Fiche de lecture - Coeur de Banlieue, David Lepoutre PDF

Title Fiche de lecture - Coeur de Banlieue, David Lepoutre
Course Sociologie - Introduction à la sociologie
Institution Institut d'Études Politiques de Paris
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Imen BENDJELLOUL

Coeur de banlieue, Lepoutre

Triplette n°29

Coeur de banlieue : Codes, rites et langages , David Lepoutre.

Montage du dessin-animé : Pokémon

La cité des Quatre Mille, La Courneuve, Seine-Saint-Denis.

Imen BENDJELLOUL

Coeur de banlieue, Lepoutre

Triplette n°29

Plan de la note de lecture I) David Lepoutre fait l’expérience de la technique d’ « observation participante » de Malinowski en prenant part à de nouveaux cadres et formes de sociabilité. A. Une méthode ethnographique diversifiée avec de multiples outils ce qui crédibilise le propos de Lepoutre. 1. Anthropologie, ethnologie et ethnographie 2. L’immersion participante : « la compréhension de l’autre dans le partage d’une condition commune » selon Alain Touraine 3. Une intégration dans un nouveau milieu qui plonge Lepoutre dans un mode de sociabilité nouveau = vivre in vivo a vie des jeunes B. Une intégration spatiale d’autant plus judicieuse que le grand ensemble de cités des 4000 de la Courneuve conditionne (forme) les pratiques sociales des individus 1. De l’espace au territoire 2. A titre d’exemple : l’explication de la « souillure des lieux » 3. Les «4 keus » comme facteur d’identification sociale II) La banlieue comme un lieu qui obéit à « un code de relations, un système de valeurs et de représentations qui forment un système cohérent » A. Le langage de la culture des rues : des performances verbales aux offenses et mauvaises paroles en passant par les joutes oratoires 1. Les performances verbales a) Le verlan argotique b) Le langage obscène c) Caractères de dicton 2. Les joutes oratoires 3. Offenses et mauvaises paroles B. Les échanges de violence : entre symbole et véritable affrontement C. Honneur et réputation : le cœur de la banlieue III) Des manques tant sur le fond que sur la forme : critiques et prolongements A. Une méthode et une analyse relativement complètes qui possèdent néanmoins des manques 1. Une étude séduisante sur la forme a) Les statistiques ethniques b) Sur la forme, un ouvrage ultra illustré : dessins, plans, poèmes, photographies, encadrés, notes… 2. Remarques et critiques sur le fond a) Une « réelle » ethnographie de la banlieue… b) …avec néanmoins des manques considérable B. Prolongements : appuie sur d’autres auteurs. 1. Bernard Bier : «!Il s’agit de l’un des ouvrages les passionnants (…) sur les banlieues!». 2. Gérard Guérinet : «!Fallait-il vraiment une énième «!somme!» sur la banlieue ?!»

