Freepstar - Ethnographie du magasin Freep’star du cours de M.Yech PDF

Title Freepstar - Ethnographie du magasin Freep’star du cours de M.Yech
Author Johanna Theotiste
Course Sémiologie interprétative
Institution Université de Paris-Cité
Pages 12
File Size 259.3 KB
File Type PDF
Total Downloads 37
Total Views 115

Summary

Ethnographie du magasin Freep’star du cours de M.Yech...


Description

Et h n o g r a p h i ed uma g a s i n F r e e p ’ s t a r

61 Rue de la Verrerie, 75004 Paris

Johanna THEOTISTE IUT PARIS DESCARTES Groupe 1 TC2

Table des matières Introduction :..........................................................................................................................................3 Frayons-nous un chemin jusqu’à notre friperie..................................................................................4 Et si nous rentrions ?..........................................................................................................................5 Comment se passe le réapprovisionnement......................................................................................7 Les habituées de la boutique..............................................................................................................9 Et la boutique ferme ses portes........................................................................................................12

2

Introduction : ’ai fait le choix d’analyser la boutique Freep’Star car ce n’est pas un simple magasin de vêtements, mais tout un concept. Etant moi-même une fervente cliente de ce magasin, je sais que ce magasin est très vivant, et extrêmement riche de chose à relater. Ce magasin a un côté très intriguent qui me donne, moi-même une expérience d’achat différente à chaque fois que je m’y rends et qui lors d’une énième visite, m’a poussé à analyser en détail ce point de vente. J’ai tenté d’analyser ce point de vente de la manière la plus objective possible en me concentrant, cette fois sur chaque détail de ce magasin. De plus, j’ai essayé de voire ce magasin d’un oeuil neuf et non critique, afin de peindre au mieux ce point de vente à travers mes écrire, et de vous faire voyager dans ce lieu extraordinaire qu’est cette friperie : Freep’Star .

J

3

Frayons-nous un chemin jusqu’à notre friperie

Jeudi 24 janvier 2019 – 14h52 De tous côtés, les parisiens se pressent sur la place bordée de fast-foods. Une forte odeur de friture flotte au-dessus de la foule. Plus loin, une inscription : Châtelet-les Halles. Une jeune femme consulte son téléphone d’un pas pressé, et se heurte à une autre femme aussi préoccupée par son smartphone. Les deux femmes s’arrêtent un court instant, se décrochent un bref regard dubitatif, et repartent en se fondant dans la foule. Une forte musique rythmée résonne sur la place. Les danseurs de rues gagnent l’attention de certains passants, qui repartent aussitôt dans leur course effrénée. Un groupe de trois adolescentes avance à contresens de la foule, elles parlent fort et arborent des sacs de shopping de marque Nike, Bershka, et Nyx. La première a de grosses tresses bleues et noires ainsi qu’un petit piercing sur le nez. La deuxième porte une perruque blonde et un blouson en cuir rouge. Et la dernière arbore de grosses bottes noires surmontées d’un jeans slim bleu électrique. « - T’as vu la vieille meuf qui nous regardait quand on était à Bershka ? - Ouai, elle avait un front mon frère ! Front National ! - Oh vous êtes des bâtardes ! Elle vous a rien fait la meuf. Toujours vous êtes là à critiquer ! Vous êtes vraiment mauvaises, c’est pas possible ! - Oh toi ta gueule ! » Au fur et à mesure de leur avancement, le béton dur laisse place à de petites dalles en pierre alignées les unes derrière les autres. Les jeunes filles s’engouffrent alors dans un magasin de vêtements vintage en continuant de parler d’un ton enjoué. La foule se désépaissit et la rue s’éclaircit. Le paysage dévoile un passage clouté donnant sur un café bistrot peu fréquenté. Un homme attend que le feu piéton devienne vert. Mais le feu tricolore toujours vert, il tente de traverser, et manque de se faire renverser. Il atteint l’autre côté de la rue indemne. La rue est étroite et certains de ses murs sont jonchés de tags et d’affiches de concert délavées et à moitié déchirées. En haut d’un mur se trouve une plaque “ 4ème Arrt Rue de la Verrerie” surmontée d’une mosaïque Space Invader multicolore de l’artiste Franck Slama, dit Invader. Près du bar se trouve une première friperie : Kiloshop. Devant l’enseigne se trouve un homme aux cheveux longs coupant les cheveux d’une jeune fille, ils sont tous les deux debout. Au pieds de l’homme : une pancarte indiquant « Visagiste/Sculpteur, Je ne coupe pas les cheveux je les sculpte ! Avec ou sans rendez-vous, vous serez toujours bien coiffé. » Deux vieilles dames observent la scène. « - Wahoo ! Il a un doigté vraiment surprenant, il a dû faire ça toute sa vie lui parce qu’il a la technique ! - Ouai je l’ai déjà vu faire. Mais tu sais quoi ? - Non - Devine !

