Dissertation - La croyance peut-elle prétendre à la vérité ? PDF

Title Dissertation - La croyance peut-elle prétendre à la vérité ?
Author Christelle DUTHU
Course Philosophie
Institution Université de Bourgogne
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Summary

Dissertation rédigée ayant pour sujet "La croyance peut-elle prétendre à la vérité ?".
Niveau Master M1
...


Description

Croyance et vérité Pour Paul Ricoeur, la croyance désigne un engagement personnel subjectif : « la croyance désigne non seulement un haut degré subjectif de conviction, mais un engagement intérieur, et, si l'on peut dire, une implication de tout l'être dans ce en quoi ou celui en qui l'on croit1 ». La croyance, du latin credere « croire » fait référence à un état mental d'adhésion à une idée, une opinion, une doctrine ou une idéologie qui conduit le sujet à tenir quelque chose pour vrai. Celle-ci est alors subjective puisqu'elle implique une prise de position du sujet. Du reste, cette subjectivité conduit la philosophie a associé la croyance au doute ou à l'inexactitude, en la jugeant comme une adhésion incertaine à une idée. En effet, l'insuffisance de ses fondements sur des critères objectifs fondés sur la raison ou l'évidence pour garantir l'adéquation de la connaissance à la réalité, rend la croyance douteuse, et donc contraire à la vérité qui est entendue comme une correspondance entre la pensée et les choses, ainsi que le formule Saint Thomas d'Aquin : « veritas est adæquatio intellectus et rei » (« la vérité est l'adéquation de la pensée et des choses »). La vérité, du grec alétheia de aléthès « non caché » est donc fondée sur un caractère de conformité du discours au réel. Tandis que cette conformité ne peut être garantie par la croyance dans la mesure où elle semble ne disposer d'aucun critère pour vérifier ses adhésions. Mais alors, la croyance exclue t-elle la possibilité d'atteindre la vérité ? Quels critères pourraient garantir la véracité de la croyance ? Dans cette perspective, nous nous demanderons si la croyance peut prétendre à la vérité. Pour répondre à cette interrogation, nous proposerons une étude visant d'abord à étudier les conditions d'illégitimité de la croyance dans ses prétentions à atteindre la vérité. Puis, nous exposerons les critères permettant d'assurer que la croyance soit en conformité avec la réalité, et puisse donc prétendre à la vérité. Enfin, nous admettrons que, bien que la croyance puisse être incertaine, celle-ci demeure une voie d'accès nécessaire pour parvenir à la connaissance. La croyance semble illégitime pour prétendre à la vérité, en raison de la faiblesse de ses fondements et de l'incertitude de ses assertions.

D'abord, l'absence de preuves dans la croyance semble être un facteur 1 Paul Ricoeur, « La croyance », Encyclopaedia universalis , 1976.

