Eloge de la folie erasme PDF

Title Eloge de la folie erasme
Course Lettres modernes - option métiers de l'enseignement
Institution Université de Lille
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Lettres - Compte rendu de lecture sur le théâtre ! L’Eloge de la Folie d’Erasme! ________________________________________________________________________________!

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" L’Eloge de la folie est une declamatio en latin écrite en 1511 par l’écrivain humaniste français Erasme de Rotterdam. Ce dernier composa cette oeuvre en une semaine, tandis qu’il était en Angleterre auprès de son ami Thomas More, écrivain humaniste également. Il s’agit d’une thèse humoristique, dans laquelle Erasme fait parler la déesse de la Folie et lui prête une critique acerbe des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé ainsi que les courtisans. ! " J’ai choisi d’étudier cette oeuvre par le biais du regard théâtral pour plusieurs raisons, que je vais présentement vous expliciter. Tout d’abord, à la lecture de cette oeuvre, nous pouvons rapidement ressentir à quel point, et ce bien qu’il s’agisse d’une oeuvre qui ne soit pas destinée à être jouée à l’origine, la dimension théâtrale est présente. Dans la mesure où il s’agit d’une declamatio, que nous pourrions apparenter à un monologue au théâtre, et de par les phrases exubérantes et toutes en expressivité de la Folie, nous pouvons, même à la simple lecture de l’oeuvre, imaginer qu’elle se trouve face à nous, en train de nous parler directement. Les propos de la Folie ont un rythme progressif, avec de nombreuses montées en crescendo ainsi que des expressions massues qui ponctuent son récit et lui donnent tout son retentissement global : cela renvoie à l’idée d’une tirade enflammée, parcoure d’émotions vives et d’opinions tenaces. De plus, à de nombreuses reprises, la Folie fait référence à son apparence physique : la tenue extravagante qu’elle pourrait porter, la gestuelle qu’elle adopte en s’adressant à son auditoire, les déplacements qu’elle effectue parfois pour s’en rapprocher d’avantage. Par conséquent, de par cet aspect également, nous avons en tant que lecteur une représentation visuelle animée qui se dresse dans notre esprit à la lecture de cette oeuvre, nous imaginons sans mal la Folie accompagner ses propos forts de gestes saccadés, de grandes désignations de l’espace faites d’un geste large et étendu de la main, de regards portés vers l’horizon lorsqu’il est question de l’évocation du futur ou d’une situation différente, telle qu’elle aurait pu être dans une société fonctionnant selon des principes différents de ceux qu’elle connaît et qui ne lui plaisent pas. Le premier contact que j’ai eu avec cette oeuvre fut celui d’une lecture, durant laquelle je m’étais plusieurs fois posé la question de ce à quoi elle pourrait ressembler tournée sous la forme d’une pièce de théâtre, tant il y avait de quoi faire en matière de jeu d’acteur, d’émotion à transmettre et de théâtralité de manière générale.$ Quelques mois plus tard, j’ai eu l’occasion d’aller voir cette oeuvre au théâtre de La Virgule à Tourcoing, adaptée, mise en scène et jouée par le directeur des lieux Jean-Marc Chotteau. Ce fut pour moi, qui avait pourtant déjà lu le texte auparavant, une totale redécouverte de l’oeuvre. Sans exagération aucune, ce spectacle me transporta et eut

