La Chanson de Roland et la crise des origines PDF

Title La Chanson de Roland et la crise des origines
Author Sarah Vanderlinden
Course Histoire littéraire
Institution Université Paul-Valéry-Montpellier
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HISTOIRE LITTÉRAIRE :

La Chanson de Roland et la crise des origines INTRODUCTION : Texte aux valeurs opposées à celles du Saint Graal. Idéologie foncièrement guerrière. Crue et sauvage. Une chanson de geste est avant tout une chanson : importance de l’oralité, de la musicalité, du vers. La chanson de geste est un genre littéraire qui traditionnellement était accompagné d’instruments. Pour le public médiéval, il se consomme de manière orale et de manière publique, probablement à l’occasion de fêtes religieuses… Geste (féminin=événements historiques= Grands faits du passé): Importance de l’Histoire, des faits du passé. Texte qui se donne une valeur historique qui tient à la prétention historique. La chanson de geste représente l’une des trois grandes matières littéraires : - Jean Bodel, la Chanson des Saisnes, v6-11 La matière de France : vrai. Concerne tous les récits qui racontent le passé du royaume des Francs (spécifiquement plus l’époque de Charlemagne). Valeur de vérité plus grande. Matière la plus estimée. La matière de Bretagne : creux et divertissant. Concerne la littérature arthurienne, les légendes... Elle constitue la matière la plus basse. La matière de Rome : plein de sagesse et apprend le savoir. Concerne l’antiquité, les mythes…. Valeur pédagogique. A savoir que ce classement est subjectif car c’est celui de Jean Bodel. Tout le monde ne pensait pas la même chose à l’époque mais ce classement était répandu. La question des origines : La version écrite de La Chanson de Roland a été crée vers la fin du 11ème siècle environ. Genre littéraire qu’on voit émerger et se constituer sans savoir trop comment. Les chansons de geste sont incluses dans le genre de l’épopée aujourd’hui. Définition stricte de l’épopée : Long poème narratif (aspect poétique et versifiée) qui relate les faits d’un héros/d’un mythe/d’une légende et ayant une dimension collective et guerrière fondatrice. On considère que l’épopée est l’écriture des origines d’une société qui se célèbre elle-même. On considère depuis un siècle et demi, que la Chanson de Roland est une épopée médiéval, soit la grande épopée du monde médiéval de la France. - Quelques épopées célèbres : - Épopée de Gilgamesh

- Le Mahâbhârata et le Ramayana - l’Iliade - l’Odyssée - L’Eneide. - Quel est le sujet des chansons de geste ? - La période carolingienne (époque de Charlemagne qui était empereur vers 800 après J-C). Les héros de chansons de geste (90 % d’entre eux) mettent en scène le héros Charlemagne en scène et ses douze pairs Olivier, Roland, Turpin (le trio), Guillaume d’Orange, Ogier le Danois… Contenu :Non pas des aventures individuelles, mais des conflits militaires, le plus souvent la chrétienté contre les musulmans. Univers binaire, très manichéen, bien contre mal en de grands affrontements. Or Charlemagne n’était pas vraiment contre le monde musulman mais plus en affrontement contre ses voisins directs. Cette idéologie de la croisade est une idéologie qui date de la composition des chansons de geste (3siècle plus tard). Réinterprétation de la période carolingienne à l’époque des croisades. - La question des origines : La Chanson de Roland (1089?) Premier monument de la littérature en français. Ce n’est pas le texte le plus ancien qui existe mais c’est la première œuvre patrimoniale que les médiévaux célèbrent et veulent préserver. - Premier texte littéraire d’envergure. - Premier texte de culture profane et non cléricale. - Texte métamorphosé par son passage à l’écrit. - Un monument esthétique, par le souffle épique grandeur de l’épopée. - Problème de l’origine : Un style oral très marqué, avec adresses au public, refrains, style formulaire (formules consacrées qui vont revenir périodiquement) et traits poétiques très présents qui contrebalancent les traits narratifs (il y a certains passages qui font passer le récit en arrière plan pour mettre en avant une dimension plus poétique). Question récurrente pour les épopées : version originale ? Mise par écrit d’une version plus ancienne ? Dans ce cas, quelle part de réécriture ? Question de l’auteur : origine collective ? Individuelle ? Construction au fil des âges ? Un auteur de génie ? Un remanieur de génie ? Question de l’origine : thèse individualiste (Turold?)/ thèse traditionaliste. Turold apparaît sur une tapisserie de Baieux et dans le dernier vers de la Chanson de Roland.

