Famille grecque PDF

Title Famille grecque
Author Soph' ie
Course Histoire antique
Institution Université de Caen-Normandie
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Sophie AUGÉ

21700101 M.3HI8B - Cultures et sociétés des mondes anciens 2

Religion et famille dans le monde grec I/ Les dieux de la famille dont le culte assure le bonheur de l’oikos 1. les dieux protecteurs du foyer familial 2. les dieux apportant prospérité et confort à la famille 3. les dieux matérialisant l’espace familial II/ Des pratiques rituelles fédérant la famille sur les plans horizontal et vertical 1. la pratique rituelle unissant et hiérarchisant la famille 2. les rites d’intégration des nouveaux membres à l’oikos 3. l’enjeu des rituels funéraires III/ Les dieux ancestraux%: pères et protecteurs d’un groupe revendiquant des liens familiaux 1. le genos protégé par les Theoi Genethlioi 2. Culte et rites des phrateries 3. Parallèle entre le culte domestique et la grande famille des citoyens

«%Moi j'irai élever un tombeau à mon très cher frère». Tels sont les mots prononcés par l’héroïne éponyme de la pièce de Sophocle Antigone. Ce mythique personnage, fille du héros Œdipe, a donc, tout comme les humains, des devoirs religieux envers sa famille. En effet, le panthéon grec forme une grande famille composée de dieux semblables aux Hommes mais dont les attributions surnaturelles permettent d’intervenir, selon leur spécialité, dans le quotidien des humains. Afin d’obtenir leurs bonnes grâces, les Hommes effectuent avec soins des rites et célèbrent des fêtes définies dans le calendrier civique. Si les fêtes sont communes à l’ensemble de la société, les rites rythmant la vie des citoyens s’effectuent au cœur de l’oikos. Il s’agit du domaine foncier ou du foyer regroupant les membres d’une famille et leur patrimoine. Cette unité économique et religieuse est placée sous l’autorité du père de famille, le kyrios et rassemble des individus liés naturellement, affectivement, juridiquement par des liens matrimoniaux ou du sang. Mais la famille ne se limite pas aux frontières de l’oikos si nous considérons les lignages, nommés genos, qui s’étendent sur plusieurs générations à partir d’un ancêtre commun. Étant donné que cet ancêtre, souvent mythique, sert aussi à légitimer les liens fictifs unissant les phratères et les membres d’une même cité, nous les inclurons dans notre analyse. Celle-ci se focalisera sur la période classique c’est-à-dire du Ve au IIIe av. J.-C. puisqu’il s’agit d’une période de stabilité, facilitant l’essor de la religion civique dans le monde grec, comprenant la Grande Grèce, l’Égypte hellénistique et les cités d’Asie mineure. Nous pouvons donc nous demander comment le culte des divinités protectrices de la famille assure la cohésion et la légitimité des groupes affirmant leurs liens familiaux. Afin de répondre à cette problématique, nous disposons de sources archéologiques sous forme d’autels, d’objets rituels ou de temples, littéraires, notamment les tragédies et juridiques comme les procès d’héritages. Nous commencerons donc par étudier les fonctions des dieux de la famille et la nécessité de leur intervention pour le bien-être familial. Cela nous amènera à nous interroger sur les rites et leur rôle structurant au sein de la famille. Enfin, l’évocation des dieux ancestraux nous autorisera à élargir la notion de famille au-delà de l’oikos.

Nous aborderons en premier lieu les dieux dont le culte assure la stabilité du foyer. La fonction de ces dieux, à l’image de la déesse de la sorcellerie Hécate, peut-être de repousser le mal du foyer. Cette déesse était installée dans une niche à l’entrée de l’oikos, comme l’indique Aristophane dans Les Guêpes. D’autres dieux défenseurs sont associés à cette fonction par une épiclèse, tel Apollon Agyeus que mentionne Pausanias. Son culte prend la forme d’un bétyle apotropaïque, c’est-à-dire d’une pierre de forme conique que l’on arrosait d’huile et couvrait de bandelettes pour éloigner les maux de la maison. Citons également Zeus Kataibatès. Dieu originellement associé à la foudre, l’élargissement de ses attributions le rend capable d’apporter des malheurs par des catastrophes naturelles ou bien du bonheur en arrosant les terres fertiles. Ainsi, il peut être perçu comme indirectement responsable de la prospérité qui est attribuée d’autres dieux. Protecteur des richesses cette fois-ci, Zeus Ktèsios est associé au patrimoine de la maison et au bon fonctionnement de son cycle économique. Ce dieu prend la forme d’un serpent accompagné d’un autel comme Théophraste l’explique dans ses Caractères. Il est parfois associé à Zeus Charidotès, dieu de la charité, dans la gestion des affaires domestiques. Mais la prospérité du foyer passe avant tout par la fécondité de la terre et du couple dont Zeus Mélichios (c’est-à-dire «%de douceur%») est le garant. La protection des dieux est aussi requise lors des accouchements durant

