Mendes Ferreira Vasco - devoir race et ethnicité de fin de semestre PDF

Title Mendes Ferreira Vasco - devoir race et ethnicité de fin de semestre
Author Vasco Ferreira
Course Histoire du cinéma et de l'audiovisuel 1 : Histoire du cinéma muet
Institution Université Paul-Valéry-Montpellier
Pages 6
File Size 164.1 KB
File Type PDF
Total Downloads 14
Total Views 131

Summary

Analyse comparée des représentations des races dans les films The Cheat et The Sheik...


Description

RACE ET ETHNICITE DANS LE CINEMA MUET AMERICAIN – TD 8 : E11ASC5 JULES SANDEAU

Les étrangers dans le cinéma Américain muet Analyse comparée des représentations des races dans les films The Cheat et The Sheik VASCO MENDES FERREIRA - 22010985

1

Introduction Au début du XXe siècle, les Etats-Unis se trouvent dans un climat politique particulièrement anti-immigration : le Gentleman’s Agreement de 1907 fait suite au Chinese Exclusion Act dans sa volonté d’endiguer l’arrivée des migrants asiatiques. La même année voit la création de la Commission de l’Immigration, qui publiera un rapport particulièrement culpabilisateur à l’égard des immigrés des « pays Européens les moins évolués 1», se référant aux pays d’Europe du Sud et de l’Est. En parallèle, Hollywood fait de plus en plus appel à des acteurs étrangers pour devenir des idoles du public féminin, comme avec les « Latin Lover », personnages de séducteurs étrangers incarnés par des acteurs aux racines latines tels qu’Antonio Moreno ou Ramón Novarro. Dans ce contexte ambigu, les films que nous allons étudier doivent à la fois présenter leurs personnages étrangers comme dangereux, et comme désirables. Nous verrons donc comment ces deux séquences montrent la bestialité de l’homme non-blanc, tout en dépeignant des caractéristiques raciales fondamentalement différentes. Nous verrons d’abord comment les hommes orientaux sont montrés comme brutaux et primitifs dans leur rapport à la sexualité, puis comment la dualité raciale des personnages opère un renversement de leur attitude au cours de la scène, exprimant des idées très différentes sur leurs morales et les stéréotypes qui leurs sont associés.

L’étranger bestial Les deux scènes commencent de manière relativement calme, les personnages de Tori et d’Ahmed sont dans leurs environnements respectifs : des décors orientalistes, couverts de tapisseries et d’objets à la forte connotation ethnique. Ils portent de plus chacun des vêtements eux aussi emprunts d’une forte dimension culturelle, typiquement japonais pour le premier, et arabe pour le deuxième. Ces éléments permettent de les rendre indissociables de leurs origines ethniques, tout en montrant leur position de supériorité dans la scène : Ils sont dans leur environnement, et ont d’autant plus le dessus sur la femme qui leur fait face, en dehors de sa zone de confort. Pour accentuer encore le pouvoir qu’ils ont, les scènes s’ouvrent directement en les montrant accompagnés d’une personne sous leurs ordres : Tori est avec celui qui semble être son assistant, tandis que le Cheik est servi par l’un de ses servants : Là encore, ce sont des hommes avec du pouvoir. La contrepartie de cette démarche est de montrer, par opposition, le personnage féminin comme faible : Lady Diana tente d’abord de s’échapper, mais est freinée par l’environnement hostile dans lequel elle se trouve. Elle est rapidement rattrapée par Ahmed, montrant encore son avantage

1

Traduction personnelle de « less progressive countries of Europe », citation de l’American Immigration Policy and the ème Dillingham Commission, 14 référence de l’article suivant

