Le corps dans l\'art PDF

Title Le corps dans l\'art
Author Pierre Tarnat
Course Philosophie générale
Institution Sorbonne Université
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Summary

fiche de cours complète sur la representation du corps dans l'art...


Description

Chapitre IV: Représenter le corps. Pour une esthétique du corps => Introduction: La représentation est une seconde présentation. Dès lors, la représentation d’un corps n’est-elle pas la copie d’un corps, elle nous mettrais à distance d’un corps sensible mais également d’un corps idéal? Représenter le corps, n’est-ce pas se détourner du corps? Que gagne t-on à représenter le corps? ° Une critique platonicienne de la représentation artistique: Dans la République Platon compare l'art d'imitation à "un miroir" que l'on placerait en face des choses. Le peintre est celui qui reproduit les apparences des choses, en imitant, à la façon d'un miroir, par pure reproduction. Suivant les enseignements de Platon, une représentation du corps n’est qu’une illusion. L’image peinte par l’artiste n’est qu’un reflet de ce qu’est le corps. Le peintre réussit à retranscrire l’apparence du corps, mais l’idée même de «!corps! » lui échappe. Ainsi, «!l’artiste ne sait rien des choses qu’il imite!» Plus encore, cette représentation du corps est condamnable car elle nous détourne de la recherche de la vérité. L’artiste fait croire que sa représentation est aussi vraie qu’une réalité matérielle. ° «!l’art imite la nature!» Aristote La représentation artistique n’est pas sans spiritualité. En effet, le corps ainsi représenté est comme intensifié, l’art met en scène le corps dans sa perfection, dans ce qu’il a de plus riche. Cette représentation est essentielle pour s’approprier son propre corps. La représentation met en scène des corps aux esthétiques différentes: corps utopiques, disgracieux, inquiétants… L’oeuvre d’art se fonde sur différentes conceptions du beau, elle montre qu’il y a différentes façon de caractériser un beau corps. Dans l’art classique, le beau corps doit respecter une certaine mesure, des règles de proportions. ° André Breton Nadja «! La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas! » => la beauté doit être bouleversante

expression d’un «! je ne sais quoi qui nous charme!»

°«!Est beau ce qui plaît universellement sans concept!» Kant, Critique de la faculté de juger Nous n’avons pas besoin de savoir exactement ce qu’a voulu dire l’artiste, ni d’exprimer sous formes de mots ce que nous ressentons pour faire l’expérience de la beauté (le beau est «! sans concept!»). La beauté serait dans les émotions plus que dans la raison. De plus, ce qui est beau doit pouvoir être partagé; ce qui ne serait beau que pour moi ( et donc pas «!universelle!») ne serait en réalité pas beau.

«!c’est l’opération expressive du corps, commencée par la moindre perception, qui s’amplifie en peinture et en art!» Le corps de l’artiste est touché par le monde, il éprouve au plus profond de son être ce que Merleau-Ponty appelle «! la chair du monde! ». Le monde fait impression sur la rétine de l’artiste, puis cette émotion se retranscrit dans son oeuvre. Dans l’oeil et l’esprit, Merleau-Ponty cite Paul Valéry «! le peintre «! apporte son corps! » dit Valéry. Et, en effet, on ne voit pas comment un esprit pourrait peindre. C’est en prêtant son corps au monde que le peintre change le monde en peinture!»

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Il y a une communication charnelle entre le peintre et le monde. L’artiste est celui qui voit mieux les choses que les autres. La science n’a pas de rapport charnel avec le monde, au contraire la science désacralise le monde.

