et cette haine prend également sa source avec les paroles de Mazarin qui, sur son lit de mort, lui a conseillé de s’en méfier. Cette suspicion est finalement définitive grâce aux propos de Colbert qui, sitôt choisi pour aider aux finances, accuse Fouquet de tromperies financières : il affaiblirait le pouvoir du roi en augmentant considérablement les impôts et les emprunts. D’ailleurs, selon le roi, Fouquet prend une place trop importante au sein du gouvernement pour lui qui souhaite régner personnellement.

Fouquet expose notamment sa fortune le 17 août 1661, lors de l’inauguration du château qu’il s’est fait construire à Vaux-leVicomte. Il convie d’ailleurs Louis XIV lui-même à la fête somptueuse qu’il organise pour l’occasion. Frustré, Louis XIV agit le jour de son anniversaire, le 5 septembre : il fait arrêter Nicolas Fouquet à Nantes, qui est ensuite condamné par la Cour de Justice au bannissement à vie le 20 décembre. Cependant, Louis XIV décide de l’enfermer à perpétuité dans la forteresse de Pignerol, où il meurt en 1680. En 1665, Colbert est nommé contrôleur général des finances ; le nom de la fonction a été changé pour évoquer le côté plus technique et moins puissant. C – Le gouvernement en clans Pendant son règne, Louis XIV s'emploie à entretenir des rivalités entre ses ministres pour éviter l’organisation de manigances dont il ne saurait rien. Pour cela, il limite le nombre de ses collaborateurs afin de diminuer le nombre de personne dont il faut se méfier. Ainsi, on retrouve plusieurs individus qui cumulent différentes fonctions et plusieurs familles qui les conservent entre elles, notamment les familles Colbert et Le Tellier. Jean-Baptiste COLBERT est contrôleur général des finances et secrétaire d’état à la marine et à la maison du roi. Son fils, le marquis de Seignelay, est contrôleur général des finances (1665-1683) puis secrétaire d’état à la Marine (1683-1690). Son frère, Colbert de Croissy, est secrétaire d’état aux affaires étrangères (1679-1696), tout comme son neveu, Colbert de Torcy (16961715). Michel LE TELLIER est secrétaire d’état à la guerre. Son fils, le marquis de Louvois, s’associe à son père comme secrétaire d’état depuis 1662, puis il est titulaire (1677-1691). Son petit-fils, le marquis de Barbezieux, s’associé à son père comme secrétaire d’état depuis 1681, puis est titulaire (1691-1701) D – Les institutions Les conseils de gouvernement prennent les plus grandes décisions du royaume, comme la guerre ou les impôts ; le roi y est physiquement présent et son sceau est utilisé pour le prouver. Il y a plusieurs conseils de gouvernement : le conseil d’En Haut réunit trois fois par semaine les ministres d’État ; le conseil des Dépêches est en charge de l’administration du royaume et réunit les ministres et secrétaires d’État ; le conseil des Finances porte bien son nom et la présence du contrôleur général est indispensable. Les conseils de gestion courante sont présidés par le chancelier, mais un fauteuil vide est installé en l’honneur du roi absent. Il y a plusieurs conseils de gestion courante : le conseil des Parties s’occupe des affaires judiciaires ; le conseil de Commerce est une création de Colbert et de Louis XIV en 1664 ; le conseil de Conscience concerne les affaires religieuses, comme par exemple les choix des évêques. II - LA MONARCHIE ABSOLUE : THÉORIE ET LIMITES A – Le roi absolu : une triple définition Le mot « absolu » vient du latin ab solutus, qui signifie « sans lien », c'est-à-dire que le roi n’est soumis à rien, ni même au pape. Il y a une idée de perfection, d'équilibre, de quelque chose de complet. Le roi tient son pouvoir d’une légitimité religieuse : il est le roi « de droit divin », c'est-à-dire que Dieu l’a voulu roi. Ainsi, on comprend mieux l’importance du sacre du roi dans la cathédrale de Reims pour les monarchies d’Ancien Régime. Le premier sacre de l’Histoire des rois de France est celui de Clovis, au 5 ème siècle ; le sacre de Louis XIV se déroule le 7 juillet 1654. Lors de ce rituel, le roi fait un serment sur l’Évangile et on lui fait un onction d’huile sainte. Aussi, il reçoit les regalia, soient ces objets symboliques : le sceptre, la couronne, les éperons, l’anneau, l’épée, la main de justice, les gants… Le rituel confère au roi des vertus thaumaturges, soient des dons de guérisseur, qui seraient particulièrement efficace contre les écrouelles. Le roi tient son pouvoir d’une légitimité féodale : le roi est le suzerain suprême du royaume de France, depuis l’an Mil et jusqu’au 4 août 1789, c'est-à-dire qu’il est le premier des seigneurs du royaume et n’est le vassal de personne. Cela signifie aussi qu’il est le seul à pouvoir anoblir un sujet du royaume. Le roi tient son pouvoir d’une légitimité romaine. En effet, le roi est un souverain qui exerce les pouvoirs régaliens issus de l’héritage romain, c'est-à-dire qu’il peut créer des lois, rendre la justice, créer des officiers, décider de la paix et de la guerre, battre monnaie, commander des troupes et lever des impôts. Le règne de Louis XIV réaffirme la souveraineté royale dans le royaume. Ce pouvoir avait été troublé par les guerres de religion qui remettaient la monarchie en cause, notamment entre 1592 et 1598. Deux rois ont été assassinés pendant cette période : Henri III en 1589 et Henri IV en 1610. Par la littérature, on trouve également des écrivains soutenant la souveraineté royale. En 1576, Bodin pense dans La République (du latin chose publique) que le roi est solution aux troubles et aux divisions du 16 ème siècle. Bossuet justifie par des extraits de la bible l'autorité du roi français dans sa Politique tirée de l'écriture sainte de 1681. B – Absolu...dans certaines limites Bien qu’ayant de grands pouvoirs, le monarque absolu se retrouve limité sous certains aspects ; ce système est notamment supposé éviter la tyrannie. Le roi a des obligations religieuses. En effet, il s’est engagé par un serment lors de son sacre à faire plusieurs choses… Il doit protéger l'Église. Il doit faire régner justice et miséricorde car c’est sa responsabilité de conduire ses sujets jusqu’au salut éternel. Il doit respecter les privilèges et les statuts de ses sujets, par exemple, il ne peut pas changer ce que ses prédécesseurs se sont engagés à faire, comme un anoblissement. De plus, le roi doit respecter les règles de succession au trône. Après les capétiens, le roi de France n’a plus héritier direct, donc on cherche le futur roi parmi les cousins ; c’est alors que l’Angleterre affirme avoir une légitimité par les femmes, ce à quoi la France rétorque le contraire en créant le principe de masculinité… Et c’est ainsi que démarre la guerre de Cent Ans. Le principe

