Analyse d\'oeuvre contemporain PDF

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Summary

« Formes circulaires, Soleil no. 1 » Robert Delaunay (1913)
« L’arbre gris » Mondrian (1911)
« Landschaft mit Turm (Murnau, paysage à la tour) » Kandinsky (1908)
« Composition suprématiste, Aéroplane en vol » Malevitch (1915)
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Description

La première œuvre s’intitule « Formes circulaires, Soleil no. 1 ». Réalisée en 1913 par Robert Delaunay, il s’agit d’une huile sur toile de taille moyenne (100 x 81 cm) actuellement conservée au Wilhelm-Hack Museum, Ludwigshafen. Cette toile appartient à un ensemble de quatre oeuvres connues comme « Formes circulaires, Soleil. » Il s’agit d’une œuvre très dynamisme de par ses couleurs contrastantes et de par ses formes circulaires. Une forme circulaire complète s’impose sur les trois quarts de la peinture, positionnée en haut à gauche tandis que trois autres apparaissent partiellement en bas et à droite. Le fond est également coloré par des tons chauds mais plus pâles, superposés. Plus neutre, celui-ci laisse toute l’attention sur les cercles formés par des formes géométriques de couleurs pleines. Principalement cubiste, Delaunay (1913-1914) souhaite rentrer dans la modernité avec la couleur. L’œuvre « Formes circulaires, Soleil no. 1 » s’inscrit dans la première période dite abstraite de l’artiste ensuite suivi de ces œuvres « Rythmes » beaucoup plus radicales dans les années 30. Ici l’artiste ne se coupe pas totalement du réel, car il reste attaché au phénomène physique pour produire du mouvement. Il évoque ses recherches sur la palette chromatique de Michel Chevreul, soulignant qu’en rapprochant deux couleurs opposées dans le cercle chromatique l’œuvre gagne en vibration, en dynamisme, l’œil étant entrainé par les couleurs. En plus de se nourrir de la science, il explique l’importance de se nourrir de l’observation du réel. Ainsi il observe longuement le soleil puis ferme les yeux pour s’inspirer de la vision qu’il peut avoir une fois sa rétine éblouie. Il tente de reproduire cette expérience sur la toile en y incluant les travaux sur le chromatisme. La fusion entre la couleur et les formes circulaires divisées crée un mouvement dynamique suggérant les rotations cosmiques. Il poussera cette idée avec la même année « Disque », se concentrant sur le mouvement circulaire en épurant le fond. Delaunay est un artiste polyvalent. Partant du cubisme, il s’en écarte en y faisant entrer la couleur. Avec la naissance de l’abstraction, il s’écarte de la figuration pour se rapprocher de la science et de la sensation. La seconde œuvre est signée Mondrian. « L’arbre gris » également intitulée « L’arbre argenté » est réalisée en 1911 et désormais conservée à La Haye, Gemeentemuseum. Il s’agit d’une huile sur toile mesurant 78,50 cm sur 107,5 cm. La composition est simple : un arbre (dont le tronc est imposant et dont les branches

émailles la toile) est centré ; le fond est fait de différent tons de gris en touches larges. L’arbre est un sujet récurant dans la carrière de Mondrian. Dans sa pensée symboliste, il représente l’union des principes contraires tels que la terre et le ciel dont l’arbre fait la liaison. En 1911, Mondrian déménage à Paris, observe les toiles de Picasso et Braque et abandonne alors le symbolisme pour se consacrer rapidement au cubisme. Toujours symboliste, il s’éloigne de plus en plus de la figuration réelle avec une palette chromatique irréelle tel que dans « L’arbre bleu » ou « L’arbre rouge » dès 1908. Le sujet est parfaitement distinct. Mais en 1911 et influencé par le cubisme il commence un processus d’abstraction en supprimant les éléments superflus à la compréhension du sujet. L’arbre ne devient alors qu’un réseau de lignes horizontales et verticales encore accentuées par un peu de profondeur apportée par des gris plus clair contrastant avec les branches foncées. Ces lignes se déploient sur la totalité de la toile et s’opposent créant un certain dynamisme. La palette chromatique est essentiellement faite de teintes ternes monochromatiques de gris et de bleu, inspiré du cubisme analytique né la même année. Cette palette froide nous amène dans une ambiance hivernale. Par un processus de simplification des formes et des couleurs et par de multiples réseaux de lignes contraires, Mondrian réalise un arbre cubiste en adéquation avec sa pensée symboliste. Il poussera ce processus jusqu'à l’abstraction en 1913 avec « Composition 3 arbres » où le sujet est difficilement reconnaissable.

