Le Moyen-Âge - Notes du cours magistral sur la poésie au Moyen-âge par Mélanie Lévêque-Fougre PDF

Title Le Moyen-Âge - Notes du cours magistral sur la poésie au Moyen-âge par Mélanie Lévêque-Fougre
Course Histoire littéraire 2
Institution Université de Paris-Cité
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Notes du cours magistral sur la poésie au Moyen-âge par Mélanie Lévêque-Fougre (conférencière à Diderot)....


Description

Approches Historique Histoire des formes et des idées (Antiquité XVIIIe) Théâtre et poésie au Moyen-âge : épanouissement et constitution d’une littérature  Comment évolue la littérature médiévale : la poésie et le théâtre ? I)

La poésie des poètes du nord de la France : les trovers

Ils sont finalement les successeurs des troubadours, on les désigne sous le nom de trover (ancien français « trouver » en langue d’oïl qui signifie composer ≠ les troubadours sont la traduction ni plus ni moins de « trobar » c’était le verbe poétiser en langue doc [La langue du sud de la France]). Ils vont s’inspirer des troubadours, et ce sera un travail de translation qui va être réalisé, c’est –à-dire un travail de transfert culturel d’une aire géographique à une autre. Un transfert qui semble aller de soi, mais tout sauf évident car les poètes D’oc n’étaient pas proche des poètes d’Oïl, il y avait une véritable division linguistique dans le pays, entre les deux peuples ; il y avait une frontière linguistique. Ce transfert a été possible grâce à, tout d’abord les croisades, elles réunissaient un certain nombre de poètes et ces poètes pouvaient tout à fait être des nobles qui participaient encore une fois aux croisades : les chevaliers du nord et du midi se côtoyaient (les croisades jouaient un rôle de propagation des idées). Elles ont servi aussi aux sources d’inspirations des chansons (Les chansons de croisades qui ont été légions au XIIe siècle). Outre ces circonstances politiques, ce qui a permis finalement cet échange culturel ou ce transfert culturel, c’est l’implantation du trobar en terre D’oïl à travers les alliances politiques et notamment à travers certaines familles qui ont favorisé l’échange entre les poètes, les troubadours et les trovers ; car à travers ces familles politiques influentes, à travers les cours de ces familles dans lesquelles évoluaient des poètes se retrouvaient dans ces cours.

Il y a, sans conteste, parmi ces nombreuses cours, la Cour d’Aliénor d’Aquitaine, qui au XIIe siècle, a été l’épouse du Roi de France Louis VII et qui est devenu par la suite, au milieu du XIIe siècle, l’épouse du Roi d’Angleterre Henri II Plantagenet. Elle exporté finalement l’art des troubadours, elle avait pour elle, la Cour d’Aquitaine, et elle a aussi permis d’exporter l’art des troubadours à la Cour d’Angleterre. Et dans cette même Cour d’Angleterre, se retrouvaient également quelques trovers ; notamment les chrétiens de Troyes, qui dans la Cour d’Angleterre a fait la connaissance d’un troubadour : Bernard de Ventadour (qui était un célèbre troubadour). Ces cours, et la Cour d’Aliénor, étaient des lieux de rencontres entre poètes. La fille d’Aliénor, Marie de Champagne, a fait beaucoup parler d’elle. La Cour de Champagne était une cour de lettrés, une cour qui a notamment accueillis des chrétiens de Troyes qui étaient l’un des poètes de Marie de Champagne. Elle a notamment créé ce qu’on appelait des cours de dames (cercles lettrés où des dames très avisées en matière d’amour courtois pouvaient échanger. Cette cour était un foyer culturel, un foyer littéraire où se croisent les poètes. De la même façon, autre fille d’Aliénor, Alix de France ou Alix de Blois ; elle aussi a fait de Blois, une cour de lettrés tout comme leur demi-frère : Geoffroy Plantagenet (qui lui a instauré ce type de cour mais en Bretagne cette fois).

