Hegel, Introduction à l\'esthétique PDF

Title Hegel, Introduction à l\'esthétique
Course Introduction To Art
Institution EM Lyon Business School
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Hegel, Introduction à l’Esthétique RÉSUME DE L’ ESTHÉTIQUE l) L'OBJET DE L'ESTHÉTIQUE ET L'IDÉAL A. Délimitation L'esthétique est « la philosophie de l'art beau ». Traditionnellement, l'étude du Beau concerne d'abord la nature. D'après l'opinion courante, la beauté créée par l'art serait même bien au-dessous du beau naturel, et le plus grand mérite de l'art consisterait à se rapprocher, dans ses créations, du beau naturel. Contre cela, il faut affirmer que « l'esprit et sa beauté artistique sont plus élevés que le beau naturel » parce qu'il est un produit de l'esprit, et le beau n'est beau qu'en tant qu'il participe à l'esprit. Certes, l'art peut être considéré comme un délassement ou un jeu, et il ne va pas sans relâchement, sans loisir ; il peut aussi être consacré à l'ornement. Mais le propre de l'enquête philosophique est l'art libre dans sa fin comme dans ses moyens. Et c'est seulement dans cette liberté que l'art est beau. Et « il ne s'acquitte de sa tâche suprême que lorsqu’il s'est placé dans la même sphère que la religion et la philosophie ». Il est une manière spécifique de révéler le divin à la pensée, « les intérêts les plus profonds et les vérités les plus vastes de l'esprit ». Cependant, l'art n'est pas ce qu'il y a de plus élevé. En effet, « la pensée et la réflexion ont surpassé l'art beau ». En outre, l'histoire a relativisé la fonction de l'art et « aujourd'hui l'art ne procure plus cette satisfaction des besoins spirituels que les époques et les peuples anciens ont cherchée en lui ». L'art appartient ainsi au passé.

B. Méthode La méthode empirique - devenir un érudit dans l'art - ne peut donner de résultat probant. Elle demande d'énormes connaissances historiques et oblige à prendre en compte les théories de l'art de chaque époque. Mais la méthode purement théorétique qui cherche à pénétrer directement l'idée de Beau (comme le fait Platon) présente l'inconvénient d'être abstraite. La philosophie du beau artistique doit donc commencer par l'élucidation de son concept. Ainsi la philosophie de l'art s'intègre dans le cercle de la philosophie comme un « anneau nécessaire».

En tant qu'objet sensible, l'objet d'art doit être distingué des objets sensibles visés par le désir. Les objets de l'art ne se situent pas sur le plan de la vie organique. Bien que dicté par le désir, l'intérêt pour l'art ne se porte pas sur le sensible concret. C'est pourquoi les œuvres d'art doivent être jugées du point de vue de l'esprit, et non de celui des sens. Et donc, les intérêts de l'art sont presque les mêmes que ceux de l'intelligence. En tant qu'œuvre de l'esprit, l'art doit cependant être distingué de la science. La science vise l'universalité des choses, leur essence, le concept de l'objet. Elle a pour objet autre chose que ce qu'elle trouve immédiatement. Mais l'art procède différemment : il ne va pas au-delà du sensible donné. Or le sensible n'est pas sa nature intime. Ainsi, l'œuvre d’art, tout en ayant des apparences sensibles, n'a pas besoin de vraiment exister d'une façon sensible et concrète, d'être animée d'une vie naturelle ; elle doit même fuir ce terrain si elle veut pouvoir satisfaire seulement des intérêts spirituels et se dépouiller de tout désir.

