Cours 4 - La poésie du XVIe siècle PDF

Title Cours 4 - La poésie du XVIe siècle
Course Littérature du XVIème siècle
Institution Université de Lille
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Cours 4! Rappel : la poésie de la renaissance est gouvernée au XVIe par deux grands mouvements :! - néoplatonisme : philosophie héritée de Platon, dont l’agent principal est Marcel Ficin. Idéologie très importante puisqu’elle permet de penser toute la modernité de l’art poétique et elle met au premier plan l’amour comme un sentiment noble/élevé! - le pétrarquisme : mouvement esthétique, d’imitation du poète italien Petrarque et plus particulièrement de son chansonnier, recueil de poèmes amoureux dans lequel il chante son amour pour Laure! // Bembo - Les Rimes.—> poète imitateur de Petrarque, théoricien de la langue et de la littérature italienne. Va contribuer à faire de Petrarque un modèle pour la poésie italienne, et va instituer trois grands modèles pour la littérature italienne : Dante (pour le théâtre), Bocasse (pour la prose), Petrarque (pour la poésie lyrique). Bembo va partir du principe que l’italien est une langue littéraire (qui se construit à partir du toscan) aussi noble que le latin, et il va instaurer un mouvement d’imitation des modèles italiens (à savoir Petrarque). Bembo est très important dans l’imitation de Petrarque car il en fait un modèle. Cette imitation se cantonne d’abord à l’Italie avant de s’étendre à toute l’Europe. L’imitation de Petrarque existe déjà au XIVe siècle mais elle prend une ampleur bien plus considérable avec Bembo.! Le Pétrarquisme = l’arrière plan de tous les poèmes qu’on va étudier dans ce cours.! Dans son chansonnier (recueil de poésies amoureuses)! // Recueil : héritage de la lyrique courtoise des troubadours, qui transite par le doux style nouveau de l’école de Dante. ! Raisons pour lesquelles Petrarque est si apprécié/imité :! - il fait vivre la mémoire des troubadours qui étaient aussi associés au royaume de France —> c’est donc une origine nationale qui est recueillie et préservée. ! - Aussi, Petrarque est appréciée par les auteurs français pour la douceur, la variété et l’élégance de son style. ! - Petrarque traite l’amour comme un sujet noble a travers une forme nouvelle particulière qu’est le sonnet (forme italienne que Petrarque n’invente pas mais qu’il va contribuer à lier indissociablement au thème amoureux). L’amour n’est ici plus un sujet léger/trivial. Forme liée au développement des langues vernaculaires et vulgaires. ! // La lyrique médiévale a pour représentation la «"chanson"» (le sonnet est différent).! Quelles sont les caractéristiques des imitations de Petrarque ? !

- le dispositif ou le scénario sentimental : l’héritage de la lyrique courtoise. Il met en scène un

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amour unique, fidèle, pour une femme unique, parfaite (de corps et d’esprit) et inaccessible (amour non réciproque). Ce qui est exprimé de manière répétitive dans les sonnets français par la rime entre les mots «"belle"» et «"cruelle"», véritable leitmotiv. (en latin «"cruor"» qui va donner en français «"cruel"» désigne le sang qui est en train de s’écouler d’un corps, donc étymologiquement un personnage cruel c’est un personnage qui fait couler le sang d’un autre. Cette rime entre belle est cruelle met donc en avant les défauts moraux de la femme, et cela reprend en même temps la métaphore de la blessure symbolique (fait couler le sang : blessure d’amour inévitable car l’amour n’est pas réciproque). Valeur symbolique et métaphorique. ! Ce thème de la cruauté suggère aussi la présence de la violence dans ces recueils. Le caractère inaccessible de la femme peut être du à des modalités scénaristiques variées (qu’elle soit morte, qu’elle soit mariée à un autre, qu’elle soit en voyage..etc). Ex : chez Ronsard la partie «"Sur la mort de Marie"», le mariage de Cassandre, ou chez Desportes le thème de l’éloignement physique. Cette séparation conduit bien évidemment à la souffrance/douleur/ mélancolie de l’amoureux, voir sa torture. Démesure à la hauteur de la femme aimée : plus la femme est belle plus l’amour est intense plus la souffrance est forte (on est dans des extrêmes).! La poésie est ce qui va consoler le poète de sa souffrance. La parole est conditionnée à la parole amoureuse, c’est une consolation qui va calmer la douleur. Le thème de la poésie comme remède à l’amour. La parole poétique = parole séductrice MAIS AUSSI parole consolatrice DONC on va avoir des poètes narcissiques (ou le poète chante sa tristesse pour la dompter, la parole tourne sur elle même comme repli narcissique). Effet d’antagonisme entre la douleur et la parole (douleur censée jamais ne prendre fin donc parole non plus). !

