RI Complet - Notes de cours 1-4 PDF

Title RI Complet - Notes de cours 1-4
Course Relations Internationales
Institution Université Paris Nanterre
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Cours relations internationales...


Description

NOTES DE COURS 2015-2016 L1 Droit – Sciences politiques 2014-2015 Université Paris-Ouest – Nanterre – La Défense (Paris X)

Relations internationales Cours de Marielle Debos Notes et édition de Luc Bentz

Voir les compléments sur « Cours en ligne » Table des matières en page 2 Quant aux fautes qui se pourraient trouver en l’impression, comme de lettres transposées, omises, ou superflues, la première édition les excusera, et la discrétion du lecteur savant qui ne s’arrêtera à si petites choses. Joachim DU BELLAY, « Adresse au lecteur » en postface à la Deffence et Illustration de la langue francoyse (1549).

AVERTISSEMENT — CONDITIONS D'UTILISATION Ces notes sont susceptibles d'être mises à disposition dans un cadre collaboratif entre étudiants de la promotion 20152016 (UPA) de la 1re année de licence en droit ou en science politique (université Paris X). Ces notes ne remplacent ni le cours ni un manuel. Elles ne sauraient faire l'objet de quelque opération commerciale que ce fût ni violer les droits de propriété intellectuelle de l'auteur du cours et de l'éditeur (mise en forme, éléments complémentaires quelle qu'en soit la nature.). Tout utilisateur s'engage à s'en tenir à un usage strictement personnel et exclusivement en 2015-2016. L'impression l'affichage ou l'utilisation d'une copie de ce document, y compris sous forme numérique,, sur quelque support que ce soit vaut acceptation des conditions qui précèdent. Merci de signaler erreurs (coquilles comprises) ou omissions.

Table des matières INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................................3 Section 1. Qu'est-ce que la science politique ?............................................................................. 3 Section 2. Représenter le monde.................................................................................................. 4 Section 3. Définition des relations internationales........................................................................9 CHAPITRE I. LA CONSTRUCTION DE L’ÉTAT...................................................................................10 Section 1. L’État : ni universel, ni a-historique........................................................................... 10 Section 2. Sociogenèse de l’État................................................................................................. 13 Section 3. L'invention des identités politiques............................................................................ 15 CHAPITRE II. LA CONSTRUCTION HISTORIQUE DE L'INTERNATIONAL.........................................19 Section 1. La naissance du système inter-étatique moderne .......................................................19 Section 2. Les organisations internationales............................................................................... 23 Section 3. Les acteurs non étatiques........................................................................................... 29 Section 4. Conclusion................................................................................................................. 30 CHAPITRE III. UN MONDE POST-COLONIAL....................................................................................31 Section 1. La colonisation du monde.......................................................................................... 31 Section 2. Nouvelles approches du fait colonial......................................................................... 34 Section 3. Continuités et ruptures après les indépendances........................................................37 CHAPITRE IV. LA MONDIALISATION................................................................................................39 Section 1. Histoire d'une notion à succès.................................................................................... 39 Section 2. La mondialisation, histoire d'un processus................................................................. 41 Section 3. La mondialisation des inégalités................................................................................ 43 CHAPITRE V. LES MIGRATIONS INTERNATIONALES........................................................................46 Section 1.Les circulations migratoires sur la longue durée......................................................... 46 Section 2. Retour sur quelques idées reçues sur les migrations..................................................49 Section 3.Migrants ou réfugiés................................................................................................... 51 CHAPITRE VI. GUERRE ET VIOLENCE............................................................................................54 Section 1. Guerre, violence, génocide : les enjeux des définitions..............................................54 Section 2. Ressorts et acteurs des conflits armés........................................................................ 56 Section 3. Après la guerre : juger les criminels ?........................................................................ 59 CONCLUSION GÉNÉRALE..................................................................................................................60 ANNEXES...........................................................................................................................................61

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Introduction générale L’objectif du cours de relations internationales est l’apprentissage des bases théoriques, méthodologiques et empiriques qui permettront de porter un jugement informé sur l’actualité internationale. Le cours constitue également une introduction aux bases de la science politique. Seront donc abordées des questions telles que : Comment l’État a-t-il été construit ? Comment le modèle étatique s’est-il diffusé dans le monde ? Qu’est-ce que la mondialisation ? Quels sont aujourd’hui les principaux acteurs (étatiques et non-étatiques) des relations internationales ? Qui sont les migrants dans le monde et où vont-ils ? Existe-il des guerres justes ou des interventions armées humanitaires ?