C. Représentations habituelles On pourrait penser, donc, que l'on connaît l'œuvre d'art lorsqu'on en connaît les règles de production, que l’art s’apprend d’après des règles. Mais les règles ici ne sont que des généralités indéterminées, ce ne sont que l’aspect extérieur de l’œuvre : « la production artistique n'est pas une activité formelle qui procède de certitudes données ». « La partie intérieure et vivante est le résultat de l’activité spontanée du génie de l’artiste. » On peut tomber dans l'excès inverse et s'en tenir au caractère exceptionnel de l'œuvre d'art. On manque alors l'universalité que contient l'œuvre d'art. La glorification du génie et de l'inspiration oublie que le génie n'est rien sans l'étude et l'application. Enfin il faut noter que la maturité est nécessaire pour monter dans l’échelle de certains arts comme la poésie. Une autre idée reçue est de considérer les œuvres d’art comme inférieures à la nature. Or l’art a ceci qu’il participe de l’esprit et est créé par lui : « L'œuvre d'art n'est telle que parce que, née de l'esprit, elle appartient au domaine de l'esprit, a reçu le baptême de l'esprit. » De plus, certes la nature est vivante dans toutes ses parties, et l’œuvre seulement en surface, mais « ce qui nous intéresse véritablement, c’est ce qui est réellement significatif dans un fait ou une circonstance, dans un caractère, dans le développement ou le dénouement d’une action. L’art le saisit et le fait ressortir d’une manière bien plus vive, plus pure et plus claire que cela ne peut se rencontrer dans les objets de la nature ou les faits de la vie réelle. » Penser que l’art a pour but d’exciter la sensation ou le plaisir et ainsi borner toute recherche sur le beau à une analyse des sensations, qui sont subjectives et universelles, a peu d’intérêt car c’est manquer l’essence, l’idée de la chose. Toutefois, l'art éveille les sentiments ; cependant ceux-ci sont la partie obscure et indéterminée de l'esprit. Il lui faut donc éveiller non des sentiments en général, mais le sentiment de la beauté. Cela requiert une éducation du goût. Mais s'en tenir là, c'est s'interdire de comprendre les plus grands effets de l'art : « Là où se déclenchent les grandes passions et les émotions d'une âme profonde, il n'y a plus de place pour les subtiles distinctions du goût et son petit commerce de minuties. »

Et donc l'œuvre d'art se situe au milieu, entre la sensibilité immédiate et la pensée idéale, l’art « tient le milieu entre la perception sensible et l’abstraction rationnelle », s’attachant à l’apparence, à l’objet particulier et à sa forme sensible. Et « en présence de ce spectacle, l’âme se sent affranchie de tout désir intéressé ». L'œuvre d'art a une fin en soi. Elle ne peut en effet vouloir se contenter d'imiter la nature: ce serait une activité superflue et oiseuse. L'art n'offrirait aucune réalité vivante, il ne serait qu'une machine à produire de l'illusion une « caricature de la vie ». Même si l'imitation de la nature peut être un bon entraînement « Il faut en conclure que si, dans ses compositions, l’art emploie les formes de la nature et doit les étudier, son but n’est pas de les copier et de les reproduire. Plus haute est sa mission, plus libre est son procédé. Rival de la nature, comme elle et mieux qu’elle il représente des idées ; il se sert de ses formes comme de symboles pour les exprimer ; et celles-ci, il les façonne elles-mêmes, les refait sur un type plus parfait et plus pur. » L’art ne doit pas avoir pour but l’imitation. Et d’ailleurs il ne doit pas non plus viser l’expression, car l’expression revient à une forme d’imitation : l'éveil de l'âme ne peut pas non plus définir la finalité de l'art. Enfin, il est impossible d'assigner à l'art une fonction moralisatrice, même si l'art peut adoucir la sauvagerie naturelle par l'objectivation des passions qu'il présuppose ou conformément à la tradition qui lui assigne une fonction cathartique, car le perfectionnement moral relève plus d’un effet de l’art que de son but ; de plus, « le problème de l’art est distinct du problème moral. Le bien, c’est l’accord cherché ; le beau, c’est l’harmonie réalisée [entre l’idéal et le réel, l’idée et la forme]. » Toutes ces supposées fins sont étrangères à l'œuvre d'art en elle-même. En fait, « L'art est appelé à dévoiler la vérité sous la forme d'une configuration artistique sensible », et « le véritable but de l’art est de représenter le beau, de révéler cette harmonie ».