- La femme, dans sa grande perfection, révèle l’imperfection de l’amoureux. Scénario qui

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rappelle le néoplatonisme (le désir est conditionné par un mangue, par une absence). Cette bonté et cette beauté de la femme aimée conduisent l’amoureux à s’élever, se perfectionner, se métamorphoser pour mériter l’amour de la bien aimée. On va donc avoir une logique du perfectionnement, une dynamique de l’élévation, de la sublimation qui va tout à fait bien s’adapter à la pensée néoplatonicienne et qui comme lui va retrouver la métaphore de l’envol/ de l’oiseau, d’autant plus que ce personnage féminin prend des traits divins/célestes/ angéliques et est donc naturellement liée au ciel. // le chant du poète parcours le monde de la même manière que l’oiseau parcours le ciel. ! Métaphore qui prend souvent en charge la représentation de l’amour pétrarquiste. Cette élévation, métamorphose du poète prend une valeur existentielle, qui chez Petrarque prend une couleur religieuse (ce qui n’est en général pas le cas chez les poètes de la Pléiade). Idée que l’amour métamorphose l’existence, qu’il est lié à l’être.! Un tel amour conduit le poète à des postures contradictoires. L’amour du poète pour la bien aimée lui procure du plaisir (plaisir d’aimer, de la voir, de la contempler, d’être à son service) et en même temps on a le sentiment de la haine (de l’autre puisque la belle provoque en même temps la douleur/de soi : colère, frustration, jalousie). Sentiments négatifs qui sont à l’opposé de sentiments positifs. // Catulle : Odio & Amo (poème) —> exprime très bien cette dualité du sentiment amoureux. // Chez Ronsard par exemple usage des paronymes «"fiel"» et «"miel"» pour mettre en scène cette dualité du sentiment amoureux, qui contient de la douleur et du plaisir. // On le retrouve aussi chez les Aphrodites de Platon : opposition entre les désirs sensuels et les désirs abstraits/philosophiques. Les poètes qui vont se satisfaire de la contemplation de la beauté et en même temps être frustré par l’accès à cette beauté qui leur est refusé. // Cela conduit à l’attitude pétrarquiste du dissidio : fait que le poète soit en deux parties, déchiré entre deux états contraires !

Tout ce scénario est pris en charge par une réthorique qui va frapper les lecteurs de Petrarque car cette réthorique partait s’adapter merveilleusement aux traits psychologiques de l’amour. Sorte d’adaptation entre les figures de rhétoriques dque le poète utilise et la psychologie de l’amour.! Aussi, il y a chez ses imitateurs un abus de figures rhétoriques (lié à leur formation mais quand même un trait de la poésie pétrarquiste). Certains sonnets sont construits autour d’une figure qui vient donner au sonnet une unité (soit utilisée de manière unique, soit de manière répétitive, afin de donner une unité à ce petit poème qu’est le sonnet). Ex : la répétition (énumération de la beauté de la bien aimée faite de manière extatique par énumération de ces beautés). ! // Sonnet XVIII, page 2 exemplier Ronsard : on a l’énumération des qualités de Cassandre sous une forme asyndétique (sans aucun mot de liaison, opposé à la polysyndète) ! Certains sonnets construisent des raisonnements (on utilise la figure de pensée comme le syllogisme) ! —> figures de réthorique qui servent de matrice à la construction de tous les sonnets! C’est cela qui explique que Petrarque a été autant aimé : la réthorique est facile à imiter. La réthorique vient fournir un cadre d’écriture très stricte à partir duquel les poètes vont pouvoir écrire eux mêmes leurs propres variations. Petrarque a donc été imité car il était très imitable. Il donne lui même l’exemple car beaucoup de ses propres sonnets sont très proches/imités les uns des autres. Il procède par autoimitation : cela fait qu’un poème pétrarquiste repose sur un système de variations, à partir d’un ou plusieurs sonnets de petrarque (esthétique de la variation qui est fondatrice). Poussée plus ou moins loin par les auteurs, et procède de famille intertextuele (ex : imitation d’un imitateur de petrarque —> par forcément une imitation directe de Petrarque). ! 1er recueil de sonnets pétrarquiste Francis : Du Bellay (il n’imite directement Petrarque que dans un tiers des sonnets qui le composent, les autres sont imités des imitateurs de Petrarque.).! DONC on peut imiter Petrarque sans jamais avoir lu Petrarque…! Quelles sont les figures frappantes qu’on retrouve dans les poèmes de Petrarque ? !

