CM3 - L\'institutionnalisation du christianisme médiéval PDF

Title CM3 - L\'institutionnalisation du christianisme médiéval
Course Histoire Médiévale
Institution Université Rennes-II
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Histoire médiévale L1 histoire ...


Description

L’institutionnalisation du Christianisme Médiéval

La christianisation/évangélisation en Europe Occidentale se fait dans le but d’encadrer les laïcs et de leur donner un accès au sacré, c'est-à-dire que l’idée de créer une institution s’impose. Ce phénomène se fait en trois phases : ème - 4 siècle : christianisation des cités gallo-romaines (vers 380 pour les barbares, avec la version homéenne) - début 6ème siècle : conversion de Clovis au catholicisme - 6ème - 8ème siècles : Europe du Nord (Grande-Bretagne, 6ème) et de l’Est (actuelle Allemagne, 8ème)  c’est un processus lent car il repose sur l’intégration de nouvelles normes de vie sociale (fête, comportement, pratique du pouvoir), il y a donc encore évocation du paganisme au 9ème siècle

I – L’ARISTOCRATIE ÉPISCOPALE

A - Origines sociales des évêques (ou prélats) Au début de l’époque mérovingienne, la plupart des évêques sont issus de l’aristocratie sénatoriale, c'est-à-dire issus de familles dont au moins un membre des trois récentes générations a exercé une magistrature sénatoriale à Rome ou à Constantinople. Ces familles riches possèdent de vastes domaines fonciers (à une époque où richesse est synonyme de terre). Elles exercent des fonctions publiques, comme la gestion de l’impôt (les fonctions militaires sont aux barbares) et elles se sont converties à la chrétienté pendant le 4ème ou le 5ème siècle, tout en restant culturellement romaine (comme Sidoine Apollinaire). Ces aristocrates devenus évêques assurent donc la continuité du pouvoir romain. À partir des 6ème/7ème siècles, on parle de « familles épiscopales » car elles monopolisent les sièges locaux sur plusieurs générations (exemple de Grégoire de Tours et son oncle) sorte de contrôle « héréditaire » (de l’économie, des propriétés). Leurs églises sont riches et exemptés d’impôts car c’est l’évêque qui gère la fortune de son église. D’ailleurs, ces richesses augmentent avec les possessions de terres accumulées et les réceptions de dons royaux. L’Église permet une mutation de l’aristocratie sénatoriale. En effet, On voit de plus en plus souvent des aristocrates exercer une fonction d’évêque après l’exercice de fonctions civiles : être évêque devient une fin de carrière idéale car c’est un pouvoir politique local et autonome (peu de contrôle du roi et aucun du Pape). De plus, on peut observer une fusion entre les aristocraties barbares et romaines : c’est une nouvelle noblesse.

B - La fonction épiscopale

Candidat type : marié (avec enfants) + laïc + ayant exercé des fonctions civiles (au 7ème siècle, ce sont souvent d’anciens agents royaux, comme Eloi qui fut trésorier royal puis évêque de Noyon-Tournai)

L’évêque est acclamé puis confirmé, et enfin sacré (on lui confère une onction, c’est -à-dire qu’on lui met de l’huile sainte sur le front, le chrême) par le roi + l’évêque reçoit trois insignes : la mitre (couronne voilée cérémoniale) la crosse (terminée par une sorte de spirale)  rôle de berger vis-à-vis de son diocèse l’anneau (qui le marie à l’Église)

Théoriquement, l’évêque doit être élu par son diocèse, mais dans la pratique, interviennent trois acteurs lors d’une sorte de cérémonie : l'archidiacre (conseillé de l'évêque précédent), la noblesse locale (du diocèse) et le Roi. L’évêque réside la cité épiscopale (évêché), souvent près de la cathédrale (église attachée à la fonction d’évêque) , à côté de laquelle il y a souvent un baptistère. L’évêque exerce des fonctions religieuses et civiles et apparaît comme le personnage le plus important de la cité. Il est même le supérieur hiérarchique du comte, censé être le représentant du Roi  Au 7ème siècle, les comtes quittent les villes et s’installent dans le Pagus (comté) pour esquiver la concurrence épiscopale. Fonctions de l’évêque - Surveiller son diocèse et l’administrer - Ordonner les prêtres et les contrôler (vérifier qu’ils accomplissent bien leurs missions) - Organiser les assemblées, les synodes - Se réunir lors des conciles après convocation du roi - Entretenir le culte des saints en organisant des pèlerinages (et tout le commerce développé autour de l’évènement) Saint : individu mort pour sa foi chrétienne (martyr) ou ayant mené une vie exemplaire en faisant des miracles (confesseur)  capacité de faire des miracles, en particulier de guérison, qui existe même après leur mort par l’intermédiaire de leurs restes, qui sont des reliques  suscite des pèlerinages (voyages où le saint est inhumé) là où les reliques sont conservées Liens évêques/royauté mérovingienne : les évêques forment un organe de légitimation de la royauté. Exemple : le roi Dagobert (622-639) fit ce qu’il pouvait pour mettre son royaume en conformité avec les lois divines en s’appuyant sur des évêques, et c’est ainsi qu’il a proclamé des lois qui correspondent aux normes religieuses. Tous les rois prétendent ainsi diriger l’église de leur royaume, par exemple en contrôlant les élections épiscopales … Mais, au 8ème siècle, les maires du Palais parviennent à imposer leurs candidats sur les sièges épiscopaux.