II. L’IDÉAL DU BEAU A. La tâche de l'art II faut partir de Kant, qui établit le caractère absolu de la raison comme fondement de l'intelligence et de la volonté. C'est pourquoi, bien qu'ayant sa source dans l'imagination libre, l'art n'échappe pas à la réflexion scientifique. Mais chez Kant on demeure dans l'opposition rigide de l'objectif et du subjectif. Ainsi Kant en reste à une conception abstraite et subjective - le jugement de goût - alors que l'art est un moment du développement du concept. « L'art a pour tâche de porter le spirituel à l'intuition sensible. » Ainsi l'art fait-il partie du développement général de l'esprit, il est un des moments de l'esprit absolu. Toutefois, « l'art n'a plus pour nous la haute destination qu'il avait autrefois ». II n'a plus la plénitude vitale qu'il avait chez les Grecs. Notre époque est sous le règne de la loi, sous le pouvoir du concept. De ce fait, l’art n’occupe plus, dans ce qu'il y a de vraiment vivant dans la vie, la place qu'il y occupait jadis, car ce sont les représentations générales et les réflexions qui y ont pris le dessus. Et c'est pourquoi on est porté, de nos jours, à se livrer à des réflexions, à des pensées sur l’art : l’art devient une réflexion sur l’art.

B. L'idéal « Le royaume de l'art beau est le royaume de l'esprit absolu . » Mais l'art a une place singulière: il est nécessaire parce que l’homme ne peut toujours se tenir dans la pensée pure, dans le monde des lois et de leur universalité. « Il a besoin aussi de l'existence sensible, du sentiment, du cœur, de l'âme, etc. » Ainsi l'art doit réaliser l'unité de l'extériorité sensible et de la représentation intérieure. Le beau doit donc d'abord être compris comme idée. C'est pourquoi « beauté et vérité sont la même chose sous un certain rapport ». Or, le beau se détermine comme l’apparence sensible de l'idée et c'est pourquoi « l'entendement ne peut comprendre la beauté ». Mais le beau n'en est pas moins esprit et donc liberté. C'est pourquoi « la contemplation du beau est quelque chose de libéral ». Le beau artistique se conçoit par opposition au beau naturel. Ce dernier est le beau privé d’âme, « Complètement absorbé par la matérialité sensible ». Pourtant, la vie en elle-même possède une certaine idéalité parce qu'elle est une contradiction en développement. Il est donc possible de déterminer le sens précis dans lequel la nature peut être dite « belle » comme réflexion de l'esprit. La beauté naturelle atteint son rang le plus élevé avec le corps humain. A la conscience de chacun, la vie humaine apparaît comme la « prose du monde », un monde de finitude, pressé par la nécessité. Dans la beauté des visages, s'expriment au contraire toutes les potentialités de l'esprit. « Il n’y a, sous ce rapport, rien de plus beau au monde que les enfants, parce que toutes les particularités sommeillent en eux comme enfermées dans leur germe, aucune passion bornée ne s'étant encore déchaînée dans leur poitrine, aucun des multiples intérêts qui agitent le cœur humain n’ayant encore creusé son sillon sur leur visage changeant pour y marquer sa nécessite. »

EN BREF : POINT - CLÉS Hegel : l'art ne doit pas imiter la nature, il doit manifester l'esprit Dans l'Esthétique, Hegel remarque que l'idée d'un art comme simple « imitation de la nature» ne peut aboutir qu'à une impasse. C'est un jeu aussi inutile que frustrant. Même en réalisant la « copie » la plus parfaite de la réalité, l'artiste ne reste qu’un suiveur, pas un créateur. Pour éprouver une vraie satisfaction, l'artiste doit créer quelque chose qui vient de luimême, de son propre esprit. Cela ne veut pas dire que l'œuvre d'art doit être l'effet d'une pure fantaisie. L'art ne peut représenter un besoin pour l'homme que s'il est le lieu d'une vérité, d'un contenu spirituel. L'art est ainsi, dans la philosophie d'Hegel, un moyen pour l'Esprit de se faire effectif, de prendre conscience de lui-même par l'intermédiaire d'une réalité sensible. L'art est aussi pour cette raison, seulement un « moment » de la réalisation de l'Esprit, dépassé ensuite par la religion et la philosophie. Art et vérité