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Introduction : « À force de juger nos gueules, les gens le savent, qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit qu’c’est nous, j’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour ». Cette phrase extraite de l’une des chansons du rappeur Youssoupha révèle de manière explicite la scission existant entre les journalistes (producteurs des médias) et les habitants des banlieues, notamment les jeunes. Ces derniers considèrent que les interventions des journalistes au sujet des problèmes économiques et sociaux relatifs à la banlieue sont des attaques directes. Le constat est que les médias véhiculent une image profondément péjorative des quartiers populaires (notamment de la banlieue parisienne). La banlieue c’est la pauvreté, les immigrés, l’échec scolaire, les violences, les voitures brûlées… Face à cette hyper amplification des phénomènes observés en banlieue, certains répondent pour montrer que « la vie de quartier est plutôt cool, c’est les médias qui rendent ça glauque » (Extrait de la chanson « L’école des points vitaux » du groupe de rap Sexion d’assaut). Penchons nous sur l’étude très intéressante qu’a mené Jérôme Berthaut, journaliste devenu sociologue sur la relation qu’ont les banlieues avec le journalisme et notamment les journalistes. Ce dernier a été récompensé par l’INA (Institut national de l’audiovisuel) pour sa thèse de doctorat : « la Banlieue sur commande. Enquête sur l’intériorisation d’un sens commun journalistique ». Son objectif, ambitieux, est de comprendre (lui même ayant exercé le métier de journaliste) tout le processus sociologique se cachant derrière l’élaboration d’un reportage ou d’un article traitant des banlieues (plus globalement des quartiers populaires) depuis la définition du sujet de reportage en conférence de rédaction jusqu’à sa diffusion et cela, via un travail ethnographique. En effet, il a à plusieurs reprises été intégré dans des équipes de rédaction pour comprendre au plus près comment se construisait un papier sur les banlieues. Ses résultats sont édifiants, il note que les décideurs qui exercent au sein de l’équipe de rédaction imposent ce qu’on appelle des cadrages -c'est à dire des modèles préconçus sur le traitement des sujets- aux journalistes. En effet, il explique que pour des logiques économiques (notamment dans le secteur de l’audiovisuel privé) il existe une « homogénéisation des productions journalistiques » pour répondre à la demande (présumée) du public . Pour cela, on observe le développement de certaines techniques, comme celle qui consiste à poser des questions fermées pour faire dire aux interlocuteurs ce que l’on attends d’eux ou encore celle dont l’objectif est d’établir un réseau d’interlocuteurs privilégiés pour des raisons pratiques (notamment liées aux délais de production du reportage ou de l’article) ce qui donne l’impression que les faits divers n’ont lieu que dans certains endroits. On voit que le phénomène de concentration des productions de reportage dans des lieux donnés conduit à une certaine stigmatisation de ces territoires. Ce constat étant présenté, on peut alors se demander quel lien il a avec l’objet de notre étude à savoir l’ouvrage de David Lepoutre intitulé Coeur de Banlieue, codes rites et langages. David Lepoutre est aujourd’hui maître de conférence en sociologie à l’université d’Amiens. En 1990, il débute sa carrière en tant que professeur d’histoire géographie au lycée Raymond de Poincaré de la ville de la Courneuve dans le département de Seine Saint Denis (93) dans la banlieue nord de Paris. Au contact de ses élèves venant pour la plus part de la cité des Quatre Mille, il s’est donné pour objet d’étude la violence des jeunes collégiens dans leur espace de vie. En effet, si l’on revient à la thèse de Berthaut, on voit que les sujets de thèses des chercheurs sont eux mêmes influencés par leur pré notions. En effet, même si l’influence que fait peser la hiérarchie des chercheurs est quasiinexistante d’autres formes de pression ou d’incitation vont se présenter face au chercheur ce qui va orienter et ce de manière relativement nette son propos. Ce dernier avait l’intention de faire de la violence des jeunes dans les quartiers son objet de thèse de doctorat et a peu à peu pris conscience du fait que ce phénomène social ne peut être traité indépendamment d’autres phénomènes : son objectif a alors été d’analyser et d’expliquer les logiques sociales qui s’exercent dans la culture des rues chez les jeunes de cités. Après quelques semaines seulement Lepoutre a modifié l’objet de sa thèse. Elle sera sur la “sous -culture des rues” de manière plus globale et non plus spécifiquement sur le thème de la violence. Ainsi, originaire d’une famille bourgeoise de province, il a été choquée