sur moi l’effet d’un déclic, comme d’une réconciliation avec le théâtre que j’avais quelques temps mis de côté et qui là me ramenait malgré moi près de lui et me donnait l’envie d’en voir encore davantage. En dehors du fait d’apprécier les mots d’Erasme, son style et le ton sarcastique, provocateur et amusé qu’il conférait à son personnage, je fus admirative du travail de Jean-Marc Chotteau sur tout les aspects sténographiques ainsi que pour la mise en scène originale qu’il choisit pour son spectacle. En effet, comme nous allons ensuite le voir plus en détails, dans l’oeuvre d’Erasme, la Folie, comme pour excuser les propos qu’elle peut tenir ainsi que l’effet qu’ils peuvent avoir sur les lecteurs, prétend parler «% en femme% ». Le metteur en scène a dont fait le parti pris de prendre ces indications au pied de la lettre en se travestissant. C’est donc excessivement apprêté, couvert de maquillage et dans des tenues toutes plus exubérantes les unes que les autres que la Folie va défiler. Le travail est ici bien plus subtil qu’il ne pourrait en avoir l’air à première vue, pour un public qui ne serait pas averti. Dans son Petit livre des couleurs, Michel Pastoureau définit le rouge comme une couleur qui, en plus de l’amour et de la passion qui sont les plus fréquentes, peut s’apparenter à d’autres émotions ou attitudes donc la Folie fait notamment partie. De plus, le doré représente quand à lui l’exubérance, l’ornementation pompeuse, la décadence. La combinaison de ces deux couleurs était celle qui était employée au Moyen-Age pour représenter les marottes, des petits personnages utilisés pour représenter la Folie. Les choix sténographiques ont donc un message propre et rajoutent par conséquent une dimension très intéressante à l’oeuvre. ! " C’est donc à la fois par amour du texte en lui-même, et par amour de la manière dont il peut être joué à la manière d’une véritable pièce de théâtre que j’ai choisi d’étudier cette oeuvre en détail. Le premier contact que j’ai eu avec cette oeuvre remonte maintenant à trois ans, à l’origine pour les études, puis par la suite pour le plaisir. C’est une oeuvre qui a accompagné le début de mon parcours dans les études littéraires, qui a suscité ma curiosité et mon admiration très rapidement et qu’il me plaisait de pouvoir exploiter à nouveau, sous un angle différent. De plus, l’un des autres nombreux aspects pertinents de cette oeuvre est la dimension tout à fait intemporelle du texte : à quelques détails près, les critiques qui sont faites de la société par Erasme dans son oeuvre pourraient tout à fait garder encore tout leur sens aujourd’hui. La place de la religion et ses abus éventuels remis en question, le rôle parfois abusif des politiciens contesté, l’importance de l’éducation sur laquelle une importance toute particulière est portée,… etc. ! *** " Nous allons désormais nous appliquer à tenter de définir l’Eloge de la Folie dans son ensemble le plus complet possible. Pour commencer, il s’agit avant tout d’une oeuvre humaniste. Nous pouvons dans un premier temps déceler cela dans le fait qu’à de nombreuses reprises s’opère un retour explicite à l’Antiquité. Cela se trouve dans un premier temps dans l’histoire de la composition de l’oeuvre. L’éloge qui occupe la première partie de l’oeuvre tire son inspiration de l’auteur grec Lucien de Samosate. Peu de temps avant la composition de cette oeuvre, Erasme et Thomas More avaient traduit son oeuvre en latin. Nous percevons donc bien la volonté d’un retour aux oeuvres classiques, aux textes d’origine, due au fait qu’à l’époque la perfection antique était considérée comme sans égal. Dans l’oeuvre, de nombreuses références à des oeuvres ou à des éléments appartenant à la mythologie sont présents : Homère, Midas, Hercule, Solon… La Folie indique par exemple : «% C’est aussi un éloge que je vais vous donner, mais ce ne sera ni celui d’Hercule, ni celui de Solon%; ce sera le mien propre, l’éloge de la Folie.% ». Pour poursuivre avec cette note humaniste omniprésente dans l’oeuvre, nous pouvons observer très clairement que l’auteur se place également en instructeur de ses