lesquels on fait appel aux Illythies et aux Nymphes. Si ces dieux protègent aussi bien la famille que son patrimoine, ils peuvent aussi définir l’espace de l’oikos. D’une part, les dieux des frontières matérialisent le seuil entre l’intérieur et l’extérieur du foyer. Ainsi, Zeus Herkeios est le protecteur de la clôture et de la cour où son autel est situé. Nous trouvons aussi des piliers hermaïques, dont le culte est semblable à ce que nous observons sur la représentation ci-dessous. À l’instar des carrefours des cités, ils sont érigés en l’honneur du dieu des voyages et manifestent ici le passage de l’oikos vers le monde extérieur.

D’autre part, la déesse Hestia personnifie du foyer (aussi appelé hestia), le cœur de la maison. Dès Homère, ce feu sacré est mis à l’honneur et «%vit%» selon Aristote. Malgré le peu de récits mythologiques autour de cette déesse, elle est le symbole par excellence de la famille et est essentielle aux pratiques rituelles de la maisonnée que nous allons présenter dans une seconde partie.

D’un côté, le rôle d’Hestia est de purifier à la fois la vaisselle mais aussi l’oikos après un accouchement ou l’exposition d’un mort. Cela garantit l’éloignement du miasma souillant le lieu de vie et de ses habitants, afin qu’ils puissent réintégrer à la cité. De l’autre, Hestia préside les repas unissant les membres de la famille aux dieux et entre-eux. Ce lien dit de commensalité autorise Platon à définir le membre de la famille comme «%celui qui a le même foyer et la même table%». Des sacrifices accompagne ce repas familial comme l’aparchè, une libation le précédent, ou le sacrifice sanglant nommé thusia.

Dans tous les cas, ces rites témoignent de la hiérarchie familiale en étant présidés par le kyrios. Le père de famille est ainsi à la tête des repas et est considéré comme le prêtre d’Hécate dans sa demeure, par exemple. À l’inverse, les esclaves et les étrangers sont exclus des sacrifices comme ceux en l’honneur d’Hestia. Le rôle dominant du kyrios apparaît aussi lors de l’intégration de nouveaux membres au foyer. C’est en effet lui qui effectue la course autour de l’hestia en portant son enfant. Cette circumambulation, parfois interprétée comme un rite de purification, appartient à un ensemble de rites, les Amphidromies, nécessaire à la reconnaissance de l’enfant. Sans cela, il n’a aucune existence sociale ni de part à l’héritage, ce qui sert d’argument dans le procès de la succession de Kiron rapporté par Isée. À cela s’ajoute une célébration, la dekatè, ayant lieu dix jours après la naissance, qui, comme le mentionne d’Aristophane dans les Oiseaux, comportait un banquet et des sacrifices dont l’importance a déjà été explicitée. Toujours autour d’Hestia, l’intégration de la nouvelle épouse du fils à l’oikos se joue lors de la katachysmata qui prend la forme d’un lancé de graine sur la femme en signe de prospérité. Il en est de même lors de l’entrée d’un nouvel esclave dans l’oikos. Citons aussi la consécration et le repas lors des rites de passage précédant le mariage. Si le kyrios est le principal acteur de ces rites, d’autres, après sa mort, lui sont destinés. Effectivement, les rituels funéraires assurant le lien entre dieux, hommes et morts, prennent d’abord la forme d’une exposition du corps et d’une purification du foyer par l’évocation d’Hermès Psychopompe. Ensuite, des chants, danses, cortèges et repas étaient l’occasion de renforcer la cohésion familiale intergénérationnelle. La particularité de ces rites sont qu’ils protègent les vivants des mauvais esprits, les Makares Chthomoio, en offrant le repos aux morts. Le bon fils et légitime héritier est donc celui qui les réalise avec attention comme l’indique les propos du fils adoptif de Ménéklès, rapportés par Isée, dont la légitimité est justifiée par sa réalisation rigoureuse des rites funéraires. De plus, des commémorations dites ta nomizomena, entretiennent le souvenir du défunt le troisième (ta trita), neuvième (ta enata) et douzième jours (ta triakostia). Ce culte se dote de tombeaux communs et somptueux valorisent les familles aristocratiques et leur genos, bien que leur luxe ostentatoire soit combattu par Solon puis Platon. Les épitaphes sont aussi l’occasion de l’expression du respect et de l’amour pour le défunt. Ce devoir de piété envers ses ancêtres est nécessaire à la transmission du patrimoine et son omission est puni par Zeus Xunaimos, protecteur des droits du sang, et par les dieux ancestraux que nous évoquerons dans cette dernière partie. En faisant appel à un ancêtre commun ces groupes tentent de légitimer leur parenté et interviennent à l'occasion d’événements marquants de la vie sociale et religieuse de nombreuses familles. Ces dieux ancestraux légitiment d’abord les grands lignages aristocratiques, ou genos. Ils prennent alors le nom Theoi Genethlioi comme nous le lisons dans les Sept contre Thèbes d’Eschyle. De même, une lettre de la reine Laodicée, en 213 av. J.-C., fait mention d’un sacrifice à Zeus Genethlios pour la famille royale. Ces genos ont un rôle prépondérant lors des fêtes et certains d’entre eux se transmettent les fonctions sacerdotales tels les prêtres des Mystères d’Éleusis issus