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par la violence verbale mais aussi physique des rapports qu’entretiennent les jeunes entre eux; c’est d’ailleurs ce qui a très certainement orienté de manière directe et presque logique son propos vers la violence des jeunes des cités. On voit ici que l’effort d’objectivité et de rupture avec le sens commun du sociologue a toute son importance,effectivement on peut largement imaginer que les seules connaissances qu’avait Lepoutre des banlieues et notamment du grand ensemble des Quatre Mille étaient des connaissances issues de la presse, des médias, plus généralement, d’où le lien avec la thèse de Berthaut. Comme les principales relations qu’entretient Lepoutre avec les jeunes qu’il a l’ambition de comprendre sont celles qu’il a avec ses élèves, il va alors choisir de prendre comme population pour son étude les jeunes de 12 à 16 ans (soit à peu près l’âge des élèves du collège). Pour mener son étude, Lepoutre fait le choix d’exploiter pleinement les histoires, les actions et les pensées de ces élèves ; c’est-à-dire qu’ils vont devenir le support de son étude. Lepoutre effectue un travail d'ethnographie. Le livre de Lepoutre est en fait une version améliorée de sa thèse de doctorat d’anthropologie sociale et d’ethnologie soutenue en 1996 à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Afin de mieux cerner cette thèse, il convient d’abord de s’interroger sur la méthode qu’utilise Lepoutre pour appréhender la “sous-culture des rues”. Ensuite, il nous faudra parcourir les idées phares de son ouvrage et comprendre en quoi Lepoutre adopte un angle original. Enfin, nous interrogerons la pertinence de sa thèse, des ses idées et de sa méthode en élargissant notre propos. I) David Lepoutre fait l’expérience de la technique d’ « observation participante » de Malinowski en prenant part à de nouveaux cadres et formes de sociabilité. Pour s’assurer de la validité du propos de David Lepoutre il nous faut étudier sa méthode. Ce dernier utilise l’ “observation participante” pour récolter des informations sur la population qu’il étudie. Ainsi, il fait face à de nouveaux “cadres et formes de sociabilité”. A/ Une méthode ethnographique diversifiée qui donne une crédibilité au propos. D’une part, on peut dire que la méthode utilisée par Lepoutre, une méthode diversifiée, Lepoutre fait en effet l’usage de plusieurs outils dans son observation et son analyse ce qui tend à renforcer sa démonstration. 1. Anthropologie, ethnologie, ethnographie D’une part, on remarque que la méthode de Lepoutre est dans l’ensemble une méthode réfléchie, lui même en voit l’importance car il l’évoque dans l’introduction de son ouvrage. Ainsi, dès la première page d’introduction, il nous renseigne sur la nature de son enquête. En effet, ce dernier explicite au cours d’une vingtaine de pages ce qu’il entend par « l’ethnologie de la culture des rues ».Premièrement il convient de définir ce que l’on entend par “ethnologie”. D’après le dictionnaire Larousse, l’ethnologie est « l’étude de l’ensemble des caractères de chaque ethnie afin d’établir des lignes générales de structure et d’évolution des sociétés » . En cela, elle s’inscrit dans ce que l’on appelle de manière plus globale l’anthropologie. Celle-ci désigne en effet « l’étude de l’homme et des groupes humains ». Enfin, il faut s’accorder sur la définition de la technique de l’ethnographie. L’ethnographie a une fin anthropologique en ce qu’elle est une étude descriptive des activités d’un groupe humain déterminé en terme d’organisation sociale ou encore d’exploitation de l’espace (comme dans le cas présent).