- figures de la contrariété : les antithèses (viennent dire la dualité de l’amour, les oxymores (y ajoutent un paradoxe). Souvent ces figures des contraires sont associés à des métaphores (souvent associées aux 4 éléments : double notation sensorielle). Empilement, stratification de figures qui viennent créer des stéréotypes (feu = coeur. Glace = cruauté.) Notations sensuelles et réseaux d’opposition !

Imiter Petrarque c’est illustrer la ligue française : chez Ronsard et Du Bellay ça va de paire avec un enrichissement du lexique. Ronsard introduit des mots nouveaux qu’il invente, et qui coïncident avec cette réthorique Petrarquiste. En faisant du Petrarque on affirme la dignité de la langue vernaculaire. ! Imaginaire naturel qui introduit des notions d’harmonie, qui donne sa tonalité à la poésie. ! Aussi, métaphores qui disent la douleur de l’amour, de la chasse, de la blessure, de l’empoisonnement, de la guerre. L’amour archer —> métaphore récurrente. ! Très souvent on a à faire à des superpositions métaphoriques complexes. ! Cela conduit à une réthorique maniériste : imitateurs italiens vont imiter la manière de pétanque (ses figures de style de la manière la plus ingénieuse qui soit, et cela conduit chez ces poètes à rechercher le concetto, c’est—dire la pointe/le trait d’esprit qui manifeste la virtuosité des poètes). ! A la fin des poètes on a un concetto qui fait toute l’ingéniosité du poème et qui montre la virtuosité de l’imitation de Petrarque (recherche du tour ingénieux). ! Petrarque développe un imaginaire beaucoup plus singulier : imaginaire onomastique qui se développe au prénom de Laure. Qui va conduire à une analogie entre Laure et la nymphe grecque Daphnée (en grec Daphnée : laurier. Nymphe qui se transforme en laurier pour échapper à l’amour du dieu Apollon —> cela conduit à identifier le poète au dieu Apolon : manière de faire son propre éloge. Laure est aussi associée à la matière l’or (matière précieuse par excellence), au nom de la brise Aura (la brise étant un grand symbole de l’inspiration). Cela constitue un réseau imaginaire propre à Petrarque qui vient revivifier les clichés à travers cet imaginaire honomastique.! // Biné : écrit une vie de Ronsard qui va aider à lire son oeuvre. Il raconte que Ronsard s’était souvenu qu’il avait rencontré une certaine Cassandre, et ce souvenir lui fit décider de choisir ce nom pour nommer son amour (amour du nom et des possibilités poétiques dont rebelle tel ou tel nom) Cassandre : princesse Troyenne (prédit la guerre et l’incendie de Troye, donc figure associée à la guerre de Troye/à l’Illiade/à l’épopée homérique). ! Le pétrarquisme se manifeste aussi par une poétique de recueil, c’es à dire que cette imitation de Petrarque dans la poésie française s’exprime dans le cadre du recueil poétique. Ecrire un recueil à la manière de Petrarque, ce recueil ayant une unité à différents aspects :! - Une relative homogénéité formelle. Ces recueil sont dominés par la forme du sonnet (qu’ils soient exclusivement composés de sonnets comme l’Olive de Du Bellay, 1549 OU qu’ils soient en majorité composés de sonnets comme dans les Amours de Ronsard, ou dans le recueil Les erreurs amoureuses de Pontus de Tyard). ! - Une unité également énonciative. La voix poétique = continue du début à la fin. A l’intérieur du recul le «"je"» poétique renvoie toujours au même personnage (une sorte de pacte à ce propos malgré des petites infractions). Ce personnage est le double de l’auteur dans la mesure ou il endosse des caractéristiques historiques qui sont celles de l’auteur. C’est le personnage de l’auteur qui vient nourrir le personnage du «"je"» poétique, d’ou une fiction autobiographique. Le dispositif du recueil suggère que le «"je"» est celui de l’auteur mais on est bien dans l’ordre de la construction fictionnelle.! // Cassandre Salviati : la Cassandre qui aurait inspiré le personnage des amours de Cassandre (rencontre en avril 1545) ! Temporalité créée de manière particulière. ! Inamoramento. Soit à travers le souvenir, soit à travers les effets produits par la rencontre (joie, surprise, etc). Rythme cyclique, avec un éternel retour à l’origine semblable à un mortellement poétique. Ces sonnets disent tous la même chose, ils sont interchangeables. Même origine qui revient. Origine de la parole (rappelle sur la fondation de la poésie). Conduit à une parole surchargée (par la mémoire de la rencontre à deux titres : sentimentale à textuelle). Et poésie de ressassent qui comporte une forme de vanité et de vacuité. Absence d’inédit qui est tout à fait frappante, qui conduit à des réactions naturelles : effet de plagiat. Vacuité de la parole qui laisse place à l’impression de l’ingéniosité du poète. ! Tout cela, dans les recueils, est pris en charge par les paratextes. On y voit apparaitre des portraits d’auteurs, des poèmes d’escorte (poèmes pas écrits par le poète mais par des amis poètes, des contemporains etc).!

