Exposé Hoffmann PDF

Title Exposé Hoffmann
Course Littérature comparée
Institution Université de Picardie Jules Verne
Pages 3
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Summary

exposé sur hoffmann...


Description

Littérature Comparée

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann est très souvent qualifié d'artiste touche-à-tout. Né en 1776 dans le royaume de Prusse, il se passionne très tôt pour la musique. Au cours de sa vie il compose des opéras, occupe des postes dans des théâtres ou encore dans des orchestres. Ayant perdu de vue son père très tôt, il est élevé par un oncle très sévère qui l'écarte du milieu artistique. Pour autant, à coté de son métier de juriste qui lui permet de vivre, il dessine, découvre la littérature romantique, étudie les œuvres de Voltaire ou de Kant, peint et joue de la musique. Il ajoute une corde à son arc artistique en 1808 lorsqu'il écrit son premier texte littéraire, Le Chevalier Gluck. Hoffmann est un homme cultivé qui s'intéresse à toutes formes d'art. Ainsi il découvre peu à peu le paranormal, les débuts de la psychologie, les automates et le magnétismes, qui le passionnent. C'est ainsi qu'il publie en 1814 son premier recueil de contes, Fantaisies à la manière de Callot dans lequel on peut retrouver L'Homme au sable. Hoffmann manipule avec dextérité ses connaissances en la matière pour proposer un tout nouveau genre littéraire, le fantastique. Dans L'Homme au sable, Hoffmann utilise l'automate, une nouvelle découverte qui suscite un réel engouement au XVIII ème siècle, pour défier Nathanaël son personnage principal. On peut distinguer trois parties distinctes dans ce récit. Premièrement Nathanaël apparaît comme narrateur et donne son point de vue et ses sentiments sur une expérience traumatisante qu'il a vécu enfant. Ensuite c'est à un narrateur externe et inconnu de donner d'avantages de détails et d'explications sur ce qui a été expliqué, notamment sur l'état mental du personnage grâce à la confrontation à l'automate. Enfin le personnage de Nathanaël fait face à la vérité puis en devient fou. Hoffmann introduit son personnage Nathanaël, dès la première ligne du récit, en le décrivant comme « un des plus jolis garçons et des plus studieux écoliers ». Ainsi le narrateur est directement orienté sur le personnage principal : celui ci est présenté comme intelligent, beau et bon sous tout rapport. L’œuvre d'Hoffmann joue sur l'alternance entre les différentes narrations. En effet selon les chapitres, Nathanaël apparaît soit comme narrateur de sa propre histoire ou au contraire, comme personnage observé. On apprend par ailleurs que Nathanaël communique par lettre. Elle constitue dans ce récit la majeure partie de l'incipit : on y obtient des informations sur les personnages, le cadre spatio-temporel etc. Or ici c'est un dialogue dans lequel seule la voix de Nathanaël est entendue : « il me semble qu'une fatalité pleine de périls inévitables enveloppe mon avenir ». Le personnage s'exprime à la première personne et est le seul à donner son point de vue, ses préoccupations. Hoffmann utilise la lettre pour créer une illusion de réel et optimiser la crédibilité de son personnage vis à vis du lecteur. Effectivement, l'analepse dont Nathanaël est le conteur possède d'avantages d'intensité puisqu'elle est contée par le personnage qui l'a vécu et dont (pour l'instant) le point de vue n'est pas remis en cause par d'autres déclarations de personnages externes. La description faite dans les deux premières lignes par Hoffmann se vérifie aussi bien dans le discours de Nathanaël. En effet l'auteur lui a choisi un langage soutenu qui témoigne bien de son érudition. Nathanaël s'adresse à son interlocuteur en des mots tel que « très cher », utilise « naguère » pour repenser au passé. Ainsi le lecteur peut éprouver dès les premiers mots de son récit, quoi que fantastique, une certaine confiance en ses propos. Hoffmann parvient à rendre son personnage crédible, digne de confiance et érudit. Par la suite lors de l'analepse, divers éléments fantastiques fourmillent parmi les propos de Nathanaël sans pour autant paraître saugrenu. L'auteur fait de ce récit d'enfance le moteur du récit, Nathanaël est un jeune homme intelligent, beau et éduqué qui semble pragmatique. Ce portrait de l'étudiant parfait lui donne toute crédibilité dans son récit. Ainsi même les fais surprenants qu'il raconte sont lus sans être remis en question. Hoffmann

