Exposé Japon PDF

Title Exposé Japon
Course Relations internationales
Institution Université de Rennes-I
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Summary

Exposé sur l'hybridation néolibérale au Japon....


Description

Les évolutions de l'État développementaliste au Japon A partir de l’article de Takaaki Suzuki, on a la possibilité de saisir les caractéristiques de l’Etat développementaliste japonais pendant la période de la reconstruction (1950-1985) à la crise de la décennie perdue (1985-à nos jours). A travers les transformations du modèle japonais on observe les mutations de l’Etat qui constituait l’idéal type développementaliste asiatique aux prises avec un système de change flottants et le triomphe du néolibéralisme à partir des années 1980. Dans quelle mesure peut-on parler de phénomène “d’hybridation néolibérale” à propos des transformations qui sont survenues au sein des grandes entreprises japonaises à partir des années 1980 ? 1) Les mutations de la gouvernance d’entreprise au Japon face au néolibéralisme : le cas des keiretsu Le schéma de gouvernance d’entreprise japonais se fonde sur le modèle des “keiretsu” désignant un ensemble d’entreprises entretenant entres elles des participations croisées. Les grandes institutions financières japonaises jouent un rôle clé d'intermédiaire entre ces entreprises. Parmi les keiretsu le plus connus, on peut citer : Mitsui, Mitsubishi, Sumitomo, Sanwa, DKB, Fuyo, IBJ et Tokai. Historiquement, le développementalisme s’est manifesté au Japon par la nature particulière du capitalisme nippon avec l’ensemble du système financier, politique et militaire. En effet, avant les années 1940, on ne parlait pas de keiretsu mais de zaibatsu pour désigner les conglomérats d’entreprises entretenant des liens forts avec le militarisme japonais impérial au sein d’un complexe militaro-industriel. L’instauration de la loi anti-monopole par les américains pendant la période d’occupation a permis de démanteler les zaibatsu. Paradoxalement, l'instauration d’un cadre réglementaire restrictif n’a pas empêcher la mutation des zaibatsu vers la constitution des keiretsu contemporains. Bien plus, cette intervention a permis l’émergence d’une configuration capitalistique propice à des montages financiers complexes. Alors que les lois anti-trust de 1977 (Anti-Monopoly Law Reform of 1977) ont limité la participation des banques japonaises dans l’equity d’autre firme à hauteur de 5% des parts émises, les keiretsu ont pris des mesures préventives pour empêcher la prise de contrôle d’investisseurs étrangers. Les séries de réformes néolibérales visant à déréglementer les opérations financières étrangères (transactions financières, IDE, etc.) et les réformes de réduction des coûts au sein des keiretsu (réduction de la main-d'oeuvre, délocalisation, refonte des achats) ont eu pour conséquence de fragiliser la position des sous-traitants et des salariés. Afin de réduire, les coûts, le recours au temps partiel a eu pour conséquence directe de fragiliser la relation employé/employeur et les employés ont progressivement intégrés la fin shukatsu (emploi à vie).