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2. L’immersion participante : « la compréhension de l’autre dans le partage d’une condition commune » selon Alain TOURAINE. La méthode ethnographique est un travail de terrain. Elle consiste principalement en l’entretien durant lequel ce sont les questions ouvertes qui sont généralement posées. Lepoutre fait usage d’une technique particulière qui est « l’observation participante ». Cette pratique initiée par Malinowski et Layard au début du XXème siècle en s’immergeant plusieurs années dans des sociétés Mélanésiennes est une innovation ethnographique dans la mesure où on étudie le groupe en question de l’intérieur et l’ambition est d’en cerner les logiques sociales internes. On peut alors légitimement considérer que l « observation » établie par le sociologue est plus légitime si lui même a « partagé une condition commune » avec la groupe qu’il étudie. C’est ainsi que, David Lepoutre s’installe pendant deux ans dans la cité des Quatre Mille de la Courneuve, afin de vivre au plus près de la population qu’il étudie. Cette technique lui donne l’opportunité de diversifier ces méthodes : « la matière ethnographique de ce livre est issue à la fois des observations que j’ai pu faire au cours de toutes ces années, observations qui ont été dans la mesure du possible consignées par écrit, et de paroles d’interlocuteurs adolescents recueillis soit au cours d’entretiens organisés et enregistrés soit lors de conservations et d’échanges multiples informels qui se sont déroulés dans le cadre scolaire au collège ou à l’occasion de vacances scolaires- dans le grand ensemble, dans les rues ou mon domicile, et dans les vestiaires du club de judo avant et surtout après les entrainements ». L’expérience du sociologue ne se limite donc pas aux questionnaires ou entretiens qu’il pourrait faire mais essaie au maximum d’intégrer dans l’observation toutes les composantes de la vie de la population étudiée. 3. Une intégration dans un nouveau milieu qui plonge Lepoutre dans un mode de sociabilité nouveau. = vivre in vivo la vie des jeunes. Pour réussir le défi de couvrir l’ensemble des pratiques de ces adolescents, Lepoutre s’intègre alors dans un mode de sociabilité nouveau. Sa position de chercheur le met face à un défi qui est celui de paraître comme un « des leurs » pour pouvoir tirer profit au maximum de son immersion dans le groupe. De par sa position de sociologue et de professeur habitant la cité, on peut en effet dire qu’il mène un double jeu. Cette position peut lui porter préjudice. En effet, à titre d’exemple, Lepoutre fait l’expérience de cette posture instable lorsqu’il entreprend de nouer des liens avec Samir (un des ses élèves) à l’occasion d’une sortie à Paris et que ce dernier commence par le tester en demandant de manière incessante à boire et à manger et finit par littéralement l’insulter sur le chemin du retour dans le RER. Dans le cas présent, les rapports d’amitié (ou non) qui se tissent entre le chercheur et les jeunes posent problème en ce qu’ils peuvent influencer son enquête et maintenir une distance devient difficile. Enfin, pour comprendre davantage comment le grand ensemble de la cité des Quatre Mille à La Courneuve constitue un nouveau cadre social pour Lepoutre il faut s’intéresser à ses origines sociales. En effet, Lepoutre est originaire d’une famille bourgeoise et relativement aisée ce qui va d’emblée conditionner son étude car il va être confronter à un milieu social complètement différent de celui dont il vient. Ainsi, avant même de débuter son observation, Lepoutre doit lui même procéder de manière personnelle voire intime à une intégration à son nouveau cadre de vie sociale.

