Introduction à la ling. de terrain PDF

Title Introduction à la ling. de terrain
Author Marion Liagre
Course Initiation à la recherche
Institution Université de Poitiers
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Initiation à la recherche en linguistique...


Description

INITIATION À LA LINGUISTIQUE DE TERRAIN

Introduction Sens du mot « linguistique de terrain » ? Opposition théorie/description. La linguistique de terrain va être du côté de la description, elle va étudier les faits de la langues sur le terrain. Qui fait de la linguistique de terrain ? La linguistique de cabinet : écoles de linguistique (structuralisme, cognitivisme, générativisme, etc.) Structuralisme : SAUSSURE, la langue comme système, opposition langue et parole. Cognitivisme : FILLMORE, LANGACKER, FAUCONNIER, traitement de l’information, c’est la cognition qui est au centre. Le cognitivisme considère que les symboles fonctionnent entre eux comme un ensemble de règles. Lorsque nous parlons nous utilisons des symboles. Opposition avec le béhaviorisme (science du comportement, CHOMSKY) Générativisme : CHOMSKY, thèse syntaxique, qui va caractériser la connaissance de la langue, met en avant deux concepts que sont : la performance et la compétence. La linguistique de terrain : sociolinguistique, typologie des langues, dialectologie, analyse de discours, etc. Sociolinguistique : incarnée par WILLIAM LABOV, fondateur de la sociolinguistique moderne. Etude du langage en prenant en compte des facteurs externes à la langue (sociaux, démographiques, économiques). Elle va étudier la langue dans un contexte social. Typologie des langues : classe les langues en fonction de critères grammaticaux et linguistiques. Dialectologie : s’occupe des dialectes, dégage les traits spécifiques à un dialecte (qui concerne la morphologie, la syntaxe, la sémantique) Analyse de discours : approche méthodologique des sciences humaines et sociales qui a une approche multidisciplinaire, et qui va étudier le contexte dans les discours à la fois oraux et écrits. I. Différence entre « méthode » et « méthodologie »

La ling. de terrain va imposer une méthode (et non une méthodologie). Il faut donc faire la différence entre méthode et méthodologie. On va s’appuyer sur la définition d’EDGAR MORIN : Méthodologie : guide qui programme les recherches. Méthode : aide à la stratégie (laisse place à la découverte et à l’innovation) E. Morin (1977-2004) La méthode, 6 volumes, Paris, Le Seuil, (ici vol.3, La connaissance de la connaissance, p. 27

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INITIATION À LA LINGUISTIQUE DE TERRAIN

II. Caractéristiques de l’approche en linguistique de terrain La ling. de terrain est une approche ethno-sociolinguistique. Elle donne priorité à la méthode, elle ne va donc faire appel à la théorie que pour s’adapter aux besoins du terrain, la théorie n’est qu’une aide qui doit s’adapter. Elle s’oppose donc aux constructions intellectuelles et théorique, pour faire une étude on ne peut donc pas s’appuyer sur un cadre théorique donné et le suivre au pied de la lettre. La méthode est une boîte à outils. ATTENTION : ce n’est pas pour autant la méthode qui va piloter la recherche. C’est un questionnement de recherche pertinent justifié par des motivations sociales et scientifiques.

III. Les alternatives en Sciences de Langage et en Sciences Humaines et Sociales En Sciences du langage et dans les sciences humaines en générale nous avons deux alternatives : - les méthodes empirico-inductives empirique : démarche qui se base sur l’expérience inductive : démarche qui s’appuie sur un exemple pour tirer une conclusion générale Méthodes qui vont s’appuyer sur des éléments du terrain. les méthodes hypothético-déductives : déductive : on s’appuie sur des faits particulier pour valider une conclusion préalable. Démarche où l’on va d’abord soumettre une hypothèse que l’on va ensuite valider ou non en s’appuyant sur des exemples. -

Ces deux alternatives ont impliqué un rapport différent aux données et aux phénomènes du réel. Lorsque l’on opte pour un travail de terrain on va choisir une option épistémologique plutôt qu’une option.

