Chapitre 6 - la reconnaissance de soi dans le miroir PDF

Title Chapitre 6 - la reconnaissance de soi dans le miroir
Course Psychologie
Institution Université de Caen-Normandie
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Les cours de Licence 1 - Semestre 1 ...


Description

Chapitre : la reconnaissance de soi dans le miroir I – Problématique A partir de quel âge un enfant peut se reconnaître dans le miroir ? René Zazzo est à l’origine des travaux sur la reconnaissance de soi et à poser cette question à des adultes lambdas. Pour la majorité (60%) les enfants doivent se reconnaître très tôt dans le miroir (2-6 mois). Les adultes expriment ici le sentiment d’évidence que nous, adulte, avons face au miroir, tellement évident qu’on se dit que pour le bébé ça doit être la même chose. Evidemment non car le visage est la seule partie du corps que nous ne voyons jamais directement, alors comment un enfant pourrait-il savoir que c’est lui alors qu’il n’a par définition jamais vu son propre visage ? On dit d’ailleurs de façon erronée que nous nous reconnaissons dans le miroir, alors qu’on devrait dire qu’on se connaît dans le miroir. L’enfant peut reconnaître le visage de sa mère dans le miroir, mais pas le sien propre. La reconnaissance de soi fait partie d’une longue construction. On en a la preuve avec les enfants né aveugle dont la cécité de départ peut disparaître par une opération chirurgicale. On s’est rendu compte que les enfants né aveugle et opéré étant enfant, et une fois placé en face d’un miroir, ne comprenait pas ce qu’il voyait. Quand on met un bébé face à un miroir, il a différents problèmes à résoudre : Il ne sait pas que ce qu’il voit en face de lui, il ne sait pas que c’est son propre visage et corps, pour le comprendre il va devoir coordonner 2 expériences distinctes : - les informations qui proviennent de son propre corps (la proprioception) qu’il possède, provenant donc de l’intérieur - les informations visuelles, provenant donc de l’extérieur Ce travail va l’occuper quasiment 2 ans. Un autre problème existe, le miroir donne l’illusion qu’il y a un autre espace, une fois que l’enfant a compris que c’était lui dans la glace, il faut maintenant qu’il comprenne que tout ce qu’il voit est un double, mais que ce qui se reflète est unique. Il faut comprendre la notion de reflet et que ce reflet est certes une réalité physique mais pas corporel. II – Historique Dès la fin du 19ème siècle, les psychologues se sont posés cette question. Au niveau littéraire on voit des divergences. A la fin du 19ème, on est stupéfait de la diversité des âges. Par exemple Darwin disait que c’était à 9 mois que son fils se reconnaissait dans le miroir, en revanche Piaget lui attend 10/11 mois, Lacan lui va pour le 6 mois. En fait la disparité de ces âges est dû au fait qu’ils ne se basent pas sur les mêmes critères et ne suffisaient pas à eux seuls pour justifier. Certains échelles de développement américaines vont introduire dans leur test la reconnaissance dans le miroir, et le critère utilisé était que l’enfant donnait son 1

nom en se regardant dans le miroir. Ce comportement est lié au développement du langage, or comme en général les enfants ne parlent correctement que à partir de 2 ans, on ne peut avoir de résultat avant. Le soucis est que l’âge pour y répondre est entre 2 et 3 ans mais n’est pas suffisant car il dépend de la production du langage. Or si la reconnaissance se faisait autour de 1 an, comment l’enfant pourrait le dire ? Ce problème va être repris par Wallon, il ne réduit pas la conscience de soi à la reconnaissance dans le miroir, il en fait une étape particulière de la conscience de soi qui permet une unification de la personne, de son identité. A partir des années 50, un certain nombre d’étude vont s’intéresser à la question de l’identification dans le miroir et l’ensemble penche vers une nécessité de 2 ans pour une connaissance de soi dans le miroir. III – Les étapes 1) Première étape : 1 et 4 mois Il n’y a aucune reconnaissance de soi mais il n’y a pas rien. Pendant les premiers mois de la vie, l’enfant passe son temps allongé, donc si on met à côté de lui dans lequel il va se refléter, on va observer dès un mois un intérêt du bébé pour le miroir (tourne la tête) et va réagir à ce qu’il voit comme quand un adulte se penche vers lui (sourire, vocaliser, regarder de manière prolongé, gesticulations, …). Ce n’est qu’à partir de 4 mois pour qu’il est les même réactions en position verticale. L’image présentée verticalement va susciter les mêmes réactions. 2) Deuxième étape : entre 6 et 12 mois L’enfant est assis devant le miroir, il peut même parfois être debout, et il va présenter un répertoire extrêmement riche de sourire et de vocalisation avec une grande excitation couplé à des tentatives de contact. L’enfant se comporte face à son reflet comme si c’était un autre enfant. La preuve, Zazzo l’a obtenu en faisant disparaître le miroir et en le remplaçant par une vitre où il y a un autre enfant. Le comportement de l’enfant ne change pas que se soit avec une vitre et un enfant ou un miroir. Les comportements sociaux restent les mêmes. Surtout vers 1 an, on voit apparaître des tapements (provoqué par cette surface verticale). Ceci sera à partir de 12 mois + fréquent avec le miroir, qu’avec la vitre. 3) Etape parallèle : entre 6 et 15 mois L’enfant explore l’illusion de la profondeur. On voit un grand nombre d’enfant surpris quand la main que l’enfant lance pour toucher l’autre est arrêter par la vitre. Il va essayer de saisir les objets qu’il voit dans le miroir, on le voit par exemple gratter le miroir. Si on est dans un miroir a pied (et pas attaché au mur), l’enfant va faire le tour pour tenter d’aller dans le miroir et est très déçu au final. 2