La troisième œuvre est une création de Malevitch intitulée « Composition suprématiste, Aéroplane en vol » daté de 1915. Cette huile sur toile de 58 cm par 49cm est maintenant conservée au MoMA, New York. Sur un fond neutre et clair (représentant l’espace infini), l’artiste dispose des formes géométriques plutôt rectangulaires, trois noirs et six jaunes. Les couleurs contrastes avec l’arrière plan mais également entre elles. Deux lignes bleues nuit encadrent les quadrangles noirs tandis que d’autres lignes orangées semblent passer derrière celles jaunes. Ces lignes et les couleurs apportent le dynamisme au tableau, comme si les formes pouvaient se mouvoir. La composition suppose une certaine dimension. De plus, une certaine gravité émane de ce tableau, dû aux détachements des formes avec le fond mais également par leurs formes irrégulières, presque flottantes. On sent une attirance des composantes vers le haut.

Cette œuvre s’inscrit dans la période suprématiste de Malevitch. Ce nouveau concept débouche du mouvement Zaum (1913) : une peinture analogique. Dès 1915 ont lieux les expositions Tramway V et 0,10. et Malevitch y révèle ses œuvres suprématistes. Le concept du suprématisme nait de l’envie de Malevitch de dégager l’art d’une quelconque histoire pour atteindre la forme et la couleur. Il mêle alors formes géométriques et pureté de la couleur pour que se crée une structure déductive provenant de la toile. Le suprématisme marque alors un degré zéro dans l’art, souhaité dans le monde moderne. « Quadrangle noir » en 1915 va devenir une véritable icône de ce mouvement. Avec « Composition suprématiste, Aéroplane en vol », Malevitch développe le suprématisme aérien. D’après son intérêt pour la modernité et donc le monde de l’aviation, l’artiste mélange temps et espace pour donner de la gravité et de l’énergie à son œuvre. Malevitch comme avant-garde russe fait émerger un art abstrait nouveau avec lequel il souhaite contribuer au monde nouveau naissant. La peinture comme la pensée moderne doit être autonome. Sous la critique de Staline dans les années 20, Malevitch fera un retour à la figuration.

Enfin, Vassily Kandinsky réalise à son retour dans la capitale bavaroise (Murnau) en 1908 « Landschaft mit Turm (Murnau, paysage à la tour) » ; une huile sur carton de 74cm par 98,5 cm. Cette œuvre est désormais conservée au MNAM. Il s’agit ici d’un paysage de campagne. Un champ de couleur jaune et rouge amène le regard vers une maisonnette surplombé par une longue cheminé. De la végétation entoure celle-ci. Le trait est peu précis mais la couleur est vive et omniprésente, posé en petite touche brossée ou étalé en grand aplat de couleurs. Ces couleurs sont arbitraires et non descriptives : elles ne rendent pas compte d’un élément précis. D’ailleurs Kandinsky en 1908 dans cette œuvre utilise la même palette chromatique que dans « Couple à cheval » de 1906. Lorsqu’il s’y retire avec sa nouvelle compagne et amis à Murnau, il met véritablement en place son système pictural propre et produit intensément. Loin de sa période impressionniste, l’artiste se met sur le chemin d’une œuvre sans sujet. Le paysage lui permet ici de simplifier les formes : plus géométrique. Ainsi, Kandinsky aboutit à un paysage expressionniste. Inspiré des tableaux expressionnistes parisiens et berlinois

qu’il a pu observer lors de ses séjours, il cherche à produire en s’éloignant de la figuration un impact émotionnel au spectateur. Dans les années 10, il appartiendra au groupe d’artistes du Cavalier bleu. Poussant l’expressionnisme à son paroxysme, les artistes du groupe souhaitent par un expressionnisme épuré exprimer leurs convictions profondes. Kandinsky travaillera ainsi avec Marc en 1912 sur « Almanach du Cavalier bleu ». Kandinsky est un bon exemple de l’évolution artiste qui ne cesse au XXème siècle. Passant par l’impressionnisme, l’expressionnisme, il aboutira à un art abstrait extrêmement complexe à son retour en Allemagne dans les années 20....