C - L'encadrement des fidèles

Un sacrement est un rite liturgique chrétien permettant de recevoir une partie de grâce divine. À l’époque mérovingienne, l’évêque a le monopole de deux sacrements : Le baptême : rite pour les adultes qui instaure par immersion totale dans l’eau des liens entre le baptisé et ses parents spirituels (parrain et marraine, individus non souillés par l’acte sexuel)  but d’effacer le pêché originel (conception de l’individu) L’eucharistie : communion distribuée par l’évêque et célébrée sur un autel situé dans l’église  le fidèle se rapproche de Dieu par la consommation du Pain (corps du christ) qui permet d’obtenir une part de Grâce  2 ou 3 eucharisties dans la vie + chaque eucharistie est suivie d’une messe Apparition des « églises privées » ou « églises rurales » Au 4ème siècle, fondées par des évêques qui installent des prêtres dans des bourgs o But : rassembler les fidèles dans le cadre de la messe : moyen de donner des ordres et d’encadrer les populations (instrument du pouvoir démocratique)  le prêtre organise les moissons, les paiements, les annonces faites à la fin de la messe Aux 6ème et 7ème siècles, l’aristocratie construit des chapelles : le prêtre (célèbre la messe, puis les baptêmes) est choisi parmi la domesticité de la famille ayant fait construire la chapelle puis sacré par l’évêque o But : permettre aux familles aristocratiques de constituer des nécropoles familiales : lieux d’inhumation pour tous les membres de cette famille  les nobles sont enterrés dans l’église, près de l’autel (sacralise le pouvoir de la famille) : sépultures ad sanctos (près des saints)

II – LE MONACHISME

ème

Le monachisme n’est pas lié au christianisme car il apparaît aussi dans le bouddhisme. C’est un mouvement qui apparaît au 3 siècle et dont le nom vient du grec monos qui signifie « seul ». Ce mouvement correspond à une fuite de la société (ou du « monde » ou du « siècle ») vers la culture monastique, c'est-à-dire que c’est une recherche de la solitude. Jusqu’au 11 ème siècle, les moines sont considérés différemment des clercs, qui ont pour mission d’encadrer la société . En effet, les moines veulent vivre pleinement le message du christ, et donc vivre dans la pauvreté et la prière : ils recherchent à pratiquer l’ascèse, c'est-à-dire qu’ils luttent contre les pulsions corporelles pour permettre la prière perpétuelle (Ø dormir, Ø sexe, Ø manger).

A - L’origine orientale du monachisme

Ce mouvement naît en Égypte, en Syrie et en Palestine dans la 2nde moitié du 3ème siècle. Au départ, ce sont initiatives isolées, des individus qui décident de quitter la société en partant dans le désert pour se consacrer à la prière. Ces individus sont les ermites (eremos, désert). Puis, de nouveaux types de moines apparaissent : - Gyrovagues : errent en petits groupes (2 ou 3 personnes), souvent dans le désert et sans lieu de vie fixe - Reclus : s’enferment dans un espace restreint, comme une fosse (forme extrême de pénitence, temporaire ou à vie) - Stylite : moine qui vit seul sur une colonne, au sommet d’une ruine ou d’un portique (restriction extrême) - Cénobites : moines qui vivent en communauté  C’est une phase anarchique car il n’y a pas de code ni de norme et donc aucun contrôle des moines Création de textes : le 1er est celui d’ Antoine († 356), dont la vie fait l’objet d’un texte hagiographique en transposant le modèle de vie du parfait ascèse (jeûnes, mortifications) avec description de la souffrance de son corps. Règle : texte normatif qui codifie les usages quotidiens des moines  La 1ère règle est celle de Pachôme (mort en 348), moine égyptien : sa règle valorise le rôle de l’abbé, soit le supérieur d'une communauté monastique, et donc elle valorise la notion d'obéissance.