des Kérykes et des Eumolpides par exemple. Cet ancêtre commun, le plus souvent mythique peut aussi créer des liens familiaux factices entre les membres des phratries. En effet, cela fait des membres ces groupes, politiques avant tout, des frères classificatoires ou phratères ayant les mêmes racines. Leurs rites peuvent compléter ceux de l’oikos comme l’intégration des enfants alors reconnus par leurs pairs. Ainsi, la phratrie des Démotionides organise un examen, devant des témoins répondant de Zeus Phratrios, avant de procéder au vote d'admission. En outre, les Apatouries sont une célébration de trois jours autour d’un repas, d’oblations et de sacrifices. Ils eurent lieu à Thasos par exemple et sont décrites par Xénophon dans son Procès des Arginuses en 406 av J.-C. À Athènes, l’«ancêtre» de leur cité est Apollon Patroôs, comme le rapporte Platon dans Euthydème. S’il n’est pas inscrit dans le calendrier, ce dieu est célébré lors des Apatouries. Zeus et Athéna sont qualifiés de Phratroi tandis qu’en dehors d’Athènes, Zeus Patrôos, comme nous le lisons sur une stèle de Chios, ainsi que d’autres dieux dits patrai sont honorés. Cette différence souligne l’originalité des cités qui se revendiquent d’un dieu tutélaire différent et considéré comme le père de la famille citoyenne. Ainsi, les Spartiates se réclament descendant du fils d’Hadès, devenu leur divinité poliade et faisant d’eux des frères. Il est vrai que la citoyenneté est indissociable de la pratique des cultes domestique et des ancêtres. Aristote explique ainsi que l’interrogatoire pour accéder aux magistratures (ou dokimasies) mentionne les pratiques du culte familial et la connaissance et localisation des dieux principaux du foyer Apollon Patroôs et Zeus Herkeios. Or, si l’on se réfère à la pensée aristotélicienne, la cité est une extension de l’oikos et est donc une famille au sens large. Voilà pourquoi, il y a des similitudes entre les rites de l’oikos et le repas des citoyens ou sitesis. De même, le feu sacré du Prytanée est aussi consacré à la déesse Hestia. Pour conclure, les rites sont nécessaires pour s’assurer de la protection de la famille mais aussi dans la formation des liens filiaux et matrimoniaux, directs et indirects. Ces rites font de l’oikos un espace à cheval entre l’espace privé et celui de la cité et lient la famille au corps civique. Ils mettent au premier plan le rôle du père de famille ou kyrios qui, à l’image Zeus le père des dieux, est la figure centrale du culte domestique. Enfin, la revendication d’un ancêtre mythique commun nous a permis d’élargir la notion de famille aux phratries puis à la cité elle-même. Si la religion assure la cohésion de la famille et de la cité autour de la figure paternelle, le rôle des femmes dans la pratique rituelle n’est pas à négliger%; comme l’illustre la représentation ci-dessous, qui nous amène également à nous interroger sur la pratique individuelle du culte.

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