4) Troisième étape : 9 et 18 mois On voit apparaître les jeux de mains. L’enfant va faire des jeux avec ses mains, il va regarder sa propre main et faire des mouvements et comparer entre le mouvement de sa main et la main reflété dans le miroir. Il est en train d’apprendre à coordonner des informations à la fois visuels et proprioceptives. Il établit le lien et ce qu’il voit dans le miroir. En général les enfants commencent à le faire au contact du miroir. L’intérêt maximal apparaît en général autour de 15 mois. Une autre partie du corps intéressant pour tester ce synchronisme, ce sont les pieds. Il est en train de faire une correspondance terme à terme. 5) Quatrième étape : 18 mois à 2 ans Ce sont les jeux de visage qui apparaissent. Les enfants se mettent à faire des grimaces, à bouger la tête, à se gratter les cheveux…à explorer proprioceptivement le visage tout en observant ce qui est en face d’eux. Le problème est que là la comparaison terme à terme n’est pas possible (il ne peut pas voir sa bouche au contraire de ses doigts). Pour s’aider les enfants vont s’aider de leurs doigts, on voit que l’utilisation de la main va aider à la compréhension que le visage du miroir est le sien. Ce qui caractérise toutes ces réaction c’est le plaisir que les enfants manifestent, ils ont beaucoup de plaisir à faire ce genre de jeux jusqu’à 18 mois. Or à partir de cet âge là, ils commencent à manifester des comportements contraires (après avoir complété toutes les étapes précédentes cependant) comme l’évitement du miroir, de la gène,…Les réactions deviennent au mieux de malaise, au pire d’évitement. L’enfant a un comportement ambivalent, à la fois curieux et inquiet. Ce qui peut expliquer cette réaction, c’est que ce malaise traduit quelque chose de perturbant pour l’enfant qui est « un autre pas comme les autres ». L’enfant se dit que ce qui est en face de lui est un autre mais qui se comporte pas pareil que ces camarades. A partir de là il est prêt à comprendre que cet autre, c’est luimême. C’est donc autour de 2 ans que les enfants vont être capable de comprendre que c’est bien eux-même qui se reflètent dans la glace. 6) Dernière étape : entre 2 et 3 ans L’enfant a bien compris que c’est lui dans le miroir. Il va maintenant utiliser le miroir dans un registre ludique comme les clowneries. On fait obéir l’autre. Ce désigner par son prénom est possible à cet âge là. A 3 ans, le miroir devient un objet utilitaire que l’enfant va utiliser pour par exemple se regarder quand il a un nouveau vêtement. Les psychologues ont inventé la technique de la tache sur le front pour tester la reconnaissance de soi dans le miroir. Les éthologues ont testés avec les singes de 3