Dans un recueil poétique de sonnets, le poète doit être amoureux d’un personnage historique. Cet amour peut être en réalité une fiction. ! // Gravure Ronsard et Cassandre page 1 exemplier Ronsard : se font face à face (rappelle le coup de foudre au premier regard). ! Le caractère historique des personnages est rappelé la temporalité (les âges sont précisés au dessus des modèles : 27 et 20 ans). ! Ronsard : portrait ressemblant, quoique travaillé pour ressembler au modèle grec. ! Le petit texte en grec en dessous = signé d’un compagnon de Ronsard, Jean Etienne de Baïf. ! Couronne de Myrte. Myrte = un arbuste vié à la déesse de l’amour et de la beauté, Venus.! Est habillé à l’antique, ce qui signifie que sa poésie est intemporelle (il n’est pas habillé à la mode d’une époque mais d’une toge). Comme il n’est pas de son époque il est de toutes les époques. Armure sous le voile de la toge suggère le caractère héroïque, la conquête (d’une poésie nouvelle, ou métaphore de la guerre d’amour ou métaphore de la guerre de troie).! Le cartouche autour du visage de Ronsard est accompagné d’une citation en grec, que l’on doit à Théocryte (imite l’ode à l’aimée de Sapho). ! Portrait gravé : expression de la folie amoureuse, liée à une image! Ce portrait est relié à celui de Cassandre face à lui. Décrit face à lui à plusieurs passages des sonnets de Ronsard. Denisot aurait gravé le portrait de Cassandre qui vise à donner un équivalent concret à ce portrait intérieur qui hante le poète. ! Les deux personnages sont de profil, ce qui permet de mettre en valeur l’échange des regards. Au centre des gravures : les oreilles. Suggère que Cassandre écoute les sonnets de Ronsard. Portrait qui évoque l’antiquité par la nudité. Nudité de la poitrine dans l’antiquité : le fait de grande dame ou de déesse (donc manière de la célébrer). Ele porte beaucoup de bijoux, ce qui marque son prix (cela la métaphorise à travers l’imaginaire du trésor). La torsade : peut être symbole détourné de la corne d’abondance, à savoir le trésor qu’on ne peut jamais épuiser. Le portrait de Cassandre est entouré d’une devise tirée des Métamorphoses d’Ovide. ! Chez Ovide cette citation traduit l’envie, la jalousie et le tourment suscité par l’envie. Cela renvoie à la rouleur de l’amour, à la jalousie amoureuse. Cela renvoie aussi au thème printanier de la fleur et au thème du recueil. ! L’utilisation du grec dans un portrait et du latin dans l’autre marque une distinction qui permet de créer deux paroles poétiques distinctes, de signifier un dialogue. ! Dispositif extrêmement savant : tout le monde ne savait pas lire le grec ! Donc moyen de revendiquer une érudition précise, rare et difficile. ! Rapport d’une parole de Ronsard sur Cassandre, qui marque l’ambivalence entre la Cassandre troyenne et la Cassandre moderne. Revendication de la théorie des fureurs : la folie est présente (folie d’amour, folie prophétique). ! 2 références importantes sur la réception de Petrarque : ! Livre de Francois Rigolot - poésie et onomastique à la Renaissance! Cecile Alduy - politique du recueil d’amour (publié chez Droz)! Ce recueil des amours = profondément pétrarquiste. ! On retrouve le thème du plaisir de la douleur de l’amour, la parole poétique comme conséquence de cet amour. ! Tout cela s’exprime grâce aux figures de style de Petrarque et à leur stratification. % Lieux communs de l’amour : l’amour archer, l’amour poison, imaginaire de la chasse, de la guerre, de la maladie.! Le tout est revivifié par un mythe personnel qui se greffe chez Ronsard sous le nom de Cassandre. Cela relie Ronsard non seulement à PEtrarque mais aussi à Homère, de sorte que cette poésie de petit genre se métamorphose sous l’influence d’un modèle héroïque/épique. Ambition d’illustrer la langue française : conduit dans les amours de Ronsard à introduire des néologismes et qui en font une oeuvre essentielle dans la rénovation poétique de la renaissance. !...


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