4

- Bah quoi ? - Ce p’tit bonhomme tu le connais très bien Josette ! - Mmmh non je vois pas, il me dit pas grand-chose. - Mais siiiii Josette ! Tu le reconnais pas avec ses cheveux longs là, même qu’il parlait pas très bien français parce qu’il était américain ! Ça te dis rien ? - Mmmh non - Bah si regarde c’est l’acteur dans Hélène et les garçons là ! - T’es sûre ? - Roooh ! Si j’te l’dis écoute !» Et les deux femmes continuent leur discussion. Quelques dizaines de mètres plus loin, une deuxième friperie : Kiloshop Kawaii. Juste en face, cachée derrière un muret, une toute petite boutique arborant sur sa vitrine l’inscription « FREEP’STAR ».

Et si nous rentrions ?

Jeudi 24 janvier 2019 – 15h13 Une jeune femme aux cheveux blond platine sort de la friperie d’en face avec un sac où est écrit en gros : KILOSHOP KAWAII. Elle est habillée d’un pantalon en cuir luisant sur lequel est accrochée une chaîne argentée, elle porte de grosses chaussures à plateformes de marque BUFFALO, avec une petite doudoune rouge-sang FILA. Elle a dans la bouche un chewing-gum rose qu’elle mâche en ouvrant mécaniquement la bouche. En sortant de la boutique elle remarque la petite friperie d’en face. La vitrine aux reflets ocres est petite et carrée et donne directement sur la caisse et son vendeur occupé à faire ses comptes derrière son comptoir. On y voit de même une grande pile de chaussures usées en tous genres et dépareillées. Inscrite dessus, une pale inscription à peine visible : FREEP’STAR. Elle y rentre d’un pas hésitant. A l’intérieur, l’air y est plus chaud, il y flotte une odeur de renfermé très forte. La boutique est très étroite et peu illuminée. On y distingue deux minces allées séparées par un long portant garni de vestes de toutes les couleurs, de toutes les matières, de toutes les tailles, et de tous prix, surmonté d’un amas de Converse délavées et jaunis. Les clients circulent très difficilement dans ces allées. Chaque mur est orné d’un portant aussi garni de vêtements en tous genres : joggings, vestes en jeans Lewis, treillis militaire, robes d’été, ... Et enfin au fond de la boutique, un grand bac de vêtement en boule bradés à un euro, où s’y agglutinent trois jeunes femmes cherchant chacune “La perle rare”. En rentrant, la jeune femme regarde le vendeur toujours posté derrière son comptoir, et lui adresse un « Bonjour » d’un accent anglais. Le vendeur, les sourcils froncés, lève les yeux pour la regarder, ne lui répond pas, et reprend ses comptes en silence. Le visage de la jeune femme prend une moue dubitative, mais en tournant la tête vers le reste du magasin, ses yeux s'écarquillent et sa bouche laisse sortir un “Oh my god” presque inaudible. Elle se dirige alors timidement vers un portant de 5

vestes en jeans, le consulte du regard un court instant, et se met tout à coup à farfouiller vigoureusement à la manière des autres clients du magasin, parmi les vestes négligemment installées sur des cintres. Malgré la dizaine de clients présentes dans la boutique, un brouhaha de fond grandit très rapidement. Une discussion entre deux femmes d’une vingtaine d’années s'affairant à fouiner dans le grand bac de vêtements bradés au fond de la boutique, se fait entendre au fond du magasin : “- J’aime bien le petit haut que vous avez trouvé là ! Vous l’prenez ? Parce que si vous l’prenez pas moi je suis là hein ! -