L'art comme figure sensible de l'Esprit Dans son Esthétique, Hegel relie l'art au développement de l'Esprit, dont il constitue une figure presque achevée, puisqu'elle inaugure le premier moment de la réalisation de l'Esprit absolu (avec la religion et la philosophie). L'art est une manière pour l'Esprit de se saisir luimême, de revenir en lui-même après s'être réalisé dans le monde extérieur naturel et historique. Dans l'art, l'Esprit apparaît à lui-même et se contemple lui-même sous la forme d'une œuvre qui a une signification spirituelle. Bien que matérielle et sensible, l'œuvre d'art est ainsi l'expression d'une idée. Elle est une idée matérialisée ou encore une matière spiritualisée. L'art est supérieur à la nature Par conséquent, l'art est considéré comme étant supérieur à la nature et n'a pas pour but de l'imiter. Hegel ne nie pas l'existence de beautés naturelles, mais il montre qu'elles ne sont pas issues de l'esprit. Elles ne témoignent d'aucune liberté. Elles sont déterminées par la nature, alors que les œuvres d'art sont créées librement par un esprit. Envisageant la possibilité pour l'artiste de vouloir imiter la nature, Hegel montre qu'il n'obtiendrait qu'une œuvre inutile, présomptueuse et médiocre, inférieure à son modèle naturel. Au lieu de la vie elle-même présente dans la nature, il ne nous offrirait qu'une «caricature de la vie ».

A NALYSE DÉTAILLÉE : L' ART ET LA PENSÉE RATIONNELLE INTRODUCTION L’étude de la théorie de l’art hégélienne a pour préalable une analyse du statut qu’il accorde à la sensibilité et la place qu’il confère à l’esthétique dans sa théorie de la conscience. L’art relève pour Hegel de la conscience et non simplement de l’habileté technique. L’habileté technique est un préalable mais elle ne dit rien de l’art, elle n’est qu’un moyen de façonner l’objet, un savoir-faire qui s’applique aux objets techniques et qui peut caractériser l’œuvre dans sa matérialité. Mais ce qui caractérise l’œuvre d’art en tant qu’elle est autre qu’un objet technique, limité par sa fonctionnalité matérielle (l’objet technique est tout entier déterminé par ce qui lui est extérieur), c’est le fait que l’œuvre est une expression de la conscience, une façon que la conscience humaine a de se manifester. « L’universalité du besoin d’art ne tient pas à autre chose qu’au fait que l’homme est un être pensant et doué de conscience… L’œuvre d’art est un moyen à l’aide duquel l’homme extériorise ce qu’il est. » Est I. L’art est donc universel au-delà des différences des styles puisqu’il est une forme de réflexivité inhérente à toute conscience humaine. On peut qualifier d’art tout ce par quoi l’homme marque de son empreinte le monde de façon gratuite : Hegel évoque les tatouages, les bijoux (quitte à ensuite classifier de façon logique ces arts et ne plus tenir compte de ces formes artistiques car ce qui relève de la conscience ne peut se présenter de façon dispersée et purement empirique comme ce qui relève e la nature). Mais Hegel ne méconnaît pas pour autant des formes d’art qui semblent éloignées notre culture.