 Quelques repères chronologiques : L’époque des troubadours, le développement de la poésie d’Oc, se situe essentiellement de la fin XIe jusqu’au XIIe, c’est le plein essor de la poésie troubadouresque et la période qui va connaître le véritable développement de la poésie des trovers (la poésie du nord, se fera du milieu du XIIe siècle jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Elle va se développer à travers un grand nombre de genres qui pour la plupart ont totalement disparus par la suite : le grand chant courtois, la chanson de croisades, la plainte funèbre, la chanson d’aube… Une poésie qui se développe autour d’un certain nombre de genre, et des genres qui vont être très vite abandonnés au début du XIVe siècle pour laisser place à d’autres genres (formes fixes comme la ballade, le rondeau…).

Remarque : Les trovers, pratiquent le lyrisme au sens fort, c’est-à-dire que la poésie des trovers est toujours une poésie chantée : la poésie troveresque est toujours une poésie chantée. Puis vers la fin du siècle on aura des textes qui vont se détacher de la musique, on a toujours l’idée de l’expression des sentiments, certes, mais il ne s’agira plus de poèmes chantés ou de façon bien moindre. Donc le lyrisme tel qu’on le connaît, subit une évolution. Et l’art du trover, est un art essentiellement oral, qui était mis par écrit de façon très accessoire : tous les textes n’ont pas été mis par écrit (ce qui a provoqué un double appauvrissement du répertoire car certains textes n’ont pas été mis par écrit et d’autres textes ont été perdus. On peut recenser quand même un groupe d’environ 250 trovers mais dont beaucoup d’entre eux sont des personnages qui n’ont pas été véritablement identifiés (problèmes d’identifications,). Les textes que l’on a gardé des trouvères ont connu un vrai problème d’attribution : d’un manuscrit à l’autre, un même poème peut être attribué à 2 ou 3 trovers différents, pourquoi ? Car cela peut venir du copiste, qui pense bien faire car le texte précédent était attribué à tel poète donc il se dit que le texte suivant doit être attribué au même poète (on écrivait les textes, et les attributions se faisaient après coup).

La production des trovers est une production qui se massifie, c’est-àdire que les chansons des trovers sont recopiées dans des « chansonniers » (anthologies) dans lesquels on retrouvait le texte et parfois en vis-à-vis du texte sa notation musicale : on parle de « textes notés ». Les trovers, à cause de ces chansonniers se retrouvent dans une poésie de masse, brassés au milieu d’autres noms alors que chez les troubadours, dans les manuscrits retrouvés, les troubadours sont beaucoup plus clairement individualisés, et très souvent accompagnaient les textes des troubadours les « vidas » (la vie du troubadour, sorte de biographie fictive) et des « razos » (petit commentaire de texte) = individualisation de la personne. Alors que dans le domaine D’oïl, pour les trovers, on se détache de ce contexte biographique, on s’éloignait de l’individualisation de la personne. La répartition de ces trovers a été assez inégale, on se retrouve avec des trovers qui ont écrit 2 ou 3 pièces et d’autres qui ont écrit 20 chansons ; la plupart des trovers dont on a retrouvé les noms sont proches des 2 voire 4 textes que des 20 chansons : à l’époque les écrits nombreux bénéficiaient d’une notoriété importante.

Il y a trois grands foyers qui se distingue chez les trovers : la Champagne, le nord de la France (qui ont été les premiers grands foyers qui ont vu se développer l’art des trovers). D’autres foyers vont se développe comme la Lorraine (au XIIIe siècle). En ce qui concerne leurs conditions sociales, elles étaient variées : ça allait du plus haut rang (Thibault de Champagne) à contrario des trovers un peu plus bas dans l’échelle sociale (Colin Muset) ; il y avait aussi les bourgeois (Bourgeois d’Arras).