lecteurs (ou la Folie en instructrice de ses auditeurs) . Il tente de leur apprendre la vérité de la société telle qu’il la perçoit. La Folie donne même des cours d’étymologie, lorsqu’elle indique la provenance de son nom aux origines à la fois grecques et latines (cela peut d’ailleurs aussi être lié au retour à l’Antiquité). La démarche dans laquelle elle place ses auditeurs (volonté qu’ils tirent eux même leur propre enseignement de ce qu’ils auront retenu et compris de son dialogue, plutôt qu’elle ne tente de leur administrer par la force ce qu’elle veut leur exprimer) est semblable à celle que mettaient en oeuvre les humanistes au XVIème siècle (exemple : Montaigne dans les Essais, au passage intitulé De l’Education des enfants, dans lequel il indique que le précepteur doit se mettre, tel un cheval, à l’allure de son élève, et que ce dernier, à l’image du phénomène de la digestion, doit digérer la connaissance plutôt que de se contenter de l’ingurgiter dans la comprendre. Egalement dans Gargantua de Rabelais, au passage concernant l’éducation du jeune Gargantua, qui s’avère être bien plus efficace lorsqu’elle passe par la compréhension du jeune homme plutôt que par la méthode sophiste). Il s’agit donc bien d’une oeuvre à la dimension humaniste incontestable, de par son retour à l’Antiquité ainsi que sa volonté d’apporter à son lecteur à la fois connaissance et réflexion. ! " D’un autre coté, l’Eloge de la Folie, et il s’agirait sans doute de sa définition principale, présente une critique virulente de la société contemporaine de l’auteur. Les entités touchées sont nombreuses et variées. En e ffet, les critiques touchent principalement la religion, la justice, la politique, l’art oratoire et les sophistes. Dès le début de l’oeuvre, et ce tout au long de celle-ci, la Folie ne mâche pas ses mots à l’égard de ceux dont elle désapprouve la conduite. Les dieux sont «% pourris% », les orateurs «% vulgaires% », les rhétoriciens «% flagorneurs% » et les poètes-songe sont «% creux% ». Généralement, ceux-si sont employés dans le texte comme des points de comparaison les plus bas possibles, qu’elle tourne immédiatement en ridicule en y faisant référence. Par exemple, dans le but de mettre en lumière sa propre manière d’agir ou de penser, la Folie mentionnera régulièrement les comportement de ces personnes pour les railler, et signifier qu’elle est bien loin de leurs usages, comme d’un air de dire «% je ne suis tout de même pas à leur niveau, encore heureux%». Par extension, nous pouvons dire que la Folie se place dans une constante recherche de la provocation. Tout y passe, et les femmes notamment, dont elle fait pourtant partie dans la mesure ou elle est un personnage féminin, sont rabaissées et employées au vue de représenter la bassesse absolue. Une telle provocation peut prétendre à atteindre une ampleur bien plus large encore si elle est prononcée dans le cadre d’une pièce de théâtre, car les mots à l’origine simplement couchés sur le papier acquièrent ainsi une dimension à la fois dramatique et réaliste, participant à la rendre plus vivante. La Folie, derrière laquelle se cache Erasme, feint une fausse confiance en elle démesurée, prétendant qu’elle est bien plus agréable à choisir et plus facile à pratiquer que d’autres entités, mais il ne s’agit en réalité que d’un prétexte pour pouvoir les critiquer librement en échappant à toute censure. ! *** " Après avoir observé quelques unes des facettes de l’oeuvre, nous pouvons désormais nous intéresser plus en détail au personnage de la Folie, dont nous pourrions presque considérer qu’elle parvient à faire l’oeuvre à elle seule tant celle-ci est focalisée autour d’elle. Durant toute l’oeuvre c’est la Folie qui parle. Cette dernière est personnifiée, exactement comme s’il s’agissait d’une personne à part entière. Elle précise son identité dès le début de l’oeuvre, et à plusieurs autres passages cela sera rappelé, comme pour signifier que tout ce qu’elle dit n’engage qu’elle et non son auteur qui cherche presque ici à s’en détacher. L’un des aspects comiques de l’oeuvre est à relever dans le fait que la Folie parle d’elle comme si elle était une personne alors qu’elle est davantage une