-

« Aaaaah non désolée celui-là j’le garde, j’ai trop galéré à le trouver dans ce foutoire ! En plus il est à un euro, obligé que j’le prends ! Hahaha! Ah oui ça c’est sûr ! Moi la semaine dernière j’ai trouvé un tube top rose poudré un peu année 90 avec une matière velours un peu et écrit “GLAM” en paillettes, vous voyez ? Ça, porté avec un flare pant, ça claque de ouf ! Ah ouai sympa ! Mais moi j’ai plus tendance à porter ce genre de haut avec une petite jupe Vichy ou une jupe en cuir brillant comme celle qu’ils vendent chez Urban Outfitters là. »

Les deux jeunes femmes continuent leur discussion tout en fouillant et en enfonçant leurs bras dans le grand bac de vêtements. Non loin d’elles se trouve une jeune femme qui cherche de la même façon, sur un portant de vestes accrochées à l’un des murs de la boutique. Elle est habillée d’un petit manteau à capuche en fausse fourrure noire, et d’un pantalon vert kaki militaire. Elle porte un chignon bas mis en valeur par de fines créoles dorées et un maquillage se résumant à un rouge à lèvres nude et un smoky eyes. Elle tire successivement les vestes les unes après les autres pour les examiner, puis les remet à leur place. Elle en tire enfin une veste large en jeans DIESEL, l’analyse longuement, regarde l’étiquette et file à la caisse aussi vite que possible. Elle emprunte une des deux minces allées de la boutique, trop étroite pour deux personnes, afin de rejoindre la caisse. A son passage, les clients présents dans l’allée se collent au maximum vers les portants de vêtements, se fondant presque dans les vêtements pour la laisser passer, tant l’allée est étroite. Elle arrive enfin à la caisse après quelques secondes de : “Pardon”, Excusez-moi”, “Désolée”. Arrivée à la caisse, elle interpelle par un toussotement le vendeur toujours plongé dans sa comptabilité qui lève les yeux d’un air agacé. -

“Oui que puis-je faire pour vous ? Voilà, j’ai trouvé cette veste sur un cintre là-bas, mais y a pas son prix. Et ? Bah j’aimerais bien connaître le prix quoi. Faites voire la veste ? Tenez !”

La jeune femme lui tend la veste, le vendeur l’attrape et commence à l'examiner. Il la tourne et la retourne pendant une bonne dizaine de secondes et lui dit : -

“ Bon je te la fais à dix euros et on en parle plus. Oh c’est cool ça, en face chez Kiloshop elle était à vingt-cinq euros ! Je peux toujours augmenter le prix si tu veux hein ! Hahaha non dix euros ça me convient !” 6

La jeune femme sort sa carte bleue et s’empresse de taper le code sur la borne pour récupérer son achat. Elle sort de la boutique en tenant son sac de shopping et arborant un grand sourire. Elle rejoint son ami posté devant la petite friperie et fumant une cigarette. -

Putain j'ai trouvé une veste à dix balles en plus c’est une DIESEL ! Ah ouai ? Fais voire !

La jeune fille retire délicatement la veste de son sac et la montre à son ami qui rétorque : -

“C’est ouf mon père avait la même au lycée ! Je l’ai vu sur une de ses anciennes photos de classe Ouai c’est ça que j’aime, elle est vintage en plus regarde comment elle est oversize ! Elle est vraiment authentique ! Ça fait trop ... post bad d’Instagram genre Kylie Jenner tout ça ! Tu l’as eu à combien déjà ? Dix balles ma gueule. Bien joué Juju !”

Et les deux jeunes gens repartent en continuant de parler de la trouvaille de “Juju”.

Comment se passe le réapprovisionnement

Jeudi 24 janvier 2019 – 16h02 Dehors, une camionnette s’arrête devant le magasin. Elle est multicolore de tags en tout genre et laisse derrière elle une forte odeur d’essence. Un homme habillé de noir en sort et rentre dans la friperie. Il porte un pantalon technique doté de multiples poches ainsi que des bottes et un T-shirt salis de tâches blanchâtres. Il se rend directement à la caisse dépassant les clients faisant la queue et interpelle le caissier : -

“Hey Charlie la livraison est arrivée, j’aurai besoin de quelqu’un pour décharger la cargaison avec moi ! Oui je t’envoie Carle tout de suite attends !”