L’art est apparence sensible. Le statut de la sensibilité est présenté dans la Phénoménologie de l’Esprit dans le chapitre intitulé : La certitude sensible. Tout d’abord, la sensibilité est un moment de la manifestation du spirituel. Hegel appelle Esprit le spirituel en général, tout ce qui s’oppose au mécanisme, à l’inertie de la nature. Est esprit bien sûr la conscience subjective mais est aussi spirituelle toute manifestation de la liberté, tout ce qui ne relève pas du mécanisme répétitif de la nature, en d’autres termes, l’historicité en général et tout ce qui a une histoire est de nature spirituelle puisque l’histoire humaine n’est pas l’éternelle répétition mécanique du même comme le cycle des saisons dans la nature. On comprend pourquoi Hegel attachera tant de soin à faire entre les arts dans une classification par genres mais aussi et surtout une classification historico-logique. La classification historique est le signe que l’art est spirituel. L’Esprit est donc le Spirituel dans toute son ampleur et pour Hegel, il se manifeste dans la réalité. Il ne plane pas au-dessus des eaux comme l’esprit divin selon la Bible. Il n’est pas transcendant, il est immanent à l’historicité humaine (en un sens, comme le disait le poète Heinrich Heine à propos de sa lecture de Hegel : « nous sommes dieu »). En tant que spiritualité qui échappe au mécanisme, cet esprit se manifeste par l’être qui introduit la liberté dans son agir, qui échappe à l’instinct, c’est-à-dire par l’homme. C’est l’agir humain qui a valeur spirituelle. Mais l’Esprit doit réaliser sa propre liberté, c’est-à-dire qu’il doit devenir auto-conscience : une conscience non déterminée par l’extériorité, une conscience libre. L’esprit construit sa liberté dans l’histoire en réassumant dans l’autoconscience chacun de ses actes, en annulant donc toute extériorité. Sa liberté est construite et non donnée. C’est là le sens de l’historicité : l’histoire est ce milieu dans lequel l’Esprit conquiert sa propre liberté. Quel est le statut de la sensibilité dans ce cheminement de l’Esprit vers sa liberté ? La Phénoménologie de l’Esprit analyse la façon dont la conscience subjective s’élève des formes les plus élémentaires de conscience jusqu’au Savoir absolu c’est-à-dire jusqu’à l’autoconscience. La certitude sensible est un moment de cette épopée de la conscience, elle est même le premier moment. Si on veut commencer, il faut commencer par la sensation. C’est un « savoir de l’immédiat » dit Hegel. Il s’agit tout de même d’un savoir car cet immédiat est pour une conscience. La sensation n’est pas une simple réaction physiologique pour Hegel. De quel savoir s’agit-il ? Un savoir qui semble « immédiatement comme la connaissance la plus riche» car l’objet est là, en personne, dans toute sa particularité. Il semble donné de façon immédiate, le sujet qui l’appréhende étant considéré comme inessentiel. Mais qu’en est-il de cette présence ? Hegel fait s’évanouir l’immédiateté de la présence de l’objet : il est « ici » et «maintenant ». Mais l’ici et le maintenant sont deux positions vides de la conscience, susceptibles de se remplir au gré des hasards. Comme l’initié des mystères d’Eleusis, il ne nous faut « pas seulement douter de l’être des choses sensibles mais encore en désespérer . ». L’être des choses sensibles est dans leur néant. L’immédiateté de la certitude sensible est dans son évanescence car aucune détermination n’est fixée dans la simple sensation. On comprend déjà que pour Hegel, l’art n’est pas affaire de simple sensibilité ou de goût si on conçoit le goût comme une sorte de sixième sens. La certitude sensible doit se dépasser en

perception, en une distinction du sujet et de l’objet qui permet de fixer des déterminations, tant celles de la conscience observante que celles de l’objet. Premier moment, la certitude sensible est nécessaire mais son immédiateté n’est qu’apparente. Ce n’est pas dans l’émerveillement des sens que peut résider pour Hegel la valeur d’un objet, d’une œuvre d’art. On comprend pourquoi le beau ne sera jamais pour lui la beauté naturelle puisque la simple appréhension sensible ne peut être vraiment immédiate et se caractérise par son évanescence. L’immédiat s’évanouit au profit de la médiation. Nous entrons dans la discursivité de la conscience, dans son parcours logique. Qu’en est-il alors de l’esthétique ? N’y-a-t-il aucune immédiateté dans la conscience ? La pensée n’est-elle que discursivité ? L’art est-il un objet parmi d’autres, saisi par la perception ? La saisie de l’œuvre d’art n’est-elle pas révélatrice d’un rapport esthétique de soi à soi de la conscience ? Quelle est la place de l’esthétique, de la relation esthétique de soi à soi de la conscience ? (Si l’esprit est auto-conscience, il doit forcément coïncider avec lui-même). Quelle est la place assignée à l’art dans une conception esthétique de l’esprit, conception qui seule peut lui conférer un statut philosophique ? A chaque moment de l’esprit, il y a une part dialectique et une part esthétique selon la perspective que l’on adopte. Le « résultat calme » (la fixation des déterminations dans le concept) voisine avec « l’inquiétude du négatif » (la saisie de la limitation de ces déterminations et l’exigence de leur dépassement) pour Hegel. Ils constituent l’envers et l’endroit de l’activité spirituelle. La pensée connaît à chaque instant la nécessité de se fixer dans des déterminations qui sont objets d’une saisie...


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