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d'incompatibilité avec la vérité, puisqu'elle ne peut garantir ses adhésions par des critères objectifs, comme le fait la vérité. Or, cela conduit la croyance à être incertaine. Cette incertitude est un sérieux élément de disjonction avec la vérité qui doit restituer le réel tel qu'il est : « La première signification de Vrai et de Faux semble avoir son origine dans les récits ; et l'on a dit vrai un récit, quand le fait raconté était réellement arrivé ; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard, les philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord d’une idée avec son objet ; ainsi, l'on appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même ; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité2 ». Tandis que la croyance, bien qu'elle puisse être vraisemblable, se fonde seulement sur une certitude personnelle, et non sur une preuve dans le réel qui permettrait d'assurer sa conformité avec lui, ainsi que le souligne Montaigne : « Ce que je tiens aujourd'huy, et ce que je croy, je le tiens et le croy de toute ma croyance ; tous mes utiles et tous mes ressorts empoignent cette opinion et m'en respondent sur tout ce qu'ils peuvent. Je ne saurois ambrasser aucune vérité ny conserver avec plus de for ce que je fay cette cy. J'y suis tout entier, j'y suis voyrament ; mais ce m'est-il pas advenu, non une fois, mais cent, mais mille et tous les jours, d'avoir ambrassé quelqu'autre chose, à tout ces mesmes instrumens, en cette mesme condition, que depuis j'aye jugée fauce ? 3 ». Le philosophe montre que la croyance est bien souvent issue d'une conviction personnelle. Or, celle-ci est insuffisante dans la mesure où, n'étant pas confrontée à l'expérience, elle risque d'être dans l'erreur répétée. La croyance est alors réduite à de la crédulité sans preuve. C'est d'ailleurs l'une des origines de la croyance que souligne Peirce dans son article « Comment se fixe la croyance 4 ». En effet, il relève quatre méthodes qui conduisent le sujet à croire, dont la première, qui se rapproche le plus de la conviction personnelle présentée par Montaigne : « la méthode de ténacité » où une chose est crue par un attachement obstiné et répété à une opinion, sans même réfléchir, et surtout, sans l'avoir vérifiée dans l'expérience. Bien que Peirce reconnaît que cette méthode peut être efficace sur le court terme, puis qu'elle établit une adhésion de manière immédiate, celle-ci ne peut être appliquée dans la pratique dans la mesure où elle ne se confronte pas à l'expérience. Le philosophe présente ensuite la « méthode d'autorité », qui consiste à utiliser tous les moyens pour établir l'uniformité de la croyance dans la société ou dans un groupe. Tout comme la précédente méthode, celle-ci conduit à ne pas réfléchir. Or, en ne 2 Baruch Spinoza, Pensées métaphysiques dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1962. 3 Michel de Montaigne, Essais, livre II, chap XII, Paris, Garnier, 1962. 4 Charles Senders Peirce, « Comment se fixe la croyance », dans la Revue philosophique de la France et de l'étranger, troisième année, tome VI, décembre 1878, pp. 553-569.

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réfléchissant pas, le sujet n'apporte pas de preuve qui pourrait confirmer que son adhésion est conforme au réel et donc à la vérité qui doit dire « les choses comme elles sont, le faux, comme elles ne sont pas 5 ». De plus, l'emploi de cette méthode conduit à une dictature de la pensée qui, en condamnant et censurant toutes les opinions différentes, empêche les sujets à progresser vers la vérité. Peirce expose également la « méthode a priori », utilisée par la philosophie qui remet en question certaines croyances pour des nouvelles qui sont ensuite également contestées pour d'autres encore. Cette méthode, bien qu'elle puisse permettre de progresser davantage vers la vérité que la précédente, eu égard à sa remise en cause permanente, et donc à une réflexion constante, est problématique dans la mesure où elle exclut toute fixité de la connaissance. Ainsi, ces trois origines de la croyance : l'habitude, l'influence extérieure ou la tradition, ne peuvent être admises pour accéder à la vérité, puisqu'elles ne permettent pas de se confronter au réel. C'est pourquoi, que la croyance soit acquise par une détermination extérieure ou par une conviction personnelle, elle est exclue pour parvenir à la vérité, puisque le sujet ne vérifie pas que son adhésion soit conforme au réel. Celle-ci est alors réduite à une crédulité sans preuve, et donc contraire à la vérité. L’acquisition des croyances par les sens les rend illégitimes pour prétendre à l'accès à la vérité. En effet, si les croyances ne se fondent sur aucune preuve dans le réel, elles sont donc acquises par les sens qui poussent le sujet à croire. Or, la condamnation du sensible par les philosophes est un élément qui semble disqualifier la possible véracité de la croyance. Ainsi, Descartes dans la première des Méditations métaphysiques condamne les sens : « d’autant que la raison me persuade déjà que je ne dois pas moins soigneusement m’empêcher de donner créance aux choses qui ne sont pas certaines et indubitables, qu’à celles qui nous paraissent manifestement être fausses, le moindre sujet de douter que j’y trouverai suffira pour me les faire toutes rejeter 6 ». Le philosophe montre que ces derniers sont trompeurs et contraires à la raison. Ils empêchent donc l'accès à la vérité qui, selon lui, ne peut se faire que par l'emploi de la raison. Et justement, nous avons vu que la croyance exclue l'usage de la raison puisqu'elle se fonde seulement sur une conviction sensible. Les sens étant trompeurs, celle-ci devient douteuse et ne peut alors accéder à la vérité. Cette disqualification des sens est également présente chez Alain : « Il est prudent de ne point trop se croire soi-même, dès qu'une passion forte […] 5 Platon, Cratyle, 385b, Paris, Flammarion, 1998. 6 René Descartes, Méditations métaphysiques [1641], Méditation 1e, Paris PUF, 2012.