B - Le monachisme en Occident L’absence de désert incitent les moines à installer les monastères dans des lieux isolés (cabane, cellule, maison) sur une île, dans une forêt ou encore au sommet d’une montagne. La tenue vestimentaire des moines choquent les romains car les femmes se rasent le crâne et les hommes gardent les cheveux longs. Encadrement progressif du monachisme : 385 - 428 : on traduits les règles orientales en latin pour les adapter à l’occident, afin d’encadrer un peu plus le monachisme ème ème 5 -6 siècles : normalisation de la tenue des moines, notamment avec l’adoption généralisée de la tonsure (couronne

de cheveux sur le crâne) + les monastères passent sous tutelle épiscopale Pour la Gaule, cet encadrement se fait par deux impulsions : Martin de Tour († 397) est un soldat, puis un ermite, ensuite un moine et enfin un évêque. Il fonde le monastère de Marmoutier en 371, dont la particularité est de se développer sans règle. Monachisme provençal lié à des influences orientales : le monachisme nobiliaire/aristocratique est lettré, beaucoup plus discipliné et encadré par de nombreux textes.  En 416, Cassien († 433-435) fonde un monastère et sa communauté à Marseille  En 410, Honorat († 430) fonde un monastère sur une des îles de Lérins (archipel au large de Nice)  valorisation du travail manuel Les rois francs s’intéressent au monachisme car ils en tirent profit. En effet, ils font des donations aux moines, souvent des terres et parfois des objets précieux, que l’on appelle aumônes, les « dons aux pauvres ». Ils leur octroient des immunités, soient des privilèges, qui interdisent aux agents du roi de prélever l’impôt sur les terres du monastère . Les évêques peuvent accorder l’exemption aux monastères, c'est-à-dire la libération des monastères de la tutelle épiscopale et donc l’acquisition d’une certaine autonomie. En échange, les moines s’engagent à prier pour le roi et pour le royaume : le roi a besoin du soutien de l’église. C’est le système du « don-échange », c'est-à-dire des biens sont échangés contre des prières. Par exemple, Dagobert a tellement donné au monastère de Saint-Denis qu’un système de « louange perpétuelle » s’est établit : sans interruption grâce à des relais, des moines prient pour le roi et sa famille. (Dagobert s’y fera inhumer)

C - Le monachisme celte/irlandais et le monachisme bénédictin

ème

Le monachisme celte naît en Irlande au 5 siècle et s’organise vraiment dans les années 530. Sa spécificité s’explique par le système de la société irlandaise qui est tribale (peuple organisé en tribus) et rurale (pas centrée sur les villes), qui justifie notamment l’absence de développement d’églises. La christianisation de l’Irlande se fait par Patrick entre 430 et 450, période pendant laquelle chaque tribu construit un monastère et le chef de chaque tribu en devient l’abbé. Il n’y a pas d’évêque et donc aucune institution épiscopale. Ce sont donc les abbés qui assument les fonctions des évêques, c’est-à-dire que ce sont eux qui encadrent la population. Les moines trouvent également la fonction d’évangélisateurs, puisqu’ils font des missions en tant que missionnaires (peregrinatio = voyage) dans les contrées irlandaises et même ailleurs. Ainsi, les moines celtes, tels Colomban de Luxeuil (543 - 615), ont évangélisé le nord de la Gaulle mérovingienne (au Nord de la Loire) et la Grande-Bretagne. Le monachisme celte trouve d’ailleurs un très grand succès auprès de l’aristocratie franque, qui se met à imiter leur modèle, notamment avec des monastères familiaux, les Eigenkloster, créés pour entretenir la mémoire de la famille (notamment avec la nécropole familiale) et en légitimer le pouvoir. ème Les moines celtes transforment la notion de pénitence qui, avant le 6 siècle, consistait en une cérémonie publiqu e d’exclusion par l’évêque, qui pouvait ensuite réintégrer l’individu en effaçant ses pêchés (toutefois, cette réintégration n’était possible qu’une seule fois dans la vie). Avec les moines irlandais, la pénitence devient privée et réitérable : à chaque pêché (confessé au prêtre) correspond une peine, c’est la « tarification de la pénitence ». Le pénitentiel est un livre qui recueille les tarifs de chacun des pêchés. Les moines irlandais sont particulièrement rigoureux en ce qui concerne l’ascèse, car on peut remarquer les baptêmes sont faits dans des lacs gelés et que de nombreuses prières nécessitent de rester pendant des heures dans une position inconfortable (les bras en croix). Le monachisme irlandais est largement influencé par le monachisme bénédictin créé par Benoit de Nursie († 547), un ermite italien qui fonde le monastère de Mont Cassin vers 530. Le système qu’il développe se fixe des règles basées sur l’équité au sein de la vie communautaire, notamment en équilibrant les activités, soient l’ét ude, la méditation, la prière et le travail manuel. Les deux vertus qui y sont valorisées sont l’humilité et l’obéissance à l’abbé . La plupart des monastères du continent européen qui tentent d’imiter ces règles procèdent à la regula mixte, c'est-à-dire qu’ils empruntent seulement les règles qu’ils leurs plaisent : les monastères sont donc souvent réglés par un panachage de règles d’autres monastères. La culture latine s’étend jusqu’en Irlande, notamment avec le Livre de Kells, rédigé en latin par des moines irlandais vers 800. Cet ouvrage est un recueil de motifs ornementaux qui est considéré comme un témoignage fondamental de l’art religieux médiéval....


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