- Un incident historique mineur... : Bataille de Roncevaux : Roncevaux est un col dans les Pyrénées. L’armée de Charlemagne avait passé un certain temps en Espagne avant de se faire prendre en embuscade à Roncevaux. On ne connaît pas exactement l’identité de l’ennemi (brigands?), mais ils ont attaqué la caravane pour la pillier, seulement des grands chevaliers ont été tué durant l’affrontement. Roland a sans doute véritablement existé et à sans doute été tué lors de cette bataille. Certains pensent qu’il y avait une présence musulmane : des musulmans se seraient déguisés en brigands pour s’en prendre à l’armée des Francs sous couvert : attaque politique. Charlemagne comme souverain idéal (représentation qui s’impose au fil des siècles) : - Bâtisseur d’un empire - Empereur à l’origine d’une civilisation rayonnante, avec une véritable politique culturelle - Un souverain placé sous le sceau du sacré (il n’est pas roi, mais empereur, c’est-à-dire choisi par dieu. Les empereurs ont une vocation universelle puisque l’empire de Rome est l’empire universel à l’époque). Première renaissance culturelle à l’époque de Charlemagne. Incident historique de la bataille de Roncevaux qui va prendre une ampleur démesurée. Roland est célébré. - … et sa réécriture épique : Dramatisation de l’événement : - Bataille contre les Sarrasins, provoquée par une trahison d’un proche de Charlemagne. - Utilisation d’un paysage spectaculaire (insistances sur les montagnes et vallées extrêmement hautes, sur l’opposition noir et blanc...). Miroir de la société féodale et de ses conflits : - Question de la fidélité vassalique (Est-ce qu’un vassal doit une fidélité absolu à son roi/empereur ?). - Tension entre justice et droit. - Question de la défense de la foi. - Glorification des relations familiales et guerrières mais en même temps de manière problématique. - Trois niveaux de lecture : Affrontement de deux mondes, deux civilisations, deux religions (affrontement binaire et manichéenne) : - Incarnée par l’opposition des deux chefs militaires : Charlemagne et Baligant. Question d’éthique féodale : - Roland et Ganelon, vassalité et rivalité.

- Trahison qui ouvre le récit : événement au cœur de la réflexion sur la féodalité. Réflexion sur la valeur guerrière : - Amitié guerrière : Roland et Olivier. - Charlemagne, Turpin, les douze pairs.



Le manuscrit d’Oxford



Un témoin ancien, mais pas originel

- Chanson de Roland composée vers 1080, mais manuscrit O (= d’Oxford) copié vers 1130, voire vers 1180. - Témoin le plus ancien conservé. - Copie anglo-normande (d’un original continental). - On conserve en tout 7 manuscrits et 2 fragments du Roland :Ces autres témoins affichent tous des divergences avec Oxford : ajouts de péripéties, expansions d’épisodes. Quelques particularités de O : •

Le sigle « AOI »

- Notation musicale, aide-mémoire pour jongleur - Abréviation religieuse (Alléluia, Amen) ? - Cri de guerre ? •

Le dernier vers, « Si falt la geste que Turoldus declinet »

- Poète ? - Jongleur ? - Copiste ? Actuellement toutes les éditions publiques de la Chanson de Roland sont toujours issus du manuscrit d’O ; on édite presque jamais les autres manuscrits. •

Quel statut pour O ?