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nous anime7 ». Le philosophe remarque que dès lors que la croyance est acquise par les sens, le sujet doit veiller à s'en détacher et surtout, ne pas la considérer comme vraie. Il ne s'agit donc pas de douter de la vérité des affects qui, étant propres au sujet, sont nécessairement vrais, mais de leur utilisation pour prétendre à la vérité dans la mesure où ils ne cherchent pas à confronter les adhésions au réel, tout comme les croyances acquises par l'influence extérieure que nous avons étudiée précédemment. Les sens ne conduisent qu'à donner une illusion, une apparence. Or, la distinction platonicienne de la réalité et de l'apparence montre justement que cette dernière n'est pas la vérité. Pour Platon, la réalité est la marque de vérité, rejoignant ainsi toute la tradition classique de la vérité entendue comme correspondance de la pensée avec le réel : « De la sorte, le premier rapport de l'étant à l'intellect tient à ce que l'étant et l'intellect concordent, concordance qui est appelée adéquation de l'intellect et de la chose [adaequatio intellectus et rei], et dans laquelle la notion de vrai s'accomplit formellement. C'est donc cela que le vrai ajoute à l'étant, la conformité ou l'adéquation de la chose et de l'intellect [adaequationem rei et intellectus], conformité de laquelle, comme on l'a dit, suit la connaissance de la chose. Ainsi l'entité de la chose précède-t-elle la notion de vérité alors que la connaissance est un certain effet de la vérité 8 ». Ainsi, les apparences transmises par les sens ne sont pas réelles ; mais elles sont seulement une image du réel. Celles-ci ne peuvent donc permettre d'accéder à la vérité. Nous avons interrogé les conditions dans lesquelles la croyance ne pouvait prétendre à la vérité. Nous avons vu que les croyances étaient acquises par différents moyens : l'influence extérieure ou une conviction personnelle. Or, d'une part, l'absence de preuves dans la croyance fait qu'elles sont insuffisamment fondées sur des critères objectifs tels que la garantie par la raison, ou la confrontation au réel. Elles sont alors incertaines. D'autre part, leur acquisition par les sens les rend tout aussi douteuses eu égard aux apparences que produisent les sens sur la pensée. Dans ces conditions, la croyance ne peut prétendre à la vérité. Pourtant, certains critères ne pourraient-ils pas garantir la conformité de la croyance avec la vérité ? La légitimité d'une croyance dans sa prétention à la vérité peut être garantie par des critères objectifs : rationnels ou empiriques. 7 Alain, Les arts et les dieux, Paris, Gallimard, 1958. 8 Thomas d'Aquin, Sur la vérité [1257], Article 1, Paris, CNRS éditions, 2008, p. 6-7.