2) Pour une psychologie de l’art ° Nietzsche voit dans la création artistique une expression de la volonté de puissance. La naissance de la tragédie Nietzsche: Apollon incarne la maîtrise des affects du corps par la force de l’esprit, il impose une sorte de voile sur tous ces affects. Dionysos incarne la puissance transgressive du désir, il va à l’encontre de toute morale. Dionysos insiste sur la nécessité de vivre pleinement. La création artistique est un acte explosif durant lequel le corps libère des tensions multiples. L’ivresse artistique est semblable à l’ivresse sexuel. Quand je crée une oeuvre, cela suppose un état particulier de mon corps à cet instant. En fonction de cela, je crée telle forme plutôt qu’une autre. Il y a une articulation entre le corps et l’esprit dans la création artistique («!l’esprit n’est-elle pas la gestuelle du corps!» pour Nietzsche). L’artiste donne sens à son existence dans la création artistique. L’artiste est animé! par des forces vitales. ° L’art de la danse comme redécouverte du corps: Pour Nietzsche, une redécouverte du corps est essentielle. Le corps doit être réinventé sans cesse, il doit redécouvrir une innocence. C’est la danse qui permet cette redécouverte du corps. En effet, il s’agit de l’expérience de la légèreté, un décrochage de la pesanteur. La danse est une forme d’exaltation, une élévation spirituelle du corps. «! Notre première question pour juger de la valeur d’un livre, d’un homme, d’un morceau de musique, c’est de savoir s’il y a là de la marche et, mieux encore, de la danse…!» Le Gai savoir Nietzsche, le beau relève d’une physiologie: Le beau relève des humeurs d’un corps. Il faut donc partir de la vie et voir comment les forces pulsionnels s’expriment en nous. L’artiste transfigurer cette volonté de vie en volonté de puissance et il l’intensifie dans l’oeuvre qu’il produit. ° Le monde comme volonté et représentation, Schopenhauer Le monde tel que nous le connaissons est notre représentation. L’expérience de notre corps nous enseigne que tout besoin, tout désir se traduisent pas un mouvement du corps, celui-ci est l’objectivation de notre volonté. Ainsi, tout corps, aussi bien inerte que fait de chair et composé d’organes sont l’objectivation d’une volonté. Le monde est, au-delà de la représentation que nous en avons, une volonté entièrement libre.

BWV 1052 en ré mineur JSBach Brandenburg Concerto DWV 1049

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«!capacité d'échanger un but qui est à l'origine sexuel contre un autre qui n'est plus sexuel mais qui est psychiquement apparenté avec le premier.!» Freud dans la vie sexuelle Dans une oeuvre d’art, s’exprime des pulsions sexuelles. Pour Freud, il s’agit d’une sublimation, une transformation de la pulsion en oeuvre. L’art permet de ne pas refouler nous pulsions mais au contraire de la actualiser, de les libérer.

3) Un corps harmonieux Rembrandt, Bethsabée au bain tenant la lettre de David —> Ce corps ne respecte pas les divines proportions, les canons esthétiques de l’époque (cf Botticelli) Rembrandt expose les défauts du corps et pourtant ce corps apparait comme beau.

° Selon les enseignements d’Aristote dans la République, nous éprouvons du plaisir face à une oeuvre lorsque l’imitation est bien réalisé, quand il y a une fidélité dans la représentation. Dans l’oeuvre de Rembrandt, nous apprenons des choses à propos du corps de Bethsabée; elle est pensif, inquiète… => les divines proportions du corps: La beauté se retrouve dans des règles de proportions. On entame une lecture rationnelle du corps - suivant le mot latin ratio la mesure. On est face à un corps idéal plus qu’à un corps phénoménal: Homme de Vitruve, dessein réalisé par Léonard de Vinci = représentation des proportions idéales du corps humain parfaitement inscrit dans un cercle et un carré. Les 4 sommet du carré font référence aux 4 éléments: terre, feu, eau, air. Le cercle, figure divine par excellence, symbolise Dieu. Le corps humain doit donc respecter des dimensions terrestre et céleste.

4) La grâce du corps La grâce est le charme suivant le mot grec charis. La beauté se trouverai plus dans la vitalité que dans la divine proportion. «!c’est comme lorsqu’on est en présence d’un visage, beau sans doute mais incapable d’émouvoir, parce que sa beauté n’est pas empreinte de grâce. C’est pourquoi, même ici bas, il faut dire que la beauté consiste moins dans la symétrie que dans l’éclat qui brille en cette symétrie.!» Plotin Le visage d’un mort a perdu cet éclats, les proportions ne suffisent pas. Il faut une grâce qui vient éclairer ce corps.

5) La chair de l’art L’artiste essaye de rendre vivant ses émotions et sensations. L’oeuvre d’art, par la puissance du colorie rend visible la chair. L’oeuvre d’art est foncièrement charnelle.

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Pour Kant, la beauté plaît sans concept. Or, pour Nietzsche, cette idée est fausse. «! Il est vrai que si nos esthéticiens jettent sans cesse dans la balance, en faveur de Kant, l’affirmation que, sous le charme de la beauté, on peut regarder «! d’une façon désintéressée! », même une statue féminine sans voile, il nous sera bien permis de rire un peu à leurs dépens!». La Généalogie de la morale...


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