nous place du point de vue de Nathanaël enfant, apeuré par un événement traumatisant, raconté du point de vue d'un enfant. Ainsi la narration de cet événement se soucie peu des repères temporels : le portrait de Coppélius (l 71-97) occasionne une longue pause alors qu'il y a une ellipse de plusieurs années entre le moment de la mort du père de Nathanaël et le retour de de Coppélius. Le récit du personnage principal se clôt sur l'annonce d'un « malheur » prochain. Par le biais de ce récit d'enfance colporté par la lettre, Hoffmann nous cantonne au point de vue et aux ressentis de son personnage principal. A cette étape du récit, Nathanaël à toute légitimité, il est crédible dans son récit et c'est son point de vue qui semble le bon : « un malheur approche ». Hoffmann fait intervenir, dans une seconde partie, un narrateur inconnu et extérieur au récit. Celui-ci décrit les actions de Nathanaël et c'est grâce à ce narrateur qui s'exprime à la première personne du singulier, que le personnage principal est confronté à des explications plus détaillées de son sombre récit. Nathanaël est cette fois-ci décrit par des yeux extérieurs : lui qui dans la première partie du récit livrait différents portraits en focalisation interne, devient matière de description. Effectivement les portraits qu'il tirait des personnages contribuaient à rendre le récit fantastique, interrogeant le lecteur sur les éventuels troubles de la raison du jeune homme qui sont maintenant mis en lumière par le narrateur : « il est temps de faire plus ample connaissance avec l'étudiant Nathanaël, et d'éclairer les parties obscures de son histoire ». Hoffmann utilise cet autre narrateur pour apporter un autre point de vue sur ce jeune homme parfait que semblait être son personnage Nathanaël. Ainsi on le découvre sanguin, ayant des hallucinations, « obsédé », « délirant » et agressif envers son ami Lother (auquel pourtant il envoyait les lettres). Cette narration complexe utilisée par Hoffmann rend la prise de position difficile pour le lecteur. En effet le récit fantastique met souvent en scène plusieurs narrateurs. Ici le narrateur extérieur passe le relais à Nathanaël par le biais de ses lettres. Leurs voix se superposent et se succèdent pour varier les points de vue, ce qui contribue à brouiller les pistes d'interprétation du lecteur, installant ainsi le registre fantastique. L'image de l'étudiant modèle s'assombrit, on peut s'interroger sur les troubles mentaux du personnage de Nathanaël. Il est présenté comme amoureux jusqu'à la folie, presque obsédé et hanté par Olympia. Cet amour platonique et délirant est aussi une source de souffrance pour le personnage qui s'engouffre dans sa propre folie : « Nathanaël se prit à rire de sa propre folie ». Cette phrase marque bien l'atmosphère ironique qui règne autour de ce personnage. Hoffmann se joue (avec la complicité du lecteur) du désarroi de la situation de son personnage. Le narrateur principal manifeste sa présence par des mots qui marquent sa subjectivité et son jugement sur la situation, ce sont les modalisateurs. En effet en disant que Nathanaël « crut lire » dans les yeux d'Olympia un encouragement, il induit un doute quant à la réalité et son incertitude sur certains faits. Pour autant Hoffmann fait évoluer notre vision méliorative et confiante de la première partie du récit mais il laisse la place au doute : le lecteur ne peut, à ce stade, pas trancher. Cette deuxième partie met en lumière la face cachée du personnage de Nathanaël. En effet, dans la première partie (dont il est le conteur), Nathanaël est un étudiant parfait, poli, érudit et amoureux de Clara. Et pourtant dans cette seconde partie, l'intervention d'un second narrateur rend compte de l'aspect romantique de ce personnage de Nathanaël. En effet il est animé par des sentiments violents, sombres ou joyeux, qui s'expriment toujours dans la démesure. On le voit s'évanouir et souffrir de fièvre nerveuse pendant plusieurs mois, provoquer son ami fidèle en duel et même tomber amoureux jusqu'à l'obsession et la folie. Cette seconde partie fait ressortir une forte dualité chez Nathanaël, il représente tout à fait un personnage double et tourmenté.

