Fiche Oeuvre Matisse La Conversation PDF

Title Fiche Oeuvre Matisse La Conversation
Course Culture générale
Institution Université Catholique de Lille
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Summary

résumé d'oeuvre artistique ...


Description

Fiches œuvres n°9 : Henri MATISSE, La conversation, 1910 (177 x 217 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg)

illusion du réel qui nous conduit dans un ailleurs… Et cet « objet peinture » nous invite à entrer dans notre monde intérieur pour y trouver des émotions…

Description : qu’est ce que je vois ? Ressenti : Quelle impression me fait cette œuvre ? Présentation de l’œuvre : de quoi s‘agit-il ? Quel est le thème ? Quelle est l’intention de l’artiste ? De quoi l’œuvre est-elle inspirée, etc.

Le titre de la toile étonne : La conversation. On n’a pas l’impression qu’ils discutent. Ou alors c’est pour se faire des reproches. Visuellement, on a plus l’impression d’un corps à corps que d’une conversation.

Proposition de commentaire : A noter : Pour analyser cette œuvre (ou toute autre œuvre), il convient de commencer par « oublier le titre » pour ne pas se laisser influencer. Et constater ensuite combien le titre peut être en décalage avec ce que l’on observe et ressent avec le tableau ! Autre remarque : vos ressentis et interprétations peuvent être très différents d’une personne à l’autre, notamment pour ce tableau, ce qui est plutôt source d’apprentissage pour l’art moderne : car il est un art assez subjectif, faisant appel à l’intériorité du spectateur et ne fixant pas une interprétation « toute faite », prête à l’emploi. Cet art laisse le spectateur assez libre devant l’œuvre. On voit deux personnages : un homme à gauche, debout, rectiligne, droit comme un piquet, en pyjama ou costume rayé (on dirait presque une tenue de bagnard), et à droite, une femme assise. Son vêtement traduit aussi l’austérité : du noir (avec une touche de vert, quand même, mais éteint par le noir et le bleu). Les personnages n’affichent aucune expression. On peut penser qu’il s’agit d’un couple. Ils se tiennent l’un en face de l’autre mais à distance, dans une intensité de regard. Cette distance entre les deux personnages est renforcée par la présence de la fenêtre entre les deux, qui à la fois fait entrer de la vie et de la lumière dans la pièce, et à la fois renforce, par contraste, l’atmosphère froide de la pièce. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que cette scène ne respire pas la joie de vivre. « Il y a de l’eau dans le gaz », comme on dit. L’atmosphère est « électrique ». Et le bleu contribue fortement à cette impression, couleur froide par excellence, réputée pour tenir les objets à distances picturalement (les objets peints en bleu sont plus distants à l’œil que les objets rouges. C’est ce que l’on trouvait déjà chez Kandinsky, dans ses tableaux et sa théorie des couleurs). D’autant que le mur fait plus office de fond que de mur, il se confond avec le sol. L’espace n’est donc pas délimité de façon réaliste. On a un côté très frontal dans cette toile : les personnages sont plantés devant nous, ils imposent leur présence au premier plan. Même le paysage n’est pas envoyé « au fond de la toile » par un effet de perspective : on peut croire que cette fenêtre est un tableau accroché au mur. Ainsi la toile s’impose-t-elle à nous d’abord comme un « objet » et non comme une