Section 1. Qu'est-ce que la science politique ? C'est l'analyse de la politique au niveau local, national, international.

§ 1.1. Les sciences sociales La science politique appartient à la famille des sciences sociales dont l'objet est comprendre l'ordre social (ou le désordre social comme forme d'ordre social), comment la société fonctionne. On prend de la distance avec des notions telles que l'État, les frontières (qu'on peut passer ou pas, avec ou sans visa… ). Les sciences sociales regroupent la science politique, la sociologie, l'anthropologie. Il y a deux sciences proches : l'histoire et la géographie. En science politique, on regarde ce qui se passe dans les sciences voisines ou cousines. La science politique n'est pas le droit. Les décalages entre les différentes approches ne sont pas un problème mais une incitation à la réflexion. L'approche commune aux sciences sociales est que les sociétés ne sont pas que la simple addition des membres qui la composent. Elles s'intéresse notamment aux interactions entre les individus et non aux individus isolés. Les sciences sociales s'intéressent aux sociétés comme des regroupements institués. Ces sociétés sont marquées par des rapports de pouvoir. — 3—

INTRODUCTION GÉNÉRALE

§ 1.2. La science politique Pour la science politique, tout est politique. La politique est l'ensemble des phénomènes qui ont été politisés, qui ont fait l'objet d'un processus de politisation. La question de l'environnement n'est pas seulement scientifique : elle a été « politisée » (de Rio 1992 à Paris 2015). Le virus Ebola, qui intéresse les médecins, pose aussi des questions politiques sur un certain nombre de pourquoi.

§ 1.3. Les relations internationales C'est un domaine de la science politique. Le premier objet d'étude a été les relations entre les États et les relations diplomatiques entre eux. Le domaine s'est élargi à d'autres sujets (le VIH dans le monde, les ONG1, etc.). On peut poser des questions plus conceptuelles : → Qu'est-ce qu'un État, une frontière… ? → Proposer une grille de lecture. Le retour sur plusieurs siècles est intéressant : il permet de mieux comprendre ce qui se passe aujourd'hui.

Section 2. Représenter le monde Il n'y a pas de carte « neutre », de carte « objective ». Les cartes sont des représentations, et les représentations ne sont pas neutres. Aucune carte ne reprend tous les sujets : chaque carte a sa problématique. Il faut s'intéresser au titre qui est la grille de lecture de la carte. — Historiquement, ceux qui avaient besoin des cartes étaient les militaires.

§ 2.1. La projection Mercator Elle a été inventée au XVIe siècle. La terre est sphérique : pour la faire apparaître sur une surface plane, Mercator a choisi de conserver les angles, mais pas les surfaces. Le choix était lié aux 1

ONG : Organisations non gouvernementales. On évoque aussi parfois les OING(organisations internationales non gouvernementales).

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

besoins des navigateurs. Cette projection accroît la superficie perceptible aux hautes latitudes (le Groënland apparaît aussi grand que l'Afrique alors qu'il est 14 fois plus petit). Par convention, le Nord est en haut. Cette convention s'est étendue (cartes IGN, plan de Paris).

Projection Mercator. Source Wikimedia Commons (domaine public)

Pour remédier à cette illusion, le site The True Size (http://thetruesize.com) propose de comparer la taille des pays entre eux en offrant la possibilité de les superposer. Le résultat est étonnant : d'après la projection de Mercator, les pays les plus proches des pôles semblent effectivement largement plus grands qu'ils ne le sont réellement. Superposée au Groenland, la France semble elle aussi s'étirer. Et contrairement à ce que laisse penser la carte du monde dans la projection Mercator, la superficie de l'Alaska est en fait comparable à celle de la Libye...

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

§ 2.2. La projection de Peters La forme des continents n'est pas respectée, mais la surface des continents est respectée. Cette projection a été inventée par James Gall au XIXe siècle. Oubliée, elle réapparaît avec Peters, cartographe allemand, dans le contexte particulier des années 1960 et 1970 où il y a un mouvement tiers-mondiste (l'Amérique du Sud et l'Afrique sont plus importantes que dans la projection Mercator). Source Wikimedia Commonspar « Penarc » (domaine public).