La troisième partie du récit nous propose un constat de la situation du personnage Nathanaël. Il n’apparaît plus comme narrateur de sa propre histoire mais comme personnage « observé ». Le lecteur le découvre ainsi prisonnier de son amour, sous l'emprise totale de sa folie : « malheureux

étudiant, enfermé dans son amour comme dans une galère ». Hoffmann énumère les preuves d'amour de son personnage envers Olympia, créant une gradation des symptômes délirants de Nathanaël. La narrateur extérieur possède un jugement objectif face à cette situation, il admet que « l'amour est aveugle », que Nathanaël perd la tête. La scène de découverte du subterfuge de Coppola apparaît comme un réel dé-clique pour Nathanaël : sa folie l'emporte et finit par avoir raison du personnage à la triste destinée. En effet Hoffmann choisir de décrire avec précision l'état physique de son personnage lors de la découverte de l'automate : « il devenait fou à lier ; ses nerfs se tordaient, ses yeux sortaient de leur orbite, sa bouche écumait ». La double personnalité de Nathanaël est plus qu'apparente, enfin c'est la face obscure du personnage qui prend le dessus sur l'image du parfait étudiant qu'Hoffmann nous présentait au tout début du récit. Les mots du narrateur sont durs quant à l'état de l'étudiant, mais pourtant à travers ces descriptions, Hoffmann laisse le lecteur totalement indécis face à la profusion d'informations : peut-on qualifier Nathanaël de fou ? Est-il le jouet d'un être surnaturel que serait l'homme au sable, autrement dit Coppélius ? Même si l'auteur crée une réelle complicité avec le lecteur depuis le début du récit grâce à ses antiphrases et l'atmosphère ironique, Hoffmann joue à dérouter le lecteur. En effet les nombreuses figures de styles utilisées, tel que les comparaisons, les métaphores (lorsqu'il parle de « cœur de pierre » d'Olympia) mais aussi les hyperboles (lorsqu'il précise que « jamais l'amour n'avait produit un tel bouleversement des facultés cher un homme »), jouent à désorienter le lecteur. Ces figures de styles insistent sur l'aspect énigmatique du personnage. Le dernier chapitre du récit présente un personnage pris de folie, désemparée et en proie à des hallucinations. Pour autant, Hoffmann suscite le doute jusqu'à la fin de son récit : Nathanaël est à la fois victime « infortuné[e] » et sur le point de commettre un meurtre (celui de Clara). Ainsi dans son récit L'Homme au sable, Hoffmann parvient à créer un personnage double et presque impénétrable. En effet présenté comme un étudiant modèle, rationnel et érudit, il sombre au fur et à mesure du récit dans un amour platonique qui le conduira à la folie. Dans L'Introduction à la littérature fantastique, Tzvedan Todorov historien et philosophe du Xxème siècle, définit le fantastique comme « l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles face à un événement surnaturel ». Dans l'Homme au sable, le lecteur tente de trancher face aux événements surnaturels qui lui sont présentés. Pour autant le fantastique d'Hoffmann est efficace puisqu'on ne parvient pas à trancher entre deux interprétations. Le soucis du détail, l'étrangeté dans chaque objet du quotidien et la capacité à entretenir le doute du lecteur tout au long du récit font naître un œuvre fantastique complète....


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