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Le critère de la certitude de la croyance permet d'assurer que celle-ci soit rationnelle et conforme à la vérité. En effet, nous avons vu que la croyance insuffisamment fondée est illégitime pour prétendre à la vérité. Pour l'assurer, il convient alors de retenir le critère majeur d'assurance de la vérité : la certitude, et de l'employer dans la croyance, en veillant à ce que celle-ci soit certaine, et conforme à la réalité. Ainsi, William Clifford invite à soumettre la croyance à un contrôle rationnel afin d'établir le degré de vérité de celle-ci, proportionnellement à son degré de certitude. De même, Husserl n'admet qu'une seule croyance sur le critère de conformité au réel, et donc, de vérité : celle qui est certaine. En effet, dans Les idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique9, il évalue différences modes de croyances auxquels il attache différents degrés de vérité : d'abord la certitude qui conduit à ce que la croyance soit conforme à la réalité, puis la supputation dont l'existence de la chose crue est possible, la conjecture dont l'existence est vraisemblable, la question à l'existence problématique, et enfin, le doute dont l'existence de la chose crue est douteuse. On note encore une fois que l'assurance de la certitude de la croyance peut être retenue pour que cette dernière soit vraie, sur le critère d'adéquation au réel. Kant associe cette certitude de la croyance à la science : « la croyance suffisante aussi bien subjectivement qu'objectivement s'appelle science. La suffisance subjective s'appelle conviction (pour moi-même) et la suffisance objective, certitude (pour tout le monde)10 ». Ainsi, seule la croyance certaine peut être admise comme une connaissance. Or, la connaissance étant conçue comme une « croyance qui soit à la fois vraie et justifiée 11 », nous pouvons déduire qu'une croyance certaine peut prétendre à la vérité. Néanmoins, reste encore à trouver les conditions pour garantir cette certitude. Dans le Théétète, Platon propose trois critères pour garantir que la croyance soit une « opinion vraie pourvue de raison 12 » : d'abord la condition de croyance, puis la condition de vérité, et enfin, la justification par de bonnes garanties ou de bonnes raisons qui permettent d'admettre que la connaissance est vraie.

Une autre condition de garantie de l'adéquation des croyances au réel, et donc de véracité si nous considérons la vérité en terme de correspondance, est l'expérience. En 9 Edmund Husserl, Les idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique [1913], Paris, Gallimard, 2018. 10 Emmanuel Kant, Critique de la raison pure [1781], théorie transcendantale de la méthode, Paris, PUF, 2012. 11 Michel Blay (dir.), Grand dictionnaire de la philosophie, Paris, Larousse, 2003. 12 Platon, Théétète, 201c, Paris, Flammarion, 2016.

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effet, Popper distingue trois théories définissant la vérité : « Des trois principales théories de la vérité, la plus ancienne est la théorie de la correspondance, la théorie selon laquelle la vérité consiste dans la correspondance avec les faits, ou, pour le formuler de manière plus précise, selon laquelle un énoncé est vrai si (et seulement si) il correspond aux faits, ou s'il décrit les faits de manière adéquate. […] La seconde théorie est celle qu'on appelle théorie de la cohérence : un énoncé est considéré comme vrai si (et seulement si) il est cohérent avec le reste de nos connaissances. La troisième théorie dit que la vérité, c'est l'utilité pragmatique 13 ». Si l'on retient la première théorie présentée : celle de la correspondance avec les faits, nous pouvons conclue que la confrontation de la croyance avec l'expérience pourrait garantir que celle-ci soit vraie. C'est d'ailleurs la seule condition qu'admettent les empiristes pour valider la véracité d'une croyance : « le sentiment de croyance n'est rien qu'une conception plus intense et plus stable que celle qui accompagne les plus pures fictions de l'imagination, et que cette manière de concevoir naît d'une conjonction coutumière de l'objet avec quelque chose de présent à la mémoire et aux sens14 ». Ainsi, pour Hume, la croyance vraie naît de l'expérience. Il affirme que la relation de cause à effet où plusieurs expériences proches dans le réel conduisent à une habitude du réel, est celle sur laquelle la croyance se fonde pour concevoir ses adhésions. D'ailleurs, cette condition de l'expérience pour garantir de l'adéquation au réel est également soulignée par Wittgenstein : « si l'expérience est le fondement de notre certitude, c'est bien sûr l'expérience passée. Et ça n'est pas uniquement mon expérience, mais celle des autres, qui m'informe. Ainsi, on pourrait dire que c'est l'expérience qui, encore une fois, nous permet d'accorder aux autres notre confiance 15 ». Il montre que la certitude : condition que nous avions proposée précédemment pour garantir que la croyance soit vraie, naît de l'expérience par l'éducation et la confiance aux autres. Contrairement aux éléments que nous avions apportés précédemment en défaveur des croyances produites par l'influence extérieure, nous remarquons que cette dernière est utile pour assurer la certitude de la croyance dans la mesure où l'expérience d'autrui permet de confirmer de la certitude de l'expérience personnelle à partir de laquelle le sujet s'assure que sa croyance est conforme au réel. Cette confrontation à l'expérience est d'ailleurs la seule méthode retenue par Peirce sur les trois autres que nous avions présentées précédemment, et qu'ils invalidaient, pour garantir la croyance : « avec la méthode scientifique, les choses se passent autrement. Je puis partir des faits connus et 13 Karl Popper, La connaissance objective, Paris, Flammarion, 1979, p. 454. 14 David Hume, Enquête sur l'entendement humain [1748], V, Paris, Flammarion, 2006. 15 Ludwig Wittgenstein, De la certitude, §275, Paris, Gallimard, 2006.

