Littérature française - La tragédie du XVIIème siècle et l\'oeuvre Horace de Corneille PDF

Title Littérature française - La tragédie du XVIIème siècle et l\'oeuvre Horace de Corneille
Author Riad Radja
Course Littérature française
Institution Université Lumière-Lyon-II
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Summary

Ce cours revient sur la définition et les enjeux généraux d'une tragédie française au XVIIème siècle avant de s'intéresser plus particulièrement à l'oeuvre de Corneille, en développant l'exemple commenté et analysé de sa pièce célèbre Horace. Je précise que ces notes sont le fruit d'une élaboration ...


Description

Cours sur la tragédie et sur l'oeuvre Horace de Corneille

1. Que signifie « tragique » au XVIIème siècle ? → ça signifie « propre à la tragédie », mais attention ! Ici « tragique » n'a pas le sens de « destin malheureux/fatal », sens qui n'existe qu'à partir du XIXème siècle ! → Dans la Poétique d'Aristote, il ne parle jamais de la tragédie comme destin fatal etc., mais comme étant « Tragédie = Terreur + Pitié », et il dit, dans le chapitre VI, que les événements qui excitent le + la terreur et la pitié c'est : « celles-là qui semblent les plus surprenantes qui paraissent produites comme à dessein » (exemple : celui qui a tué Mutys regarde la statue de Mutys, et meurt parce que la statue lui tombe dessus → c'est surprenant mais en même temps on dirait que c'est fait exprès!) → Donc le « tragique » est une question esthétique (il n'y a pas de derrière de vision du monde, de métaphysique du tragique/du fatal... tout cela arrivera au XIXème siècle avec la critique allemande) → selon cette vision pessimiste, ce ne sont pas Corneille ou Racine les vrais 'tragiques', mais plutôt Ionesco, Beckett ou encore Kafka, dont l'oeuvre est imprégnée de pessimisme profond concernant la nature humaine.

2. Le théâtre de Corneille = prône la pleine liberté de l'homme sur sur son destin → autre aspect de la tragédie : question de la fin (règlement des tensions politiques, sujet phare de Corneille) → concernant la fin de Horace : → Rome reprend le pouvoir (bonne chose) → Famille : la crise familiale qui a éclaté se règle (réconciliation) → bonne chose même si Camille et Curiace ont crevé, le dénouement a tout de même permis la paix et la tranquillité (c'est plutôt chez Victor Hugo que l'on retrouvera des fins sanguilonantes où tt le monde meurt ! Parce que chez les classiques : c'est pas du tout obligé que ça se termine mal!) → exemples Britannicus → se termine MAL Mithridate → se termine BIEN (rare pour une pièce de Racine mais c'est parce que c'est sa pièce la plus cornélienne en quelque sorte) Nicomède → se termine BIEN Cinna → se termine BIEN Alors : pourquoi Horace est une tragédie ? 1/11

Caractéristiques de la tragédie, et surtout de la tragédie cornélienne : Première raison :( Corneille s'inspire de Tite-Live, Ab urbe Condita, Livre I) → c'est: –

un sujet noble (grand intérêt d'Etat)



des intérêts nobles (Etat, ambition, vengeance)