Le caissier se lève de sa chaise, met ses mains autour de sa bouche et crie : “Hé Carle ! On a besoin de toi dehors alors magne-toi !” Aussitôt, un petit homme trapu et moustachu sort du fond du magasin, traversant la foule. Il arrive près du caissier qui lui montre d’un signe de tête, le livreur qui attend devant la boutique. Celui-ci se rue aussitôt dehors et commence à aider le livreur. Les deux hommes sortent plusieurs sacs plastique pleins à craquer de la camionnette. Une fois tous les sacs sortis, le livreur commence à montrer du doigt chaque sac en expliquant au magasinier comment sont triés les articles par sac : -

« Bon tu vois celui-là ? Oui. Bas c’est que des petits shorts mélangés avec des petits t-shirts, donc j’pense que le patron les mettra à un euro dans le grand bac au fond du magasin. Ok ! 7

-

-

Bon et dans ce sac, il y a que des vestes en jean donc tu sais déjà où les mettre. Après fais gaffe ! Dans ce sac-là c’est que des foulards mais y a des foulards en satin et des foulards en synthé donc faudra les trier toi-même. Ok ! »

A l’intérieur, le caissier regarde la scène tout en encaissant les clients du magasin. Le magasinier fini par rentrer dans la boutique portant quelques sacs de vêtements suivis du livreur ramenant les derniers sacs. Ils posent les sacs dans un petit coin près de la porte d’entrée, et le livreur repart sous les yeux de certaines clientes curieuses. L’employé de magasin empoigne alors deux sacs qu’il traîne jusqu’au bac à un euro. Les sacs sont imposants, et le magasinier doit passer par un des minces couloirs menant au fond du magasin. A son passage, les clients laissent sortir de grands soupirs d’agacement en se poussant pour le laisser passer. Celui-ci passe en baissant les yeux et laisse quelquefois entendre un “Excusez-moi” ou un timide “Pardon madame”. Le fond de la boutique est beaucoup plus embouteillé qu’il y a quelques minutes, et plusieurs clientes se pressent autour du grand bac. Le magasinier essaye alors de se frayer un chemin jusqu’au bac en poussant légèrement certaines clientes. Mais n’y arrivant pas celui-ci lance un fort : “Excusez-moi j’aimerais passer, je dépose les nouveaux vêtements, alors si vous pouviez vous pousser ça ne serait pas de trop ! ” A son annonce, les clientes s’arrêtent net, elles se poussent pour laisser passer l’employé du magasin. Il avance enfin vers le bac, et déchire un des sacs plastique au-dessus de celui-ci. Elles ne parlent plus mais gardent les yeux fixés sur le magasinier qui verse dans le bac, le tas de vêtements contenu dans un des sacs qu’il tenait. Une pluie de t-shirts, de jupes et d’autres vêtements en tout genre se déverse dans le grand bac sous le regard des clientes. Une fois le premier sac vidé, il prend le deuxième sac qu’il renverse à la même manière que le premier. Aussitôt terminé, les clientes se remettent toutes de plus bel à farfouiller et à se pousser du coude, ne laissant même pas le temps au magasinier de repartir. Quelques clientes ont été interpellées par la nouvelle de réapprovisionnement du bac. Le magasinier essaie de s’extraire de la foule de clientes et finit par arriver à ses fins après quelques bousculades. Il tient les deux sacs plastiques vides à la main et est légèrement rouge et essoufflé. Il se lance à nouveau dans la traversé d’une des étroites allées du magasin pour arriver jusqu’au reste des sacs de vêtements. Il passe dans le couloir à la même manière qu’à l’allé mais plus facilement car la plupart de clientèle s’est concentrée vers le fond du magasin. Arrivé près de l’entré, il attrape un sac, l’ouvre, et commence à ranger le contenu du sac, cette fois-ci, sur des cintres loin de la cohue du fond de la boutique.