2

dans son propre milieu. Comme si ce n’était pas suffisant, le film insiste dessus avec les mots qu’il lui adresse : « vous ne résisteriez pas une heure à la furie du sable. ». En ultime recourt, les deux personnages menacent de se suicider, mais en sont incapable. Elles n’ont plus d’autre option que de subir les désirs des hommes. Vient ensuite la confrontation physique. Voyant qu’ils n’obtiendront pas ce qu’ils recherchent par le dialogue, Tori et Ahmed décident de le prendre malgré tout par la force. C’est là bien sûr l’illustration de l’incivilité et de la barbarie dans laquelle sont restés les peuples étrangers, en opposition à la morale respectueuse des femmes occidentale. En plus de la vision des pays Orientaux comme arriérés, cette vision rejoint une peur des États-Uniens vis-à-vis des immigrés présents dans leurs pays : en 1920, on estime qu’environ 250 000 Syriens, Libanais et Palestiniens vivaient sur le sol des Etats-Unis2, et principalement des hommes (quatre fois plus d’hommes que de femmes3). Cette forte disparité a inévitablement entrainé un grand taux de métissage, la plupart des hommes arabes finissant par fréquenter des femmes provenant d’autres origines ethniques, et donc notamment, les pures femmes blanches américaines qu’il fallait absolument protéger des étrangers. Pour ce qui est des japonais, le discours qui les présente comme des prédateurs des femmes blanches fait partie de la rhétorique anti-immigration de l’époque, et c’est une image qui leur collera longtemps à la peau, gagnant en force lors de la seconde guerre mondiale et de la confrontation avec le Japon. Ainsi les deux hommes sont montrés comme des brutes, usant de leur force pour soumettre les femmes, arrachant chacun un baiser non consenti à l’objet de leur convoitise. Leur jeu et expressions du visage traduisant de l’amusement et un certain sadisme, ils semblent éprouver du plaisir à traiter les femmes ainsi, ils n’ont aucun remord, et sont antipathiques. On les montre alors en tous points comme des animaux. Enfin, ce manque d’empathie les amène à traiter la femme comme une possession. Après avoir désarmé et embrassé Lady Diana, le Cheik la soulève et l’emmène dans la chambre, prêt à la consommer. C’est là qu’il est arrêté par le problème des chevaux s’étant libérés. On y voit bien sûr une métaphore de l’animalité du Cheik, mais c’est aussi celle du besoin de liberté de Diana, jusque-là décrite comme aventurière, et qui a déjà essayé de s’échapper à plusieurs reprises. Et tout comme Ahmed va récupérer les chevaux et leur reprendre leur liberté, il va aussi « apaiser » les envies d’indépendance de Diana, la remettre à sa place en tant que sa propriété personnelle. Dans The Cheat, l’objectification de la femme par l’homme étranger est plus claire encore, puisque lorsqu’il la marque au fer, c’est non seulement une manière de sous-entendre son viol, mais aussi une manière de se l’approprier, il la marque avec le même sceau que les autres objets qui lui appartiennent.

2 3

Chiffre avancé au troisième paragraphe de cet article Chiffre avancé au deuxième paragraphe du sous-chapitre « Statistics » de cet article

3

La dualité des personnages Malgré la barbarie qu’ils partagent, Tori et le Cheik sont dépeins de manière très différentes. Tous deux sont des personnages avec une forte dualité, à la fois figure étrangère rustre et objet de désir pour un public féminin. Cette dualité ne se manifeste cependant pas de la même façon : Tori est un diable parmi les hommes, Il cache ses manières d’animal, se fait passer pour un gentilhomme intégré dans la société américaine. La part de lui qu’il révèle au grand jour est donc sa « part blanche », il s’habille, agit, et parle comme un bourgeois américain. Mais en privé, Il revêt des habits japonais, se tapis dans un décor sombre, étouffant, plein de fumée et d’éléments aux allures menaçantes. Et c’est bien sûr lorsqu’il est dans son rôle de Japonais qu’il s’en prend à Edith. Il n’a d’ailleurs pas de limites, allant jusqu’à la frapper, montrant son manque de considération à l’égard de la femme. Ainsi, le stéréotype associé aux japonais n’est pas seulement celui du violeur, mais aussi et surtout celui du menteur, rusé, manipulateur. Il se joue des autres et trompe son monde pour parvenir à ses fins, fins qui impliquent bien sûr la mise en danger de la femme blanche américaine, et par extension, du mode de vie américain tout entier. De l’autre côté, le Cheik et directement présenté comme un barbare. Il kidnappe et maintiens Lady Diana en captivité. Il n’a pas besoin de cacher cet aspect de sa personne, puisqu’il est chez lui. Son jeu accentue bien sûr cela, avec notamment ses yeux exorbités, faisant ressentir au spectateur qu’il est face à un homme qui suit ses pulsions. Nous savons cependant qu’il n’est pas étranger aux codes occidentaux, ayant été élevé à Paris. Le film nous fait aussi ressentir une certaine bienveillance du Cheik à l’égard de Lady Diana : il est montré comme un homme pour qui les sentiments, et l’amour, ont une grande importance. Lorsqu’il la met en garde face aux dangers de la tempête de sable, c’est certes un moyen d’appuyer sa vulnérabilité, mais aussi de montrer qu’il s’inquiète pour elle. Contrairement à Tori, l’attitude d’Ahmed semble surtout tenir de son manque d’empathie à l’égard du personnage de Diana, il ne parvient pas à comprendre comment elle se sent, et pourquoi elle a peur. Il cherche à la posséder parce qu’il n’est capable que de ressentir ses propres envies, et ce qu’il veut, il le prend. Ces éléments montrent donc les arabes comme arriérés, comme s’ils étaient intellectuellement trop limités pour comprendre le monde qui les entoure, et comme égoïstes, incapables de se projeter dans les autres. Cette idée semble se confirmer lorsqu’il est sur le point de la violer, mais que face à ses pleurs, il réalise pour la première fois la détresse de la jeune femme. Cela deviendra plus frappant encore plus tard dans le film, lorsque son ami Raoul lui fait finalement comprendre le malheur dans lequel il a plongé sa bien-aimée, et que, comprenant cela, il décide de la laisser partir. C’est là la manifestation du blanc qui est en lui : comme on l’apprendra à la fin du film, ses parents sont européens. Ainsi, malgré une vie passée immergé dans « l’innocence bienheureuse de la civilisation 4

