Le dessin enfantin - Bac+4 Psychologie approfondie PDF

Title Le dessin enfantin - Bac+4 Psychologie approfondie
Author Alexis Merieult
Course HLPY10X - Psychologie du développement
Institution Université Côte d'Azur
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Summary

Bac+4 Psychologie approfondie...


Description

Le dessin enfantin

Introduction : Il y a 2 façons de représenter la réalité : il y a le langage avec les mots mais également il y a le dessin (d’ailleurs les enfants commencent par là). Le dessin est une activité enfantine par excellence (quelque soit l’époque, la culture, les milieux, tous les enfants dessinent à on peut très bien dessiner avec une brindille dans la terre ou autre). Elle intéresse particulièrement le psychologue car cette activité reflète à la fois le développement de l’intelligence de l’enfant au sens large, mais aussi sa personnalité. Nous allons nous intéresser principalement aux dessins sous l’ordre du développement global de l’enfant et plus particulièrement à ces capacités grapho-motrices. Pour dessiner, il faut bien sûr avoir une motricité suffisamment développée, affinée pour pouvoir tenir et guider un outil pour faire des tracés mais on a aussi remarqué qu’au fur et à mesure, ces tracés s’enrichissaient, se complexifiaient avec le temps, reflétant la connaissance que l’enfant a du monde environnant. Le dessin, c’est donc représenter le monde extérieur ou son propre corps à l’aide d’un graphisme, et cette représentation suit des règles suffisamment générales pour qu’on ait pu construire des tests de dessin qui permettent d’évaluer le niveau de l’enfant par rapport à son groupe d’âge. Le dessin de l’enfant reflète donc sa grapho-motricité, sa connaissance du monde au sens large et bien évidemment aussi la culture dans laquelle il vit. Puisque les enfants sont soumis depuis tout petit à des images et à des codes graphiques (dessins, dessins-animés, publicités, etc.) qui font qu’ils développent des représentations spécifiques propres à leur culture. Depuis longtemps, les psychologues se sont intéressés à l’évolution du dessin et les dessins du roi Louis XIII comptent parmi les premières traces que l’on ait en France en ce qui concerne le dessin. Un psychologue belge très important du nom de Luquet est un des premiers à avoir formalisé l’étude des dessins. En 1927, il a publié un ouvrage qui s’appelle Le dessin enfantin dans lequel il a décrit les stades du développement du dessin.

1) Les stades de Luquet (1927) : a) Concepts descriptifs : La notion de type : pour lui, c’est la représentation qu’un enfant particulier donne d’un même objet ou motif à travers la succession de ces dessins. Si on prend par exemple le dessin de la fleur, l’enfant va dessiner toujours de la même façon la fleur. Cependant, ce type n’est pas figé, la fleur de quand il aura 4 ans ne va pas être la même que quand il aura 5 ans, au fur et à mesure des âges ses dessins vont évoluer. C’est une notion provisoire car il y a transformation du type. La notion de modèle interne : cette notion est liée à la notion de type car c’est la réalité psychique qui produit le type (le type c’est finalement le reflet du modèle interne). Le dessin d’enfant n’est pas une photographie, l’enfant ne dessine pas comme s’il photographiait les objets. Il perçoit plutôt les objets, il va les transformer dans son cerveau et c’est cette transformation, cette représentation mentale qu’il construit à partir du réel qui se traduit dans son dessin. Aujourd’hui on ne peut plus dire ça mais c’est ce que pensait Luquet à l’époque.