Dans cette toile, la couleur et la forme remplissent les mêmes fonctions que dans les célèbres portraits de Matisse, celles de traduire une atmosphère (plus que de représenter une réalité). Ici l’atmosphère est glaciale. On observe un contraste entre le décor verdoyant de la fenêtre - pelouse, arbre au printemps, parterres de fleurs rouges - et l’intérieur, entièrement bleu : le mur, la chaise. On a une impression d’enfermement, de huis clos, si bien qu’on a envie de « se jeter » par la fenêtre pour respirer ! Manifestement, Matisse a cherché à rendre une atmosphère extrêmement pesante uniquement par un jeu de formes et de couleurs. Aspect solennel de la scène. L’omniprésence du bleu intense participe à son caractère sacré. Cette toile fait penser à une dispute, une discorde. Il s’agirait de Matisse et de sa femme Amélie (selon P. Schneider, qui a écrit un ouvrage de référence sur le peintre). Le contraste entre une description sobre de l’intérieur et une forte luminosité extérieure, introduite par l’ouverture de la fenêtre, traduit la notion de discorde. Dualité puissante qui s’exprime plastiquement dans l’opposition des courbes féminines et des verticales masculines. La balustrade symbolise aussi la séparation entre deux mondes, elle symbolise aussi leur perméabilité (car elle n’est pas fermée). Déjà à cette époque (1910), ce qui intéresse Matisse c’est de mettre en peinture ce qu’il y a « entre » les choses et entre les personnes, et non de créer une illusion du réel (à noter : les modèles seront importants pour Matisse car il peindra la relation existante entre le modèle et lui. Parmi ses modèles, il y a eu sa femme, sa fille, Lydia son assistante… La puissance d’évocation de ce tableau est d’autant plus forte qu’elle réside essentiellement dans la couleur bleue et dans la stylisation des formes. On peut trouver ce tableau très simple en apparence, mais pour obtenir une telle force expressive, c’est bien le fruit d’une composition savante où rien n’est laissé au hasard. L’absence de détails nous pousse à ressentir davantage le tableau, à entrer dans une intériorité. Chacun est donc invité, en quelque sorte, à contempler son « paysage intérieur » à travers l’observation de ce tableau. Certains y perçoivent des tensions, d’autres au

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contraire ressentent une paix, une harmonie. Cette toile fut peinte en pendant de La desserte, harmonie en rouge (vue en cours, cf. le fichier d’images), qui au départ était conçue pour être bleue. Son exécution fut interrompue pendant la guerre et reprise ensuite, le bleu fut remplacé par un rouge intense…

Matisse est également connu pour avoir décoré la chapelle des Dominicaines à Vence. Il en a réalisé les vitraux, une céramique blanche avec le chemin de croix peint en noir et les objets liturgiques.

Sur Matisse et le Fauvisme : Matisse est surtout connu pour être le chef de fil du Fauvisme, courant avant-gardiste né au début du XXe siècle qui prône la liberté de la couleur par rapport à la ligne, aux formes et au réel (exemple : des ombres représentées en vert au lieu du noir traditionnel). Ses premiers portraits « fauves » soulevèrent l’hilarité : on trouvait ça ridicule. Et pour cause : c’était une peinture davantage portée sur l’expression des émotions (de l’artiste et du modèle) que sur la représentation illusionniste du réel. Comme pour le Cubisme, l’Impressionnisme ou l’art gothique, l’origine du mot « fauvisme » est péjorative. Lors du Salon d’Automne de 1905, le célèbre critique d’art Louis Vauxcelles disait qu’en visitant la salle avec les toiles de Matisse, Derain, Vlaminck, etc., il avait eu l’impression d’être dans une « cage aux fauves », tellement les couleurs étaient criardes ! Il faut se remettre dans le contexte de l’époque où le regard était habitué à des couleurs plus nuancées. Or, dans le Fauvisme, on utilise des couleurs directement « sorties du tube », dont la force expressive est donc plus grande et les contrastes plus violents. Tout au long de sa carrière, Matisse va renouveler son art, mais toujours avec des couleurs vives et des formes simplifiées. Les motifs, décors géométriques seront très présents dans ses toiles, et sembleront même parfois plus animés que les personnages eux-mêmes ! Comme si les décors étaient nourris de la présence des personnes qui les habitent… Matisse ne travaillait pas uniquement avec sa mémoire et son imagination : avant de composer une toile, souvent il composait un décor réel avec des tapis, des tentures posées sur un paravent dans son atelier, des modèles féminins revêtus des costumes qu’il avait achetés en France ou pendant ses voyages (au Maroc notamment). De son enfance dans le Nord de la France, au sein d’une famille qui travaillait dans le textile, il avait gardé un grand amour des textiles qu’il collectionnait et utilisait pour « mettre en scène » ses tableaux (tapis, vêtements, nappes…). Le tableau « La Conversation » est d’autant plus inhabituel et frappant dans son art qu’il ne comporte pas de motifs ni décors, contrairement à presque tous ses autres tableaux. Il occupe donc une place à part. Matisse est aussi célèbre pour ses « papiers découpés » (par exemple : le « Grand Nu bleu », ou « Polynésie la mer », « Polynésie le ciel », inspirés de son voyage à Tahiti). Le fait de découper directement dans la couleur lui procurait une grande liberté et lui rappelait la taille des sculpteurs dans la pierre.

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