attitude ou un état. Par exemple, lorsqu’elle dit qu’elle s’apprête à arriver dans une assemblée, cela signifie que les personnes qui la constituent vont tenir des propos ou adopter des conduites s’apparentant à la folie ou bien contenant des traces de celle-ci. En somme, lorsqu’elle indique sa présence dans une situation donnée, nous devons comprendre par là qu’elle fait implicitement une critique des personnes qu’elle va accompagner, car elle dit d’eux qu’ils sont fous. Cela peut sembler paradoxal, voir même contradictoire si l’on y pense, que de se dire que la Folie, en critiquant implicitement les autres, se critique elle même par le même biais. Nous pourrions alors concéder de percevoir ici une certaine forme d’humilité chez ce personnage atypique, prêt à se moquer de sa propre présence ou des personnes ayant recours à elle. L’oeuvre est également comique par le fait que la Folie prenne constamment le contrepied de ce qui est censé se dire, se faire, être choisi de manière usuelle, et fait tout cela en prétextant qu’il s’agit là de quelque chose de tout à fait normal. Par exemple, au début du texte, elle prétend que la bonne manière d’écouter n’est pas celle qu’on destine aux prédicateurs, mais celle que nous dressons «en l’honneur des charlatans, des farceurs et des bouffons%». De tels propos dans sa bouche prennent tout leur sens quand on sait que les personnes qu’elle désigne sont des personnes atteintes de folie, et qui nécessitent donc sa présence. De plus, nous pourrions aller jusqu’à dire que la Folie apparaît comme audacieuse et révoltée contre le fait qu’elle ne soit pas plus admirée ni reconnue, tant elle affirme être pourtant omniprésente dans la vie des gens. En contrepartie de sa présence qu’elle leur apporte si quotidiennement, des éloges auraient donc été les bienvenues. Et c’est donc puisqu’il n’en fut rien qu’elle dut se résoudre à le faire elle-même. Tout au long de l’oeuvre, nous avons donc affaire à un personnage caractériel, emprunt d’humour et d’audace, mais tout de même attachant.! " Nous avons observé la manière dont pouvait être perçu le personnage de la Folie à travers les yeux du lecteur, mais qu’en est-il de l’image que la Folie se fait d’elle même ? Tout d’abord, la Folie tient à établir, et ce dès le début de l’oeuvre, ses présentations face à son lectorat. Elle le fait de manière plus ou moins rigoureuse : elle aborde les points de son origine, de son éducation, ainsi que de son entourage, qui contiennent donc naturellement des éléments véridiques et primordiaux pour pouvoir dresser le portrait complet d’une personne, mais ces présentations sont ponctuées de nombreuses divagations, de parenthèses, que nous pourrions aller jusqu’à apparenter avec des apartés au théâtre. En effet, bien que la Folie ne change pas d’interlocuteur lorsqu’elle s’adonne à ces détails farfelus, cela renvoie tout de même l’impression qu’elle! b) Comment se définit La Folie elle-même ? origine, education, entourage! Elle s’élève par là même au rang des plus grands, et refuse qu’on lui adresse quelque critique que ce soit pour cela, car il n’y a selon elle aucun mal à se faire ses propres louanges quand on est la Folie, puisqu’on traiterait naturellement quelqu’un de fou s’il venait à le faire.!

c) Le rapport de la Folie au public Elle cherche une manière d’appeler ses spectateurs, un nom qu’elle pourrait leur donner : elle évoque l’idée de «%maitres-fous%». Elle fait son monologue et est consciente de ne pas le faire seule. C’est donc bien non pas une conversation avec elle même mais bien un entretien avec nous, lecteurs ou spectateurs, auquel la Folie se prête.! V) Mon avis personnel sur l’oeuvre a) L’oeuvre en tant que simple declamatio b) L’oeuvre en tant que pièce de théâtre

c) La mise en scène de Jean Marc Chotteau Improvisation!...


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