de légitimité oblige au prétendant au trône d’être issu d’un mariage. Par exemple, en 1714, Louis XIV essaie de mettre deux de ses bâtards qu’il a eu avec Madame de Montespan sur son testament et sur le trône, mais le Conseil refuse à sa mort. L’aîné est celui qui sera l’héritier direct grâce au concept de la primogéniture. Enfin, la catholicité est primordiale pour être roi de France ; par exemple, Henri IV était protestant, mais pour accéder au trône de France, il a du se convertir. Ensuite, nous pouvons remarquer que le roi doit s’adapter aux contraintes du territoire de son royaume ; la distance, en effet, soumet la communication à un temps considérable. Enfin, le roi n'a que l'usufruit, c'est-à-dire la jouissance temporaire car il n’en est pas le propriétaire, du Royaume et ne peut pas en vendre une partie. Louis XIV n’est pas censé pouvoir se permettre de dire « l’État, c'est moi » car la Couronne est inaliénable.

III – LA COUR DE VERSAILLES, 1er ESPACE POLITIQUE DE LA MONARCHIE ABSOLUE Dès 1661, Louis XIV veut transformer le modeste pavillon de chasse de son père Louis XIII, construit en 1624, en un somptueux palais. Pour cela, il fait appel aux artistes qui ont construit le château de Vaux-le-Vicomte de Fouquet. L’architecte Louis Le Vau modifie les aménagements intérieur et extérieur : de 1668 à 1674, il enveloppe le château de Louis XIII de deux vastes pavillons de style italo-antique reliés entre eux par une terrasse à l’italienne. Le jardinier André Le Nôtre agence le parc par de verdoyantes pelouses, des bassins avec fontaines, ou encore des bosquets. Le peintre et décorateur Charles Le Brun met en valeur Louis XIV partout dans le château avec ses tableaux. Après la mort de Le Vau en 1670 et la fin de la guerre de Hollande en 1678, Louis XIV charge Jules Hardouin-Mansart d’ajouter deux vastes ailes de 1678 à 1689. HardouinMansart construit aussi la Galerie des Glaces, avec notamment des peintures de Le Brun glorifiant Louis XIV, la Chapelle et les Grandes Écuries qui peuvent abriter 2500 chevaux et 200 carrosses. Pendant son règne, Louis XIV fait dépenser pour la construction du château de Versailles entre 2 et 3% des dépenses annuelles de l’État, soient environ 82 millions de livres. On remarque que la chambre du roi, située au cœur de l’ancien pavillon de Louis XIII, est axée est/ouest pour bénéficier notamment du soleil, mais également au centre du château et du parc : c’est avec ce symbole fort que Louis XIV veut se placer au centre du royaume, voire même du monde. En effet, le château de Versailles présente un certain enjeu symbolique en se présentant comme vitrine du pouvoir absolu : par ce monument dont l’axe est même suivi par la ville même de Versailles, le roi de France affirme sa puissance face à l’Europe, dont discutent les courtisans et les ambassadeurs étrangers à travers le continent, notamment car la construction du château constitue une exceptionnelle et impressionnante réunion des meilleurs artistes de l’époque. Le Roi, la Cour et le gouvernement se sédentarisent officiellement à Versailles le 6 mai 1682 ; Louis XIV ayant eut cet objectif dès 1677. En effet, avant cette date, se déplaçaient de château en château le roi et le gouvernement seuls. Logée dans 350 chambres, la Cour est formée d’environ 6000 personnes, soient 2 ou 3 % de la noblesse française : il s’agit de la fraction la plus décisive sur le plan politique, c'est-à-dire la Très Haute Noblesse. Ainsi, Louis XIV se rapproche de la noblesse turbulente, celle qui avait le sentiment qu’on ne respectait pas ses droits sur le plan politique. Pour ce faire, il appâte les nobles avec la proximité quotidienne de la personne du roi mais surtout avec des titres et des fonctions car le roi est celui en charge des préséances, c’est pourquoi la Très Haute Noblesse se retrouve alors « contrainte » de bien se conduire. Le château de Versailles tient donc aussi un enjeu politique en étant un instrument de contrôle de la Haute Noblesse en la fidélisant. Au château de Versailles, se multiplient les fêtes, les repas, les conseils, les réceptions… Ces évènements nourrissent les rivalités au sein des familles de la très haute noblesse.

En fait, Louis XIV n'invente pas la monarchie absolue ; il ne fait que la modifier en entretenant les rivalités et les fidélités vers un idéal d’obéissance....


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