Fiche DE Lecture - Montaigne - Les Essais PDF

Title Fiche DE Lecture - Montaigne - Les Essais
Author Karine CHARMASSON
Course Français
Institution Université d'Aix-Marseille
Pages 6
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Les Essais, Montaigne : « Des cannibales » et « Des coches » : fiche de lecture Voici un résumé et une analyse (fiche de lecture) des chapitres « Des cannibales » et « des coches » issus des Essais de Montaigne, au programme du bac de français 2020. Montaigne invente une forme littéraire nouvelle : l’essai. Comme l’indique la Préface « Au lecteur », les Essais ne sont pas une autobiographie, mais plutôt un autoportrait dans lequel l’auteur livre sa pensée en mouvement et ses réflexions sur toute sorte de sujets. Cette œuvre s’inscrit dans l’humanisme. Cette fiche de lecture porte sur les chapitre « Des cannibales » (I, 31) et « Des coches » (III, 6) au programme du bac de français 2020 dans le cadre du parcours « Notre monde vient d’en trouver un autre ».

Qui est Montaigne ? Né en 1533, Montaigne a vécu sous Henri II et connu l’atrocité des guerres de Religion. D’abord Magistrat, période pendant laquelle il noue une amitié indéfectible avec Etienne de la Boétie, il se retire en 1571 pour se consacrer à la réflexion et à l’écriture. Ses Essais sont l’œuvre de toute une vie : il en commence la rédaction en 1572 et ne l’achève qu’à sa mort en 1592. Montaigne y aborde tous les sujets : la médecine, la vie publique, l’éducation (voir l’analyse du chapitre « De l’institution des enfants »), l’amitié, le bonheur (voir l’analyse de l’extrait « Quand je danse je danse ») la mort, les guerres de religion, la découverte du Nouveau Monde, le colonialisme, etc. Dans un contexte de guerres de Religion, Montaigne se démarque par une pensée à contre-courant de son époque : il prône la tolérance et dénonce la cruauté, la colonisation et la torture.

Les chapitres « Des cannibales » et « Des coches » : résumé Les Essais de Montaigne comportent 107 chapitres répartis en trois livres qui abordent des sujets très variés. Les deux chapitres au programme du bac de français 2020 (« Des cannibales » I, 31 et « Des Coches III, 6) mènent une réflexion sur la découverte du Nouveau Monde , le colonialisme et la relativité des valeurs et des moeurs. Dans le chapitre « Des Cannibales » (I, 31), Montaigne montre que l’on appelle « barbare » ce qui ne correspond pas à nos propres mœurs et pire encore, ce qui est proche de la nature. Or, pour lui, les civilisations dont on découvre l’existence, proches de la nature, sont des sociétés vertueuses qui connaissent le respect des anciens, de l’honneur et de la fidélité. Leurs coutumes anthropophages pour se venger de leurs ennemis peuvent sembler barbares, mais les Européens pratiquent la torture, autrement plus barbare (voir mon analyse de l’extrait n°2 issu du chapitre « Des cannibales » des Essais). A la fin du chapitre, Montaigne narre sa rencontre avec trois brésiliens venus à Paris. Ces derniers s’étonnent du système politique français fondé sur la monarchie héréditaire et sur l’acceptation par le peuple des inégalités. Le chapitre « Des Coches » (III, 6) évoque tout d’abord la peur que Montaigne éprouve dans les transports. L’auteur passe alors en revue les modes de déplacement des rois dans différentes civilisations et critique les dépenses publiques des souverains pour les jeux et les fêtes. Il en arrive à évoquer le Nouveau Monde (« Notre monde vient d’en trouver un autre »), promis au progrès selon lui alors que le nôtre est menacé de décadence. Montaigne condamne la colonisation et les massacres perpétrés contre les indigènes (voir l’analyse du chapitre « Des coches » des Essais). Il clôt son chapitre par un bref paragraphe qui revient au sujet initial (« Et pour en revenir à nos voitures »).

Les thèmes importants dans les chapitres « Des cannibales » et « Des coches » La curiosité Montaigne est animé d’une curiosité conforme à l’esprit humaniste. Il est avide de connaissances nouvelles sur les civilisations qui entourent l’Europe. Pour écrire ces deux chapitres, il a lu des récits d’expéditions, notamment les récits de Lopez de Gomara, le secrétaire de Cortès. Il est allé à la rencontre de trois Indiens à Rouen dont il relate l’entrevue dans « Des coches ». La description précise des coutumes et mœurs des Cannibales, de leur boisson que Montaigne est allé jusqu’à goûter, montre une curiosité insatiable envers tout ce qui est nouveau, inhabituel.

La barbarie Dans « Des cannibales », Montaigne nous invite à repenser la notion de barbarie en la définissant d’abord comme « ce qui ne fait pas partie de ses usages ». Il dénonce ainsi les préjugés ethnocentristes des Européens qui considèrent leur société meilleure que les autres par rejet de ce qui est différent. Puis il opère un retournement en montrant que la barbarie réside plutôt dans les artifices qui dénaturent l’homme et dans le goût des Européens pour la torture et la violence.

La nature Source de perfection et de pureté, la nature est pour Montaigne supérieure à la culture et reste une garantie de bonnes mœurs. Dans « Des cannibales », Montaigne fait l’éloge des « lois naturelles » qui régissent la vie des Indiens et qu’il oppose aux lois artificielles des Européens. Les Cannibales, qui mènent une vie simple et authentique, sont un modèle de bon sens face aux Européens pervertis par l’artifice.