Opter pour un travail de « terrain » c’est choisir une option épistémologique : Ce qui est spécifique c’est l’idée que pour construire des représentations linguistiques il faut qu’n observateur pénètre sur le dit terrain et devienne partie prenante d’une relation face-à-face et individuelle.

S. Auroux (1998) « Les enjeux de la linguistique de terrain », dans Bouquet S. Diversité de la (des) science(s) du langage aujourd’hui.

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IV. Qu’est-ce que le terrain ? Est-ce une aire territoriale ? Une zone géographique ? Est-ce un lieu où se produisent des phénomènes humains et sociaux ? Le terrain est un ensemble d’interactions, de relations, d’échanges, d’expériences entre un chercheur et d’autres personnes.

V. Les méthodes hypothético-déductives Elles sont dominantes dans les sciences depuis le XIXème siècle. Elles ont été transférées vers les sciences de l’homme mais proviennent des sciences de la nature, dites sciences exactes. Les méthodes hypothético-déductives correspondent à la linguistique dite de bureau ou de cabinet. Cette linguistique produit des théories formelles.

Ces méthodes sont incarnées principalement par la linguistique structurale (SAUSSURE, CERCLE DE PRAGUE, HJEMSLEV, HARRIS, JAKOBSON, CHOMSKY, etc.) CERCLE DE PRAGUE incarné par JAKOBSON, qui a pour concept central la notion de fonction. HJEMSLEV, maître du CERCLE LINGUISTIQUE DE COPENHAGUE. GUILLAUME, linguistique français connu pour avoir introduit la psychomécanique du langage. CHOMSKY, linguiste américain, qui s’est distancié du structuralisme.

Elles s’appuient sur l’introspection (souvent normative) du linguiste monolingue, ou sur des corpus décontextualisés prétendus représentatifs de la totalité de la langue (HARRIS) Elles consistent à proposer au départ de la recherche, à titre d’hypothèse, une question et à la valider, ou à l’invalider en la confrontant par expérimentation à des données sélectionnées (situation contrôlée). Les données viennent confirmer ou infirmer une construction rationnelle qui, d’une certaine façon, prime sur elles puisque les données sont sélectionnées et organisées de façon artificielle par le chercheur pour confirmer son hypothèse à partir de statistiques souvent par rapport à un groupe témoin qui ne subit pas l’expérimentation. L’hypothèse est alors validée comme une règle à portée générale.

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On peut se demander ce que l’on reproche à ces méthodes hypothético-déductives -

Elles orientent souvent inconsciemment le regard du chercheur vers les données qui confirment son hypothèse. Elles créent d’ailleurs souvent des catégories descriptif ad hoc qui posent problèmes.

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Elles ont tendance à généraliser abusivement en négligeant la complexité des variables contextuelles.

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Elles sont faussement déductives, car l’hypothèse ne peut être formulée qu’à partir d’une question préalable, question elle-même issue de phénomènes observés.

VI. Les méthodes empirico-inductives Les méthodes empirico-analytiques correspondent à la ling. de terrain. Elles sont incarnées par la sociolinguistique, la dialectologie, l’analyse de discours (analyse conversationnelle, lexicométrie), la typologie des langues, etc. Elles s’appuient sur des corpus contextualisés réunis par enquêtes non sélectives, soit au titre de larges échantillons traités quantitativement, soit au titre d’interactions ponctuelles traitées qualitativement par interprétation fortement contextualisée. Elles s’inscrivent dans une approche dialogique, interprétative, et constitue une alternative au rationalisme naturalo-positiviste dans la philosophie occidentale. Le rationalisme naturalo-positivisme va rejeter l’intuition, il veut tout vérifier avec un protocole. Cette approche réintègre le sujet et le contexte dans l’analyse : elles considèrent que lorsque l’homme est l’ « objet » de sa propre démarche de connaissance, il ne peut être que subjectif et donc interprétatif. Elle ne croit pas en l’objectivité de la science.