- Pas la Chanson de Roland, mais une Chanson de Roland. - Plus ancienne version connue, donc sans doute plus proche du texte originel (l’archétype, dans le vocabulaire philologique). - Roland est affecté par la mouvance (Paul Zumthor) et la variance (Bernard Cerquiglini) des textes médiévaux. La mouvance insiste sur l’oralité du texte tandis que la variance respecte la lettre. Tout ce qui est écrit en rouge dans les manuscrits désignent la rubrication. •

La Chanson de Roland : laisses 1-52

Événement principal : Ganelon trahit les siens. Le nom de Ganelon apparaît sous deux formes différentes dans l’AF car cela dépend de son rôle dans la phrase : Guenes/Ganelon (Guenelon). Ce sont des décasyllabes rythmés en 4/6, soit le rythme classique de la chanson de geste. Ils sont organisées en laisses. La laisse n’est pas une strophe (ensemble de vers rassemblé selon un certain ensemble de rime). La laisse fonctionne sur la base de l’assonance, c’est-a-dire que chaque rime se termine par un son musical/vocalique. Une laisse va être un ensemble de vers qui ont la même assonance à la fin. Quelles sont les différences entre le monde sarrasin et le monde chrétien ? Ressemblance

Différence

Chef+vassaux

Monothéisme/polythéisme

Logique guerrière Scènes de conseil Religion au centre Apollon était un nom populaire pour désigner un démon à l’époque. Il faut savoir qu’à l’époque, les gens pensaient que ceux qui aimaient plusieurs dieux, aiment en vrai des démons. Ils pensaient que les latins et les grecs avaient voué un culte aux démons. Cependant, les plus lettrés d’entre eux savaient que les anciens avaient crée les dieux pour justifier les phénomènes naturels. Le prodome (important dans le voc médiéval) vient de l’adjectif preux et du substantif homme qui est caractérisé par sa prouesse au combat. Il a tous les critères pour être le bon et parfait chevalier. Comme le mot Ganelon, le mot baron peut être écrit sous différentes formes: ber (Par exemple, on dit « l’emperere est ber » : l’empereur est vaillant), baron, ou encore barnage, barnét (autre signification. Ex : « sun barét » : ses barons, p62) Au MA, ce mot signifie un seigneur, un noble ou encore un grand guerrier qui appartient à l’aristocratie. Comment Charlemagne est-il représenté ? Fort

Faible

Conquêtes militaires

Dépendant

Atours impériaux

Partial

Prestance

Manque d’autorité Naïveté complexe

La transparence et la franchise sont les valeurs principales du monde féodal (vient du mot fides : confiance). Le système féodal composé d’une hiérarchie pyramidale repose sur la confiance et la fidélité. Les relations entre vassaux et seigneurs sont basés sur la fidélité et la confiance. La pire chose que l’on puisse « commettre » à cette époque, c’est de manquer à sa parole. Tout ce qui va être négatif, maléfique va être le mensonge, l’illusion, l’opacité, le déguisement… Cela peut avoir une manifestation réaliste avec des personnages trompeurs ou rusés, ou bien plus fantastiques avec des illusions ou des personnages surnaturels.

Les personnages les plus positives sont complètement francs et directs (à l’image de Charlemagne ou des Francs), à la limite de la naïveté donc. Ils sont transparents. Question de la transparence, et de la confiance et de la loyauté à une grande importance dans la Chanson de Roland. Charlemagne est présenté de manière ambivalente. Ils a des faiblesses mais il ne faut pas les grossir. La Chanson de Roland stature une certaine image de la monarchie du XIème siècle. Au cours de ce siècle, il y a deux visions de la monarchie : une vision faible et archaïque (ancienne) dont le monarque est le premier parmi les égos « primus inter pares », le roi dépend de la volonté des autres seigneurs. Le roi est plus là pour arbitrer que pour commander. Puis, vers la fin du XIème, la vision change avec l’idée que le monarque est imposé au sommet de la hiérarchie par la volonté de dieu. Ce n’est pas quelqu’un qui a gravit les échelons, mais qui vient des cieux. Droit divin. Avec Charlemagne, on a ces deux visions qui déséquilibrent et qui va créer une crise : roi conciliateur mais avec droit divin.

Foi et communauté dans la Chanson de Roland : Film français sur la chanson de Roland, Franck Cassenti. •

Un monde bipolaire : Deux camps s’opposent de manière frontale et créent un univers tranché où la paix et l’entente sont impossibles.