La notion de réalisme : pour Luquet, le dessin de l’enfant est par définition un dessin réaliste, c'est-à-dire qu’il représente toujours quelque chose (que ce soit la réalité objective, extérieure, ou que ce soit une réalité mentale). En clair, l’enfant ne produit pas de dessins abstraits, il produit toujours des dessins, des motifs qui représentent quelque chose, qui renvoient à une réalité. Luquet parle du pouvoir narratif de l’image car l’enfant raconte toujours quelque chose à travers son dessin. b) Stades : Le réalisme fortuit : il se situe entre 2 et 3 ans. Finalement l’enfant dessine un peu au hasard, il fait des tracés, et au cours de ces tracés, il va remarquer une analogie entre son tracé et un objet auquel il pense ou qu’il voit, et il va énoncer la signification, il va faire une interprétation de son dessin à partir de ses tracés. Il va associer ses tracés à un objet extérieur. Pourquoi réalisme fortuit ? Parce que l’enfant ne dit pas en arrivant devant sa feuille « je vais dessiner une voiture », il fait plutôt des tracés parce qu’il aime bien faire ça jusqu'à ce que ça lui évoque un objet. Les tracés sont extrêmement grossiers et il n’y a que l’enfant pour voir une ressemblance entre ce qu’il a dessiné et le motif qu’il est sensé représenter. Le réalisme manqué : entre 3 et 5 ans. Le dessin d’enfant fait preuve de maladresses d’exécution et Luquet donne à cette imperfection générale du dessin le nom d’incapacité synthétique et cette incapacité concerne plus particulièrement les difficultés pour les enfants à représenter les relations entre les éléments, c’est le fait que les enfants ont beaucoup de mal à articuler les différents éléments d’un même objet ou les objets entre eux. Par exemple, dans le corps humain, on verra les mains directement attachées aux épaules sans les bras (ce qui ne veut pas dire que l’enfant ignore l’existence des bras). A la fin de ce stade, il y a un progrès en ce qui concerne l’organisation de l’espace de la feuille. Au départ, les enfants disposent les dessins un peu n’importe comment, n’importe où dans la feuille, on dit d’ailleurs qu’ils flottent dans l’espace de la feuille. A la fin de ce stade, Luquet remarque que l’espace de la feuille s’organise et quand l’enfant dessine par exemple des arbres ou des personnages, il s’appuie sur le bas de la feuille. Le bas de la feuille va donc être utilisé pour représenter le sol et il va faire une ligne bleue par exemple en haut de la feuille pour représenter le ciel. On voit bien que c’est une représentation totalement conventionnelle car quand on regarde le ciel, on ne voit jamais un trait bleu. L’enfant va ajouter un codage qui permet de structurer l’espace de sa feuille. Le réalisme intellectuel : entre 5 et 8 ans. L’enfant a fait des progrès dans sa représentation du réel mais il a encore beaucoup de mal avec notamment ces fameuses relations entre objets ou entre les parties d’un même objet. Pourquoi réalisme intellectuel ? Parce que l’enfant, à cet âge là, veut représenter dans son dessin tout ce qu’il sait de l’objet et pas uniquement ce que l’on en voit. Or on sait par définition que les lois physiques font que lorsqu’on représente un objet, on ne peut pas le voir sous tous les angles. Si on dessine un animal de profil, on ne voit que la moitié de la tête mais l’enfant sait de cet animal qu’il a 2 yeux, donc il va représenter les 2 yeux sur la tête de profil parce que c’est très important pour lui qu’ils soient là. Exemple d’une petite fille de 7 ans qui a une chatte qui attend des petits. Elle va dessiner la chatte et plein de petits chats à l’intérieur de son ventre, tout en sachant pertinemment qu’on ne les voit pas à travers le ventre de la chatte, mais ce qui est important pour elle, c’est de montrer que la chatte attend des petits, et si elle fait un gros ventre, ce n’est pas très significatif à elle utilise donc le procédé de la transparence. On trouve également le procédé du rabattement entre 5 et 8 ans, comme son nom l’indice c’est le fait que tout ce qui est vu de haut est représenté sur le papier de face, ou couché.

L’enfant a des difficultés à représenter la profondeur, la troisième dimension dans un espace qui n’en a que 2. Le dernier procédé est celui du changement de point de vue qui est aussi une caractéristique de ce stade. L’enfant a toujours les mêmes difficultés, à savoir articuler les différents plans de l’espace du dessin. Quand l’enfant fait un dessin un peu complexe, il va représenter chaque élément selon le point de vue qui le plus caractéristique, peut être le plus facile à dessiner. Par exemple, un enfant va dessiner un cheval avec une charrette de profil mais l’enfant va dessiner les 4 roues de la charrette (dont les 2 roues qui sont de l’autre côté en rabattement) et si il y a des gens dans la charrette, il va dessiner la charrette de haut. On va avoir des éléments vue de profil, d’autres vue d’avion, éventuellement d’autres vue de face et du rabattement. Le réalisme visuel : à partir de 8 ans. C’est finalement le dessin conforme du point de vue de l’adulte. Maintenant l’enfant va respecter la dimension visuelle, il ne va seulement représenter ce que l’on voit (le cheval de profil n’aura qu’un seul œil). L’enfant a appris un certain nombre de règles et notamment la perspective. Il sait maintenant représenter la profondeur grâce à certaines lois, techniques comme les lignes de fuite, ou le fait que ce qui est vu au loin soit dessiner en plus petit par rapport au premier plan. Paradoxalement, ce dernier stade correspond au déclin du dessin à seuls les enfants qui aiment le dessin et qui ont des facilitées vont continuer à dessiner. La grande majorité, surtout dans nos cultures où malheureusement les arts plastiques sont très dévalorisés, vont arrêter.