La culture Généralement, on donne au mot culture un sens positif mais pour Montaigne, la culture se confond avec l’artifice, « le mensonge, la trahison, la dissimulation ». La culture nous a dénaturé au point de nous rendre inhumain : « Nous avons exploité leur ignorance et leur inexpérience pour les amener plus facilement à la trahison, à la luxure, à la cupidité, et à toutes sortes d’inhumanités et de cruautés, à l’exemple et sur le modèle de nos propres moeurs ! » .

Le bon Prince Le XVIème siècle est un siècle de réflexion intense sur les questions politiques à travers Les Six Livres de la République de Jean Bodin et Le Prince de Nicolas Machiavel. Montaigne est aussi influencé par le Discours de la servitude volontaire de son ami La Boétie. Dans les Essais, il démystifie la fonction royale, en nous faisant adopter le point de vue des Indiens qui s’attarde sur des détails cocasses : « Ils trouvaient en premier lieu fort étrange que tant de grands hommes, portant barbe, forts armés et qui entouraient le roi (…) acceptent d’obéir à un enfant« . Pour Montaigne, le bon Prince est un prince qui respecte les lois de la nature, qui veille à la dépense publique, qui n’abrutit pas son peuple de jeux ou de divertissements. Dans « Des coches », il donne en exemple les rois du Mexique et du Pérou qui font preuve de courage et se dévouent jusqu’à la mort pour leur Peuple.

Les particularités de l’écriture de Montaigne Fidèle à l’esprit humaniste, l’écriture de Montaigne est imprégnée de la culture gréco-latine. Ainsi, son raisonnement dans « Des Cannibales » s’appuie sur des citations de Plutarque et Platon. Montaigne va jusqu’à citer dans son propre texte des vers d’auteurs latins (Virgile, Horace, Properce, Sénèque…). Ces citations sont incorporées dans le corps même du texte français comme si Montaigne voulait montrer l’unité et la continuité entre le latin et le Français. Son écriture est aussi d’une grande variété et se laisse porter par son sujet. Le chapitre « Des coches » par exemple est une immense digression sur un sujet pourtant bien ciblé au départ : les voitures (les coches). Ces digressions ne sont pas des erreurs : Montaigne revient à son sujet quand bon lui semble, comme à la fin du chapitre : « Et pour en revenir à nos voitures ». Il montre par là un désir de liberté d’écriture, le plaisir de divaguer d’une idée à une autre sans se laisser enfermer dans un plan préconçu comme cela arrive dans les textes philosophiques.

Que signifie le parcours : « Notre monde vient d’en découvrir un autre » ? Tu t’en es sans doute aperçu, la phrase « Notre monde vient d’en découvrir un autre » est tirée du chapitre « Des coches ». Pourquoi proposer une phrase écrite par Montaigne lui-même comme intitulé du parcours ? Tout simplement parce que cette phrase est riche de sens :

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L’autre monde, ce sont bien sûr les civilisations nouvelles découvertes en Amérique à partir du XVème siècle et dont Montaigne se montre curieux. Ce monde est « autre » et il entre en confrontation avec le nôtre : c’est un miroir pour les civilisations européennes. L’autre Monde, c’est aussi la civilisation grecque et latine que l’humanisme redécouvre.

La curiosité à l’égard des civilisations nouvelles La phrase « Notre monde vient d’en découvrir un autre » exprime tout d’abord la curiosité de l’Europe à l’égard des civilisations nouvelles découvertes depuis 1492. Cette curiosité est évidente chez Montaigne : il décrit de façon très précise dans « Des Cannibales » les mœurs et coutumes des habitants du Brésil. Il et soucieux de dépeindre l’image la plus fidèle possible de ces nouveaux peuples. Son texte devient une sorte d’encyclopédie de l’Autre et témoigne d’un appétit d’altérité conforme à l’esprit humaniste.

Le Nouveau Monde : un miroir pour notre civilisation européenne Mais Montaigne pose très vite le problème de la confrontation entre ces civilisations et les pays européens : la découverte du Nouveau Monde offre un miroir à notre civilisation européenne, miroir qui n’est pas à l’avantage des Européens. La proximité des Cannibales avec la nature met en effet en évidence notre goût immodéré pour l’artifice. Le sens de l’honneur et de la vaillance des Indiens nous renvoie à notre duplicité et à notre défaillance morale. Montaigne nous invite alors à renverser notre vision des choses : ce sont les Européens, par leur cruauté, leur duplicité et leur goût pour l’artifice, qui sont les barbares. Le nouveau monde, proche de la nature, est une civilisation plus authentique, dépourvue des artifices et de la corruption de l’argent.

Le Nouveau monde : la civilisation greco-latine ? La phrase « Notre monde vient d’en trouver un autre » désigne bien sûr les civilisations géographiquement éloignées de l’Europe, mais elle s’applique aussi aux civilisations éloignées dans le temps comme la civilisation gréco-latine que l’humanisme redécouvre. Montaigne, imprégné de la lecture des textes anciens, les cite et les incorpore à son texte comme s’il les avait fait siennes. Pour Montaigne, le monde des Anciens est aussi un exemple à suivre pour sa vertu, sa modération et sa sagesse.

Lectures cursives possibles :

♦ Eldorado, Laurent Gaudé ♦ Voyage au supplément de Bougainville, Diderot ♦ Cannibale, Didier Daeninckx...


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