→ Mais contrairement au récit livien, Rome et Albe apparaissent chez Corneille comme des Etats encore fragiles, en construction → leur sauvegarde apparaît donc comme fondamentale, et c'est pourquoi il faudra qu'elle passe par des parricides ! (voire même matricide car Albe a engendré Rome) → Ce sujet « Comment faire pour sauver Etats en péril ? » résonne beaucoup avec ce qui se passe en 1635 (la France est gouvernée par Louis 13 et le ministre Richelieu a une très grande importance) En 1635 : la France déclare la guerre à l'Espagne car elle se sent encerclée par la puissance espagnole (Espagne + Provinces-Unies sont le même territoire à l'époque) → or au lieu de se réconcilier avec nos frères catholiques (l'Espagne) nous choisîmes de pactiser avec les sales protestants en aidant les Provinces-Unies D; → Il y a comme une mutation, dans la tragédie cornélienne, entre l'objet du Cid en 1637 (ce qui compte c' la famille) et celui d'Horace en 1640 (ce qui compte c' l'honneur de la patrie & l'Etat) !!!, cela s'explique en partie par le fait qu'à l'époque de Richelieu feat. L13, le pouvoir monarchique est fort, et Rich' fait raser des châteaux forts pour enlever de la puissance aux grandes familles seigneuriales → d'où le #FuckLaFamille → Horace devient un second Romulus (Rome est fondée lorsque Romulus tue le frère Rémus!) « Sans lui j'obéirais où je donne la loi » → mots du roi Tulle à la fin, dans l'acte V, pour remercier Horace d'avoir permis la victoire à Rome, et ainsi de permettre au roi de donner la loi plutôt que d'obéir ! « Il semblait présenter sa gorge au coup mortel » → au sujet de Curiace, dont la mort est racontée par Valère dans l'acte IV, et qui montre que le combat tenait + du sacrifice que du vrai combat, sacrifice pour permettre à l'Etat de naître et de se stabiliser #RaisonNobleDeCrever → Mais dans le récit Livien ça ne se passe pas du tout comme ça !!! → en vrai dans l'histoire, Horace tue Camille sur la place publique !!!! et il est jugé après son crime, et condamné c'est un crime dangereux !! → mais vu qu'il est sur une place publique il a pu demander son avis au peuple, qui décide d'absoudre Horace (pck il a sauvé la patrie quoi)

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→ Donc dans la pièce, le peuple est totalement supprimé de la figuration , il est absent et n'a plus aucun pouvoir : c'est Tulle qui choisit tout (regard monarchique qui permet à Corneille d'introduire le caractère « magnanime », de la grande âme qui fait preuve de générosité, de clémence, un peu comme dans Cinna #LaClémenceD'Auguste) Deuxième raison : → la question de l'émotion –

Première émotion suscitée : la Terreur et la Pitié

→ c'est rare, mais ici Corneille est d'accord avec Aristote sur ce point ! Pour la tragédie il convient de faire ressentir ces émotions. Ils sont à peu près d'accord. Aristote pense que : ===> l'agencement des événements : il faut que tout se passe « comme à dessein », c'est-à-dire pas trop de rebondissements arbupts ou improbables, qui empêcheraient toute émotion ===> le personnage concerné par la terreur et la pitié : il doit être en pleine gloire, au sommet de sa prospérité, et là il commet une erreur qui fait peur car il risque de chuter violemment

Corneille pense plutôt que : –

la pitié est ressentie pour le personnage qui est tiraillé entre le devoir familial et l'appel de la patrie : Curiace est LE personnage de la pitié dans la pièce, puisqu'il est vaillant et près à se sacrifier pour l'Etat, mais se sent terriblement désolé de devoir tirer un trait sur l'intégrité de sa famille. Mais bien sûr tous les grands personnages de la pièce vivent le même tiraillement, et inspirent la même pitié.



la terreur est ressentie par le spectateur pour lui-même (qui aurait peur qu'une telle chose lui arrive) → par exemple on aimerait pas être obligé de faire des putain de parricides pour sauver sa patrie, parce que ça fait pas plaisir quand même.



Deuxième émotion suscitée : l'Admiration

→ Corneille ajoute aux émotions décrites dans la Poétique d'Aristote une émotion propre à luimême, sa petite touche personnelle : l'Admiratio ! (admiror en latin = regarder avec un grand étonnement → dans tonnement il y a tonnerre! = sens très fort) Exemple typique : le personnage d'Horace, qui fascine par la facilité avec laquelle il va crever sa propre famille au combat : il suscite la peur, le respect et la crainte à la fois (#Awe #Respectmêlédecrainte), car même s'il semble quand même pas très humain, c'est une forme

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parfaite, idéalisée, du courage et de la bravoure et de la virilité de l'homme viril *_*

3. Horace : commentaire de l'acte IV, scène V (le + pathétique de la pièce!) → il s'agit de l'affrontement entre Camille et Horace, affrontement verbal qui se solde du meurtre d'Horace sur Camille Sujet cher à Corneille : L'affrontement entre la patrie et les sentiments ! → S'il n'y a certes pas eu de querelle telle que celle du Cid autour de la pièce Horace, un truc a tout de même été beaucoup reproché à Corneille : la brutalité de la mort de Camille. En plus de ça, il n'y a pas d'unité d'action dans la pièce (il y a d'abord le péril de Curiace au combat, puis le péril de la mort de Camille tuée par son frère, puis encore le péril du procès d'Horace.... ça fait beaucoup!) → Mais ici cet affrontement entre le frère et la sœur est fondamental car il s'agit de l'image même du conflit présent dans tout la pièce : Etat VS Sentiment !!