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B) Une intégration spatiale d’autant plus judicieuse que le grand ensemble des 4000 à la Courneuve conditionne les pratiques sociales des individus. D’autre part on voit que le sociologue doit lui même faire un effort d’intégration sociale et spatiale aussi pour pouvoir comprendre dans sa globalité le groupe qu’il étudie à savoir les jeunes de la cité des Quatre Mille. 1. De l’espace au territoire. Comprendre le groupe au travers de la sphère scolaire ne suffisait pas car la l’influence de la culture dominante,académique est trop importante dans ce cadre là et c’est la raison pour laquelle pendant près de deux ans, David Lepoutre a logé dans un studio situé au coeur de la cité des Quatre Mille. Le grand ensemble des Quatre Mille recouvre en lui même une aspect social important, en effet le fait seul d’habiter dans la cité, va déterminer l’appartenance au groupe. En effet la cité des « 4 keus » comme l’appelle les jeunes sont un facteur identitaire primordial. C’est un « support d’idendité » et un « enjeu de lutte et d’appropriation territoriale » selon Lepoutre. Tout d’abord, Lepoutre souligne le fait que malgré leur fonction historique de résidence dortoirs (années 70 « pour répondre à la forte crise du logement de la période des Trente Glorieuse), les cités sont devenues avec le temps de véritables « espaces habités » au sens de Colette Pétonnet. En effet, les populations y vivant ont investis les espaces en faisant de ces derniers leur territoire. 2. A titre d’exemple : l’explication de la « souillure des lieux ». Par ailleurs, pour revenir à la thèse de Berthaut énoncée en introduction on peut dire que l’espace de la cité est un espace stigmatisé soumis à l’influence de forces extérieures comme les médias. Dans les modalités des modes d’appropriation de l’espace, l’explication de Lepoutre concernant la « souillure des lieux » m’a séduite et c’est la raison pour laquelle je veux la développé. Cette stigmatisation décrite par Lepoutre est selon lui la cause de ce qu’il appelle la « souillure » du territoire. En effet, Lepoutre reprend l’idée de Pierre Bourdieu qui nous explique que « le quartier stigmatisé dégrade symboliquement ceux qui l’habitent et qui, en retour le dégradent symboliquement. » Lepoutre va également réutilisé le concept d’ « ordre écologiqe » théorisé par les sociologues de l’Ecole de Chicago qui instaure l’idée que le citadin entretient une relation « sociale » avec son environnement citadin, et que la façon dont il va le traiter dépend de sa condition et de ses pratiques sociales. 3. Les « 4 keus » comme facteur d’identification sociale. Finalement, ce que l’on peut dire sur le territoire de ces jeunes c’est que c’est un « support identitaire ». On appartient au groupe parce qu’on habite dans la cité, et chaque cité de La Courneuve comme les Francs Moisins ou encore les Cosmonautes sont des groupes à part entière. Lepoutre explique que c’est dans l’opposition avec les autres cités que va se former le sentiment d’ « attachement résidentiel » via notamment la défense du territoire. Concernant les zones pavillonnaires avoisinants la cité, elles sont niées par les jeunes. L’un dit même les concernant lorsque le sociologue lui demande d’identifier la géographie du quartier que « c’est rien, ça a pas de nom c’est juste des pavillons ». David Lepoutre relate ainsi la réaction d’un jeune homme, Alain, qui habite dans un de ces pavillons et préfère dire qu’il est « d’Inter (une cité) que du pavillon (…) parce que « j’suis du pavillon » ça fait pas bien. Ca fait, ouais, bourgeois et tout, gros bouffon … ». Alors même qu’il n’y habite pas, Alain va s’identifier à ces immeubles dire qu’il vient de la bas pour avoir la même identité que ses amis, être fixé par l’identité spatiale du lieu de résidence.

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Après avoir vu pourquoi et comment l’auteur s’intègre dans le lieu de résidence de la population qu’il étudie, intéressons nous aux principales composantes de la sous-culture que Lepoutre veut appréhender.

II) La banlieue comme un lieu qui obéit à « un code de relations, un système de valeurs et de représentations qui forment un système cohérent ». Le sous-titre de l’ouvrage : « codes, rites et langages » suggère que l’objectif de la thèse de l’auteur est d’expliquer les logiques internes qui s’exercent au sein de cette « sous-culture spécifique d’une classe d’âge ». L’intérêt de la démonstration repose en le fait que Lepoutre a l’ambition d’établir une lecture bi-dimensionnelle des pratiques des jeunes qu’il a observé. A. Le langage de la culture de rues : des performances verbales aux offenses et mauvaises paroles en passant par les joutes oratoires. 1. Les performances verbales : a) Le verlan argotique Premièrement concernant les modalités d’expression de la classe d’âge étudiée, Lepoutre nous montre en se basant sur les travaux linguistiques de Bachman et Basier sur le “verlan argotique” que les jeunes font l’expérience des différentes fonctions qu’identifient les sociologues. En effet, il va faire correspondre ces fonctions avec son travail ethnographique. Tout d’abord, la fonction ludique est celle qui correspond au plaisir que vont éprouver les locuteurs à jouer avec la langue, les sonorités ou encore le sens des mots. L’auteur précise que cette fonction ne se limite pas à la culture des rues mais est aussi présente d...


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