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observés pour aller à l'inconnu […]. Mon critérium, pour savoir si je suis vraiment la méthode, n'est pas un appel direct à mes sentiments et à mes intentions, mais au contraire il implique en lui-même l'application de la méthode 16 ». Ainsi, la « méthode scientifique », qu'il qualifie de « véritable induction », est une méthode rigoureuse qui confronte la croyance à l'expérience et à un raisonnement logique qui exclut le recours aux sens dont nous avions montré qu'ils n'étaient pas fiables eu égard à l'incertitude et au risque d'erreurs qu'ils encouraient, afin de connaître le réel. Alors, nous pouvons admettre que l'expérience est un second critère pour garantir de la conformité de la croyance avec le réel et donc permettre à cette dernière de prétendre à la vérité. La croyance peut prétendre à la vérité à certaines conditions. Nous avons montré que l'assurance de certitude de la croyance pouvait être un critère permettant de garantir de sa certitude. Néanmoins, ce critère peut être léger dans la mesure où il demande de s'interroger sur les conditions permettant d'assurer la certitude. Alors, nous avons proposé une condition, certainement plus recevable si l'on entend la vérité en terme de correspondance : la vérification par l'expérience qui assure que la croyance soit vraie par conformité au réel. Enfin, même si la croyance peut être parfois incertaine, nous montrerons que celle-ci est une méthode de connaissance. La croyance peut être une voie d'accès à la connaissance, différente de la raison dont on se sert habituellement pour établir le savoir. D'abord, la croyance est nécessaire à la connaissance dans le domaine scientifique, lorsque l'on utilise des hypothèses pour démontrer une proposition. En effet, la démonstration de la vérité d'une théorie scientifique suppose de partir d'une supposition, une hypothèse sans preuve, que l'on cherche justement à valider. Il convient alors de croire en cette hypothèse afin de la démontrer. Il semble donc que la science repose sur une croyance, ainsi que le montre Nietzsche : « on dit avec juste raison que, dans le domaine de la scientifique, les convictions n'ont pas droit de cité : c'est seulement lorsqu'elles se décident à adopter modestement les formes provisoires de l'hypothèse, du point de vue expérimental, de la fiction régulatrice, qu'on peut leur concéder l'accès du domaine de la connaissance [...]. On voit par là que la science elle-même repose sur une

16 Charles Senders Peirce, op. cit.

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croyance ; il n'est pas de science sans postulat 17 ». Le philosophe montre que la croyance est nécessaire à la science dans la mesure où elle est utilisée au départ de l'investigation scientifique, sous la forme d'une hypothèse : une proposition que l'on croit vrai afin de démontrer une théorie. L'usage de la croyance en sciences est d'ailleurs particulièrement employé dans la méthode hypothético-déductive utilisée en mathématiques et en logique définie par Descartes comme « un autre mode de connaissance qui se fait par déduction, opération par laquelle nous entendons tout ce qui se conclut nécessairement d'autres choses déjà connues avec certitude 18 ». Celle-ci consiste donc à déduire des propositions pre...


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