→ Acte IV : scène 4 : monologue de Camille, outrée de la façon joviale dont le vieil Horace lui a conté la mort des Curiace, elle s'indigne et se prépare à maudire le frère qui revient victorieux : « Dégénérons, mon cœur, d'un si vertueux père, / Soyons indigne sœur d'un si généreux frère, / C'est gloire de passer pour un cœur abattu / Quand la brutalité fait la haute vertu. » → elle se détache donc de la « brutalité » que représente pour elle la vertu éclatante de sacrifier sa famille pour la patrie, et la gloire pour elle est de s'opposer à cette pseudo-gloire d'Horace. →Même acte, scène 5 : affrontement verbal entre le frère et la sœur : Horace : Présente son bras vengeur de leurs 2 frères, et demande que Camille admire son exploit Camille: Se plaint de la perte de son amant « Ô mon cher Curiace ! » Horace : « Ô d'une indigne sœur insupportable audace ! / D'un ennemi public dont je reviens vainqueur / Le nom est dans ta bouche, et l'amour dans ton cœur ! » → il est outré, dit que ses « flammes » doivent être « étouffées » et bannies de son âme, et qu'elle doit adorer « ses trophées »

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(brutalité victorieuse) Camille réplique avec sa tirade finale pleine de haine : affirme son attachement à son amant perdu « Rends-moi mon Curiace, ou laisse agir ma flamme » + traite la « gloire » d'Horace comme simple outil de la « brutalité » dont il fait preuve Horace : « Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur » → bonheur, tout de même ! Pour lui ce n'est rien du tout d'avoir tué Curiace, face « aux intérêts de Rome » qu'il faut servir avant tout. Camille, enfin : « Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! / Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon Amant ! / Rome, qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! / Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! » → anaphore pour insister sur la haine qu'elle ressent à l'égard d'un Etat qui ne signifie rien pour elle face aux sentiments + insistance sur son ressentiment, sur l'amour qu'elle ressent pour Curiace (rime ressentiment/Amant) autant que sur la rage qu'elle ressent pour la brutalité de son frère « que je hais parce qu'elle t'honore » => qui dit amour exacerbé dit haine exacerbée ! (sentiments à fleur de peau) → Insistance encore avec une malédiction profane de Rome, que « l'Orient », « l'Occident », « cent Peuple unis des bouts de l'Univers », le « courroux du Ciel », elle en appelle à toute la terre puis aux cieux afin de détruire cette cité qu'elle maudit → en réalité c'est déjà une destruction verbale de Rome (car au théâtre la parole et acte), et aux yeux de Horace c'est aussi immonde que si Rome avait vraiment subi tout ça → Elle souhaite une destruction, un déchirement des « entrailles », un « déluge de feux », un « foudre » : malédiction venant à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. L'évocation de l'intérieur (entrailles) met en avant l'horreur que représente pour elle un parricide. Puisque le parricide est toléré, pourquoi ne pas s'auto-détruire, tant qu'à faire ? L'évocation de l'extérieur expose bien son point de vue quant à la cité : elle se considère comme n'en faisant plus partie, et comme spectatrice de son anéantissement souhaité, jusqu'au bout : « Voir le dernier Romain à son dernier soupir, / Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » → pour elle la mort n'est rien face au bonheur de voir Rome réduite à néant, car elle a déjà tout perdu. Le fait de terminer sur le mot « plaisir » montre bien qu'elle ne conçoit pas un bonheur austère, qui passe par le bonheur de la patrie, mais un bonheur qui se fonde sur le contentement des sens et des émotions, sur l'amour et le vivre-ensemble, conception du bonheur qu'elle défend jusqu'au bout. → C'est là qu'Horace la tue, en clamant « C'est trop, ma patience à la raison fait place. », comme si le fait de se retenir de tuer sa sœur n'était pas raisonnable !