« Pain unt tort e chrestiens unt dreit », v.1015 : Illustre bien l’univers manichéen. - Deux mondes opposés, au seins d’un système non-ambigu - Les Sarrasins sont définis comme des païens avec une croyance qui les met du coté du diable. - La preuve du bien-fondé des chrétiens est dans leur unité : un Dieu, un empereur, une nation (Les Francs). Valorisation de la simplicité et de la transparence. - Les Sarrasins sont du coté de la multiplicité (et donc du chaos). En réalité, le manichéisme est mot issu de la religion avec l’idée qu’il y a un dieu du bien et un dieu du mal. •

Multiplicité sarrasine

- Multiplicité de dieux Mahomet, Apollin (en lien avec le dieu Apollon), Tervagant (Les Sarrasins ont des attitudes idolâtres. Ex : laisse 187). Ils sont imaginés comme des démons dans l’imaginaire de la Chanson de Roland. - Multiplicité des chefs : Marsile, Baligant (ce dernier deviendra l’équivalent de Charlemagne), amiral, amurafle, algalife, almaçur… (Terminologie de la hiérarchie du monde musulman repris dans le texte mais tourné en chaos). - Multiplicité de peuples qui se reflète à travers les apparences : Voir l. 232-234 - Multiplicité de natures : Sarrasins similaires aux Francs (ex : Blancandrin l.3), ou au contraire monstrueux (Chernuble de Munigre l.78, Micens v.3221-3223).



Le monde des Sarrasins sert à la fois de miroir et de repoussoir

- Élément d’exotisme, mais exotisme menaçant (ex : la terre de Chernuble de Munigre). Exotisme menaçant et de l’inquiétude. - Mais aussi fascination : voir Margarit de Séville, l.77 - Le monde sarrasin est un miroir déformant de la société franque. - Un révélateur de vérités cachées ? En surface la Chanson de Roland présente deux camps construits sur leurs religions, mais en réalité le fait que les Sarrasins adorent trois divinités peut être perçues aussi comme la trinité (le père, le fils et le Saint Esprit) qui est présente dans le monde chrétien. •

Les chrétiens, un camp unifié

- Chez les Francs, servir l’empereur c’est servir Dieu. Charlemagne est un conduit de la volonté divine, c’est un porte voix. (Voir paroles de Roland, l.79). - Absence de classes sociales : peuple de guerriers- même Turpin, pourtant évêque, est un combattant (voir l.89 et 141, sur les guerriers comme martyrs et la critique des moines). Les bourgeois (au sens ancien du terme, c-a-d ceux qui habitaient dans les faubourgs) ne font pas parti du tableau peint dans le livre. Turpin s’identifie complètement à la catégorie guerrière. Il simplifie le monde chrétien en distinguant grossièrement ceux qui ne servent à rien de ceux qui servent à quelque chose. - Dieu protège explicitement le camp chrétien : les anges viennent emporter Roland au paradis, multiples interventions divines, Dieu arrête le soleil à la demande de Charlemagne… •

Trahison et conversion : les deux camps ne sont pas hermétiques ni étanches. Il y a des zones de communication, de transfert et de d’ambiguïté.

L’écartèlement était le supplice des traites. Il va être utilisé jusqu’au 18ème siècle. Paul Zumthor, Essai de poétique médiévale, p.387 : Ce qui l’a intéressé dans la Chanson de Roland, c’est le caractère un peu fluide des deux camps. ➔ Deux mouvements asymétriques décrits par Paul Zumthor - Monde bipolaire, mais monde orienté : l’un des deux camps a raison, l’autre tort. - Deux zones de flou inégales : trahison (mouvement chrétiens vers Sarrasins) ou conversion (païens vers chrétiens). - Mouvements inverses (un Sarrasin qui « trahit » son camp ou un c hrétien qui se « convertit » au paganisme) sont inconcevables. •

Roland, emblématique et excessif : Roland représente d’une part le cœur idéologique de la Chanson, mais en même, il montre aussi à quel point ce système de valeurs est compliqué et parfois même contradictoire. ➔ Le héros de la démesure