II)

Les différents registres a) Une histoire d’inspiration et de différenciation

Les trovers offrent dans leurs poèmes, une survivance de l’art des troubadours, on va retrouver l’idée d’amour courtois qu’avaient développer les troubadours. Mais elle est plus codifiée et systématisée, notamment à travers un traité qui va mettre à plat les codes de l’amour courtois : Le Traité de l’Amour Courtois d’André le Chapelain (qui a été écrit au XIIe siècle en latin : « De Amore »), et encore une fois, il codifie les grands principes de l’Amour Courtois qu’on avait déjà chez les troubadours et dont les trovers vont s’inspirer. La poésie des trovers s’inspire certes de celle des troubadours pourtant elle est très souvent qualifiée de plus abstraite et de plus pessimiste (la tonalité est différente, la poésie des trovers se fait avec un peu plus de retenue, on lui reproche son manque d’extase…). Il est vrai qu’on a reproché très souvent reproché aux trovers d’avoir fait de la poésie des troubadours un exercice d’école, une poésie formelle. En ce qui concerne la composition de la chanson d’amour qui était le genre par excellence de la poésie des trovers, elle a connu un grand succès entre le XIe et le XIIe siècle ; la chanson est composée de 5 à 6 strophes, avec des strophes qui vont de 8 à 10 vers, et surtout dans leur composition, elles respectent un ordre, chaque strophe a un rôle bien particulier (notamment la première et la dernière strophe) :

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La 1re strophe est ce qu’on appelle un exorde et il existe un certain nombre d’exordes-types ; le poète doit se plier à cette strophe inaugurale, à ce début de poème. 1er type d’exorde : Le chant est tellement lié à l’amour que celui qui chante mal est celui aime mal, c’est aussi celui qui aime médire du véritable amant. 2e type d’exorde : la reverdi, c’est-à-dire que c’était dépeindre le renouveau printanier, une façon de dire que la nouvelle saison reprend, les oiseaux chante, la nature reprend ces droits donc le renouvellement de l’amour.

b) Les autres genres et originalités La poésie de Thibault de Champagne présente des originalités : le poète se compare à la licorne (or la licorne animal qui sort tout droit des bestiaires, c’est une figure symbolique des bestiaires), il importe ici un animal (un motif du bestiaire) dans la poésie lyrique, c’est une forme d’originalité. Autre originalité chez Thibault de champagne, il va également chercher son inspiration dans les romans allégoriques. On retrouve des allégories présentes dans ses sources d’inspirations. La chanson courtoise finit par, ce qu’on appelle : un envoi, c’est-à-dire une adresse à une dame aimée ou au mécène (protecteur). Dans la littérature topique, nous retrouvons également La Chanson D’Aube, nous sommes dans le genre non-courtois car La Chanson d’Aube est vraisemblablement d’origine populaire. Elle pouvait prendre deux formes : longue plainte d’une femme séparée de son amant : une chanson de femme ou une forme lyrico-narrative avec plusieurs personnages (forme polyphonique) notamment le guetteur de la tour, l’amant et la femme (mais elle ne s’exprime). Généralement il y a un refrain dans La Chanson d’Aube et ce refrain est particulièrement quelque chose qui appartient au genre popularisant ; le refrain c’est la chanson sur laquelle on va danser, sur laquelle va chanter ; il participe au registre popularisant de La Chanson d’Aube. Tous ces genres, qu’ils soient courtois ou non-courtois étaient donc couramment pratiqués dans le nord mais avant cela dans le sud de la France (par les troubadours). Ces genres ont surtout été développés au XIIe siècle mais il faudrait se garder de penser que c’était le seul type de poésie qu’on rencontrait car au XIIIe siècle on va se diversifier sur les sujets poétiques (jusque-là c’était l’amour courtois ou noncourtois). On va partir de plus en plus vers une poésie dite personnelle (les poètes vont se construire une personna [personnage littéraire dont ils vont raconter les mésaventures], néanmoins il s’agit des décrire des mésaventures personnelles, financiers, etc. On est moins dans une poésie lyrique/formelle que dans une poésie personnelle parfois plus narrative.