==> dans ce combat ultime ETAT contre SENTIMENT : 5/11

→ on voit que Camille reprend le flambeau de Curiace (qui lui aussi était un personnage qui attachait, au fond de lui, plus d'importance aux sentiments et à l'amour, qu'à la patrie) → mais Camille est la sœur de Horace, et elle tient du sang qui les lie cette capacité à « rompre tous les nœuds », bien que ce ne soient pas les mêmes : Horace parvient à se défaire de ses liens amicaux (son beau-frère Horace) et familiaux (sa sœur Camille) pour pouvoir servir la patrie, ce qui fait peur au spectateur ! (respect mêlé de crainte). Camille, c'est l'inverse : elle se défait de la patrie, de l'Etat, pour défendre jusqu'au bout son amour et ses émotions. → Ainsi, Curiace est le personnage qui n'arrive pas à rompre tous ces liens qui le tiennent attaché d'un côté comme de l'autre : dans l'Acte II scène 3, une fois que Curiace et Horace ont appris qu'il vont se battre l'un contre l'autre, Horace se réjouit (« Mais vouloir au Public immoler ce qu'on aime, » (...) « Et, rompant tous ces nœuds s'armer pour la Patrie » (…) « Une telle vertu n'appartenait qu'à nous ») tandis que Curiace, s'il accepte le combat (pck faut pas déconner c un homme quand même!), le fait bien à contre-cœur : il ira au combat certes, mais ne s'en réjouira pas, lui : « Ce triste et fier honneur m'émeut sans m'ébranler » → l'honneur qu'on lui fait le touche, mais il n'ira pas jusqu'à le bénir. « Et si Rome demande une vertu plus haute, / Je rends grâces aux Dieux de n'être pas Romain, / Pour conserver encore quelque chose d'humain. » → à ses yeux, accepter son devoir tout en restant peiné, est conserver son humanité ! Il ne peut pas être héros à 100%...

==> Alors que Horace et Camille sont similaires par le choix définitif qu'ils ont pris : Horace est héros à 100% (suit le devoir), Camille « « « contre-héros » » » à 100% (suit le vouloir). (Curiace, lui n'arrive pas à choisir : « oui, mais... » « il est vrai que, mais... », etc.) Corneille et la dialectique du héros de Serge Doubrovsky : établit le schéma de l'héroïsme cornélien tout ça : –

Commun des mortels = la banalité moyenne, représente 90% des gens.



Gens vertueux qui acceptent de mourir pour leur partie = il n'y en a qu'un peu moins de 10%, mais ça reste beaucoup ! « Combattre un ennemi pour le salut de tous, / Et contre un inconnu s'exposer seul aux coups, / D'une simple vertu c'est l'effet ordinaire, / Mille déjà l'ont fait, mille pourraient le faire. », dit Horace dans l'acte II scène 3



Les rares héros qui acceptent le sacrifice ultime de tuer l'autre soi-même (= exceptionnel ! = y en a très peu, moins de 1% des gens) « Mais vouloir au Public immoler ce qu'on aime, / S'attacher au combat contre un autre soi-même, (…) / Une telle vertu n'appartenait qu'à nous » Horace dans l'acte II scène 3

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→ Donc Horace n'est même plus « homme », il est bien au-delà, il est Romain au plus pur sens du terme, il montre un exemplum (exemple) → il semble fermé à première vue mais c'est lui qui est du côté du « nous » (« n'appartenait qu'à nous »), c'est lui qui invite Curiace à le rejoindre dans ce cercle fermé de la gloire ultime et tout !

Corneille refuse la fatalité –

Quant à la fameuse « fatalité » du destin ??? Il n'y en a pas dans la pièce, car on l'a dit : Corneille promeut la pleine liberté de l'homme face à son destin

===> « Le Sort qui de l'honneur nous ouvre la barrière / Offre à notre constance une illustre matière. » Horace dans l'acte II scène 3, toujours. → ici le Sort n'est pas « fatalité », mais plutôt opportunité ! Car il offre une « illustre matière », or « illustre » c'est brillant, éclatant. Et la « matière » c'est l'occasion (« matière de rire », « matière de procès »...) → lettre de Corneille à Pellisson (qui a écrit l'Histoire de l'Académie Française) pour justifier son changement du dénouement de la pièce : « Horace a été condamné par les Duum Virs mais a été sauvé par le peuple »