§ 2.3. Éléments à retenir Retenir (savoir placer et connaître la population « arrondie ») : ► les 3 pays les plus peuplés (savoir placer sur une carte) → Chine (1,37 md) hab., Inde (1,25 md hab.), USA (320 m. hab.) ► les 10 pays les plus peuplés. Outre les précédents : Brésil (4), Indonésie (5, la plus importante population musulmane au monde), Pakistan (6), Bangladesh -(7) ; Nigeria (8, pays le plus peuplé d'Afrique), Russie, Japon. L'Union européenne a un peu plus de 500 millions d'habitants (ce serait le 3e le plus peuplé). Savoir placer également les États composant l'Union européenne. (Source carte : site UE). Articles utiles sur fr.Wikipedia : ► Liste des pays par population : https://frama.link/pTjKWWWl URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_population ► Union européenne : https://frama.link/qLLivWtv URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne (cartes et pages liées) Voir aussi page suivante la carte des États membres de l'Union européenne.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

En vert, pays candidats ou avec lesquels des discussions sont ouvertes. N'appartiennent pas à l'UE : Suisse, Norvège. Les six fondateurs : France, Italie, Allemagne (RFA), Pays-Bas, Belgique, Luxembourg. Ex-pays de l'Est adhérant à l'UE : → Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie → Pays Baltes (sortis de l'URSS) : Estonie, Lettonie, Lithuanie → hors bloc soviétique : Roumanie

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Source : http://touteleurope.eu. Lien direct vers la carte : https://lc.cx/4Sxh. « En passant de 6 Etats membres à 28, l'Union européenne est devenue aujourd'hui une grande puissance, avec plus de 500 millions d'habitants et un PIB représentant en 2012 près d'un quart du PIB mondial (et supérieur à celui des Etats-Unis). »

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Section 3. Définition des relations internationales Les relations internationales sont : « L'ensemble des relations qui se déroulent au-delà de l'espace contrôlé par les

États pris individuellement, quel que soit l'acteur — étatique ou non — concerné par ces relations, et quelle que soit la nature — politique ou autre — de ces relations » Battistella DARIO, Théorie des relations internationales, Presses de Sciences Po, 2012, p. 25. Cette définition est largement acceptée. Il faut distinguer : → les États (acteurs étatiques) → les acteurs non-étatiques (ONG, mais aussi banques, entreprises, mafias). → les OIG (organisations internationales gouvernementales [intergouvernementales]). La plus grande organisation internationale n'est ni un État ni un acteur non-étatique puisqu'elle regroupe des États. À retenir : ONU, 193 États.

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CHAPITRE I. LA CONSTRUCTION DE L’ÉTAT

CHAPITRE I. La construction de l’État L’État joue un rôle clé dans notre vie quotidienne. Il joue un rôle clé sur la scène internationale. L’État est un construit historique (une construction historique). Il faut mettre en doute « Nous courons toujours le risque d'être pensés par un État que nous croyons penser. » Pierre BOURDIEU (« Esprits d’État. Genèse et structure du champ bureaucratique », Actes de la recherche en sciences sociales, n°96-97, mars 1993, p. 49-62).

Section 1. L’État : ni universel, ni a-historique ► Manuel2 G : voir l'article deBernard Lacroix « Genèses et constructions de l’État moderne » (p. 52-70).

§ 1.1. L’État selon Max Weber Max Weber (1864-1920), sociologue allemand et fondateur de la sociologie moderne, a travaillé sur l’État. Il a donné une définition de l’État toujours d'actualité : « L’État est une entreprise politique à caractère institutionnel dont la direction administrative revendique avec succès, dans l'application de ses règlements, le monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné. » (Max WEBER, Économie et société)

L’État est, pour Weber, un « idéal-type » (ou « type idéal »). Par idéal-type, il faut comprendre un modèle abstait construit à partir de traits caractéristiques et singuliers. Ce n'est pas une simple 2

Cohen, Lacroix, Riutort (2009) ► Voir, dans les annexes, la bibliographie (p. 61).

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CHAPITRE I. LA CONSTRUCTION DE L’ÉTAT

description. : la méthode idéal-typique est un outil de construction, sans prétendre pour autant à l'universalité. « Le concept idéal-typique se propose de former le jugement d'imputation : il n'est pas lui-même une hypothèse, mais il cherche à guider l'élaboration des hypothèses. D'un autre côté, il n'est pas un exposé du réel mais se propose de doter l'exposé de moyens d'expression univoques. […] On obtient un idéal-type en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une multitude de phénomènes donnés isolément […]. On ne trouvera empririquement nulle part un pareil tableau dans sa pureté conceptuelle. » Max WEBER, Essai sur la théorie de la science (document n°1 des lectures du chapitre I). ►