III)

La poésie du XIVe du XVe siècle

Nous quittons la poésie des trovers, pour arriver au XVIe siècle, comment la poésie de la fin du Moyen-âge s’inscrit-elle dans la continuité de la poésie du XIIe et XIIIe siècle et celle du XIVe et XVe siècle ? Il faut se replonger dans la fin du Moyen-âge. Dans l’histoire littéraire, on parle du déclin du Moyen-âge. Parmi les loisirs existants, il y avait la poésie et cette poésie qui voit naître un nouveau statut de poète de cour qui sont assurés par des mécènes et des poètes qui sont confrontés à des contradictions sociales : ce sont des poètes d’origines modestes, mais qui vivent côté de leurs mécènes, malgré leurs origines modestes ils partagent la vie de leurs mécènes ; un décalage se créé, décalage renforcé finalement entre l’origine modeste de ces poètes et le statut qu’ils ont au sein des cours car la poésie est véritablement un art prestigieux en cette fin de Moyen-âge grâce à un phénomène lié à l’organisation des classements des œuvres. Après le XIIIe, se développe la prose y compris dans les œuvres fictions ce qui va faire que les œuvres écrites en vers vont être réunies en une seule unité qui se dotent d’un certain prestige : les vers est une écriture plus prestigieuse, plus formée, plus ornée, plus fine donc celui qui manie le vers est forcément quelqu’un de doué. Le poète par la même est considéré comme l’Homme de lettre par excellence. Se développe, à travers ce nouveau statut, les concours de poésies de plus en plus en 1400 (Charles VI institue une cour d’amour, et dans cette cour d’amour, on rend des jugements littéraires sous le contrôle d’un prince d’amour) ; le poète est un homme admiré et dépendant qui produit/compose sur commande, et qui ne possède pas de nom ni de titre et qui est dans le sillage du mécène. Il y a donc une vraie contradiction entre d’où vient le poète et où il vit maintenant ; il y a une différence entre les poètes du XVe siècle et ceux du XIIe siècle. Et le mot poète évolue avec cette condition de poète de cour, car pour la 1re fois, au XIVe Guillaume de Machaut est le 1er poète, écrivain à être désigné comme étant un poète par son disciple Eustache Deschamps. Le mot « poète », apparaît dans la langue française dans Le Livre du Trésor au XIIIe siècle ; c’est une encyclopédie écrite par un italien mais c’est une encyclopédie écrite en français. C’est autre type de noblesse qui naît.

Le poète à la fin du Moyen-âge, s’apparente de plus en plus à l’image qu’on en a au XVIe siècle et qu’on en aura par la suite, à un créateur et il y a une véritable prise de conscience de cette création, de l’acte de créer ; du métier d’écrivain, il ne s’agit plus seulement de cet amusement qu’on retrouve chez les trovers ou chez les aristocrates et un sentiment de fierté vis-à-vis de cette création. Dans le Voir dit (= dit véritable) il y a un vrai travail de mise en abime du travail d’écrivain : un travail littéraire nouveau en cours d’élaboration. C’est dans ce cadre de création le poète de la fin du Moyen-âge que l’on peut rapprocher avec l’image du pique-maillon. Cependant, ce créateur est de plus en plus individualisé, et est représenté par un nom, une signature. C’est aussi une individualisation qui se fait au travers du prisme de la littérature (sur le plan fictif ; c.f « persona »).

Nous quittons dans le XIVe siècle pour entrer dans le XVe siècle, pour montrer la continuité de l’évolution de la poésie avec F. Villon qui crée une fiction testamentaire. Et avec cette fiction, Villon évoque plusieurs fois ses témoignages, il se présente comme un marginal et un personnage pathétique, comme le pauvre Villon. Il s’inspire de sa propre expérience pour construire son personnage littéraire, pour construire une fiction testamentaire. Néanmoins il y a une forte individualisation du personnage poète ; et ce sont des poètes qui vont suivre leurs écrits. À la fin du Moyen-âge ; apparaissent des œuvres complètes d’un même auteur, de belles œuvres enluminées (offertes aux mécènes et aux seigneurs) qui mettent en scène le personnage du poète. La poésie à partir du XIVe siècle n’est plus en lien direct avec la musique. Les poètes ne sont plus poètes et musiciens (Guillaume de Machaut, sera le dernier poète-musicien ; son disciple Eustache Deschamps ne sera plus que poète). D’ailleurs dans son art, de dictiez et de faire-chanson. Deschamps évoque cette différence, cette rupture entre la poésie et la musique, il fait la distinction entre la musique naturelle (musique des mots) et la musique artificielle (musique obtenue à l’aide d’instruments). C’est aussi en cette fin de Moyen-âge que se fixent un certain nombre de formes comme la balade ou le rondeau. Tout comme la séparation de la poésie et de la musique, il y a un renouvellement du lyrisme à travers les thématiques et notamment à travers la thématique du temps, la façon d’appréhender le temps est au centre du renouvellement du lyrisme. Au XIIe et XIIIe siècle, la littérature renvoie une perception cyclique du temps (idée du refrain et de la chanson, la reverdi). Or, à la fin du Moyen-âge se développe une