===> La construction progressive du personnage d'Horace : il rompt ses liens de façon progressive : 1. Se détâche de ses beaux-frères (parricide lointain) 2. De sa sœur (parricide proche) 3. De lui-même (parricide hypertrop proche)

→ Camille suit le même genre de progression, elle se défait : 1. De son père (« dégénérons ») 2. De son frère (parricide encore plus proche → et là c'est le choc des titans car c'est deux principes qui s'opposent : PRINCIPE MÂLE (le bras) contre PRINCIPE FEMELLE (le cœur) → Ici le drame ne naît pas fondamentalement d'une situation ou d'un Etat, mais de cette opposition intrinsèque, et radicale, entre deux principes, deux idées presque abstraites. → il s'agit d'une LUTTE (on l'a vu avec Camille qui dans la scène 4 se prépare au combat)

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4. Le parricide est une question importante dans la dramaturgie cornélienne : meilleur exemple du parricide = dans Horace → Serge Doubrovsky dans Corneille et la dielctique du héros, à la p.151 : « Le parricide, sous une forme ouverte ou voilée, directe ou symbolique, est au centre de la dramaturgie cornélienne. Rappelons-nous que dans la langue de l'époque, le mot désigne non seulement le crime contre le père, mais contre tout être par qui on est lié par nature, tout crime dénaturé. » → ici on est donc dans LA pièce des parricides avérés : –

Horace tue Camille et son beau-frère (et même les 3 frères Curiace!)



Curiace tue les 2 frères Horace !

Mais aussi des parricides souhaités : –

vieil Horace veut TUER son fils quand il croit qu'il a fui au combat



Sabine veut que son frère la tue

Et même des parricides symboliques : –

Camille qui se défait des liens du genus « Dégénérons, mon cœur, d'un si vertueux père » + se défait des liens de Rome dont elle souhaite la DESTRUCTION : le parricide dépasse la famille, et atteint une dimension politique (Rome = donne naissance, c'est la louve maternelle)



Rome et Albe qui s'entretuent = le 1er parricide de la pièce : car le monde de la famille est très lié à l'Etat (et que Albe est mère de Rome). Corneille dit bien : « Pas de tragédie sans intérêt d'Etat »

* Les non-convenances avec certaines « normes » de la tragédie : Des académiciens, Chapelain et D'aubignac, en 1657 dans La pratique du théâtre, reprochent à Horace : –

la brutalité du meurtre sur scène (question de la bienséance)



la brutalité du personnage d'Horace qui n'hésite à aucun moment :

→ D'Aubignac propose même une autre fin : comme elle est désespérée, elle se jette elle-même sur l'épée d'Horace (ce qui montre comme cette fin choisie par Corneille a pu être vue comme scandaleuse par certains contemporains) → Corneille dit que, certes, il accepte la critique, mais qu'on lui fait les mauvaises critiques : pour lui le seul réel problème de la pièce est qu' il n'y a pas d'unité d'action et qu'il y a trop de périls 8/11

différents (mais de toute façon ça a peu d'importance à ses yeux, parce que si les règles permettent de faire un meilleur drame il les utilise, mais sinon il n'hésite pas à s'en écarter)

=> C'est donc le parricide qui fait la singularité de la pièce, car ici c'est tout le SENS de l' œuvre qui en dépend ! → le parricide suscite bien terreur et pitié, et dans son Examen de la pièce en 1660, Corneille dixit que : le parricide est l'opposition entre la nature et le dévouement : soit à la passion amoureuse, soit à la sévérité du devoir. Ainsi, Camille est bascule entre sa nature et sa passion amoureuse. Horace, lui, entre sa nature et son devoir patriotique. Ce basculement, ce déchirement et détachement des nœuds, crée de puissantes agitations que l'auditeur reçoit avec plaisir !

5. Les éléments politiques dans la pièce (aussi très important chez Corneille) : → Le but de Corneille = de parler de la famille mais pas trop (récit de Tite-Live = provocatio ad populum + condemnatus ab duis viris, mais cela dit saluus a populo → condamné par les duum virs mais sauvé par le peuple!!!!) → C'est la sauvegarde de l'Etat qui exige le parricide : consonance avec l'actualité de l'époque de Corneille, là encore : Albe et Rome sont des Etats voisins comme la France en 1635 lors de la guerre contre l'Espagne qui sont pour...


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