qui les a ignorés », il demeure au fond de lui un blanc réceptif à la détresse d’une femme. A la lumière de cet élément, le film semble tenir un propos plus raciste encore : la capacité à être civilisé, au sens occidental, est quelque chose avec lequel on nait, à condition bien sûr de naitre blanc. Comme si les bonnes manières étaient inscrites dans le patrimoine génétique. Une telle idée permet de rendre impossible toute forme d’intégration des étrangers aux États-Unis : même né sur le sol américain, celui dont la couleur de peau est différente reste au plus profond de lui différents des blancs. Cette idée rends aussi encore plus dangereuse l’idée du métissage : peu importe l’éducation, le mélange ethnique ne pourra que corrompre la pureté de la race blanche. En somme, le Japonais est rusé et perfide, l’Arabe est bête et égoïste, et l’homme blanc doit à tous prix protéger son pays et ses femmes de ces menaces étrangères.

Conclusion Ainsi, malgré les problématiques imposées par le public cible de The Cheat et The Sheik, obligeant à sensualiser leurs personnages étrangers, ces films parviennent à véhiculer des visions dégradantes et stéréotypées de ces derniers, et des groupes ethniques qu’ils représentent. Ils en profitent de plus pour s’attaquer à l’image de la femme, tentant de réaffirmer la supériorité masculine à l’aube du combat féministe. Pourtant, bien qu’ils soient fortement inscrits dans les modes de pensée américains de leur époque, cela ne les empêchera pas de connaitre leurs lots de controverse : The Cheat a causé un scandale dans la communauté Nippo-Américaine de l’époque, et l’acteur Sessue Hayakaw fut fortement critiqué, notamment blâmé par le journal Rafu Shimpo, un journal Japonais à Los Angeles. The Sheik connu moins d’agitation à sa sortie que le roman dont il était adapté, notamment de par son traitement plus léger des notions de viol et de métissage. Il est cependant aujourd’hui la cible de fortes critiques féministes pour l’idée que la femme tombe amoureuse de son violeur, qui plus est un homme dont elle a peur, sous-entendant que l’héroïne ne devient véritablement femme que lorsqu’elle se soumet aux ordres du Cheik.

5

SOURCES - https://en.wikipedia.org/wiki/The_Sheik_(novel) - https://en.wikipedia.org/wiki/The_Sheik_(film) - https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1991_num_1145_1_1687 - https://en.wikipedia.org/wiki/Arab_immigration_to_the_United_States - http://www.arabamericanstories.org/arab-americans/history/ - https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_Japanese_Americans - https://en.wikipedia.org/wiki/Historical_racial_and_ethnic_demographics_of_the_United_States - https://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Congress_Joint_Immigration_Commission - https://en.wikipedia.org/wiki/Stereotypes_of_East_Asians_in_the_United_States

6...


Similar Free PDFs