- Pour Roland, le service de l’empereur est considéré comme un sacrifice (voir v.1010-1012). Pour lui, le service d’un vassal est de souffrir et de se sacrifier (de se donner entièrement). - L’orgueil et la quête inlassable de l’honneur : v.256 En AF, le mot courage a un sens beaucoup plus neutre, il peut être compris comme tempérament. C’est ce tempérament qui pose problème chez Roland. Puis voir v.1091-1092. Notion de shame culture : Roland est dans une logique de la honte et de la réputation. Il y a l’idée que dans les cultures traditionnelles, il y a deux façons de voir ???= la honte et la faute. Pour la honte, on est non pas jugé par son for intérieur, mais par les autres= on agit pour le bien car on agit pour les autres. Ce n’est pas la peur du remord qui nous fait agir, mais la peur de la honte. Les cultures aristocratiques sont des cultures qui vont valoriser cette culture de la honte. - Logique de la folie de la démesure : v.1724-1726. Face à Roland, il y a Olivier - Olivier est-il un correctif nécessaire à la démesure époque de Roland ? - Ou est-il au contraire un personnage inférieur, trop « raisonnable » pour être un vrai héros ? - Est-il possible de dire que l’un ou l’autre de ces deux compagnons a raison contre l’autre ? - « Rollant est proz e Oliver est sage ;/ Ambedui unt merveillus vasselage » v.1093-1094 : Roland est caractérisé par sa prouesse tandis qu’Olivier est caractérisé par sa sagacité./Idée que tous les deux font preuve d’une admirable valeur. Le deuxième les rassemble et les met sur un pied d’égalité. - Vaut-il mieux être preux ou sage ? Ambiguïté de ces deux vers. Dans la hiérarchie des morts :Oliver est le premier à mourir, ensuite il y a Turpin et enfin Roland avec des morts qui deviennent de plus en plus glorieuses.



Merveilles et miracles •

Un merveilleux chrétien

- « Merveille », en AF= tout ce qui provoque l’étonnement, la stupeur, ce qui est extraordinaire. - Dans ChR, interventions directes de Dieu - Âme de Roland portée au Paradis : v. 2393-2396 - Durendal est d’origine divine : v. 2319 - Songes de Charlemagne : l. 56-57 et 185-186 - Miracle du soleil arrêté : l. 179-180 (évocation de Josué dans la Bible, 12-13). - Thierry est maintenu en vie grâce à Dieu : v. 3923-3931. •

Charlemagne, empereur-prophète

- Charlemagne, comme le Pape, est vicaire (on prend la place de quelqu’un en son absence) de Dieu. Il joue ce rôle-là dans la ChR.

- Communication privilégiée via saint Gabriel, archange, messager de Dieu (cf. Annonciation à la Vierge) : voir songes, mais aussi v. 3610-3611 et l. 291. - Donc trahir Charlemagne, c’est non seulement trahir son seigneur, mais c’est aussi trahir Dieu : la question féodale est au cœur de la ChR qui est ainsi profondément connectée à la thématique religieuse. •

Aspects formels de la chanson de geste en général (et du Roland en particulier) •

Le vers

- La chanson de Roland est écrite en décasyllabes a minori, c’est-a-dire que la césure se fait habituellement en 4/6 et non en 6/4 (il y a quelques exceptions). - Les vers pratiquent fréquemment la coupe épique, c’est-a-dire que la césure se fait sur un e muet, qui n’intervient pas dans le décompte des syllabes. - L’inverse de la coupe épique, quand le e muet à la césure est intégré dans le décompte des syllabes, s’appelle coupe lyrique. On ne trouve pas ce phénomène dans le Roland. - Coupe épique et coupe lyrique seront bannis de la versification classique. Exemple : laisse 61 « Dreiz emperere (…) des oils ne plurt. ». Le e muet n’est pas compté car il est à la césure. •

Effets de continuité, de reprise, d’enchaînement etc.

- Il arrive que deux laisses se suivent dans une pure continuité narrative, comme de simples paragraphes, mais les poètes voient là l’occasion d’une reprise plus ou moins complexe. - Dans les enchaînements simples, un vers, un hémistiche, un mot parfois sont repris du dernier vers d’une laisse au premier de la suivante, formant ainsi à la fois un pont entre les unités distinctes et un écho sur lequel peut s’appesantir ou s’approf...


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