8

Les habituées de la boutique

Jeudi 24 janvier 2019 – 18h28 Un couple d’adolescents s’arrête devant la friperie, ils ont environ seize ans et tiennent chacun des sacs en papier kraft de marque Nike, Adidas ou Zara. La jeune fille porte une salopette rouge pardessus un sweat-shirt blanc immaculé, une grosse paire de FILA Disruptor surmontée d’un collant noir opaque. Quant au jeune homme, il porte un jean délavé, un pull noir col roulé à moitié caché par une doudoune Adidas, ainsi qu’une paire de baskets grises Adidas Yeezy Boost 350. La jeune fille avance vers la boutique mais le jeune homme réplique : -

-

-

« Tu veux encore aller chez Freep’star ? Putain t’abuses on y est allé avant-hier avec tes potes là ! Tu sais en deux jours y'a pas grand-chose qui bouge. Tu vas retrouver la même chose que la semaine dernière c’est une putain de perte de temps ! Mais y a plein de nouveaux vêtements chaque jour donc NON je perds pas mon temps en y allant ! Mais putain vas-y tu vas encore passer trente ans dans ce magasin ! Ça m’saoule ! Mais non t’inquiète ! Je rentre, je fouille un peu et si je trouve mon bonheur je passe à la caisse et on en parle plus. Ça dure cinq minutes, même pas ! Ça va ! Non j’te connais, tu vas rentrer, galérer à passer dans les couloirs à cause de la masse de monde qu’il y a, et tu vas rester bloquer au fond de la boutique à fouiller dans le bac de vêtements ! C’est toujours la même ! En plus regard le monde qu’il y a aujourd’hui, tu vas vraiment rentrer là ? Oooh ça va t’es chiant ! Si t’es pas content t’as qu’à rester dehors et m’attendre ! Moi je rentre ! Aller Tiens ! »

La jeune fille tend ses sacs de shopping à son petit-ami encore contrarié, et rentre dans la boutique. Elle passe à côté des portants de vêtements arrangés sur des cintres sans même les regarder en empruntant un des minces couloirs de la boutique, menant vers le fond du magasin. Après quelques secondes de bousculades dans le couloir, elle arrive vers le bac de vêtements à un euro déjà monopolisé par trois femmes fouillant dans le tas de vêtements. Elle observe la scène sur un côté du bac. Elle ne peut pas accéder au bac et attend de voir une des trois femmes abandonner sa recherche. Après trois minutes d’attente, une des trois femmes ressort un petit short bleu du bac d’un air victorieux, elle regarde l’étiquette indiquant la taille du short, plie délicatement le vêtement, le met sous son bras, et se remet aussitôt à chercher dans le bac. La jeune fille commence à sautiller d'impatience sur un pied. Enfin, une des femmes, se relève, fait une grimace de douleur en tenant son épaule comme pour montrer qu’elle a mal et sort du magasin bredouille. Aussitôt partie, la jeune fille qui commençait à sauter de plus en plus fort sur son pied, prend la place de la femme et se lance dans la même tâche que les autres clientes à côté d’elle. Ses gestes sont mécaniques et suivent une chorégraphie bien précise. Tout d’abord elle fourre ses mains dans le fond du bac, en retire une poignée de vêtements, les examine un par un en les faisant passer d’une main à l’autre, abandonne à sa gauche les vêtements ne l’ayant pas séduit, et recommence de plus belle. Elle retombe quelque 9

fois sur des articles qu’elle a déjà consultés, les reconnaît, et les jette directement à sa gauche. Ceuxci se mélangent au tas de vêtements que sa voisine n’a pas encore consulté. Les trois femmes effectuent les mêmes gestes au même rythme, et font voyager les vêtements du bac de mains en mains. La jeune fille ressort finalement du bac un petit débardeur FILA jauni par le temps, et à la manière de ses précédentes, rejoint au plus vite la caisse en empruntant le même couloir embouteillé. Il y a un peu de queue pour la caisse. Dehors, derrière la vitrine de la petite friperie, le copain de l’adolescente lui fait de grands signes en écarquillant ses yeux et en secouant les sacs de shopping qu’il tient à la main. La jeune fille aperçoit son copain à travers la vitrine, elle soupire et dit sans qu’un son ne sorte de sa bouche : “J’arrive c’est bon”. Le jeune homme lève les yeux au ciel et fait les cent pas. Elle passe enfin à la caisse, elle paie, le vendeur lui tend le ticket de caisse qu’elle fourre dans sa poc...


Similar Free PDFs