voir si ils se reconnaissent dans le miroir, pour cela Gallup a eu cette idée vers 1970 de discrètement lui mettre une trace de couleur aberrante (sauf rouge car ressemblant au sang) sur son front. Face au miroir, on le voit toucher le point bleu (par exemple) sur le miroir, soit de toucher son propre front et d’essayer de l’enlever. On a utiliser la même technique pour les enfants. Vidéo On utilise un miroir sans tain. La simultanéité des mouvements attirent son attention, il le repère. L’autre mime alors que avec les camarades ont échange. IV – L’épreuve de la tâche Comment est-on sûr que l’enfant est capable de se reconnaître dans le miroir ? Avant qu’il puisse le verbaliser (« c’est moi ») pourquoi ne se reconnaîtrait-il pas ? On a eu l’idée de prendre un produit de maquillage, le mettre sur le front d’un singe et voir sa réaction face au miroir : si il touche le miroir il ne se reconnaît pas, si il se touche il a compris que c’était lui. Quand on fait la même chose avec des jeunes enfants : - les enfants de 9 à 15 mois : si on met du phare a paupière sur sa joue, tous essaie de l’attraper dans le miroir. On voit que les enfants ne fait pas le lien entre ce qu’ils ont sur la joue et ce qu’il voit - de 18 à 27 mois : à peu près la moitié d’entre eux bouge la tête pour faire bouger la tâche. Après cela, on voit ces enfants se toucher euxmême mais sans toucher la tâche (vêtements, cheveux,…), le mouvement n’est plu dirigé vers le miroir mais vers eux-même. - De 30 à 36 mois : les mouvements de la tâche est localisé et il peut poser ses doigts sur sa joue où se trouve la tâche L’ensemble des études sur le sujet montre qu’en moyenne il faut attendre vers les 2 ans pour que l’enfant soit capable de toucher la tâche. Les expériences à l’origine ont été faites sur des singes et on a confirmé que certains grands singe, en particulier les chimpanzé et les orangs-outans, sont capable de touché leur propre corps quand il est tâché (ça ne marche pas avec des singes moins développés et d’autres espèces). L’apprentissage, le fait de voir son image dans le miroir, ne suffit pas à comprendre que ceux qui est reflété est soi-même (sinon toutes les espèces animales devraient y arriver ce qui n’est pas le cas), il faut donc déjà une capacité mentale suffisamment développé pour comprendre ce phénomène. Cela expliquant qu’il faut attendre un développement suffisamment important chez l’enfant pour qu’il puisse comprendre cela.

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V – Le retournement Le retournement désigne le fait que l’enfant comprenne que ce qu’il voit dans le miroir est derrière lui. Les premières recherches semblaient montrées que cette capacité arrivaient en même temps que la réussite à l’épreuve de la tâche. Le retournement était longtemps assimilé à ces phénomènes de reconnaissance de soi dans le miroir. Zazzo pour étudier la capacité de retournement : l’enfant était devant un miroir et au fond de la pièce était fixé une lampe qui se mettait à clignoter. L’enfant voit la lampe se refléter dans le miroir et l’on cherche à voir si il la regarde dans le miroir ou bien si il se retourne. Une fois l’enfant attirer par la lampe, on demandait à la mère de rentrer dans la pièce derrière l’enfant et alors 75% des enfants de 30 mois se retournaient. Puis ultérieurement Zazzo voulu faire un film pour montrer les différentes étapes de la reconnaissance dans le miroir. Pour filmer cette réaction de retournement, il se trouve qu’a l’époque il a un petit fils d’un peu + de 3 ans et sa collaboratrice en a une de 5 ans, donc dans les âges où il ne doit pas y avoir de problèmes. Ils leur fais subir l’expérience et avec ce même jeu de lumière, tout d’un coup le petit-fils voit son grand-père, est surpris, et cherche alors à le chercher dans le miroir et dit même « qu’est ce que tu fais là ? » en parlant dans le miroir. Vient au tour de la fille de sa collaboratrice, même résultat et elle dit qu’elle « ne peut pas aller derrière le miroir pour rejoindre sa mère ». Ils refont les expériences de retournement et recrute des enfants entre 5 mois et 5 ans au nombre de 208. Curieusement ils retrouvent que en effet les enfants autour de 30 mois se retournent en majorité, pourcentage qui stagne jusqu’à 5 ans. Un quart d’entre eux présente encore des difficultés à comprendre que les choses reflétés dans le miroir est situé derrière. On a donc un conflit entre perception et représentation et qui dure. Anne-marie Fontaine, la collaboratrice de Zazzo, va reprendre l’expérience un peu + tard d’abord en utilisant une boule qui descend du plafond fixé par un fil de nylon invisible et qui va passer derrière l’enfant et à sa hauteur. On lui demande si il ne réagit pas de chercher à prendre la boule. Au-delà de 3 ans, ils vont spontanément la chercher, pour ceux qui ce n’est pas spontanés il y a 70% de réussite. Au-delà de 3 ans on a donc encore des enfants voulant aller dans le miroir pour récupérer la boule. Si on complique encore l’expérience, cette erreur persiste jusqu’à 7 ans. On voit bien que repérer la tâche est sur sa joue et se retourner pour aller chercher la boule sont deux choses différentes, la première étant + précoce que l’autre. Les propriétés du miroir ne sont réellement comprises qu’à partir de 7 ans.

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Vidéo Simultanément apparaît différentes capacités (conscience de soi, des autres, langage,…), ce n’est pas une chaîne réactionnel (conscience de soi  conscience des autres par exemple) où une activité aurait pour conséquence une autre, toutes se développe parallèlement.

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