Les méthodes empirico-inductives ont vocation à s’interroger sur le fonctionnement et la signification de phénomènes humains qui éveillent la curiosité du chercheur, et à rechercher des réponses dans les données. Ces données incluent : - les interactions entre les variables (sujets) que l’on peut observer dans le contexte d’apparition du phénomène dans son environnement. - Les représentations que les sujets s’en font (enquêteurs, enquêtés, observateurs, etc.) Il y a donc toujours un part de subjectivité.

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10 caractéristiques propres à l’approche empirico-inductive 1. Démarche inductive : développer une compréhension d’un tissu de phénomènes à partir d’un tissu de données et non pas recueillir des données pour évaluer un modèle théorique préconçu ou des hypothèses à priori. 2. Les sujets et les groupes ne sont pas réduits à des variables : ils sont considérés comme un tout, l’attention est portée sur le contexte dans lequel évoluent les personnes. 3. Le chercheur est attentif à l’effet produit par son étude sur les personnes enquêtées : effet d’interaction pris en compte dans l’interprétation. 4. Le chercheur essaie de comprendre les sujets à partir de leur système de référence (signification sociale attribuée par les sujets au monde qui les entoure). 5. Le chercheur ne met pas en avant ses convictions : rien n’est pris comme « vérité ». 6. Le chercheur prend en compte/considère tous les points de vue. 7. Éthique humaniste qui implique l’ouverture à l’autre et au social. 8. Données non filtrées, non tronquées par des concepts, des définitions ou des échelles) validité de la recherche. 9. Tous les sujets sont dignes d’étude, mais ils sont également considérés comme uniques. 10. Recherche non standardisée, méthodes souples. Le chercheur crée sa propre méthode en fonction de son terrain d’observation. Il peut même avoir à modifier sa démarche au fur et à mesure.

Mais Malgré tout, cela ne signifie pas que la ling. de terrain n’a pas de défauts. On peut donc lui reprocher un certain nombre de points. -

Manque de rigueur analytique : problèmes de classifications. Subjectivité : problèmes de la distance ou de la neutralité du chercheur. Multiplicité des conclusions possibles : interprétations parfois contradictoires.

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VII. Complémentarité et choix d’une option dominante Beaucoup de chercheurs en Sciences de l’Homme pratiquent un va et vient inductif/déductif. Ils utilisent donc les deux méthodes. C’est le cas de l’étude de cas qui est une enquête empirique, étude d’un phénomène contemporain dans son contexte de vie réelle.



L’étude de cas

L’étude de cas se voit attribuer deux fonctions principales : -

Dans le cadre d’une approche inductive, à partir d’une ou de quelques situations étudiées, elle permet de dégager des processus récurrents pour graduellement recouper les données obtenues et évoluer vers la formulation d’une théorie.

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Dans le cadre d’une approche déductive, elle permet de vérifier la valeur explicative ou prédicative et éventuellement de l’enrichir.

L’étude de cas montre les limites d’une dichotomie entre approche déductive et approche inductive. -

Approche strictement inductive quasi-impossible : le chercheur, après avoir tiré des conclusions, va projeter des hypothèses méthodologiques et théoriques à d’autres cas.

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Approche strictement déductive rencontre les mêmes limites : le chercheur qui a opté pour une approche expérimentale a intégré une certaine dose d’approche inductive.

Conclusion Aujourd’hui l’opposition entre les chercheurs de bureau et les chercheurs de terrain (entre structurofonctionnalisme et interactionnisme) s’est assouplie.

Bibliographie Philippe Blanchet, 2009, Linguistique de terrain : méthode de théorie (une approche ethnosociolinguistique), Presses universitaires de Rennes.

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