2) Les travaux postérieurs aux années 60 : Luquet considérait que la période du gribouillage (c'est-à-dire la période qui précède le dessin de l’enfant) était sans intérêt mais les autres psychologues non. Ils se sont penchés sur les caractéristiques de ces premiers tracés. Et donc la première forme de réalisme serait enfaite le gribouillage. Les premiers tracés sont complètement dépendants des capacités psychomotrices, et notamment grapho-motrices du jeune enfant. Au départ (entre 1 et 2 ans), on a essentiellement des mouvements qui viennent de l’épaule et du coude, l’enfant n’a pas encore une motricité du bras précise, et donc ce qu’il va mobiliser ce sont ces articulations là (du coude et de l’épaule). Du coup, les premiers tracés vont se caractériser par des grands balayages (horizontaux le plus souvent). A partir de 2 ans et demi, l’enfant va commencer à se servir de son poigné, ce qui va permettre la réalisation de mouvements circulaires, avec les premières figures fermées, ce qui est la base de nombreux dessins (maison, personnages, feuilles, etc.) à premiers schèmes graphiques. Qu’est ce qui permet de définir le passage du gribouillage au dessin ? C’est le fait que l’enfant accède à une dimension symbolique. L’enfant va donner une signification à ses tracés. Au départ, le plus important dans les tracés est le plaisir moteur, le plaisir du geste, c’est le plaisir de laisser une trace en faisant des mouvements. Après (2 ans et demi), c’est la signification qui est importante (même s’il éprouve toujours du plaisir à faire des tracés) à « j’ai dessiné une fleur, … une maison », etc. Vers 3 ans, sur le plan moteur, il continue à progresser, et notamment on rencontre le freinage du geste. L’enfant va de mieux en mieux contrôler ses mouvements, il va pouvoir arrêter son mouvement (exemple de ne pas dépasser dans les coloriages). Cette progression ne se fait pas d’un coup mais de mois en mois il y a de plus en plus d’améliorations. L’enfant va pouvoir commencer à insérer des éléments dans ses figures fermées, il va commencer à les remplir et il va construire un certain nombre d’idéogrammes qui constituent en quelque sorte son vocabulaire graphique et que l’on va retrouver dans ses différents dessins (lignes droites, lignes ondulées, zigzags, pointillés, figures fermées, etc.).

Vers 4 – 5 ans, on entre dans la période du schématisme qui se caractérise par l’organisation du langage graphique. L’enfant commence à respecter un certain nombre de conventions dans son dessin (ligne de sol et ligne de ciel). On voit apparaître des ébauches de scènes, c'est-àdire que les motifs ne flottent plus n’importe où, n’importe comment dans la feuille. Et même si elles sont statiques, l’enfant organise des scènes. On voit aussi une nette évolution dans l’élaboration du dessin avec le genre sexué des personnages qui apparait (détails au niveau du visage, au niveau des vêtements). Effectivement, nous sommes très loin de l’étape du bonhomme têtard (rond avec filaments). A partir de 6 ans, l’enfant va prêter une attention croissante aux détails visuels, son dessin va se faire de plus en plus précis, de plus en plus riche. On entre dans la logique du savoir-faire. Les scènes sont maintenant organisées, on n’a pas simplement une juxtaposition. Par exemple, les personnages se regardent, ils sont représentés d’une manière plus réaliste, les proportions sont respectées, les couleurs sont plus naturelles. Vers 8 ans apparait le réalisme conventionnel, qui incorpore les règles de la culture avec apparition de la 3ème dimension et soumission aux règles du réalisme visuel tel que l’avait défini Luquet. Ce sont des dessins qui présentent des caractéristiques telles que des adultes pourraient le faire....


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