perception plus linéaire du temps et les poètes sont de plus en plus sensibles à la fuite du temps et cela transparait dans l’idée de la mort, de la vieillesse. On retrouve quelque part, un contexte sombre et historique. Cette fascination pour la mort, on la retrouve chez Villon dans sa balade finale, mais on la retrouve aussi dans La Balade des Pendus (idée du pourrissement des chairs). Le thème iconographique de la danse macabre apparait au XVe siècle et sera repris moult fois après. Il désacralise la mort, une volonté de mise à distance de ce qui effraye dans une atmosphère carnavalesque -> un renvoi à l’instabilité du monde. Les trovers présentaient des chansons qui s’inscrivaient dans un présent perpétuel, le trover évoque l’amour pour sa dame dans le présent perpétuel, il n’évoque ni le passé, ni véritablement futur car le futur c’est toujours l’espoir du don de merci auquel la dame accède -> le trover lui est toujours dans l’attente de la dame (futur repoussé qui n’est jamais effectif). Le présent représente le refrain, un éternel retour. Nous ne sommes pas dans une poésie qui s’inscrit dans la durée ; d’ailleurs le mot « refrain » vient du latin « risée » (discontinuité). Nous sommes dans l’esthétique du discontinu, nous avons comme ça un poème qui a une autonomie.

Or, cette appréhension linéaire du temps va de pair avec une nouvelle organisation de la poésie, une nouvelle façon d’écrire la poésie, une nouvelle esthétique de la poésie. Nous quittons la discontinuité pour une forme de continuité, la circularité pour une linéarité et ce qui va faire la différence c’est une mise en récit de la poésie au XIVe et XVe siècle qui n’était pas de mise dans les XII et XII siècle ; on distingue deux types de mise en récit : -

La mise en récit implicite : recueil de poésie où chaque pièce (pourtant bien dissociée) marque une étape dans un récit implicite (une histoire où le récit est sous-entendu).

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La véritable mise en récit : c’est-à-dire, une trame narrative et à l’intérieur de cette trame sont insérés des pièces lyriques qui participent à l’histoire donnée par la trame narrative (quelque d’assez novateur).

Ce qui est assez nouveau, c’est aussi cette poésie polyphonique qu’on retrouve chez Guillaume de Machaut (il donne la parole à sa

maîtresse) et qui n’existait pas chez les trovers ou les troubadours tout simplement parce-que, certes les trovers/troubadours s’adressaient à leur dame mais finalement il s’agissait d’un amour en trompe-l’œil, la dame ne répondait jamais. On avait une littérature narcissique chez les trovers/troubadours car finalement le poète (la dame était un prétexte littéraire) était beaucoup plus centré sur son art que sur le destinataire de son poème ; la dame apparaissait bien plus comme un lieu commun. On retrouvait une poésie à une seule voix (dans les XIIe et XIIIe siècle) dont il fallait restituer les réponses de la dame, il n’y avait que le « je » énonçant, le « tu » et le « vous » n’avaient finalement aucune réalité. Ce qui n’est plus le cas dans cette poésie beaucoup dialogique ou en tout cas dans le Voir-dit où deux interlocuteurs échangent à travers un dialogue, des scènes de rencontres, des lettres, des poèmes. Un autre aspect de ce Moyen-âge finissant apparait également : les formes fixes car s’opère un autre tournant, d’un point de vue formel entre la poésie des XIIe et XIIIe siècle et la poésie de la fin du Moyenâge. On quitte finalement la forme de la chanson (forme longue et libre) pour se tourner vers des formes fixes, des formes qui vont se fixer au XIVe–XVe siècle, beaucoup de formes fixes comme le ro...


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