Malgré les mutations progressives des keiretsu, ces dernières ont maintenu de forts liens informels, notamment à travers les “President’s Club” qui permettent des interactions stratégiques entre les membres en partageant des informations. 2) L’évolution du shukatsu, traduction de l’hybridation néolibérale des entreprises japonaises Par ailleurs, l’hybridation néolibérale des entreprises japonaises se traduit également par la disparition progressive du système de l’emploi à vie dénommé « shukatsu ». Dans son article intitulé « Japan Labor Review », Moriguchi, revient notamment sur les raisons pour laquelle le Japon s’est résolu à adopter ce système. Il apparaît que « jusqu’aux années 20, le marché du travail était fluide et compétitif. Les salariés japonais n’étaient ni durs au labeur, ni fidèles à un employeur en particulier » 1. Pour pallier à cela, le système d’emploi à vie se développa à partir de 1953. Il résulte d’un pacte social entre employeurs et salariés. D’une part les salariés, recrutés immédiatement après la fin de leur cursus universitaire, se voyaient assurés de la sécurité de l’emploi, et ce même en temps de crise, ainsi que de la perspective d’une carrière et d’une rémunération en constante progression, en fonction de l’âge et des progrès notables de l’employé. D’autre part les entreprises étaient assurées de la totale dévotion de leurs employés: possibilité de mutation et de réaffectation, heures supplémentaires, baisse de salaire en cas de crise. Bien entendu, ce système va de pair avec une absence de limite en matière de tâches, de nombre d’heures ou de lieu de travail. On perçoit d’ores et déjà que derrière l’objectif de bâtir des champions nationaux, idée correspondant à la logique de l’état développeur, une volonté de la part de l’Etat, de laisser une grande marge de manœuvre aux entreprises, logique relevant plutôt du libéralisme. Afin de répondre au défi de l’industrialisation du pays, l’emploi à vie devint rapidement l’une des valeurs fondamentales de l’entreprise et permit aux firmes japonaises d’obtenir des niveaux de qualité de très hauts niveaux, qui décidèrent, de l’implanter dans certaines de leurs filiales à l’étranger. Mais à la suite des accords du Plaza de 1985, mettant fin au « miracle économique japonais », les entreprises perdirent confiance en l’avenir. Très vite, les formes précaires d’emploi sont privilégiées, cette évolution illustrant la volonté des entreprises de tendre vers de plus en plus de flexibilité: les arbeito (jobs étudiants) et les haken (emploi intérim) deviennent de plus en plus fréquents. Le marché du travail est à nouveau soumis à la loi du marché, conformément aux théories libérales et le chômage fait son retour en force. C’est ainsi, qu’en 1998, une étudiante déclare au journal La Croix : « Avant, le but était de trouver la meilleure entreprise possible. Aujourd'hui, il s'agit simplement de trouver une entreprise. » 2. Alors que le nombre de travailleurs ne bénéficiant pas d’un CDI représentait 18% de la population active en 1988, il représente 34% en 2008. Jugé « dépassé » par le Keidanren, le MEDEF japonais, le shukatsu ne semble plus adapté au contexte international et doit disparaître d’ici fin 2020. Les entreprises japonaises sont en effet concurrencées pour l’emploi des jeunes diplômés par les firmes multinationales 1 2

MORIGUCHI Giaki, “Japan Labor Review ” , Volume 11, 2014 BIASSETTE Gilles, “La fin de l’emploi à vie traumatise le Japon” , La Croix, 26/12/1998

implantées au Japon, qui ne se plient pas forcément aux règles de l’emploi à vie. Elles ont également tendance à embaucher plus de diplômés internationaux, qui ne souhaitent pas forcément travailler à vie au sein d’une entreprise nippone. De plus, il apparaît que ce système manque de souplesse : l’étudiant qui ne réussit pas ses entretiens de recrutement risque de ne jamais trouver de poste et le fait de distinguer les nouveaux diplômés des employés en cours de carrière constitue une pratique très controversée. On constate donc que face à une concurrence internationale de plus en plus marquée, les firmes japonaises ont progressivement délaissé le système de l’emploi à vie, pour adopter une logique plus souple, privilégiant l’emploi précaire. Le Japon a connu, comme la plupart des Etats développés aux prises avec l’entrée dans un systèmes de changes flottants, connu de profondes transformations dans le courant des années 1980. Si elles se sont manifesté dans le cas de l’Etat par le passage d’un soutien actif de l’économie par des subventions directes, à des dispositifs de prêts dirigés vers des entreprises zombies à travers le Fiscal Investment Loan Program; les entreprises aussi ont connu des transformations importantes. En adoptant le systèmes de participations croisées, les entreprises japonaises ont développé un système particulièrement apte au développement de champions nationaux voulus par l’Etat développementaliste japonais d’après Guerre. Néanmoins, confrontées à une décennie de croissance atone sur leur marché domestique et une concurrence croissante pour les jeunes diplômés les ont amener à adopter une attitude vis à vis du marché du travail plus proche de leurs concurrentes occidentales illustrant la synhtèse néolibérale japonaise dans le cadre de l’entreprise...


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