§ 1.2. Les sociétés sans État 1.2.A. Pierre Clastres et les sociétés sans État Pierre CLASTRES, anthropologue, a étudié les indiens Guayakis (La société contre l'État, éd. de Minuit 1969). Les sociétés sans État sont des sociétés où il y a du pouvoir politique, mais pas d’État : il y a un chef qui ne fait pas appel à la force (coercition) pour faire respecter ses décisions. Il y a des des normes, des règles, mais la société ne fonctionne pas sur la coercition des individus. Pour lui, il n'y a pas de société sans pouvoir politique, mais, dans les sociétés sans État, ont des normes (sinon elles ne seraient pas des sociétés). Document 3 du chapitre I (extraits) : Pierrre CLASTRE, La société contre l'État. « L'ethocentrisme n'est donc pas une vaine entrave à la réflexion et ses implications sont de plus de conséquence qu'on ne pourrait croire. Il ne peut laisser subsister les différences chacune pour soi en sa neutralité, mais veut les comprendre comme différences déterminées à partir de ce qui est le plus familier, le pouvoir tel qu’il est éprouvé et pensé dans la culture de l’Occident. L’évolutionnisme, vieux compère de l’ethnocentrisme, n’est pas loin […] on a recours à des métaphores biologiques. D’où le vocabulaire plus haut relevé : embryonnaire, naissant, peu développé, etc. […] « Car qu’est-ce qu’un pouvoir embryonnaire, sinon ce qui pourrait et devrait se développer jusqu’à l’état adulte ? Et quel est cet état adulte dont on découvre, ici et là, les prémices embryonnaires ? C’est, bien entendu, le pouvoir auquel l’ethnologue est accoutumé, celui de la culture qui produit des ethnologues, l’Occident. » Le biologisme de l’expression n’est évidemment que le masque furtif de la vieille conviction occidentale, souvent partagée en fait par l’ethnologie, ou du moins beaucoup de ses praticiens, que l’histoire est à sens unique, que les sociétés sans pouvoir sont l’image de ce que nous ne sommes plus et que notre culture est pour elles l’image de ce qu’il faut être. »

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CHAPITRE I. LA CONSTRUCTION DE L’ÉTAT

1.2.B. Zomia ou l'art de ne pas être gouverné James Scott, Zomia, ou l'art de ne pas être gouverné, Paris, Seuil, 2013. James Scott, anthropologue (ex-politiste), est un spécialiste de l'Asie du Sud-Est. Zomia désigne un espace aux contours flous, sans frontières, qui correspond aux hautes terres en altitude en Asie du Sud-Est. Cette zone est à cheval sur six États d'Asie (Birmanie, Chine, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam)3. Zomia est un terme que James Scott a choisi et qui signale dans une langue birmane « les gens de la Montagne », les montagnards. Le terme n'est pas forcément utilisé ailleurs. Les sociétés, dans cette zone, ont en commun, depuis quelque 2000 ans, d'avoir voulu échapper à l’État et on trouvé refuge à Zomia. Ces sociétés sans État ont permis à Scott de comprendre ce qu'était l'État : ■ contrôle des populations : ► l’État veut rendre les sociétés lisibles, mesurables, comptables ► lisibles et mesurables : les connaître, donner des papiers → Cf. obligation contemporaine de déclarer les naissances, les décès (état-civil), etc. → Mesurer : la richesse d'une famille, cadastre. L'agriculture sur brûlis n'est pas une chose archaïque (par rapport à l'architecture sédentaire) : elle permet aux populations d'échapper au contrôle de l'État. L'absence d'écriture, la tradition orale sont une autre manière d'échapper à l'État. Ces sociétés n'existent plus (en Asie comme en Amérique du Sud) ; elles ont été incorporées à l’État. Mais leur étude reste utile en sciences sociales : la société sans État éclaire d'un nouveau jour les sociétés avec État.

§ 1.3. Critique de l'ethnocentrisme et de l'évolutionnisme Pierre Castres : « Décider que certaines cultures sont dépourvues de pouvoir politique parce qu'elles n'offrent rien de semblable à ce que présente la nôtre n'est pas une proposition scientifique : plutôt s'y dénote, en fin de compte, une pauvreté certaine du concept. » 3

Références de la carte utilisée. Source : https://commons.wikimedia.org Lien direct vers la carte : https://lc.cx/4Sfo. Burma est le nom anglais de la Birmanie (Myanmar).

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CHAPITRE I. LA CONSTRUCTION DE L’ÉTAT

Critique de l'ethnocentrisme. — Tous ceux qui s'imaginent que les sociétés sans État n'ont pas de pouvoir politique se trompent parce qu'ils ne regardent les choses que par rapport à leur propre expérience ou leur propre société. Cela traduit en fait une faibless...


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