Fiche - Ionesco, La Cantatrice chauve PDF

Title Fiche - Ionesco, La Cantatrice chauve
Author Thomas Dumats
Course Littérature
Institution Université de Reims Champagne-Ardenne
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La Cantatrice chauve Eugène Ionesco Anti-pièce Scène 1 : Me et Mr Smith

A la recherche de l’essence du théâtre : anti-pièce, qui saborde toutes les ressources qui ont été toutes les valeurs du théâtre. Le premier objet de dérision de ce théâtre c’est le théâtre. Dans une expression dramaturgique qui a voulu remettre le théâtre sous la forme d’une table rase de tout ce qui jusqu’à maintenant caractérisait l’expression dramaturgique. Qu’est ce qui reste lorsqu’on a supprimé tout ça ? C’est de l’ordre de la création artistique, théâtre qui appartient au grand théâtre tout comme Victor Hugo et Molière. Mais que reste t’il lorsque tout ce sur quoi on pensait caractériser le théâtre a été supprimé (projet idéologique, caractères…) Etant capable de faire un tel choc, à la fois dans la création dramaturgique et dans les esprits, si nous trouvons ce qu’il reste alors nous allons comprendre l’essence de la dramaturgie. Quelle est la vérité de cette expression c'est-à-dire ce qu’elle est en soi, mais aussi le rapport avec le vrai, avec la vie ? Que devient l’exposition ? Qu’est ce qu’une antiexposition ? (Le dénouement se termine sur un tomber de rideau alors que les personnages sont toujours en train de parler : anti-dénouement) Qu’est ce que nous apprenons de cette nouvelle expression et donc de l’ancienne ? Genet, Comment jouer les bonnes « Je ne sais pas ce que c’est que le théâtre, mais il n’est pas description de l’extérieur, de la vie quotidienne »

Coté littéraire de didascalie, avec la répétition de « anglais » tend vers un théâtre réaliste, présentation réaliste du décors, mais la machine s’emballe à partir du moment où tout et rien devient anglais : « le feu anglais ». La mimésis est ici sabordée dès la didascalie, l’exponentiel développement de l’épithète « anglais », tue dans la coquille cet esthétique réaliste. Le clou de cela est la pendule qui frappe « 17 coups anglais ». Effet Labiche du décors bourgeois : miroir dans lequel tous les spectateurs se retrouvent, il y avait un effet de plein pied, mais là on croit que çà va commencer comme cela, mais « les 17 coups anglais » montrent un mode de dérision des didascalies. Premier effet de décalage entre l’animation scénique : décors + bruits : 17 coups et la première réplique de Me Smith : « Tiens, il est neuf heures ». Tout comme dans Ubu Roi de Jarry : la première réplique est « Merde ». Premier élément insolite dans la scénographie qui est relayée dès la première réplique du dialogue. Son absurde : il n’y a jamais 17 coups. Peut on vraiment parler d’un dialogue ? Première réplique : elle raconte ce qu’il s’est passé, c’est donc une scène d’exposition mais au contraire d’une vraie exposition classique, il y du récit mais n’apporte rien pour comprendre la situation. Si le passé qu’on nous narre est inintéressant, il y a des chances pour que l’avenir soit à l’aune de cet avenir là. Si l’auteur veut nous préciser le repas qu’il vient d’avoir lieu, cela veut dire que la barre du sens a été mise très bas. On a remplacé ce qui doit susciter l’intérêt par autre chose qui dans la vie courante n’a pas d’intérêt. Ce qui n’a pas d’intérêt dans la vie courante et qui est présenté ici, suscite un intérêt rénové. Le dîner est de l’ordre de l’insignifiant, mais le fait de le montrer sur la scène, on crée un intérêt extrinsèque au genre. Lorsqu’on dit que l’on fait table rase, on a tendance à voir le moins / théâtre classique, mais finalement il y a beaucoup de plus ici. Le laid, le difforme, le particulier, l’étrange, ont leur place dans l’expression artistique, et même une place de choix. Parce que l’art n’a pas pour but d’exalter les âmes, mais de les mettre dans une situation de se raccorder avec le monde. Dans le fait de retirer les choses, de se dépouiller, il y a un geste qui est en lui-même non pas simplement du négatif, mais du positif. Il pose devant nos yeux un acte créateur de suppression. « Salade anglaise « confirme la plaisanterie sur le pittoresque, il tue l’effet de pittoresque. « nous habitons » : un intérêt se pointe, lorsque Electre dit « nous », on voit tous les autres héros. Alors que ici, l’intérêt du « nous » est raboté, car c’est un « nous » sans intérêt. C’est complètement différent de « nous avons tramé… » (Electre)

« Parce que » : implique une connexion logique, alors qu’ici il y a aucune causalité dans les propos : « Nous avons bien mangé ce soir » « C’est parce que nous habitons dans les environs de Londres ». La connexion logique tourne dans le vide. Premier dérapage majeur, il y a un dérapage du sens, la notion de causalité, fondement de notre existence qui est la règle de causalité est ici balayée. Mais ce n’est pas un vide qui se crée, c’est une présence scénique qui naît. Quelque chose se passe qui n’est pas simplement un moins. Sur la scène, avec des projecteurs braqués, le noir tout autour (la vie est entre parenthèses), Ionesco nous rappelle que le théâtre est de Situation. Sous la lumière des projecteurs, ceci n’est pas une simple pichnette, mais c’est un évènement, car le théâtre installe la défaillance de la causalité. C’est indissociable de l’évènement dramaturgique. Le fait qu’il fasse claquer sa langue accuse le fait qu’il n’y a pas de dialogue. Il magnifie la présence par l’absence (tout comme Christo qui emballe les monuments). Le claquement de langue montre qu’il est présent, qu’il ne répond pas parce qu’il y a absence de dialogue. Non seulement le théâtre est de Situation, mais il est Solennel, car le cour de nos jours est mit entre parenthèse. Quelque chose est mit sous le point d’otique, ce miroir de concentration qui prend une tournure solennelle. Même une situation sans intérêt dans la vie courante devient solennelle au théâtre. Dans cette tradition de représenter la vie sur une scène, l’une des conditions de notre existence est ici non pas repoussée, mais montrée dans sa vacuité (= vide). « Nous…je...tu…notre petit garçon» : renoue avec la tradition : caractérisation des personnages, présentation de chacun des individus, mais supprime le vraisemblable lorsqu’elle dit « Elle s’appelle Péguy » : aucune raison de dire cela à sa femme. L’individualité des caractères est présentée sur un pied d’estale. Absence de toute détermination profonde, essentielle au moment ou l’exposition devrait le faire. Conclusion : Le théâtre est sabordé dans toutes ses conventions : intrigue, caractères, la passion… Est-ce à dire que l’on arrive à presque rien ? non parce que ce creux, cette absence, à partir du moment où elle signifiée, magnifiée par le théâtre, par ce qu’il a de lui-même de mise en présence, mise en situation, on s’aperçoit qu’il nous intéresse par ce manque là. « Pour s’arracher au quotidien, à la paresse mentale… il faut recevoir un coup de matraque » Notes et Contre notes (p60)

L’essentiel est cette façon de nous surprendre, en face de nous est mise en jeu notre existence par ces hommes qui sont comme nous. La surprise est liée à la sonnellité, mais aussi par la mise en jeu de notre vie. Et donc peu importe qu’il y est du sens, parce que cette mise en jeu, permet à nous de remettre en jeu notre existence. Ce qui est remis en jeu c’est cette habitude que nous avons de prendre la vie, l’évidence de la vie. Fait repartir la vie....


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